AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  FAQFAQ  RechercherRechercher  MembresMembres  GroupesGroupes  S'enregistrerS'enregistrer  Connexion  
Le deal à ne pas rater :
Bon plan achat en duo : 2ème robot cuiseur Moulinex Companion ...
600 €
Voir le deal

duellum (MABEL)


Invité
Invité
avatar

duellum (MABEL) Empty
MessageSujet: duellum (MABEL) duellum (MABEL) EmptyJeu 10 Sep - 18:50

duellum
@Mabel Northfield
w/ Mabel Northfield

« Les glaives sont brisés ! comme notre jeunesse,
Ma chère ! Mais les dents, les ongles acérés,
Vengent bientôt l’épée et la dague traîtresse.
— Ô fureur des cœurs mûrs par l’amour ulcérés !  »

Edgar avait dérobé à sa farouche gardienne aux appétits guerriers cet instant de calme et de félicité. Doigts aux dents d'ivoire et d'ébène, le chant qui s'élève comme seule mélopée. Myocarde qui s'affole, l'espace d'un instant ; émotions qui trouvent l'expiation dans la mélodie. Le sang-pur avait toujours apprécié l'art de la musique ; il y trouvait une élégance et une énergie que la peinture ou la sculpture fanaient. Il n'y avait pas, dans une oeuvre aussi morte qu'une aquarelle, l'intensité d'une musique qui captive les coeurs. Mais là n'était pas son désir - il s'épanchait plutôt qu'il ne désirait animer, car des spectateurs, il n'y en avait point. Cachottier musicien que voilà, extorquant aux curiosités les berceuses de son âme. Harmonie tortuée dans laquelle il déverse, tels des cascades affectives, la peine et la honte de sa lupine ascendance, l'angoisse antique d'un statut vacillant. Néanmoins, si le sombre animal aux crocs musicaux s'élève en de sonores aboiements, il n'aura pas l'indécence d'y prêter sa voix. Timides vocalises qui se terrent dans une gorge mâle ; la guerrière pourrait apparaître, et si la découverte de sa propre musique pourrait ennuyer le directeur, ce serait une bien triste honte que de l'entendre chanter.

Finalement, les notes se taisent, doigts épuisés, yeux pensifs. Les pleines lunes l'avaient, depuis presque deux mois, attirés aux côtés des autres lycans. Il sentait, intensément, le loup à moitié endormi en lui. Bête fauve aux appétits féroces, la colère dominait de son omniprésence sa vie depuis peu. Il devait se faire violence, Edgar, pour ne pas paraître étrange ou différent. La peur aux pupilles, quand les regards se faisaient insistants, quand les interrogations pleuvaient sur sa pâleur ou sa perte de poids. Il fondait, Edgar, car ses nuits n'avaient plus le repos attendu et que son appétit se fanait, corolle trop sensible au loup. Il passa une main dans ses boucles sombres et soupira, avant de se tourner ; la bibliothèque où il se trouvait, et où le piano trônait, donnait sur le couloir et les autres pièces de sa maison bien trop grande pour lui seul. Que voilà une remarque qu'aurait pu lancer sa mère, avide de petits-enfants au sang aussi pur que possible, aux esprits malléables pour remplacer celui de leur père, bête dure qui résistait aux séductions des Mangemorts et de leur Lord Noir. Secret bien caché que la chair vierge de toute encre maléfique. Le nom des Parkinson était entâché par sa volonté de ne pas se mouiller.  

