Where were you?!

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Tout est calme. Les premiers chants des oiseaux émergent à peine alors que l'aurore se dessine à l'horizon d'une Londres encore endormie. Un craquement vient troubler le silence de la nuit, briser l'espace d'un instant le calme et la paix des environs. Une silhouette apparaît alors, dans les premières lueurs de l'aube, lumière encore fugace. Grande, élancée, l'ombre s'avance sur ce qui, pour l'œil innocent, s'apparente à un banal terrain vague. Rodolphus arpente pourtant une rue parmi les plus prisée de son monde, que les moldus ne sauraient voir. Lentement, il remonte l'avenue, passant devant manoirs et autres demeures qui, après bien des années, n'attirent plus autant son regard que par le passé.

Il s'arrête bien vite devant l'une de ces bâtisses. La sienne. Celle de sa famille. Son patrimoine, son héritage. Rodolphus inspecte quelques instants les pans du manoir qui se découpent dans les balbutiements de l'aube. Imposant, majestueux. À l'image de sa famille, de ce qu'elle représente. De ce à quoi il aspire. Il ne se lassera probablement jamais de cette grandeur, dans laquelle il a grandi, mais dont il a contribué à renforcer. Rodolphus pousse un soupir de contentement, sourit. La fatigue, trahie par ses traits tirés, ne saurait l'atteindre à cet instant. Et c'est d'un pas léger qu'il remonte l'allée après avoir ouvert, d'un geste détaché et impérieux, l'immense portail qui en garde l'entrée. Il se plante devant la massive porte en bois noir qui marque le seuil de la demeure et l'ouvre.

La maisonnée dort encore, en témoigne le silence qui règne. Seuls les mouvements de sa lourde cape battant l'air viennent rompre le mutisme des lieux. Rodolphus se dirige vers la salle à manger. Le ventre vide, il s'étonne que les borborygmes de son ventre n'éveillent aucun occupant du manoir. La nuit a été longue, épuisante. Parvenu dans la salle à manger, il laisse nonchalamment glisser ses doigts sur le bois brut de la table, son regard s'agitant en tous sens sans pour autant trouver ce que ses yeux cherchent. GURKI ! s'exclame-t-il alors, d'une voix forte et autoritaire. Une détonation résonne aussitôt à quelques pas seulement. L'elfe de maison, dans sa tenue frustre et souillée, se confond en excuses et apitoiements. Oui, oui. C'est ça, c'est ça... Rodolphus, habitué aux jérémiades de l'elfe, n'y prête plus l'oreille depuis longtemps. Puisque Oliver et Evelyn ne sont pas encore réveillés, apporte-moi de quoi manger. Et vite. ajoute-t-il en tirant l'une des chaises et en se mettant à son aise. Oui, maître. L'elfe acquiesce pitoyablement et disparaît aussitôt.

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@rodolphus lestrange

Elle est épuisée Bellatrix. La tête encore pleine des paroles de sa sœur. Autant de pensées mercuriales qui lui donne la nausée. Elle n'a pas trouvé de réponses à ses questions et le manoir froid, vide, ne fait qu'aggraver la situation. Toujours aucun signe de sa moitié. Enveloppée dans les ténèbres fuligineuses, Bellatrix se glisse jusqu'à l'étage silencieux, se débarrasse négligemment de sa cape sur le sol. La chambre conjugale plongée dans le noir lui arrache une grimace et elle invoque sa magie pour allumer les bougies qui trônent sur son ancienne coiffeuse, petite meuble antique dont elle refuse de se séparer. Elle prend le temps de se débarrasser de ses vêtements, d'enfiler un déshabillé léger, tenue de nuit sombre qui épouse ses formes. Et avec un soupir, elle fond dans le grand lit froid qui lui arrache un frisson. Les yeux fixés sur le haut plafond, elle ne cherche même pas à trouver le sommeil, sa conversation avec Narcissa continuant à tourner en boucle au fond de son crâne. Les mots se confondant, formant finalement une logomachie ridicule. A nouveau, sa dipsomanie maladive frappe et l'envie de descendre pour assouvir ses pulsions morbides, malsaines, l'assaille. Quelque chose la retient pourtant. L'espoir ridicule de le voir passer la porte. Elle sait pourtant que bientôt les rayons du soleil viendront chatouiller ses narines, réchauffer sa peau. Elle ne se sent pas sombrer Bellatrix. Le sommeil prenant finalement le dessus.

