La nuit d’épouvante chez les Lestrange avait laissé des traces, autant dans les esprits que dans les chairs. Les membres de l’Ordre du Phoenix, ces vermines, avaient attaqué sans crier gare, ils avait souillé de leur idéaux pathétiques et de leur colère insensée les murs et la noble maison qu’ils avaient ravagée. Et ils s’étaient attaqués à la fine fleur du monde magique, comment pouvaient-ils ? Ces actes étaient totalement gratuits et venaient entacher autant leur réputation que leur combat, de toute façon perdu d’avance. Avec la mort de ce vieux fou de Dumbledore, l’organisation n’allait que d’échecs en échecs, la rancoeur et la colère vengeresse animant leurs actions plus que cette recherche de justice bien pensante.  Et si chacun c’était fait son avis et que les victimes de cette attaque pensaient leurs plaies : le spectre de cette soirée planait cependant toujours sur les esprits du Londres sorcier. Les contestations se faisaient de plus en plus virulentes, autant concernant le pouvoir en place que l’action des partisans de cette pseudo égalité à vomir. Ils n’étaient qu’une fraude, une farce, animée par la peur, qui tentait de faire valoir ses idées, mais ils avaient déjà perdu, Sapho en était persuadée. De plus, comme elle portait elle même les blessures de cet acte abject en étendard, elle n’avait jamais cherché quelconque excuse aux sorciers qui l’avaient attaqués.

Elle gardait encore les marques des maléfices, zébrures qui parsemaient sa peau, le travail de sa métamorphose d’apparat rendu d’autant plus compliqué que les bleus et hématomes se muaient à chaque instants sur ses chairs meurtries. Cependant, elle gardait cette fierté qu’on lui avait inculqué, la marque brulante son avant bras lui donnait la force de continuer, tête haute elle s’était présentée dès sa sortie de l’hôpital au ministère pour reprendre son travail. Elle se noyait dans ses missions Sapho, parce qu’elle n’avait presque plus que ça. Parce qu’Anar n’avait même pas daigné s’inquiéter pour elle, parce que sa soeur semblait même lui reprocher cette présence à ce diner : tu l’as mérité, pouvait-elle dire, parce que les apparences étaient maitresses et qu’elle voulait donner tord à quelqu’un qui lui avait dit qu’un masque porté sans cesse finirait par la rendre folle.

Le talons des chaussures de la Selwyn claquent dans les escalier qui mènent à l’accueil du ministère. Maitresse dans cette demeure d’ordre et de droit, s’il y avait bien un endroit où elle ne se fendait pas de malaise, c’était derrière les murs de l’établissement. Son air sévère ne dénote pas avec le visage des autres notables, si elle ne peut prétendre se trouver en haut de l’échelle, son jeune âge ne freinait pas ses ambitions elle se savait capable de grimper les échelons. Les guichets de l’accueil sont maintenant bien en vue et le visage derrière ne lui est que bien trop familier. Charme magnétique de la blonde qui fait encore son effet sur la demoiselle, elle se dirige vers elle alors que d’autres guichets lui auraient évité cette rencontre hasardeuse : « Bonjour Poppy. » Le ton de la jeune femme est égal, elle évite le regard de la Bullwark alors que les souvenirs lancinants de cette autre soirée mondaine où le coeur s’était un peu trop ouvert avant de se refermer avec fracas l’assaillissent. « Il me semble que des documents ont été déposés pour moi. » L’incompréhension régissait la majorité de son comportement, l’impression que Poppy, après l’avoir poussée aux confidences, après l’avoir cajolée, lui avoir fait croire qu’elle existait dans ses yeux clairs, avait simplement décidé que le jouet n’était plus suffisamment intéressant. Le changement de comportement de la jeune femme, ce soir-là, restait bien trop flou aux yeux de la brune mais, surtout, c’était le fait d’en être touchée qui la perdait le plus.

Elle prétendait que rien ne la touchait, parce qu'elle avait peur d'être trompée à nouveau. Mais alors qu'elle fait mine de se concentrer sur le va et vient des passants dans le hall, laissant la blonde chercher le paquet, elle a le coeur qui se serre et les lèvres qui peinent à rester closes. Les créatures de Dieu qui s’étaient endormies en pleurant, ouvraient les yeux pour pleurer de nouveau, le cycle était infernal, elle peinait à s'en extirper, fonçant à chaque fois tête baissée en quête d'un soutien qui n'arrivait jamais