« Mademoiselle Northfield, vous possédez un flair implacable pour venir indisposer mes heures de loisirs. » Il pose enfin ses yeux sur la silhouette qu'il a vu approcher le long du couloir, d'un ton taquin, un brin malicieux ; elle est après tout payée pour sa sécurité, mais peut-être prend t-elle trop à coeur ce sujet au point de le suivre parfois comme son ombre. Néanmoins, il se sentait en sécurité avec elle - et pas uniquement parce qu'elle avait été capable de lui botter les fesses lors de leur entretien. Mabel Northfield s'était révélée une véritable féline, agile et capable - lui qui n'aurait pas misé un gallion sur une femme comme garde du corps, il devait reconnaître l'âme belliqueuse de la jeune femme. « Ne me tenez pas rigueur de mes disparitions ; je suis homme à apprécier la solitude. » Petit sourire en coin qui fait frémir le début de barbe sombre. Il ne pouvait guère lui avouer qu'il était un lycan et qu'il avait transplané loin d'elle pour ne pas avoir l'humiliation de la voir comprendre. Et c'était également pour son bien ; il ne souhaitait guère mordre ou griffer la demoiselle, dans un élan lupin tout carnassier. « En guise d'offrande à notre paix, souhaitez-vous quelque boisson, ma chère ? » Un coup de baguette, doux et léger, et un verre tinta bientôt, suivi d'une ribambelle d'accessoires - cigare et cendrier, une bouteille de whisky pur-feu d'une qualité indéniable, glaçons en forme fantaisiste, bien qu'une forme de loup sembla, par inadvertance, plus présente que les autres. Edgar attrapa le verre contenant le liquide ambré et, avec un air presque gamin, trinqua silencieusement non sans un regard amusé. Mabel possédait un caractère entier, et il aimait à la voir tempêter ou s'énerver. Depuis qu'il était directeur, peu osaient élever la voix sur lui - à la manière de Rémus Lupin qui avait poussé en lui des germes de réflexion. Peut-être possédait-il un gène masochiste pour se divertir d'être ainsi provoqué ou bousculé.

(c) DΛNDELION
Revenir en haut Aller en bas

Invité
Invité
avatar

duellum (MABEL) Empty
MessageSujet: Re: duellum (MABEL) duellum (MABEL) EmptyVen 11 Sep - 19:31

duellum
@Edgar Parkinson
w/ Edgar Parkinson

« Les glaives sont brisés ! comme notre jeunesse,
Ma chère ! Mais les dents, les ongles acérés,
Vengent bientôt l’épée et la dague traîtresse.
— Ô fureur des cœurs mûrs par l’amour ulcérés !  »

[ La salle de repos des domestiques vidée de son plein, bientôt envahie par la présence de deux intarissables boules de nerfs. ] Les jambes étendues sous la table à disposition des employés, Mabel frictionne avec ses doigts le chiffon immaculé qui emprisonne sa baguette. Attelée à purger son attirail de défense comme on prépare un fusil - comme un léger signe avant-coureur d’une chasse à l’homme -, la redoutable guerrière confond sa présence à celle du commun des mortels.

Les chicanes assumées des domestiques qui s’expriment dans une joute stérile déclenche une détonation dans les tympans du palladium d’Edgar. L’ulcère à peine réprimé et l'éréthisme à son paroxysme, ses canines croisent le fer un instant contre ses lippes vermeilles. Les dents carnassières et ses sourcils plissés forcent les serviteurs du maître à geler leur lamentable rixe.

; L’arrogance dans leurs yeux belliqueux n’aura finalement pas durée plus de quelques semaines. A l’image des premières incertitudes de son employeur, les domestiques discréditèrent sans réserve la légitimité de la profession de Mabel en raison de ses attributs féminins. La louve implacable assurément bien constituée pour ce rôle affirma finalement sans trop d’efforts le bien-fondé de ses fonctions, attisant jusqu’à la soumission et la déférence des employés. Les fourbes méthodes appliquées pour se faire entendre cependant, tenues au secret dans son répertoire de magouilles efficientes. ;

La meneuse de querelle contrainte alors de baisser d’un ton, pousse son contradicteur à l’extérieur de la villa pour poursuivre leur dissension. Les affres des serviteurs sont devenues bien trop faciles à tourmenter. La victoire qui se glisse jusque dans les babines de la lionne, un rictus singulier s'éclipse en tapinois.

