(one shot) i am short of breath

Invité Invité

i am short of breath,

standing next to you. i am out of my depth at this altitude, like the world makes sense from a window seat. you are beautiful like i've never seen.

(JUNE 18TH, 1981)

La prochaine pleine Lune est loin, mais la dernière se ressent dans chaque mouvement et souffle échappé de ses lèvres. Remus s'est efforcé de prendre sa potion tue-loup, passant la nuit seule dans un coin de la Cabane Hurlante, ses prunelles ambrées dirigées vers l'astre lunaire éclairant le ciel nuageux d'Écosse. Son réveil avait été douloureux et il lui avait fallu plus d'une heure pour trouver la force de transplaner sans crainte d'y laisser un membre. Arrivé à son appartement de Londres, il était tombé nez à nez avec un Benjy aux traits tirés par l'inquiétude et aux yeux fatigués. Ils s'étaient couchés ensemble dans le lit qu'ils partageaient souvent, s'endormant dans les bras l'un de l'autre. Cinq heures plus tard, le Soleil brille à travers la fenêtre et la vie a repris son cours normal. Les voix s'élèvent à l'extérieur, le bruit des voitures et autres transports se fait entendre à travers le mur de brique rouge qui donne sur la rue principale. Remus se réveille doucement, les rayons de l'astre solaire brûlant sa rétine. Ses iris se posent sur Benjy, juste là, effortlessly beautiful même au réveil. Ce dernier lui sourit tendrement, ses doigts perdus dans ses cheveux ébouriffés. — Did you sleep at all? Sa voix rauque résonne dans sa boîte crânienne et il grimace. The day after a full moon is worse than a hangover, qu'il pense. — I did. — You did not. — Yes, I did. — Don't lie to me, Benjamin Fenwick. Benjy rit doucement, ses lèvres déposant un baiser plume sur son front. — Alright, I didn't. Une moue apparaît sur le visage de Remus. Bien sûr que Benjy n'a pas dormi. Il ne dort jamais lors des pleines Lunes et ne ferme pas l’œil lorsque Remus revient, guettant les signes de possibles complications dues à la nuit précédente. Il a beau se plaindre et lui dire que ce n'est pas nécessaire, Benjy refuse de l'écouter. Aujourd'hui, il décide de laisser couler, trop fatigué pour parlementer sur la (non) nécessité de garder un œil sur lui.

Les deux hommes passent la journée au lit, les blagues de l'un et les rires de l'autre résonnant dans la minuscule chambre qu'ils considèrent depuis quelques mois comme la leur. Cependant, l'arrivée d'un hibou à leur fenêtre vient casser le moment. — I'll get it, que Benjy dit en se levant, manquant de tomber lorsque Remus le retient par le bras. Come on, Rem. Il le laisse partir à contre cœur et attend, ses prunelles rivées sur le corps musclé de son partenaire. Lorsqu'il s'aperçoit que Benjy ne bouge plus et que le sourire jusqu'alors sur ses lèvres a disparu, Remus demande : — What is it? Il marche jusqu'au lit, s'y assoit et lui donne le mot sans un mot. Fronçant les sourcils, Remus le prend et le lit dans le silence le plus total. Ce mutisme entre eux se prolonge, alors qu'il prépare ses affaires et les dépose dans un vieux sac à dos. Benjy est celui qui termine par le briser, toujours assis sur le matelas où les draps traînent en vrac. — Do you really have to go? — Dumbledore asked me to. — Who cares about what Dumbledore wants you to do? The full was last night. You can't leave now. Remus lève finalement la tête et lance un regard incrédule à Benjy. — What do you want me to do, Benjy? You know I can't just say no. Avant qu'il n'ait la chance de répondre, il ajoute : I'm leaving, that's it. You can't change my mind on the matter. Et le silence retombe jusqu'à ce qu'il soit prêt, son sac et sa veste en jean sur le dos.

Les deux hommes se regardent un instant, incertains de la marche à suivre. Ils ne savent jamais comment réagir au départ de l'autre, surtout lorsque celui-ci est dû à une mission pour l'Ordre. What if he never comes back? est la question qui traîne, reste en suspens jusqu'à ce qu'ils se retrouvent et que leurs lèvres se rencontrent après plusieurs jours ou semaines. La vérité est que Remus ne veut pas partir, que son cœur lui crie de rester, d'envoyer Dumbledore et l'Ordre se faire foutre pour ne jamais quitter Benjy, mais il n'a simplement pas le choix. Comme toujours, c'est Benjamin qui fait le premier pas, encerclant Remus de ses bras et le serrant contre lui avec plus de force que nécessaire. — Promise me you'll come back, qu'il murmure à son oreille, la voix suppliante. Ils se détachent et plonge leurs yeux dans ceux de l'autre, le myocarde remonté à leur gorge. Promise me, Remus. Celui-ci efface toute distance, détruit le mur construit et remplit le fossé creusé entre eux. Leurs lippes se rencontrent presque brutalement, leurs dents claquant les unes contre les autres. Remus fait voyager ses mains jusqu'à son visage pour le retenir, l'empêcher de disparaître comme tant d'autres depuis le début de la guerre. Ce n'est que lorsqu'ils commencent à manquer d'air qu'ils se détachent une nouvelle fois. Leurs iris ne quittent pas ceux de l'autre, comme si l'autre s'évaporerait s'ils osaient le faire. Les secondes s'éternisent, le cœur de Remus manquant de sortir de sa poitrine. Puis finalement, les mots se matérialisent. — I can't. Ce n'est qu'un souffle qui se perd dans l'immensité du monde, mais il n'en faut pas plus pour que Benjy s'éloigne, la douleur se lisant sur son visage à la couleur des nuits sans étoiles. Remus n'attend pas pour disparaître, incapable d'affronter son regard plus longtemps. Plus tard, il regrettera. Il s'en voudra des dernières paroles que Benjy entendra de lui.

I promise, Benjamin Fenwick.
I promise I will always come back to
you.

(c) sweet poison