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ours is the fury (arsen)


Mara Lestrange
membre · as cute as aragog.
Mara Lestrange

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habitation : une magnifique maison dans unicorn lane, un foyer que seuls les enfants parviennent encore à réchauffer.
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MessageSujet: ours is the fury (arsen) ours is the fury (arsen) EmptyDim 13 Déc - 14:56


Nostalgie intense de fouler à nouveau les allées de Pré-Au-Lard, alors que Mara venait d’y transplaner. Il lui fallut s’arrêter un instant, regarder autour d’elle, inspirer profondément avant de se replonger dans des souvenirs teintés de regrets. Ces lieux familiers avaient été le théâtre de ses plus belles années, et elle n’avait jamais songé à y revenir avant aujourd’hui. Mais la raison en était limpide : l’étau autour de son cœur s’était soudain resserré, lui causant une vive douleur qu’elle avait su maintenir au loin pendant des années. Mais le mal était nécessaire, et il ne serait que fugace. Elle avait donné rendez-vous à une amie de sa fille, et dès qu’elle l’aurait repérée elle serait délivrée. Elle lui remettrait le paquet qu’elle avait préparé pour Eija, puis s’en irait de cet endroit sans se retourner. Mais la jeune fille n’étant pas encore arrivée, Mara n’avait d’autre choix que d’attendre. D’un pas lent, elle remonta la grande rue, ses yeux se posant avec une curiosité presque enfantine sur les devantures des boutiques qu’elle avait connues il y a longtemps. Un pincement au cœur pour chaque changement qu’elle remarquait, un autre pour tout ce qui n’avait pas changé. Ici elle était venue avec son premier petit copain et leurs baisers maladroits avaient rubéfié ses joues, ici elle avait fait provision de plumes pour les examens en se promettant d’être la première de sa classe, ici elle avait choisi sa robe de bal avec ses amies en rêvant au prince charmant … Ici elle s’était sentie tellement libre. Comme tout ceci paraissait loin, et si proche en même temps. Elle ne se souvenait plus des traits de ce fameux petit copain, n’avait par contre pas pu oublier le moindre détail de ce prince charmant sur lequel elle fantasmait à l’époque. Peut-être n’aurait-elle pas du rêver avec tant d’assiduité, pour éviter que ses désirs ne prennent forme et ne viennent écraser cette liberté illusoire.

Un sourire amer trémula sur ses lèvres et elle détourna le regard, chassant de son esprit ces pensées indésirables. Elle n’était plus une adolescente, elle n’avait plus de rêves plein la tête. La femme adulte et désabusée qu’elle était devenue voyait les choses sous un autre angle, et désirait plus que tout éviter à sa fille les mêmes désillusions. C’est pourquoi elle était là, pour gâter Eija avec un nouveau cadeau surprise pour son anniversaire, pour lui rappeler que sa mère l’aimait de tout son cœur. Et pour renforcer en elle-même la certitude qu’elle ne laisserait rien de mauvais lui arriver. Elle repéra enfin l’écolière qu’elle attendait, et la rejoignit pour lui donner son paquet. Quelques banalités plus tard, la gamine s’éloignait avec un geste de la main et s’engageait sur le chemin qui retournait à Poudlard. Et contrairement à ce qu’elle s’était imposé, Mara ne transplana pas. Elle regarda l’écolière, suivit des yeux la voie flexueuse qui montait vers Poudlard, se replongea à nouveau dans ses doux souvenirs de scolarité. Finalement elle se retourna vers le centre du village ses pas la menèrent vers sa préférée de l’époque, l’échoppe du vendeur de plumes, et elle s’arrêta devant la devanture, envisageant d’entrer. Ses yeux se posèrent rapidement sur les deux silhouettes à l’intérieur, le vieux propriétaire qui n’avait pas changé et un client, puis elle reposa le regard sur les plumes. Et puis son ventre se serra, et elle revint au client. Elle ne voyait qu’une partie de son profil, et une nuque courbée. Mais c’était bien suffisant pour qu’un nom se forme, pour qu’un désagréable sentiment lui broie les tripes. Elle plongea sa main dans sa poche et serra sa baguette avec force, son souffle se faisant plus heurté. Mais elle ne bougea pas. Elle resta là à le regarder, attendant qu’il se retourne, attendant de voir son visage … Le choc la fit reculer d’un pas quand il lui exposa ses traits, de l’autre côté de la vitre. Arsen.