L’accalmie retrouvée laisse à Mabel un instant de suspension pour songer aux mystérieuses éclipses du politicien. [ Sa vigilance reste toutefois ininterrompue. L’ouïe fine inflexible reconnaît le moindre des battements du coeur de cette maison. Des remous de la tuyauterie dans la cuisine, des crépitations du plafond quand son employeur se prélasse dans la bibliothèque jusqu’à la respiration difficile du plus vieux de ses employés. ] Se dérober à la surveillance minutieuse de Mabel n’est pas chose aisée, pourtant, son protégé se plaît régulièrement à échapper à sa vigilance consciencieuse. En conséquence de ces disparitions, les duplications des soupçons de Mabel à son égard. Porte ouverte à sa méfiance et son imaginaire, l’informatrice de l’Ordre redoute son implication sournoise dans des affaires infailliblement douteuses. Explication la plus plausible - selon elle - portée sur son investissement dans des réunions tenues au secret avec d’autres politiciens véreux. Décidée à se mettre au parfum de ses aventures inusitées, la garde du corps devait trouver un moyen pour gagner la confiance de son employeur. Prudence mère de sûreté, la chose devait se faire avec méthode sans compromettre sa couverture auprès du Directeur.

Se retirant de la salle de repos des domestiques pour gagner l’ouverture de l’escalier, une délicieuse rhapsodie freina sans délai son ascension. Oreilles perchées à la symphonie, Mabel remonte à pas légers la spirale de l’escalier, ses doigts glissants sur la rampe de verre et d’acier. Ascension terminée au dernier étage, la silencieuse se dérobe de la cage de l’escalier pour se mouvoir dans un angle où le pianiste ne peut pas la voir. Une douloureuse harmonie teinte les notes de son couplet. Appuyée contre les motifs du papier peint répétés à l’infini, Mabel se perd dans les lamentations de son oeuvre. Le talent du directeur nouvellement percé à jour, le murmure de son instrument suscite les palpitations de son myocarde. Fausse note dans l’harmonie de son univers quand elle transgresse le dessein de sa mission, se surprenant parfois à s’attacher à certaines facettes de son protégé de circonstance.

L’harmonie se suspend sur sa coda et la bibliothèque reprend le cours normal de son existence. La garde du corps s’avance alors dans le couloir, immédiatement repérée par Edgar qui la voit approcher. Droite et sévère comme l’exige sa profession, ses expressions luttent pour ne pas se dénaturer face à la malice perceptible du ton de son interlocuteur. « Et pourtant, vous savez aisément vous soustraire à ma vigilance. Vous me l’avez d’ailleurs maintes fois prouvé. Je ne saurai dire pourquoi, mais vous appréciez visiblement me malmener Monsieur le directeur. » Sourire ironique toutefois empreint d’une vérité bien amère. Impossible de ne pas tenir rigueur de ses disparitions. Tant pour ce que cela implique au regard de sa délégation d'infiltrée, que pour le danger auquel s’oppose le directeur hors de son champ de protection.

Edgar lui proposait désormais quelque chose à boire, cherchant ainsi à faire taire ses craintes et à ramener la paix avec son bouclier. Ses papilles savourant bientôt le whisky pur-feu teinté de glaçons à forme de loups, Mabel répondit simplement : « Jamais pendant mon service, je regrette. ». Pas une goutte d’alcool dans le sang de Mabel depuis deux mois. La lucidité étant primordiale pour protéger Edgar. L’offrande n’était de toute façon pas suffisante pour calmer ses inquiétudes. « N’y voyez aucune attaque personnelle mais vos escapades discrètes - et répétées qui plus est - deviennent beaucoup trop risquées. Il suffit qu’un dénonciateur découvre cette routine pour que le mot passe entre toutes les mauvaises mains. » Ne leur facilitez pas la tâche en devenant une proie facile. L’emportement à peine dissimulé, Mabel s’exprimait pour la première fois sur les fredaines du directeur. L’ancienne mercenaire bien au courant des méthodes de ses anciens pairs, de celles des espions, des chasseurs de primes comme celles des assassins, était prête à en découdre avec les arguments du directeur du fait de ses expériences. Aussi espérait-elle lui faire prendre conscience des risques sollicités par son comportement. « Au moins, permettez-moi de vous accompagner.  Laissez-moi faire ce que je sais faire de mieux et ce, pourquoi, vous m’avez engagé : assurer votre protection... Monsieur le directeur. » Ce n’était plus une question de droit à la solitude, à un instant de répit ou à l’isolement, mais bel et bien une affaire de vie ou de mort en ces temps si troublés.