A peine assoupie, brusquement réveillée par une voix masculine reconnaissable entre mille. Les pupilles dilatées par la surprise, la mâchoire serrée, Bellatrix quitte la chaleur relative de ses draps, ne prenant même pas la peine d'enfiler quelque chose sur ses épaules dénudés. Le froid mordant du manoir envoie des frissons le long de sa colonne vertébrale faisant naître de minuscules points sur sa peau. Ses pieds nus martèlent le vieux plancher, faisant grincer ici et là quelques planches usées par le temps. Les traits crispés, le visage fermé, elle s'engouffre dans la salle à manger, affrontant directement la vue de son cher et tendre époux. Bélître idoine aux traits fatigués, visiblement agacé à l'idée de la voir encore debout. Elle reste silencieuse, avançant dans la lumière pale de l'aurore qui s'élève dehors. Le regard vissé sur lui, mâchoire crispée, bras croisés sous sa poitrine. Position fermée qui trahie son agacement. « Tu as l'air fatigué. » Venin craché dans un sifflement acerbe. Il suffit d'un regard pour faire naître entre eux une tension électrique. Un conflit inévitable, une énième dispute qui fractura à nouveau son cœur. « J'imagine que tu as une très bonne raison pour avoir disparu sans rien me dire. » Ça la bouffe Bellatrix, les entrailles tordus par l'ignorance, les fausses idées qui traversent son esprit. Autant d'images insupportables, des coups de poignards dans le ventre. Elle n'ose pas s'approcher d'avantage, trop angoissée à l'idée de sentir le parfum d'une autre sur sa peau. « J'ai passé la nuit chez Narcissa à me demander ce que toi tu pouvais bien faire. » Impossible de tenir sa langue.

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L'elfe disparu, le silence s'empare un instant de la maisonnée. Un instant seulement. Les grincements des planches, le léger bruit des pas feutrés, trahissent l'arrivée de son épouse. Bellatrix. Très vite, la voilà qui apparaît par l'encadrement de la large porte donnant sur la salle à manger. Tenue de nuit, épaules dénudées, la peau piquetée par le froid qui envahit la grande bâtisse, Rodolphus contemple la beauté, froide et fatale, de sa femme. Il ne se leurre pas, Bellatrix n'est pas venue en épouse aimante accueillir son époux après une nuit harassante. Tout, de sa gestuelle à sa posture, tout indique un agacement profond, une colère couvée. Une jalousie destructrice. Rodolphus ne bouge pas, confortablement installé. Attitude provocatrice, car il sait qu'ils n'échapperont pas à une nouvelle altercation. Quoi qu'il dise, quoi qu'il fasse. Je le suis. répond-t-il simplement, pas encore certain de savoir s'il parle réellement de sa fatigue ou du conflit à venir.

Rituel coutumier, habitude vicieuse qui s'est faite routine pour le couple. Pourtant, ils s'aiment. Avec ardeur, passionnément. À la hauteur de cette passion, les non-dits et la suspicion viennent empoisonner l'amour avec les germes du doute. Le terreau est fertile chez les Lestrange, constamment arrosé par leurs querelles sans fin. Tu es bien placée pour savoir que les plans de notre maître ne souffrent d'aucun délai. Rodolphus n'entre pas dans le jeu de la colère, si facile. Peut-être serait-ce plus simple, car il sait que son calme a le don d'énerver. Il n'a rien à se reprocher et s'affale un peu plus profondément dans le fauteuil moelleux, agaçant d'orgueil. Et depuis quand ta sœur est-elle de bon conseil lorsqu'il s'agit de mes activités pour le Lord ? Tu sais très bien qu'elle dira ce que tu veux entendre. Ce qui l'irrite tout particulièrement. Car il est aisé de céder aux sirènes du soupçon, de la méfiance. De la défiance.