Pétrifiée, elle serra davantage sa baguette tandis qu’il se dirigeait vers la sortie. Un sortilège sur le bout des lèvres, prêt à jaillir dès qu’il mettrait le pied dehors. Une punition amplement méritée, et pour elle une récompense qui changerait tellement de choses … La porte s’ouvrit, mais la baguette de Mara resta enfoncée dans sa poche, le trouble trop intense pour qu’elle parvienne à agir comme son devoir le lui soufflait. Au lieu de ça … Au lieu de ça, elle fit ce que la gamine de treize ans en elle avait toujours rêvé de faire. Elle leva son poing serré, et le lui envoya dans la figure.
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Arsen Rosier
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Arsen Rosier

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MessageSujet: Re: ours is the fury (arsen) ours is the fury (arsen) EmptyMer 23 Déc - 23:31


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Reflet mystique au-delà la brume, l’école millénaire coiffe le paysage d’écossais d’une ombre rassurante, havre encore préservé des violences du monde, de cette guerre dégueulasse qui s’accroche à ses tripes alors qu’il regarde tous ces gosses qui se hâtent sur les chemins tortueux qui mènent à Pré-au-Lard. Ils rient, les gamins, parmi les effluves de petrichor qui envahissent les environs, ça l’fait sourire et ça l’inquiète à la fois, ça le rassure aussi, ça lui rappelle les raisons de sa lutte, cette innocence menacée par les conflits qui grondent par delà les hautes terres protectrices. Cibiche glissée par habitude à ses lèvres teintées d’assuétude, il regarde le village qui s’éveille, renaissant avec le retour des élèves, bercé des éclats de voix qui sont les mêmes qu’il y a presque trente ans, lors de sa première sortie scolaire sous l’oeil bienveillant du professeur qu’il a depuis remplacé. Thébaïde imperturbable sous le soleil estival, l’endroit est maintenant un doux mélange de tumulte et de cette bruine immarcescible qui précède l’arrivée de l’automne, encore lointaine, pourtant si proche. Une autre année. Souvenirs en cascade d’une époque si différente, triste sourire au coin des lèvres, une autre époque, presque une autre vie.

Brefs échanges avec le vieux vendeur, fidèle au poste, toujours présent, figure éternelle d’un village dont la vie s’accorde au rythme des allées et venues des occupants de Poudlard. Il lui arrache quelques ricanements, remue les oublis du passé. Il n’aime pas s’aventurer dans les méandres de l’avant, Arsen, il n’y trouve que des déceptions, des chutes en pagaille, des regrets qui l’étouffent. Il a assez du présent et des inquiétudes qui le hantent, du deuil qui l’étrangle encore, de toutes ces choses qui se bousculent dans sa tête, lui qui n’est plus soldat, qui se retrouve à la périgée d’un ordre dont l’incurie l’effraie. Il le remercie, tourne le dos aux étagères billebarées, pensif, l’esprit ailleurs, des décennies en arrière.

Le poing le surprend. Lui toujours sur ses gardes se fait prendre par la plus simple des attaques. Impact violent de la mémoire, des erreurs qui n’en sont pas tant. Le coup de cœur est plus insidieux. Lorsqu’il la reconnaît, l’adolescent devenue femme, la soeur perdue, morceau de son myocarde qui n’a jamais cessé de battre au rythme des lettres ignorées, des instants jamais vécus. - Mara… souffle-t-il, respiration trémulante, brisée par la surprise. Raz-de-marée de non-dits et de moments volés. Il la reconnaît, à peine. Il ne l’a pas vu grandir, se marier, avoir des enfants, il n’a pas dansé avec elle après l’échange des vœux, il n’a jamais tenu ses nièces ou son neveu dans ses bras, il ne l’a pas soutenue lorsque son mari était emprisonné… - Je suppose que je l’ai méritée. Hasarde-t-il, un ricanement maladroit et ému au bord des lippes, les mots lui manquent, tous déversés dans les missives auxquelles elle n’a jamais répondu.
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Mara Lestrange
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MessageSujet: Re: ours is the fury (arsen) ours is the fury (arsen) EmptyMer 30 Déc - 20:58


C’étaient des décennies qui s’étaient écoulées et qui s’effondraient sous la violence de cette rencontre inattendue. Comme s’il n’y avait pas eu tant d’années loin de lui, des années à grandir et à mûrir, à prendre du recul et à aplanir les angles … Des années à sourire pour la galerie et à réfréner des pulsions qui ne demandaient qu’à jaillir, des années qui n’étaient soudain plus que des secondes. Et Mara n’était plus la sorcière mesurée qu’on attendait qu’elle soit, mais une gamine rongée par la détresse et la colère. Une gamine qui agissait impulsivement parce qu’on l’avait trop bridée, trop longtemps. Mais sans doute qu’elle ne s’attendait pas à ce que ça fonctionne – ou peut-être juste qu’elle ne s’attendait pas à ce qu’il soit réel. Que son poing touche un homme de chair et de sang … Son frère, perdu depuis si longtemps. Son frère qui la regardait avec un air ahuri, et elle ne parvenait même pas à trouver ça drôle.