(c) DΛNDELION
Revenir en haut Aller en bas

Invité
Invité
avatar

duellum (MABEL) Empty
MessageSujet: Re: duellum (MABEL) duellum (MABEL) EmptyVen 11 Sep - 21:42

duellum
@Mabel Northfield
w/ Mabel Northfield

« Les glaives sont brisés ! comme notre jeunesse,
Ma chère ! Mais les dents, les ongles acérés,
Vengent bientôt l’épée et la dague traîtresse.
— Ô fureur des cœurs mûrs par l’amour ulcérés !  »

Silhouette féminine pénétrant dans l'alcôve aux imprimés divers, Edgar suit le mouvement par réflexe, fasciné par l'attitude féline, guerrière, qu'exsude le corps jeune puissamment tourné. Conviction totale d'une vigueur qui trône entre eux contre gallions et promesses. Jamais plus il n'imaginera, Edgar, quiconque d'autre à cette place près de lui ; gardienne de ses heures diurnes comme nocturnes, elle n'est cependant pas assez en odeur de sainteté pour connaître chaque secret qu'il recèle. Ils sont bien trop nombreux. Trop sombres, trop illusoires. Cruauté que de sentir le loup réagir à Mabel, comme face à une semblable, non une rivale. Que l'animal accepte, patiemment, des êtres comme Rémus ou Mabel fronce l'incompréhension chez l'humain ; qui d'eux deux est le plus aveugle, quelles prunelles sont les plus vives, d'azur céruléen ou d'or fondu ?

« Vous malmener, voyons, n'exagérez pas, Mademoiselle Northfield. » Il penche la tête avec un sourire carnassier, lippes alcoolisée avec délice. Musique et liqueur ne sont qu'un pan de son entité qui désire à cet instant un dénuement sans faille. La nuit l'appelle, bientôt tombée, dans sa fraîcheur relative ; la bête aux abois y voudrait traquer, mais la lune giboyeuse se fait attendre. Frisson sur l'épiderme, songeries de loup. Edgar accepte le refus, n'ayant guère attendu une acceptation de la si professionnelle gardienne de son être. Le voilà à présent rabroué, enfant fait homme, et les yeux continuent d'observer avec calme, étincelle aux iris élysées. Le directeur émet un petit soupir agaçé ; pourtant il ne peut guère qu'accepter qu'elle s'inquiète de sa santé, car c'est bien lui qui fait tomber les gallions entre ses doigts chaque mois. C'est là leur contrat, ce qui les lie - et non une quelconque inquiétude réelle et tangible ; même sa famille, les Parkison, ont cessé à présent de voir en lui un héros. Célibataire à son âge avancé, nulle bague au doigt, fiancée éloignée, si peu courtisée, et le rang au ministère n'égale sûrement pas l'affront de se voir refuser la condition de factotum du lord noir. Edgar n'a jamais aimé qu'on lui donne des ordres ; il est celui qui apprécie à commander autrui, à dominer son monde et chaque mouvement de ceux qui l'entourent. Edgar ravala ses quelques mots cinglants pour laisser Mabel finir sa tirade ; la jeune femme s'acharnait à partager son point de vue, mais Edgar ne pouvait que lui pardonner cet affront. Elle ne pouvait comprendre ce qui l'amenait si loin, et il ne lui expliquerait pas.