Rodolphus n'a pas envie d'une nouvelle dispute. Il est fatigué et, alors qu'il passait le pas de la porte quelques minutes plus tôt, il s'imaginait mangeant tranquillement avec pour seule compagnie son elfe de maison. Puis serait venu le temps de rejoindre la couche maritale, la chaleur des draps, et Bellatrix. Chimère envolée. Il soupire, détourne le regard un instant, lassé, avant de le reposer sur Bellatrix. Il sait qu'il ne la fera pas changer d'avis, pas avant qu'elle ne déverse sur lui rancœur et amertume. Il écarte innocemment les bras, s'offrant, quelque peu provocateur, à la vindicte de son épouse. Que veux-tu de plus, Bella ? Tu sais que le Lord n'aime pas les secrets trahis. S'il ne t'a pas mis dans la confidence de son projet... Rodolphus hoche la tête d'un air entendu, ses yeux bleus et froids ne cillent pas.

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Son manque d'expression flagrant, son flegme devenu légendaire, sa posture. Tout en lui l'agace à cet instant précis. Elle a besoin de réponses, besoin de savoir qu'elle n'est pas complètement folle, pas encore tout à fait perdue. Besoin d'être sûre et rassurée. Elle aimerait effacer de son esprit les pensées qui l'envahissent, autant d'angoisses et de questions qui la perturbe. Rodolphus lui échappe sans qu'elle ne sache pourquoi, préférant occulter les vérités qui agitent leur duo. Elle ajoute volontiers de l'huile sur le feu, ravivant sans cesse les braises brûlantes. Passion dévorante qui finira par les tuer tous les deux. Pendant une seconde, elle a le nom de Rabastan au bord des lèvres, murmure qui meurt au fond de sa gorge. Si elle était rentrée se réfugiait dans le lit conjugal, c'était sur les bons conseils de sa sœur cadette. Et pendant une seconde elle regrette ce choix. Se demande si rejoindre le cadet des frères Lestrange n'aurait pas été une décision plus avisée ? Au moins n'aurait-elle pas eu à souffrir de l'humeur de son époux. Elle n'aurait pas eu à affronter cette conversation qui l'irrite. « Des plans ? Quels plans ? » Piquée au vif, la curiosité dévorant finalement sa voix, Bellatrix ne maîtrise plus rien. « Narcissa a le mérite de ne pas me servir de vulgaires mensonges ou des informations à demis mots ! » Elle déteste les mensonges qui creusent un fossé entre eux, déteste ses escapades nocturnes et ses réponses toute faite, soigneusement préparées.

Le visage crispé, elle enfonce ses ongles dans la chair de ses bras. Incapable de dissimuler la colère qui monte en elle. Vague de chaleur qui fait rosir ses joues. L'envie irrépressible de le gifler, le bousculer pour qu'il réagisse enfin. Pour que lui aussi la touche, ose lever la main sur elle. Tout pour que cette mascarade cesse, ce semblant de conversation polie. « Tu mens. » qu'elle crache, serpent vicieux piqué dans son estime, l'ego mis à mal. Elle ne peut pas concevoir qu'on la laisse dans le noir. Impossible d'imaginer le Lord l'éloigner de quoique ce soit. Pas elle. Pas sa servante la plus loyale, celle qui a toujours été là. Elle grince des dents Bellatrix à l'idée qu'on puisse lui cacher des choses importantes. Et dans sa voix résonne la voix de sa mère. La voix de la raison. « Tu n'es qu'une femme aux yeux de ces hommes bourrés d’orgueil. » C'est Rodolphus qui siège à la droite du Seigneur des Ténèbres, Rodolphus qui a été choisi. Pas Bellatrix. Surtout pas le sexe faible. « Je suis ta femme ! Je suis son adepte la plus loyale, la meilleure !! » Elle mérite tous les honneurs. Elle mérite de savoir. Mais Rodolphus reste de marbre dans cette position de statue parfaite. Ça l'enrage Bellatrix. Poussant un soupir enragé, elle desserre enfin les bras, ses doigts laissant des marques dans sa chair. Elle ne sent même pas la douleur tandis qu'elle se jette sur son mari, les poings serrés, prêts à s'abattre sur sa poitrine. « Tu mens !! » Gamine capricieuse, femme blessée. Si sûre que le Lord ne la laisserait pas dans les ténèbres. « Dis moi son nom que je l'anéantisse !! Il ne restera rien d'elle quand j'en aurais fini ! » Elle se trahie Bellatrix, l'angoisse et la colère prenant finalement le dessus. Elle ne supporte plus les mensonges, la nonchalance qui émane de lui. Son sourire taquin.