« Mara… » Un rictus douloureux, à l’entendre ainsi prononcer son prénom. Elle l’avait trop souvent souhaité, trop souvent maudit également. Et elle ne savait plus ce qu’elle voulait à présent, perdue et dévastée, figée devant lui comme si le temps s’était arrêté. « Je suppose que je l’ai méritée. » Elle serra ses mains l’une contre l’autre, frottant machinalement ce poing qui s’était dressé trop vite. Mais le fait était là, il l’avait effectivement mérité, et elle grommela son assentiment. « Je pensais que ça me ferait plus de bien que ça. » Il n’en était rien. Presque vingt ans de chagrin n’avaient pas été effacés par ce petit geste oiseux, et son cœur pesait toujours aussi lourd à se trouver devant lui. Elle releva le menton malgré tout, et le toisa comme elle savait si bien le faire. Dernier rempart contre les embruns, ce mépris perfectionné par des années de pratique conjugale. « Tu as baissé ta garde, tu te fais vieux. » Son incurie finirait par le tuer, et elle aurait pu être la main armée de son funeste destin. Mais elle avait manqué sa chance, et son incapacité lui tordait les entrailles. Il le méritait. Il le reconnaissait lui-même. Elle aurait pu briser le cercle infernal des regrets, du manque et de la colère. Elle aurait pu gagner une nouvelle fois la bénédiction des aînés, puisque c’était tout ce qu’elle savait faire. Plier et obéir. Faire ce qu’on attendait d’elle. Tuer son frère, on ne le lui avait jamais demandé, mais ô combien de fois elle avait entendu parmi les ronces murmurer et souhaiter la mort de cet être qui les tâchait tous de sa trahison. « Quelqu’un d’autre que moi en aurait profité. » Pitoyable mise en garde, mais il y avait de la colère dans ses paroles. Si elle ne pouvait pas le tuer, elle ne voulait pas que qui que ce soit d’autre en ait la possibilité.
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Arsen Rosier
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MessageSujet: Re: ours is the fury (arsen) ours is the fury (arsen) EmptyDim 10 Jan - 10:47


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Mara. Fantôme d’un passé qui lui enserre encore le cœur. Mara. Le poids de tous ses regrets, de tous les instants jamais vécus, les histoires jamais racontées. Mara. Devenue femme, portrait craché d’une mère dont il pensait avoir oublié les traits. Il ne voit que l’enfant, comme un tableau abîmé par les années, une photo délavée. Il la regarde, le souffle coupé par la réalisation de lourdes décennies qui pèsent, qui les séparent. Il peine à cerner ses mémoires, à rassembler les visions d’un temps lointain. Mara. Qui s’est endormie dans ses bras, qu’il a bordé mille fois. De cette époque il ne reste rien et pourtant il a l’palpitant gonflé d’amour par sa présence, d’amour et de remords. Il voudrait combler le vide entre eux, la serrer contre sa poitrine, se rappeler de sa chaleur contre ses os, avoir vingt ans encore et savoir lui expliquer pourquoi, lui dire que ce n’est pas de sa faute, qu’il n’a pas l’choix. Il voudrait lui dire, comme l’a écrit cent fois, déverser entre eux tous les sentiments, tous les oublis. Il voudrait être capable de lui en vouloir, partager tous ces soirs où il a attendu qu’un hibou vienne frapper à la fenêtre en portant une réponse, même un mot, même un rien. Il a joué leurs retrouvailles à l’infini, il s’est parfois conforté dans le mensonge, à s’dire que les lettres s’étaient égarées, qu’elle ne les avait jamais reçues. Il n’a jamais accepté, même en le sachant très bien, qu’elle ne les a jamais lues.

