sorrow, in memory of thalia bell.
york : august 1987


could you come back?
maybe, if we're good enough, brave enough,
if we do exactly what they want, could you ?

Les derniers mots du discours résonnaient encore alors que Niven s'était retourné, incapable de rester plus longtemps. Il s'était éloigné lentement, avec ce besoin urgent de se retrouver seul. seul avec elle, seul avec lui-même, seul avec tout le présent qu'il avait fait en sorte d'abandonner, d'altérer, de renier. Tears running down his cheeks, he couldn't help but wondered : would she still be there, if he were there ? darkness knocking in his head with torment, convincing him that it's his fault.

Because he left,
broken in pieces by the same ones that killed her.
and now she's gone, and he stays with his demons.

L'air passait difficilement dans ses poumons alors qu'il se laissa tomber sur un banc en pierre, l'étendue d'herbe remplis d'histoires devant lui. Chagrin consumant une à une les barrières qu'il avait érigé, découvrant avec horreur les noirceurs du présent. Ses phalanges blanchissaient à mesure que ses poings se refermaient. Il laissa passer la tempête, coulant de son coeur, de ses yeux, de son corps entier, pleurant une amie, une soeur, une partenaire. Now he must mourn, because he has to be brave. brave for her, and take care of her family, her sister.

he's just a child,
she told him that so many times.
And yet today, he has to be the man
she always saw in him. the brave one.
the strong one.

Tournant le regard vers la foule à quelques mètres de là, Niven trouva bien vite le visage fermé de sa colocataire, puis, plus loin, dans les bras de son grand père, le regard triste de sa protégée. Se relevant en chassant d'un revers de manche les lignes d'océan sur ses joues, il s'approcha silencieusement du groupe ou se tenait constance, glissant d'abord deux doigts sur les siens avant de tenir avec force sa main, yeux cherchant les siens. "Do you want to walk a bit?" demanda t-il en chuchotant, comme incapable de parler plus fort. Un sourire triste força l'accès à son visage alors qu'il vint caresser du pouce la joue de sa meilleure amie.

« My sister died while protecting people,
She died doing what she was the best at,
Cause that’s just what she did all her life for me, and for Katie,
And I never could thank her enough for everything she did. »

Malgré le ton solennel, la mine fermée, la tristesse vient bloquer les cordes vocales de Constance, l’émotion coupe court le discours de la jeune femme qui serre sa petite dans ses bras, incapable, malgré tous ses efforts de la préserver de la tristesse de ce jour. Bientôt, les mains du père viennent entourer les épaules de l’ainée, maintenant seule enfant et il raccompagne ses deux trésors, les seuls restant, jusqu’à leur place.

She was the strongest
The bravest
And yet she was gone.

Aurait-elle voulu ajouter mais elle n’y parvenait pas, échouée au milieu d’un naufrage : la mort venait de lui arracher sa moitié.

Le reste de la cérémonie se passe comme dans un mauvais rêve, le ministère vient rendre ses hommages à une auror morte en fonction, les discours s’enchainent, les pleurs se multiplient, le cercueil finit en terre et les roses sont déposées dans la tombe, comme tant de pétales de vie gâchée. Katie pleure silencieusement dans les bras de Constance qui s’interdit les larmes, pour ne pas empirer les choses. Elle veut se montrer forte pour sa fille car Thalia avait toujours tout fait pour les préserver toutes les deux mais elle ne savait que faire d’autre que la bercer silencieusement pour tenter d’apaiser le mal qui rongeait ce jour-là tous les Bell.

Automate qui remercie les personnes présentes, le dos droit dans sa robe sombre, le regard éteint mais qui ne pleure pas elle dépose quelques baisers sur le haut du crâne de Katie avant de laisser son père l’entrainer avec lui, loin de l’oeil du cyclone. Mais elle parle, elle accepte les condoléances et son coeur manque quelques battements, elle vacille, blanche comme un linge jusqu’à ce qu’une silhouette connue entre dans son champ de vision, une lueur brillante dans l'obscurité.

