En plein coeur de Londres, à l'aube d'un printemps timide de l'année 1987. Pour l'instant, tout ce dont je me préoccupe ce sont les problèmes auxquels je dois faire face à mon travail. Bien évidemment nous vivons dans une époque délicate, où il est aussi dangereux de clamer haut et fort ses allégeances que de les taire. Oui, des temps difficiles. Pourtant je m'accroche à mon travail, et même au département des jeux et sports magiques, on reste optismistes. Bien sûr, le Royaume-Uni ne sera pas en mesure d'accueillir une quelconque coupe de Quidditch, ou de tout autre sport pour ce que ça vaut. Cependant, les coupes ne sont pas pour autant annulées dans les autres pays. Je me vois donc forcée de tout organiser, de gérer les moindres soucis, les moindres incidents, les bavures des uns ou des autres. Il faut également travailler en collaboration avec les autres départements notamment avec mes collègues qui se chargent de trouver des excuses plausibles pour les moldus, ou les oubliators. Cette fois, il me faut prendre rendez-vous avec un directeur d'une banque moldue, la banque moldue d'angleterre, afin de débloquer des fonds. Nombre de sorciers auront besoin d'argent moldu pour se déplacer, le ministère également a besoin de fonds pour organiser tel ou tel événement. A qui donc confie t-on la tâche ingrate que d'aller discuter avec un moldu directeur d'une banque moldue ? Certes je n'ai rien contre ces gens-là mais disons que ce n'est pas la partie la plus plaisante de mon travail. Je m'y résout tout de même.

J'entre donc dans la banque, loin d'avoir les attraits de Gringotts, et traverse le hall de marbre pour me présenter à l'accueil. L'assistante me regarde de haut en bas, confuse. « You are... Director Fawley ? » demande t-elle incrédule. J'ai raconté que j'étais directrice d'un département au sein d'une grosse entreprise. « It would appear so » je réplique avec un sourire faux au possible. Une chose est certaine, en matière d'égalité des sexes, les sorciers sont clairement devant ! Nous avons eu bon nombre de ministres de la magie féminines ! Les moldus peuvent-ils en dire de même ? J'ai un peu de peine pour cette ingénue coincée à son poste de secrétaire. Ma peine s'atténue lorsqu'elle me renvoie mon sourire faux et me demande de patienter. Foutus mysogynes. En ronchonnant je m’exécute tout de même, m'asseyant sur un des bancs prévus à cet effet. « Freaking muggles... can't even... argh if only... making me wait ? ... argh freaking muggles !» je fulmine, marmonnant dans ma barbe. Vivement que cette journée soit terminée !

Je n'ai rien contre les moldus en particulier. A vrai dire ils me sont tout bonnement indifférents en règle générale, nous n'appartenons simplement pas au même monde. C'est pourquoi j'ai quelques difficultés lorsque nos mondes coïncident. Il faut dire aussi que ces gens sont si étroits d'esprit que c'en est irritant. Mais quand il faut il faut, alors je reste là, je fulmine, je patiente, comme si je n'avais que ça à faire de ma journée. Tout ça parce que je suis une femme ! Je suis certaine que si j'avais eu un service trois pièces dans le pantalon, on m'aurait directement conduit dans le bureau du directeur. Mais je vais prendre mon mal en patience, que pourrais-je faire d'autre ? Les ensorceler ? Oui, je pourrais. Le ministère n'apprécierait certainement pas ce coup d'impulsivité, mais je pourrais. « I'd agree with you... this is completely pathetic.. » lance un homme à côté de moi. Je fronce les sourcils. Je ne suis pas certaine de bien comprendre, mais il me semble que cet homme et moi venons du même monde. Cependant je n'en suis pas certaine. Mais je ne compte pas trahir ma confusion et reste donc parfaitement de marbre. Exercice difficile. Si l'on parle de flegme britannique, il ne faut pas oublier le feu des écossais. On est puissants, bruyants, impulsifs, et on en est fiers.  « Excuse me, do I know you Mister... ? » je lui demande poliment, mes yeux toujours légèrement plissés. Je n'ai absolument aucune idée de qui il peut bien être, mais disons que les familles de sorciers sont généralement bien reconnaissables à leur nom de famille. Après tout on ne tient pas des registres pour rien !

Il n'avait pas rêvé, le mot "moldu" était sorti de la bouche de cette femme dont, pour une raison qui lui échappe, les traits lui semblent familiers. Ou du moins, pas tout à fait inconnus. Il serait bien incapable de mettre le doigts sur cet étrange sentiment de déjà vu, mais il est quasiment sûr, cette femme fait partie du monde magique et y est même plutôt en position d'influence. D'une certaine façon.
Sans laisser paraître son incertitude, il lui rend un sourire courtois, presque un peu charmeur. - I don't think we are acquainted, no. Unfortunately. Déclare-t-il de ce ton enjôleur, usant avec aplomb de la carte de l'innoncence. - Lestrange. Rabastan Lestrange, at your service.. annonce-t-il avec cette emphase gun peu cérémonieuse, une sorte de magnétisme typique de ces vieilles familles pures, cultivant un certain raffinement.

Amusant concours de circonstance, de se retrouver dans cette banque, dans un des faubourgs de la capitale britannique, selon toute vraisemblance, un quartier d'affaire, avec une autre sorcière. Rien ne trahit sa confusion, ce qui le pousse à en déduire qu'elle n'est pas, ni de la dernière pluie, ni un de ces jolis minois qu'on déchiffre comme un livre ouvert et dont il a horreur. - I'd ask you if you're here for business or pleasure, but that would seem quite...Il n'a pas le temps de terminer sa phrase, un vacarme infernal se fait entendre, semblant venir de la rue. Des crissements inquiétants retentissent, et semblent déclencher un mouvement de foule, un début de panique sur la chaussée, juste de l'autre côté de la porte. - what on earth?! s'interroge-t-il à voix haute, l'exaspération qui se devine dans le ton de sa voix, tout en gardant un oeil sur sa cible qui ne semble pas être perturbé outre mesure par l'étrange situation qui couve.

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