« Laissez à votre employeur quelques secrets à conserver de par lui » souffla t-il, toujours aussi faussement charmeur, cobochard, comme si tout n'était qu'une vaste pièce de théâtre. Néanmoins, le regard se durcit, prunelles pierreuses, étoiles moulées, tandis qu'il songe à ce qu'il est, à présent ; bête qui s'agite, frémissante, carnaire et sanguinaire, dévoilant un sourire fauve aux lèvres impudiques. « J'ai conscience du danger de mes escapades, croyez-moi » et le timbre est presque tendre s'il n'était aussi cru, réalité de la menace qui pèse sur lui dans la voix, « mais il est des endroits où je ne peux vous emmener, pour votre propre bien. Apprenez que je ne vous en tiendrais pas rigueur - je peux à présent modifier notre contrat pour que soit stipulé de telles conditions. Néanmoins, ma sécurité me tient autant à coeur, si ce n'est plus, qu'à vous » et le sourire se fait rictus ironique devant l'évidence dans son trait d'humour ; « Je n'ai pas à m'expliquer, mais je peux vous dévoiler ceci : mes disparitions ne sont guère des jeux d'enfant, même si j'éprouve une certaine malice à vous fausser compagnie ; les endroits où je me rends seraient trop dangereux, et vous devrez me faire confiance sur ce point. » Inexactitude dans les propos ; non l'endroit mais les êtres qui s'y trouvent, dont lui-même. Sursaut de l'âme ; pauvre jeune femme, être obligée de faire moins que son travail, avec la même paie, ironise le sorcier avec un air impénétrable. Edgar se lève enfin, verre à moitié vide en main ; l'élégance transpire dans son être, dans un réflexe purement politicien que de désirer plaire en toute circonstances. Une main caresse tendrement le piano, comme un animal domestique vénéré. « Je suis navré de devoir ainsi vous torturer, mais il en est ainsi ; il y aura maints sujets sur lesquels vous n'aurez aucun regard, et mes disparitions en sont un. Comprenez que cela ne concernera en rien notre contrat. » Il espère ainsi, par ses mots, tuer dans l'oeuf la curiosité, l'inquiétude professionnelles.

L'idée traverse un instant l'esprit mâle ; Mabel n'est point sotte et sa vive intelligence ne tardera pas à lier ses disparitions aux phases de pleine lune. Regret du directeur qui va, à présent, devoir échaffauder de nouveaux plans pour effacer ses traces ; Mabel n'est sûrement pas la seule à chercher à connaître son emploi du temps. Noyer le poisson sera sûrement tout aussi protecteur que d'avoir engagé la demoiselle. «  Seriez-vous mélomane, mademoiselle Northfield ? Jouez-vous du piano - ou de tout autre instrument de votre convenance ? » Demande incongrue, qui échappe aux lèvres trop impatientes, trop modulées pour s'enquérir d'autrui, pour connaître, vilipender les petits secrets, les petites habitudes ; le savoir est le pouvoir, et Edgar est passé maître dans l'art d'apprendre des autres.


(c) DΛNDELION
Revenir en haut Aller en bas

Invité
Invité
avatar

duellum (MABEL) Empty
MessageSujet: Re: duellum (MABEL) duellum (MABEL) EmptySam 12 Sep - 15:03

duellum
@Edgar Parkinson
w/ Edgar Parkinson

« Les glaives sont brisés ! comme notre jeunesse,
Ma chère ! Mais les dents, les ongles acérés,
Vengent bientôt l’épée et la dague traîtresse.
— Ô fureur des cœurs mûrs par l’amour ulcérés !  »

Oreille attentive prêtée à cet exposé d’une palabre oiseuse. Discours brodé autour d’un miroir de fausses vérités à la pesanteur de plomb. Son infiltration et les risques mortels encourus pour les intrigues de l’Ordre, légitimés par cette seule tirade. Mabel peut sentir dans son élocution le monde obscur prêt à s’exhaler, la dureté du fer dans ses sinistres secrets qu’il s'évertue à masquer des quinquets de sa protectrice. Le ton dans son approche ne déroge pas à une certaine autorité, affirmant sans dureté le lien de subordination et sa place dans la hiérarchie. Le lycanthrope occulté croit mener la danse en toute éloquence, pensant plier les bonnes intentions du félin à l’état de néant. Voyez pourtant avec quelle persistance son verbe s’étale pour la décourager et la tenir à l’écart - invoquant jusqu’à la possibilité de modifier les termes du contrat qui les lient. Maladresse ou étourderie de sa part, excitant davantage la curiosité de l’espionne. Lui faire confiance ? Alors, abandonner tout espoir d’une explication honnête sur son voile de mystères.