« Do you want to walk a bit ? » Les doigts tendres du jeune homme viennent essuyer une larme orpheline sur la joue de la brune. Un souffle, un sourire qui se perd dans sa gorge elle acquiesce silencieusement, s’excuse auprès des sorciers avec qui elle échangeait et se laisse entrainer par son ami, loin de la terre un peu trop meuble et des derniers adieux bien trop précoces. Le silence se pose sur leur marche funèbre, la main de Constance reste serrée dans celle de son colocataire, comme une bouée de sauvetage dans cette tempête bien trop violente. Et finalement, lorsqu’ils sont suffisamment loin, les mots finissent par trouver leur chemin : « I don’t know how to explain her what’s going on. » Qu’elle commence par souffler à l’intention de Niven, regard rougi par la tristesse et la fatigue qui glisse sur sa fille, dans les bras de son grand père, visage enfoui dans son cou. « I don’t know how to breathe, or live or… » Les yeux s’échappent, se ferment, veulent oublier : « She’s gone… My sweet little Thalia...» Qu’elle finit par lâcher, larmes qui remontent dans ses pupilles mordorées et pour la première fois de la journée viennent couler sur ses joues. Main qui tremble dans celle de Niven alors qu'elle vient le prendre dans ses bras, autant en quête de réconfort que d'un échappatoire à sa propre tristesse.

Doigts accrochés aux siens, le silence emplit le vide autour d'eux, vide d'elle, et la pression sur la cage thoracique du garçon lui donne envie d'exploser. Mais ses doigts accrochés aux siens, il se doit de tenir, juste encore un peu. Épaules qui se tendent, main qui se crispe, larmes qui menacent de tomber à chaque instant, ils marchent en silence ((but he knows she's here, watching over them)). « I don't know how to explain her what's going on. » Les regards se croisent et les peines se mélangent, nourrit par la même perte. « I don't know how to breathe, or live or... » Et à mesure que les maux se déversaient entre eux, la boule noir rongeait de plus en vite et de plus en plus fort le courage du garçon. « She's gone... My sweet little Thalia. »

En un geste de souffrance, les larmes éclatent, tracent des torrents sur les joues de ceux qui restent, ceux qui vont devoir vivre sans. L'étreinte est puissante, les doigts s'accrochent aux tissus dans leurs dos respectifs et les visages, enfuient, laissent la peine se déverser, libérer un peu leur cœur.

He cries but he has to be
the one who stand,
((for her. ))
He cries but he has to do what she would,
conforting her sister, being strong.

« She's always here with you. She always will be. » Et si Niven aurait voulu pouvoir chasser toute sa peine, toute prendre, tout pleurer pour elle, il savait ses mots vides de sens. Que disait-on, dans ces moments là ? Que disait-on, quand quelqu'un disparaissait ((trop tôt)) ? « It's okay.... » Sa main gauche remonte le long de son dos pour tenir son visage contre lui, caresser doucement ses cheveux, accepter sa colère, sa tristesse, sa douleur. « I'm so sorry. I should have be there for her. I'm so sorry. » Le réconfort se transforme en regret, ses yeux fermés si forts qu'il en voit des couleurs. Il la voit elle, partout, tout le temps, dans chaque souffle et chaque mouvement.

A peine la foule oubliée, disparue au détour d’un chemin morbide, le masque tombe, les larmes viennent creuser des tranchées de désespoir sur les joues fardées de la sorcière, elle perd pieds. Katie en sécurité, ou du moins dans les bras d’un être aimant, elle peut embrasser son propre deuil, elle ne se rend pas compte à quel point elle a enfermé ses émotions depuis le début de la journée, mais la force de ses dernières manque de la faucher. « She’s always here with you. She always will be. » Visage enfoui dans le cou de son ami elle se laisse aller aux larmes, jambes tremblantes et mains accrochées à la chemise du McKinnon, comme la derrière attache qui l'empêche d’être entrainée par les affres de la tempête. « It’s okay. »

Not it’s not
She dead
It’s not ok

Veut-elle crier, avec l’impression que jamais la douleur ne cessera de lacérer sa poitrine. Mais elle n’a même pas la force de hurler, elle veut disparaitre, elle veut que la peine cesse. « I’m so sorry. I should have be there for her. I’m so sorry. » Et la culpabilité de Niven fait écho à la sienne, grandissante, dévorante, dévastatrice. « Don’t. » Souffle-t’elle en se détachant presque un peu trop brutalement de lui, les émotions à fleur de peau qui lui arrachent sa mesure, qui abiment sa douceur : « Niven stop it. » Les mains tremblantes de la sorcière qui viennent relever le menton de son ami, le regard qui se fait sévère malgré les larmes, réflexe d’une mère : « Look at me and listen » Un doigt vient essuyer une larme qui coule sur le menton de l’ancien auror, les yeux noisettes s'accrochent aux perles tristes : « It’s not your fault, It never was. » Elle appuie sur les mots avec toute la force qui lui reste, les mots se font forts, comme elle l’était, comme elle l'avait toujours été. « She died and it’s on the monster that did that to her, not on you. » Et la haine pulse derrière ses mots, il n’est pas temps de crier vengeance, pas temps de chercher un coupable, une maigre compensation à la disparition de son trésor, mais elle savait, au fond d’elle que ce moment viendrait.