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AH ! Rodolphus laisse éclater un éclat de voix, incontrôlable. Quand bien même il est reconnaissant, sans pour autant l'avouer, envers Narcissa pour supporter les complaintes incessantes de Bella, il nourrit malgré tout quelques soupçons sur les véritables intentions et paroles dont l'épouse Malfoy abreuve sa sœur en son absence. Et ce n'est pas l'hystérie présente de Bellatrix qui lui fera changer d'avis. Il l'observe plantée là, fulminante, un rictus au coin des lèvres. Attitude agaçante dont il ne cherche même plus à se détacher. Il sait la jalousie de Bellatrix, sa possession maladive. Non seulement de lui, mais de tout ce qui les entoure. Imaginer que le Lord puisse avoir besoin de lui sans l'en informer n'est pas envisageable. Alors Rodolphus sourit de plus belle, dévoile ses dents blanches dans une risette carnassière.

Je mens ? Rodolphus se complairait presque à entretenir cette passe d'armes faite de mots et d'insultes silencieuses. Je mens, moi ? Moi qui ne peux dissimuler mes secrets aussi bien que toi ? Il attaque de front, las de devoir louvoyer en permanence pour esquiver les mots de Bella. Elle se répète, hausse le ton. Crie. Confortablement installé dans son fauteuil, Rodolphus l'observe s'ébattre en un énième caprice. Alors qu'elle s'approche tout en furie, il se lève d'un bond et se campe là, immobile et stoïque. Les poings de Bella viennent frapper sa poitrine, recouverte de tissus teintés de noir, de vert et d'or. Tenue ostentatoire qui traduit son appartenance et son rang. Celui-là même que Bellatrix lui jalouse.

Puis, enfin, la vérité perce les lèvres de cette femme autant haïe qu'aimée. Le sourire que Rodolphus arbore depuis son arrivée disparaît aussitôt. Son visage se ferme, son regard se fait noir. Avec force, il agrippe les poignets de Bella et les rabat le long de ses hanches, les retient. C'est ça que tu crains ?! Il hausse finalement le ton. Que j'aille en... baiser une autre pendant la nuit ?! Sa voix, grave et forte, résonne dans tout le manoir. Derrière le calme et l'orgueil, sans pour autant s'emporter, Rodolphus fait valoir ce qui fait qu'il est à la fois craint et respecté, une présence noire et puissante. Le battement de son cœur s'est accéléré, son souffle s'est fait plus fort.

Tu es ridicule Bella. finit-il par dire, sa respiration redevenue plus calme. Il relâche la pression qu'il exerce sur ses poignets, relâche ses entraves. Tu es ridicule et tu le sais parfaitement. Seulement, tu refuses d'admettre que tout ne tourne pas autour de toi. Et le Lord n'attend certainement pas l'avis de Bellatrix pour passer à l'action. Ça te dépasse, ça te rend folle. Alors peut-être que le vrai problème, ce n'est pas moi, mais toi. Rodolphus plonge son regard clair et froid dans celui de son épouse, sans ciller. Il pointe sur elle un doigt accusateur, lequel s'en va se poser au milieu de sa poitrine.

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Blessée dans son orgueil, incapable d'admettre ses fautes, Bellatrix s'entête, s'enfonce dans des illusions créées de toutes pièces par son esprit malade. Elle ne supporte plus ses absences, ses silences. Ne supporte plus d'être dans l'ombre. Désagréable sensation de passer au second plan, de ne plus être sa priorité. Elle qui lui a tout donné. Elle qui donnerait sa vie sans y penser pour lui. Pauvre folle qui s'accroche. Désespérée. Prête à tout pour obtenir un regard, son amour. Elle perd pieds, glisse dans les ténèbres, un abysse sans fin. La peur noué au fond du ventre à l'idée de le perdre lui. Secrets bien dissimulés, autant de sentiments qu'elle n'avouera jamais à voix haute. Trop fière, le cœur débordant d'orgueil. Elle serre les dents, la réponse mourant au fond de sa gorge. Elle aimerait maîtriser la légilimancie, être capable d'extirper la vérité de son esprit. Sans remords. Sans regrets. Elle a besoin de savoir. « Tu n'as pas besoin de ça. » qu'elle lâche dans un souffle. Vérité qui la consume. Il lui échappe Rodolphus. Et ça la tue lentement.