- Je pensais que ça me ferait plus de bien que ça. Ses océans se dérobent à ses opales, il n’a pas le courage de s’accrocher à ses pupilles, il n’a pas le force d’accuser la rancoeur qui brille dans le coin de son oeil hostile. - On n’efface pas vingt ans de colère d’un coup de poing. Constate-t-il, conscient de ce qui boue sous la carne de la benjamine. Il rirait, s’il n’était pas si malheureux, il réconcilierait sa honte d’un sourire, d’une esquive. Elle représente toutes ces questions qu’il se pose chaque nuit, entre la conscience et le sommeil, tous ces et si qui ne cesseront jamais de le hanter. - Tu as baissé ta garde, tu te fais vieux. Si tu savais. Comme il est fatigué, comme il n’en peut plus de se battre et comme il ne connaît rien d’autre que ça, même s’il songe à la paix il ne se reconnaît que dans la violence, comme il se dit que des fois, d’un coup de baguette, tout pourrait enfin s’arrêter, qu’enfin, six pieds sous terre, il pourrait se reposer, attendre que tous ces autres auxquels il a tourné le dos viennent le rejoindre au-delà du voile de la mort, là où tous ces conflits ne comptent plus. - Quelqu’un d’autre que moi en aurait profité. Sans aucun doute. Il approuve d’un signe de tête et porte une cigarette à ses lèvres étirées d’un maigre sourire. - Je suis chanceux d’être sur toi alors. Triste insolence, maigre espoir, lumière vacillante qui brille au travers des peines qui étouffent l’être usé par sa pénitence. Elle est le prix qu’il a payé pour son offense, ce morceau de lui qu’il a laissé derrière lorsqu’il s’est retourné contre ce compagnon d’armes qui n’en fut jamais vraiment un, le visage qui apparaît derrière ses paupières lorsqu’il se demande si ça valait l’coup. - Puisque tu m’offres un sursis, tu pourrais peut-être m’accorder quelques minutes ? Quelques instants pour rattraper le temps, une poussière, à peine une traînée d'étoile dans le cosmos de leurs destins écartelés. - S’il te plait. Enfin le regard qui s’attache au sien. - Après toutes ces lettres ignorées… tu me dois bien ça ? Non, non, elle ne lui doit rien, il le sait, alors il tait la fin de sa phrase. - Tu m’as manquée. Se contente-t-il d’avouer, prêt à accuser le coup des reproches.
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Mara Lestrange
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Mara Lestrange

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MessageSujet: Re: ours is the fury (arsen) ours is the fury (arsen) EmptySam 16 Jan - 15:47


« On n’efface pas vingt ans de colère d’un coup de poing. » Mais rien ne pourrait effacer sa colère. Pas même l’entendre hurler de douleur, pas même le voir mort. L’imagination de Mara, pourtant largement versée dans l’art de ruminer des vengeances et des châtiments, ne parvenait pas à formuler de sentence à la hauteur de son crime. Ce n’était pas faute d’avoir essayé, et mille fois elle s’était attelée à cette tâche, mais mille fois elle en était ressortie déçue, sa colère toujours aussi vive et sa frustration plus grande encore. Certaines blessures étaient trop profondes pour être guéries, et celle-ci continuerait de la ronger encore longtemps. La faute à l’incompréhension, la faute aussi aux souvenirs trop doux d’un frère qui ne l’avait jamais déçue – jamais, jusqu’à ce qu’il rompe le fil de cette confiance aveugle qui les attachait. Sans doute pouvait-il s’estimer chanceux que ce ne soit qu’elle, en effet, qui l’avait retrouvé. Elle, trop faible pour agir durablement contre la gangrène qui pourrissait les Rosier. Qu’il ne se leurre pas, elle n’en tirait aucun plaisir.

« Puisque tu m’offres un sursis, tu pourrais peut-être m’accorder quelques minutes ? » Elle haussa les sourcils, une surprise presque offensée se peignant sur ses traits. « S’il te plait. » Ce regard qu’il avait tenu fermement éloigné du sien se posa enfin sur elle, franchement, et Mara se fit violence pour ne pas détourner les yeux à se tour. Elle frémit mais plongea dans ces azurs tant regrettés, serra les dents en y retrouvant ce qu’elle avait craint. Les ombres du passé se resserrèrent autour d’elle, comprimant son cœur. « Après toutes ces lettres ignorées… » Elle attendit la suite, les reproches qu’il ne formula pas. Ses lèvres se tordirent légèrement – elle avait entendu les mots silencieux. Mais ceux qui vinrent ensuite, elle ne les attendait pas. « Tu m’as manquée. » Elle eut un geste de recul, comme s’il avait esquissé un geste menaçant. Et c’était presque ça, au fond. Le froid la transperça, sensation trop familière qui avait accueilli toutes ces fois où elle s’était surprise à penser à lui, et toutes ces fois où elle reconnaissait son écriture sur une enveloppe. Quand ses mains tremblaient, quand son cœur la trahissait, quand elle devait se cacher pour peser une énième fois le pour et le contre, en palpant le papier, en se laissant honteusement tirailler … Mais elle n’avait jamais cédé. Toutes ces tortures auxquelles il la soumettait à intervalles réguliers ne l’avaient jamais fait plier. Dernière petite fierté. « Tu as un sacré culot. » Elle s’était repris, avait retrouvé son aplomb et son mépris. Rosier. Lestrange. Elle n’avait rien d’une traîtresse. Elle n’était pas comme lui. « Tes lettres, elles ont fini au feu. » Mensonge. Si elle ne les avait pas ouvertes, elle n’avait pas pu s’en débarrasser pour autant. Mais il n’avait pas besoin de connaître sa faiblesse. Mais cette faiblesse était toujours là, si sournoise qu’elle l’empêchait de tourner les talons et de s’en aller sans rien ajouter. Elle aurait du. Elle le savait. « Je ne suis pas comme toi ! » Cracha-t-elle comme une insulte, avec toute la rage que ces quelques mots remuaient en elle. « Qu’importe si je te manque, ou si je t’ai manqué. Ca ne change rien ! » Tu m’as abandonnée malgré tout. « Tu ne mérites pas mon temps. » Pourtant elle était toujours là. Enracinée dans le sol, à la merci des regards curieux et malavisés.