Mais pour le moment, il n’y avait que la peine. « I miss her so much already.. » Et l’idée de ne plus jamais la voir, de ne plus jamais l’embrasser, elle aurait du plus insister, elle aurait dû lui dire de prendre quelques jours de congés… Elle était morte et sa grande soeur n’avait rien pu faire pour l’éviter, à quoi servait-elle si elle n’avait pas pu la protéger ?  « I’m sorry Niv, for your brother, I never understood how hard it could be. » Même si à l'époque, ils n'étaient pas aussi proches, même si à l'époque, elle avait été présente, évidemment pour Marlène, pour les Mckinnon, elle n'avait jamais vraiment compris, jusqu'à maintenant. Jusqu'à ce que le même gouffre plane sous sa poitrine.

« Don't. » Ses doigts glissent sur les pans de ses vêtements alors qu'elle se dégage, torrent de sentiments s'enfonce brusquement dans son regard, « Niven stop it. » Pourtant, les larmes continuent leur course folle sur ses joues, incapable de s'enlever cette douleur, celle de l'avoir abandonnée, laissée, alors que lui fuyait. « Look at me and listen. »

He wouldve want to say
((you look just like her, when you do that
you have her strengh, you have her fire))

Mais les mots lui manquent et seul son regard plonge en celui de son amie, « It's not your fault, It never was. She died and it's on the monster that did that to her, not on you. » But once again, he wasn't here. To protect her. As he wasn't ready to save his brother. Les doigts de constance glissent de son menton, lui les récupère au creux de siens, applique une douce caresse sur sa peau alors qu'il hoche lentement la tête. « I miss her so much already... » souffle t-elle. En écho, Niven renifle en ajoutant « me too. » Le sorcier posa un instant sont front contre celui de son amie, alors qu'elle reprenait « I'm sorry Niv, for your brother, I never understood how hard it could be. »

Il se redressa légèrement, Abraham soignant ses peines dans son esprit alors qu'il la reprenait par les épaules, les forçant tous les deux à marcher un peu, pris en écrin dans la brume de la plaine. S'éloigner de sa tombe pour peser un peu moins lourd sur leur cœur, se disait-il, alors qu'il reprenait, la gorge nouée, « You know... It's his death that pushed me so quickly in the ministry. To be just like him, so I could find who did this to us. » Les mots étaient si durs à prononcer, ses doigts jouaient distraitement avec le vêtement alors qu'il s'appuyait légèrement sur Constance pour soulager sa jambe. « And yet, I couldn't- I... I... » soupira t-il en mangeant le reste de sa phrase, incapable d'assumer ses échecs. Comprendre qu'il avait échoué lui avait coûté son amie, et combien d'autres vies encore ?

Les pas les entrainent un peu plus loin et si le poids du deuil se fait un peu moins lourd à porter il est immédiatement remplacé par la douleur de l’absence, elle a le souffle court quoi qu’il arrive, il lui manque une partie d’elle. « You know... It's his death that pushed me so quickly in the ministry. To be just like him, so I could find who did this to us. » Elle sent la douleur de son ami et cette fois, elle n’a pas la force d’essayer de la réduire, de lui arracher un peu de son deuil, de prendre sur ses épaules un peu de sa peine : elle se sent vidée, elle a trop mal pour l’aider et elle se sent lésée, comme si on lui enlevait, en plus de sa soeur, tout ce qui faisait d’elle qui elle était, comme si on lui enlevait sa force. « And yet, I couldn't- I... I... » Le mal physique s’ajoute au reste, cruel, ne lui laissant aucun répit. Maladroite mais bien intentionnée, elle passe un bras autour du jeune homme pour qu’il puisse s’appuyer un peu plus avant de l’entrainer doucement jusqu’à un banc solitaire face aux par terre de fleurs. « Have a seat luv’. »

I’ll be there.
Even if I’m not right now.
I’ll be there for you, for you all.

La promesse au fond des yeux tristes elle dépose un baiser sur la tempe du jeune homme, comme un réflexe un peu trop maternel, il n’est plus un enfant depuis longtemps. Aucun d’entre eux car la guerre leur a tout arraché, jusqu’à l’once d’innocence qu’ils tenaient au fond du coeur. « He’s proud of you, Thalia is proud of you. They’re looking at you from anywhere they are, they care for you. » Elle en était sûre, elle le savait, elle savait qu’ils veillaient sur eux d’en haut. Elle savait qu’ils les regardaient, qu’ils les aimaient, comme eux les aimeraient toujours malgré la mort. « I’m proud of you too, and I’ll be there. » Qu’elle souffle en caressant doucement les cheveux du jeune homme dans un geste qui se veut réconfortant. Une famille.