La main de l'escamoteur se glisse sur la structure solide de son piano et sa tirade prend fin sur un rappel perceptible des termes de leur contrat. Mabel livrait pour le moment sans encombre sa tâche sacrée à l’ombre du simulacre de son patron. Si la jeune femme demeure sans écho, les propos du directeur ne déprime en rien ses résolutions : son appétit insatiable pour percer les mystères de l’autre donne un point d'ancrage à de nouvelles tactiques à produire. Rien dans les propos d’Edgar ne laissait croire à des suspicions distillées dans l’acharnement excessif de sa gardienne à vouloir le protéger partout et tout le temps. Sans doute voyait-il en elle une professionnelle minutieusement appliquée, profondément dévouée à sa profession. Aussi n’eut-elle pas à rendre de comptes ou à répondre d'interrogations suspectes. Impossible cependant de rebondir sur les propos du directeur sans soulever chez lui une certaine contrariété. Persister avec un panel d’arguments pour contraindre le directeur à la laisser l’accompagner dans ses escapades serait ici une erreur de tactique. Aussi choisit-elle ses propos avec intelligence :

« Je comprends tout à fait et puisque ce sont ainsi vos exigences, je me plierai à votre volonté. Je n’ai effectivement pas mon mot à donner. Les monstruosités qui persistent là-dehors renforcent inconsciemment mon excès de vigilance. Je ne souhaite aucunement envahir votre vie privée et je respecte tout à fait vos propos. Je ne commettrai plus d’impair, Monsieur. » Parure dorée pour manipuler l’esprit habile de son interlocuteur. Mot d’excuse enjolivé par une certaine douceur, traduisant jusqu’à une certaine inquiétude évidente de la gardienne quant aux temps obscurs. Mabel aurait pu laisser entendre à son employeur qu’il pouvait avoir confiance en elle. Mais Edgar  n’est certainement pas homme à offrir si simplement sa confiance - au-delà évidemment de la confiance accordée pour sa protection.

Appelant à sa curiosité naissante sur la possible mélomanie de sa garde du corps, le bonimenteur cherchait définitivement à noyer le poisson et à couper court à leur conversation. Redevenant alors Mabel Northfield et non l'espionne infiltrée, la jeune femme laissa inconsciemment sa véritable personnalité se rétablir en elle. « Je n’ai pas eu cette opportunité, Monsieur, celle d'apprendre à jouer d'un instrument. Mes mains sont faites pour battre le fer quand il est chaud, je n’ai pas l’élégance ni les facultés suffisantes pour m’adonner à un instrument. Voyez par vous-même l’état disgracieux de mes mains. » Elle riait Mabel, consciente de n’être qu’une simple roturière trempée du sang de ses anciens adversaires. Elle s'amusait, aussi, de ses expressions volontairement révérencieuses qu'elle s'employait à appliquer. Bien moins polie en-dehors de ses fonctions, Mabel faisait de nombreux efforts pour s'impliquer dans son rôle.

L’harmonie sous les doigts d’Edgar quelques instants plus tôt l’avait laissée songeuse. « J’espère que vous ne tiendrez pas trop rigueur de ma confession, mais j’ai par accident assisté à votre symphonie… elle m’a profondément touchée. J’ai eu la sensation de… de m’y retrouver. » La garde du corps dont les expressions sont habituellement fermées ne peut se soustraire à son embarras : les lippes qui expriment là toute sa gêne, les rougeurs qui embrasent ses joues. Ses prunelles cherchent même à fuir celles du directeur, trouvant refuge sur la reliure d’un livre choisi au hasard dans la bibliothèque. Le soupire toutefois exalté, il est trop tard pour revenir sur ses compliments ainsi prononcés : « Et me voilà encore à outrepasser mon rôle. Je me ridiculise merveilleusement, pardonnez-moi. Je voulais simplement suggérer que la musique reflète à mes yeux le pan de notre âme et en ce qui me concerne, je m’identifie souvent à ce qu’elle prétend exprimer. » Mabel confond souvent son rôle de gardienne à celui d’un majordome avec lequel on peut s’autoriser de longues conversations. N’ayant reçu aucune formation particulière pour prétendre à la place qui est sienne – son curriculum prétendant pourtant une vérité bien différente - elle s'oubliait, négligeant la réserve et la discrétion normalement appliquée par les gardes du corps.


(c) DΛNDELION
Revenir en haut Aller en bas

Contenu sponsorisé

duellum (MABEL) Empty
MessageSujet: Re: duellum (MABEL) duellum (MABEL) Empty

Revenir en haut Aller en bas

duellum (MABEL)

Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
WE MUST BE KILLERS :: wizarding sweet shop :: armoire à disparaître :: rps finis/abandonnés-