A attendre qu’il lui prouve le contraire.
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Arsen Rosier
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MessageSujet: Re: ours is the fury (arsen) ours is the fury (arsen) EmptyLun 25 Jan - 22:00


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Il fallait qu’il le lui dise, il ne pouvait pas prendre le risque qu’elle s’en aille sans l’entendre, il ne pouvait la laisser partir sans que ces mots, ces mots exactement, ne comblent l’espace entre leurs souvenirs et la réalité. Des mots simples, presque trop simples après toutes ces années mais les seuls mots capables de partager le vide et le regret. Trois petits mots pour définir vingt ans d’absence. Ces mots-là plutôt qu’autre chose si c’est tout ce qu’elle décide d’entendre. Tu m’as manquée. Tellement. Tous les jours. Constamment. Même s’il voulait, il ne pourrait même pas lui expliquer vraiment, il n’a jamais su se le décrire, ce néant qui veille au fond de lui, perpétuelle éclipse, trou noir où tout son être menace de s’échouer à chaque instant. Comme s’il n’avait jamais assez d’air dans ses poumons, que son coeur mesurait chaque battement, avare et furibond, parce qu’il a arraché plus que des morceaux de chair lorsqu’il s’est retourné contre ce mangemort, il s’est aussi défait des composants les plus importants de son existence, ces autres vies entrelacées avec la sienne. Toutes des cicatrices composées de regrets, à jamais suintant l’amertume et les rendez-vous ratés.

- Tes lettres, elles ont fini au feu. Comme un coup dans le torse qui lui barre le souffle et pousse la tristesse jusque dans sa gorge, jusque dans les perles bleutées qui le trahissent. Il voudrait lui expliquer comme il n’avait pas le choix. Il voudrait lui faire comprendre, partager les secrets qui dorment et l’émotion de l’instant, de cette minute décisive qui a changé leurs vies. S’il pouvait traduire cette épouvante, cette fureur, la torture du dilemme entre les siens et sa propre humanité. S’il pouvait seulement lui montrer les traits terrifiés de ce gosse qui n’avait rien fait sauf naître avec un sang différent du leur, si seulement il pouvait lui montrer, pousser les barrières de sa conscience, lui faire voir avec ses yeux, à lui, qu’il n’avait pas le choix, comme ça lui a fait mal, comme il savait ce que ça allait engendrer et pourtant… - Je ne suis pas comme toi ! Sa colère l’écorche, il comprend, il ne peut pas lui en vouloir, pourquoi ? Elle est restée là-bas, encore gamine, et ils ont continué de la nourrir de toutes ces idées qui aujourd’hui se plantent entre eux comme une frontière. - Tu ne mérites pas mon temps. Il n’est qu’un monstre, un traître, dans les histoires qui se racontent de l’autre côté de la raison, dans l’autre camp. Comme il aurait voulu aller la chercher, l’emmener avec lui, mais pour lui offrir quoi ? Une vie de cavale ? Un choix forcé comme on a tenté de le lui imposer ? - Et pourtant tu es toujours là. Une étincelle d’espoir ose luire dans le fond de sa voix, presque imperceptible, presque trop subtile pour être saisie, pour braver d’y croire. - Tout ce que je veux, c’est une chance de pouvoir m’expliquer. Tu ne penses pas qu'il est grand temps que tu entendes ma version de la vérité ? Il y a tellement à dire, tellement peu de temps, et elle peut s’échapper en un soupir, son regard ne lâche pas le sien, comme s’il craignait qu’elle disparaisse au moindre battement de ses paupières. Le chagrin et l’espérance se tissent autour de chaque syllabe, douloureusement entremêlés. Il n’a qu’une seule chance et elle se décompose malgré lui en excuses, toutes ses lettres écrasées en quelques phrases maladroites, même son éloquence lui fait défaut. - Il ne se passe pas un instant où je ne regrette pas de ne pas t’avoir vue grandir, d’avoir été là pour toi. Je sais que j’ai failli au rôle du grand frère et il n’y a rien que je puisse faire pour rattraper ça. Je n’ai jamais voulu t’abandonner, Mara, mais c’est le prix que j’ai dû payer. Et qu’il paye encore, chaque jour, sans répit.
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Mara Lestrange
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MessageSujet: Re: ours is the fury (arsen) ours is the fury (arsen) EmptySam 13 Fév - 12:21