Elle sait qu'elle va trop loin. Mais ça ne change rien. Elle continue de frapper, espérant le faire craquer, à la recherche d'une réaction. Son visage se crispe et elle sait qu'elle a gagné. Il serre sa prise, ses poignets la lançant presque immédiatement. Douleur bienvenue qui irradie dans son corps, la fait frissonner. Elle se débat Bellatrix, déteste être sous son emprise, le pouvoir qu'il exerce sur elle. « Alors pourquoi suis-je seule dans nos draps ? Pourquoi ? » qu'elle hurle, furieuse. Mais Rodolphus ne souhaite pas se battre. Il baisse les armes. Et l'espace d'une seconde elle cesse de se débattre, prête elle aussi à abandonner, reprendre un semblant de dialogue. Son corps se réchauffe, réponse électrique à l'affront. Elle ne sait plus ce dont elle a envie, partagée entre deux émotions différentes. Besoin viscéral de le faire souffrir. Besoin de le posséder. Envie de sentir son corps pressé contre le sien. Sa main fend l'air, s'écrase violemment contre sa joue et elle hurle de plus belle. « C'est ça, JE suis le problème ! Tout est de ma faute ! » Elle affronte son regard noir, certaine qu'il lui fera payée. Et au fond c'est ce quelle veut. « Dis le ! Dis ce que tu penses vraiment !! Que je ne suis pas assez bien, que mon corps n'est qu'une carcasse vide ! » Elle sait Bellatrix. Convaincue qu'il cherche du réconfort. Certaine qu'il tente d'obtenir ce qu'elle ne lui donnera jamais. Et à nouveau elle sent la violence monter. A nouveau sa main prend de l'élan, cherche à s'abattre sur son visage. Besoin irrépressible de lui faire sentir ce qu'elle ressent.

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La main fend l'air, claque sur sa joue. Sous l'effet du choc, Rodolphus tourne la tête, reste immobile quelques longues secondes, interdit. Bellatrix hurle, mais ses mots ne parviennent pas jusqu'à lui. Du moins, pas vraiment. Visage fermé, lèvres pincées, Rodolphus redresse la tête, plante son regard empli de colère dans celui de son épouse, au moins autant courroucé que le sien. Elle ne comprend pas, est incapable de comprendre. Sa jalousie, sa possessivité... Un jeu de dupes. Car elle le perd, elle le sait. Il le sait. Pourtant, il n'a jamais passé le pas, se l'est toujours interdit malgré les tentations. Il l'aime. Ils s'aiment. Mais ils sont trop fiers pour se le dire, pour même s'en rendre vraiment compte.

Rodolphus ne sait pas, il ne sait plus. Comment le dire. Comment le faire comprendre. Les mots restent bloqués au fond de sa gorge. Il voudrait tellement lui dire qu'elle est assez bien pour lui, que son corps n'est pas la carcasse vide qu'elle s'imagine. Les mensonges accumulés, les rancœurs tues et lancinantes, tout depuis bien trop longtemps l'empêche de dire ce qu'il ressent réellement. Alors, lorsque la main de Bellatrix s'abat de nouveau sur son visage, Rodolphus répond par le moyen qu'ils se sont tous deux trouvés : la violence. Cette fois, il ne reste pas hébété. Cette fois, sa main réplique et cogne violemment la joue de Bellatrix. Il lui arrache une larme, s'en accommode.

