Traits obscurcis par la colère. Jane pinçait les lèvres. Impossible d’envisager une coïncidence. Les ennemis avaient été nombreux. Trop nombreux. Constat idoine, destructeur. Elle n’en dormait plus. Ses rêves avaient des teintes fulgineuses. Tracas qui l’empêchaient de trouver le sommeil et avaient guidé ses pas. Anamnèse d’une époque qui avait plongé son père dans l’embarras. Rendu cacochyme par tous ces belîtres qui avaient tente de le propulser au plus bas. Père honteux qui avait fini par vilipender ceux qui cherchaient à se démarquer. Une peur certaine qui avait fini par lui coûter sa place. Le Lord l’avait écarté à l’aide de quelques logomachies, lui préférant des zélateurs plus audacieux. Jane avait été déçue d’apprendre que son père faisait preuve de si peu d’oblativité. Elle l’avait confronté et il s’était alors répandu en quelques glossolalies. Excuses qu’elle avait méprisées, offrant un regard dédaigneux à ce paternel sans ambition.

Et pourtant. Il avait eu raison, Corban. Il s’était méfié de ces mangemorts aux tons papelards, ceux qui usaient de quelques ratocinations afin de faire passer leurs idées. Dans la taxinomie des personnes les plus dangereuses, ils étaient bien placés. Mangemorts méprisables qui avaient un pied dans chaque camp, les avaient vendus sans souffrir de la moindre erythrophobie. Ils avaient clabaudé contre le Lord et ses compagnons, sans jamais se dévoiler. Traitres qu’il leur fallait absolument retrouver, avant que de nouveaux dégâts ne soient faits.

Son poing avait heurté la porte de l’habitation. Bartemius Croupton Jr. Fils de son supérieur, qu’il lui avait fallu rencontrer. Jane n’avait pas hésité longuement avant de se dévoiler légèrement, présentant à Barty les bonnes personnes. Celles qu’il méritait de connaître. Elle s’était reculée de quelques pas, patientant de l’autre côté du battant. Semnopithèque incapable de tenir en place, qui se balançait d’un pied sur l’autre, piétinant quelques mercuriales au passage. « Barty, mon ami. » avait-elle soufflé lorsque la porte s’était finalement ouverte. Sourire venu prendre place sur son visage, tandis qu’elle s’approchait. Ombre qui pénétrait dans l’enceinte du bâtiment, sans un regard en arrière. « Des traîtres sont parmi nous. » Elle n’était pas passée par quelques chemins alambiqués avant de faire son annonce. Attitude dipsomane de quelqu’un voyant le mal partout. Mais cette fois, tout était justifié. Bouc convaincu par son accusation. Il fallait tout offrir à Barty, nantir l’ami par la foi. La Nott avait tout conçu, plan moult fois mûri. « Aucun Grand Pardon pour nos mouchards. » La mort comptait sur un afflux naissant.

Depuis l'attaque qui a mal tourné je suis un peu sur les nerfs. Sujet à beaucoup trop d'émotions à la fois, chose dont je n'ai pas tout à fait l'habitude. J'aurais tellement aimé y être ! Aider. Me battre. Oui, j'aurais tout donné pour les miens. Mais le Seigneur des Ténèbres a décidé que je lui serais plus utile en m'éloignant, j'ai donc obéi à mon maître. Mais ne pas avoir pris part au combat est frustrant, d'autant plus que les retombées sont terribles. Selon Aldebaran on aurait pu faire un carnage mais l'autre camp a été prévenu. Il y a donc des traîtres dans nos rangs. Cela paraît évident. Et j'ai passé les derniers jours à rechercher la moindre information, coûte que coûte, comme l'a montré ma petite excursion avec Bellatrix. Mais les informations (et surtout les informateurs) se font assez rares ces temps-ci. Mais je n'abandonne pas. Contrairement à certains, je suis engagé à 100% dans la cause, et je ne compte pas baisser les bras. D'autant plus que ma valeur est proportionnelle à la quantité d'informations que je peux obtenir. Ce soir cependant, je n'avais pas prévu de partir en vagabondages. Il faut croire que les vagabondages sont venus à moi. Il est déjà bien tard quand j'entends frapper à la porte. Alerte, je me redresse d'un bond et saisi ma baguette d'un geste vif. On n'est jamais trop prudent. Mon scrutoscope ne s'alarme pas, donc pas d'ennemi à déclarer. Prudemment j'ouvre la porte pour découvrir Jane, une amie, l'amie qui m'a présenté aux bonnes personnes. Celle que j'espère toujours pouvoir appeler amie. Je ne veux pas avoir à me méfier d'elle, pourtant instinctivement je le fais. Après m'avoir salué, elle me fait part de ses doutes à elle aussi. « Des traîtres sont parmi nous. » L'entendre prononcer ces quelques mots à quelque chose de rassurant, même si ça pourrait n'être qu'une vile technique. Mais je n'y crois pas trop. « C'est ce que j'ai cru comprendre en effet. » je commente simplement en la faisant entrer. Je referme la porte derrière elle avant de lui faire de nouveau face. « Aucun Grand Pardon pour nos mouchards. » rajoute t-elle alors. Je ne peux qu'acquiescer. « Pas de pitié pour les traîtres. » je renchéris, approuvant ses paroles. Tout ne pourrait n'être qu'un acte, mais je choisis d'y croire, du moins pour l'instant. « Tu as des informations ? » Si j'attrape le traître je ne sais pas si je pourrais attendre de le livrer au Maître. Je crois que je le livrerais d'abord à Bellatrix pour qu'elle s'amuse un peu avec lui... « J'ai entendu dire que tu y étais. Que s'est-il passé là-bas exactement ? » Si seulement j'avais pu y aller ! La prochaine fois, hors de question que je quitte le pays. La prochaine fois je me battrais. Je dissimulerais mon apparence et je combattrais.