Elle aurait voulu ne pas savoir lire la douleur qui s’alluma dans ses yeux. Elle aurait préféré que les années fassent de lui un véritable étranger, que ses traits changent au point de ne plus rien avoir de commun avec ceux du jeune homme qui l’avait abandonnée bien des années plus tôt. Elle aurait voulu qu’il change autant qu’il était censé avoir changé. Simplement pour ne pas subir le poids de ses réactions même les plus infimes, pour ne pas les prendre en pleine face. La douleur d’un étranger, elle s’en fichait. La douleur de son frère était plus difficile à ignorer, d’autant plus quand elle en était la cause. Mais lui ne s’était pas souciée de sa douleur à elle quand il avait trahi – et peut-être était-ce une piètre revanche, mais c’était tout ce à quoi elle pouvait encore se rattraper.

« Et pourtant tu es toujours là. » Elle lui lança un regard d’avertissement, glacial. Qu’il ne joue pas à ça, ou elle pourrait bien se décider à transplaner loin d’ici. Il ne lui manquait pas grand-chose pour s’y résoudre. Elle ne comprenait d’ailleurs pas pourquoi elle se laissait tenter ainsi, à jouer avec le feu, dans une rue aussi exposée. La nostalgie seule ne pouvait être responsable de ce comportement insensé, mais sa raison ne parvenait pas encore à la convaincre d’y mettre fin. Elle ne voulait rien entendre de ses mots empoisonnés, et pourtant elle les attendait presque avec fébrilité. Pour mieux pouvoir les contrer, sans doute. Mais ses certitudes étaient loin d’être aussi inébranlables. « Tout ce que je veux, c’est une chance de pouvoir m’expliquer. Tu ne penses pas qu'il est grand temps que tu entendes ma version de la vérité ? » Ces mots éveillèrent un remous, une envie longtemps enfouie, mais Mara ne voulu pas y prêter attention. Se laisser tenter, c’était déjà faire un pas vers la trahison. « Il ne se passe pas un instant où je ne regrette pas de ne pas t’avoir vue grandir, d’avoir été là pour toi. Je sais que j’ai failli au rôle du grand frère et il n’y a rien que je puisse faire pour rattraper ça. Je n’ai jamais voulu t’abandonner, Mara, mais c’est le prix que j’ai dû payer. » Ces derniers mots firent l’effet d’un uppercut à la jeune femme. Stupéfaite qu’il ose ainsi agiter devant elle des chimères, de belles paroles aussi creuses qu’elles étaient douloureuses, elle sentit la colère monter en elle sans plus aucune retenue. La blessure ancienne s’était réouverte, aussi vive qu’au premier jour. Il ne lui avait fallut que quelques mots bien choisis pour qu’elle ait l’impression qu’à nouveau elle perdait tout ce qui lui était cher. Son frère, la personne qui avait alors le plus d’importance pour elle, le point de repère d’une vie déjà trop difficile. Il avait failli. Et elle ne le lui pardonnerait jamais.

« Non ! Ne te cache pas derrière tes pathétiques regrets, ne me mêle pas à ça ! » Elle le poussa violemment, les deux mains plaqués sur son torse, pour le faire reculer jusqu’à la ruelle située juste à l’angle du magasin qu’il venait de quitter. Elle se sentait trop exposée dans la rue principale, et si elle devait réellement faire ça, jouer cette scène avec lui, il lui fallait un minimum de discrétion. Elle ne se donnerait pas en spectacle aux badauds de Pré-Au-Lard, et encore moins aux potentiels camarades d’école de sa fille. « Tu n’as pas pensé à moi une seconde avant de nous trahir ! Tu n’as pensé à aucun de nous ! » Sa voix montait trop haut, sa poitrine se soulevait à un rythme trop rapide. Son cœur battait une chamade éperdue sous l’effet de cette rage qui la traversait, mue par des années de frustration et de ressentiment difficilement contenus. « Je sais très bien ce que tu veux m’expliquer ! Tu as découvert que les moldus et les sangs-de-bourbe avaient plus de valeur à tes yeux que ton allégeance à ta famille. » Elle baissa la voix tout en poursuivant, mais son ton resta vibrant de colère. « Et quitte à détruire tout ce que tu possédais, pourquoi ne pas t’en prendre directement à ceux avec qui tu as grandi plutôt qu’à des inconnus qui n’ont rien fait pour mériter ton attention ? Et ainsi tu dors mieux en sachant que tu as protégé des sangs-de-bourbes sortis de leur fange plutôt que ta propre famille. » Elle secoua la tête et serra les poings, pour contenir le tremblement qui les traversait. « Comment pourrais-je ne pas comprendre ? Ca me semble parfaitement clair ! »
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Arsen Rosier
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MessageSujet: Re: ours is the fury (arsen) ours is the fury (arsen) EmptyJeu 25 Fév - 11:27


Say my name like a curse that can’t be broken. And I’ll scream yours like a wound that’s open.