Des secondes longues comme l'éternité s'écoulent. Respiration saccadée, qui trahit sa colère. Ses membres tremblent, sa main toujours suspendue dans son mouvement. Le retour ne frappe pas Bellatrix, mais lui saisit le visage. Rien de romantique, voilà bien longtemps que la romance a laissé place à un déchaînement de passions violentes. Son aigreur n'est pas dissipée, et il sait que Bellatrix n'a pas fini de déverser sa bile sur lui. Ils sont ainsi fait, un cycle perpétuel de conflits et de frénésies. Un cercle vicieux qui, à coup sûr, les détruit à petit feu. Les lèvres de Rodolphus se posent sur celles de son épouse. Avec force, brutalité.

Ses mains s'emparent de ses hanches, la soulèvent. Puissance redoublée par le courroux, Rodolphus pose Bellatrix sur la table massive, envoie valser les plats au loin, éclater les verres au sol. Simple entracte au cœur d'une querelle qui n'en finira jamais. Mais l'espace de cet instant, Bellatrix est sienne. Et il est sien. À jamais.

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Aveuglée par la colère, Bellatrix n'est plus capable de penser. L'acrimonie qui atteint son paroxysme, hurlements sans fin, galimatias sans queue ni tête. Elle s'y perd la Lestrange. Vésanie simple et pure sur laquelle elle n'a aucun contrôle. L'esprit depuis longtemps perdu. Pauvre folle. Rongée par la jalousie. Bouffée par ses peurs. Angoisses si bien dissimulées. Étrangère pour son propre mari. Elle se déteste Bellatrix. Aimerait changer. Etre cette poupée parfaite. Épouse digne de ce nom. Elle aimerait lui parler. Etre capable d'user de mots. Tout lui avouer. Faiblesse du cœur. Elle ne peut pas changer. Elle ne connaît que la violence. Seulement capable de s'exprimer avec véhémence, d'envoyer ses poings se fracasser contre son torse. Venin cracher sans y penser. Elle ne comprends que la violence Bellatrix. Amour empoisonné qu'ils comprennent. Dialogue unique à double sens. On ne lui a jamais appris à aimer. Sentiment qu'elle juge sans intérêt. Faiblesse du cœur et de l'âme. Elle a peur de ne pas être assez forte. Peur de perdre son identité. Elle l'aime pourtant Rodolphus. En témoigne ses accès de rage, sa peur maladive de le perdre. Jalouse compulsive qui s'exprime avec des coups. La giffle de trop. Lui aussi finalement excédé, acceptant son jeu malsain. La douleur irradie dans tout son corps et elle est bien incapable de retenir cette larme salée qui lui brûle la joue. La mâchoire serrée, elle ne romps jamais le contact visuel, bien trop fière. Les yeux brûlant de larmes, l’ego mis à mal. Elle souffre Bellatrix.

Et comme pour y répondre, il s'empare d'elle pour la faire sienne. Fait éclater ses doutes, s'envoler ses angoisses. Baiser brutal, violent. Passion soudaine qui habite les amants maudits. Torture des sens qu'elle accueille sans sourciller, se laisse volontiers maltraiter entre ses bras puissant. Qu'importe le mal qu'il lui fait. Qu'importe son besoin désespérer d'être à lui. Elle s'accroche, avide de le débarrasser de ses vêtements. Elle grogne contre sa bouche, ses dents mordant ses lèvres jusqu'à goûter son sang. Sourire à peine dissimulé. Passion violente, morbide. Elle n'a pas oublié son envie de lui faire mal. Pas plus qu'elle n'oublie l'affront cuisant infligé une minute plus tôt. Sa joue encore brûlante tandis qu'il s'attaque à la peau tendre de son cou, qu'elle laisse ses mains s'exprimer, ses doigts experts le débarrasser de sa ceinture pour faire glisser son pantalon au sol. Besoin animal, réponse primaire. Elle le déteste. Il lui prouve encore combien elle est faible, incapable de le refuser, de le repousser. Elle déteste l'aimer autant. Se déteste de dépendre de lui comme ça. Petit être fragile à la recherche d'attention, un semblant d'amour. Elle a besoin de sentir quelque chose Bellatrix. Sa violence, ses mains qui creusent ses hanches, sa bouche qui la dévore. Le fracas de leurs corps.