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Ne pas la reconnaître. Après toutes ces années, après tout ce temps à grandir et à devenir d’autres, à ne plus se connaître ni s’apprivoiser, malgré tous les scénarios, tous les songes de leurs retrouvailles, il n’avait jamais pensé qu’il ne la reconnaîtrait pas, pas vraiment, pas comme il voulait. Bien sûr qu’il s’était menti, il avait espéré, bêtement, mais comment est-ce que ça aurait pu en être autrement ? Il y a trop de colère, trop de temps, trop de distance entre les âmes qui jadis se seraient retrouvées dans la nuit la plus sombre. - Tu n’as pensé à aucun de nous ! C’est sa propre furie qui vibre en dedans et leurs cœurs qui battaient au rythme des mêmes comptines battent à contre-courant, plus rien ne les accorde, pas même ce sang, ce sacro-saint torrent qui roulent dans leurs veines battues de chagrin et d’aigreur. - C’est ce que tu penses vraiment, n’est-ce pas ? Que ça été simple pour moi de te tourner le dos ? Mara, ouvre les yeux, ça n’a jamais rien eu à voir avec toi, je n’ai jamais voulu t’abandonner. Un voile de tristesse couvre ses prunelles tavelées d'une foudre qui n'est  pas entièrement destinée à sa benjamine, surtout à tout le reste, à tout ce qui les sépare, tous ces poisons qui coulent dans ses reproches. Il est usé par la force de tous ces préjugés qui épuisent le monde autour de lui, qui brisent ces liens qui devraient être plus forts que tout. Ce n’est même pas la voix de Mara qu’il entend dans son discours, sa Mara, sa petite sœur, c’est celle de leur père, de leurs aïeux.

Son ton ne rencontre pas le sien, non, il reste calme le soldat, terriblement calme et pourtant dans le fond de sa gorge tremble une colère sourde. Il s’abaisse à une autre sorte de violence, insidieuse, intrusive, tristement digne de l’ancien roi des serpentards. - Et si ça avait été Eija, hm ? Parce que le gosse qu’ils m’ont demandé de tuer, il avait à peine quelques années de plus qu’elle aujourd’hui, que toi à l’époque. Il sait que c’est petit, que ça pourrait avoir l’inverse de l’effet désiré, qu’il joue à un jeu dangereux en assiégeant l’instinct maternel, mais il faut qu'il essaie, qu'il vise où ça fait mal, écorche les certitudes et les vanités.  - Tu n’aurais pas voulu que quelqu’un s’interpose ? Décide ne pas la punir parce que sa naissance selon l’éducation qu’on a voulu nous donner ne mérite pas qu’on lui donne une chance ? Ce choix qui semble impossible, qui lui semblait impossible jusqu’à ce soir-là, jusqu’à ce qu’il soit coincé entre les siens et sa propre humanité, tiraillé entre l’amour et la justice. Comment lui expliquer ? Comment lui exposer autrement la douleur de cet instant, ce choix impossible qui n’en était pas vraiment un, il n’a jamais eu le choix, Arsen, il n’est pas fait du même alliage que ses ancêtres, il n'a fallu qu'un battement pour qu'il retourne sa veste. - Pense à ça, Mara, alors tu me détestes et que tu choisis de continuer à vivre par leurs lois. Leur sang n’a rien de royal. Qu’importe les démarches régaliennes, leurs couronnes sont ensanglantées, trempées dans le vermeil de ceux qui n’ont pas eu la même chance qu’eux, qui ne valent rien, poussières aux yeux des illusionnistes, de tous ces sorciers qui se bernent à se prétendre mieux que les autres, et pourquoi, parce qu’ils sont nés dans une famille plutôt qu’une autre ? Ridicule. L’ichor n’est qu’un mensonge, rouge sang quelque soit l’ascendance, l’un et l’autre ne valent pas mieux que les né-moldus, lui le traître et elle emprisonnée par les mœurs d’une société désuète. - Juge moi, abhorre moi si ça te permet de mieux dormir, et sache que si c’était à refaire, je reprendrais la même décision. But I will not love you any less.
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Mara Lestrange
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Mara Lestrange

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MessageSujet: Re: ours is the fury (arsen) ours is the fury (arsen) EmptyMar 2 Mar - 21:22


Chaque mot d’Arsen était un coup de poignard, nouvelle lacération portée à un cœur déjà trop éprouvé. Elle n’était pas bornée au point de croire qu’il avait trahi avec facilité, mais elle n’était pas capable de se mettre à sa place, elle s’était toujours refusée à le faire et ne comptait pas commencer aujourd’hui. Sa propre douleur était bien assez lourde à porter sans se risquer à y ajouter celle d’un frère qui n’était plus personne à ses yeux. Un étranger renié depuis longtemps, un fardeau à supporter dans le silence. Il ne méritait pas sa compassion. « Et si ça avait été Eija, hm ? Parce que le gosse qu’ils m’ont demandé de tuer, il avait à peine quelques années de plus qu’elle aujourd’hui, que toi à l’époque. » Le coup était bas, insidieux. Il frappa Mara avec force, et elle se sentit vaciller à cette évocation faisant écho à ses pires craintes. Depuis leur naissance, elle n’avait qu’une seule peur, que le nom qu’elle portait ou qu’elle avait porté cause la mort d’un de ses enfants. Bien assez consciente des ennemis de sa famille et de celle de son mari pour ne jamais se croire en sécurité. Arsen n’aurait pas pu frapper plus juste, plus profondément. Mais l’instant de surprise passé, c’est une indignation presqu’enragée qui monta de ses entrailles. Comment osait-il ? « Tu n’aurais pas voulu que quelqu’un s’interpose ? Décide ne pas la punir parce que sa naissance selon l’éducation qu’on a voulu nous donner ne mérite pas qu’on lui donne une chance ? » Les protestations de Mara moururent sur ses lèvres alors que tous ses arguments se heurtaient en silence à ceux qu’Arsen ne manquerait pas de lui asséner. Elle savait que les enfants ne devaient pas mourir pour leur guerre d’adultes. Mais elle avait une place à tenir, résolument, toujours cette même place qu’on lui avait attribué et qu’elle ne pouvait pas quitter. « Ne prononce pas le nom de ma fille ! » Fut tout ce qu’elle pu articuler, tremblante sous la tempête de ses émotions. « Tu n’as pas le droit de parler d’elle, tu m’entends ? » Aucun argument, aucune volonté de s’opposer à ses mots, seulement la rage qui l’aveuglait, l’empêchait d’accepter qu’il puisse avoir raison si peu que ce soit.

« Pense à ça, Mara, alors tu me détestes et que tu choisis de continuer à vivre par leurs lois. » Un frémissement, puis un rictus. « Choisis … » Répéta-t-elle à mi-voix, l’ironie de ce mot lui serrant douloureusement la gorge. Quel choix avait-elle eu, en vérité ? Ecrasée par le poids de sa trahison alors qu’elle n’était encore qu’une enfant, terrifiée à chaque retour à la maison par la colère familiale qui grondait sans discontinuer, et modelée par les mains de fer de deux parents refusant de voir se reproduire les mêmes erreurs. Mariée bien trop jeune, aveuglée par son envie de plaire et de bien faire, aveuglée au point de se croire amoureuse d’un homme qui ne la touchait qu’avec réticence, aveuglée au point de souhaiter avoir des enfants alors qu’elle découvrait à peine la vie en dehors des murs de l’école. Tout pour que ses parents soient fiers d’elle, pour que son mari la regarde enfin dans les yeux, pour qu’elle se sente acceptée, pour qu’elle efface la dette de la déloyauté d’Arsen ! Elle avait été enchaînée à une volonté qui n’était pas la sienne, et avant de pouvoir réaliser qu’elle pouvait peut-être avoir d’autres choix, il y avait eu Eija, puis il y avait eu Ragnar et Aga. A l’âge où Arsen avait choisi son camp, elle-même était déjà maman de trois enfants. A quel moment est-ce qu’il s’était agi de son choix à elle ? A quel moment avait-elle pu décider de quoi que ce soit ? Et surtout, comment même envisager le moindre instant de faire un autre choix à présent que ses enfants étaient là, vulnérables et encore innocents, au milieu du charnier qui s’accumulait de toute part ? Elle n’avait pas choisi la loi sous laquelle elle vivait, elle l’avait subie et la subissait encore, mais elle le faisait à présent avec un but bien précis, et rien de ce qu’Arsen pouvait dire ne la détournerait de cela. « Juge moi, abhorre moi si ça te permet de mieux dormir, et sache que si c’était à refaire, je reprendrais la même décision. » Elle hocha la tête, pas le moins du monde surprise. Traître un jour … « Je n’en attendais pas moins de toi. » Cracha-t-elle, avant de sortir sa baguette de sa poche et de la pointer sur la poitrine d’Arsen. « Reste loin de moi et de ma famille. Si je te recroise, moi je ne reprendrais pas la même décision. » Et cette fois elle y croyait profondément, sa colère si vive qu’elle ne sentait plus ni manque, ni peine.

Elle n’attendit pas de réponse, cette fois.
Un instant plus tard elle avait disparu, laissant cet homme qui était autrefois son frère seul dans la petite ruelle de Pré-Au-Lard.
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