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Souffle irrégulier, rauque, l'envie de Rodolphus se décuple avec le goût du sang qui se répand dans sa bouche. Envie de la posséder, envie de lui faire du mal. Un plaisir malsain, comme à chaque fois ou presque. Ils fonctionnent ainsi, s'aiment ainsi. Ses baisers descendent dans son cou, sur ses épaules dénudées. Ses mains, rudes, se posent sur Bellatrix, sur ce corps qu'il aime autant qu'il le déteste. Femme de sa vie incapable de lui donner un héritier. Mais ses pensées s'envolent, chassées par la passion de l'instant. Il la laisse le défaire de son ceinturon, la débarrasse du tissu doux et soyeux qui la dissimule à lui. Sa bouche s'attaque à sa poitrine alors qu'il relève le reste de la robe. Rodolphus se redresse, enlève avec hâte sa cape et sa veste, lourdes et encombrantes.

Enfin il la possède pleinement. La table massive tremble, provoque un fracas de porcelaine, des tintements de verre. Ses mains puissantes creusent ses hanches, remontent sur ses bras. Laissent des marques sur la peau de Bellatrix. Plaisir brut, animal. Elles enserrent la gorge de la brune, épousent le contour de ses lèvres. Les ongles de Bellatrix s'enfoncent dans sa peau, jusqu'au sang. Il affiche un petit rictus. Qu'importe le supplice. Plaisir pervers, malsain. C'est un jeu auquel ils se livrent, mêlant passion et douleur. S'aimer et se blesser, continuellement. Toujours. Dépendants l'un de l'autre, qu'ils le veuillent ou non. Dans le tourbillon qui les emporte, Rodolphus perd pied, se laisse aller à un amour qui, il le sait, ne sera jamais ordinaire. Instant volé dans la tempête de leurs vies.

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Ils ne se découvrent pas les Lestrange. Loin du romantisme mielleux de certains couples. C'est brutal. Une passion dévorante. Un besoin de se posséder. La douleur n'est rien et Bellatrix s'en délecte, infligeant à son tour des blessures. Ses ongles plantés dans sa peau, une exclamation joyeuse lui échappe. Presque un rire alors qu'elle manque presque d'air. Elle n'est plus en possession de son corps offert tout entier à Rodolphus. Sans concession. Ils s'aiment et se détestent. Sentiments ambigus, à double tranchants. La preuve ultime dans leur corps qui s'emmêlent, harmonie presque parfaite. Elle oublie tout Bellatrix. Le pourquoi du comment. Ce qui les a amené jusqu'à cet instant. Ne compte plus que ses baisers, sa respiration laborieuse, son corps pressé contre le sien. L'amour qui transpire de ses mouvements violents. Elle exulte, soupire son nom plusieurs fois avant de lâcher prise. Le corps tremblant entre ses bras. Lui comme seul support. Elle s'accroche Bellatrix. Pas prête à abandonner, à le laisser retourner à ses occupations. Et alors qu'elle s'enivre encore de son parfum, un crac retentissant résonne, la sort de sa torpeur. Les murmures mal assurés de leur elfe de maison lui parvient suivi d'un grand fracas d'assiettes brisées. Elle glousse contre l'oreille de Rodolphus avant de tourner la tête, le regard sombre, son sourire effacé. "Elfe stupide ! Apporte donc ça en haut." Elle dépose un baiser effronté sur l'épaule dénudé de son époux, mordillant sa chair au passage. "Monsieur Lestrange déjeunera dans sa chambre." Elle répond d'un sourire grivois au regard que lui lance Rodolphus, presse à nouveau son corps contre le sien. A peine dérangée par l'idée que Gorki puisse admirer ses courbes. "Passons la journée au lit mon amour." qu'elle murmure. Comme si ils découvraient à nouveau leur vingt ans. Elle passe ses bras autour de son cou, une main se perdant distraitement dans ses cheveux. Elle a encore vaguement conscience de la présence de l'elfe qui bougonne et d'une voix rageuse elle s'exclame : "Et prépare moi un thé noir !" Elle rit à nouveau en sentant les bras puissant de Rodolphus la soulever, s'accroche comme une gamine. La rage finalement oubliée, sa colère dissipée. Pour, peut-être, mieux la retrouver dans quelques heures…

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