Le poids de la guerre. C'est lourd, sur les épaules, sur la conscience. Lourd sur les paupières de Thalia qui tente vainement de trouver le sommeil au milieu du chaos. Les pensées attrapées au passage par les angoisses et les inquiétudes. Pensant à sa soeur, sa nièce, tous les autres. La vie était si fragile. Les attentats, la violence. L'adrénaline de son boulot qui semblait ne jamais vouloir quitter ses veines, même lorsqu'elle retirait son uniforme de ses épaules. Main attrapant sa baguette sans trembler, mais tout le reste vacille. Vigilance de mise, quand la Mort est à  nos portes. Tout ça lui faisait si peur, après tout. La peur de trébucher, d'avoir une mauvaise nouvelles, de voir trop de sang et trop de désespoir. Elle cherchait le refuge où elle pouvait Thalia, se sentant tellement seule dans le creux de son estomac, avec le besoin de retrouver une chaleur humaine. Elle ne voulait pas embêter Constance qui en avait déjà tellement sur les épaules, et au fond y'avait qu'une seule personne qu'elle voulait vraiment voir - Roxane.

Alors elle enfile un manteau noir et se glisse dans la pénombre qui tombe pour transplaner jusqu'à Islington. Ici que Roxane s'était réfugiée pour fuir le monde sorcier. Elle n'arrivait pas à la blâmer, Thalia, simplement heureuse d'avoir pu garder contact avec son amie depuis ce temps. Elle avait besoin d'elle, besoin du son de sa voix, de sa présence rassurante. Besoin qu'elle revienne à ses côtés. Ça ferait une personne de plus à protéger, mais elle ne supportait plus très bien la solitude, Thalia, fallait l'avouer. Elle toque à la porte, prenant une grande inspiration. Agréable soirée d'été, où le vent soufflait doucement dans ses cheveux. La porte s'ouvre et elle a un petit sourire pour son amie - toujours aussi jolie, avec ses yeux perçants et ses cheveux sombres. « Salut. » Petit sourire maladroit sur les lèvres de Thalia. « Je suis désolée de t'embêter sans prévenir. J'avais juste besoin de... » Elle inspire profondément, alors que sa voix tremble un peu. Elle était fatiguée, Thalia. « Besoin de te voir. » Elle hausse les épaules, tentant un sourire pour son amie. « Je peux entrer ? » Promis, je touche pas à ma baguette.
Promis, je filerai si tu veux être seule.
Mais j'aimerais bien pouvoir parler un peu.
Il ne me reste pas grand chose, Roxane.

[ @roxane mckinnon   ]

@thalia bell
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Elle n’attendait personne, Roxane. C’était un de ces rares moments suspendus où elle se laissait vivre, où rien ni personne ne l’appelait nulle part. Un jour de repos loin du travail, et après avoir passé la majeure partie de sa journée à réviser ses cours de biochimie pour l’examen d’infirmière qui lui paraissait encore si loin, elle s’accordait un moment de détente. De ceux qu’elle s’autorisait rarement, mais qui faisaient un bien fou. Une tasse de thé sur la table de chevet, allongée sur son lit avec Batman qui était venu ronronner à ses côtés, elle lisait. Un roman, pour la changer des traités scientifiques ou des thèses médicales qu’elle empruntait à la bibliothèque. Un roman pour s’évader, pour aller ailleurs l’espace d’un instant. Loin de ce monde pourri, loin des doutes et des peurs. Juste un moment avec son chat, à courir dans les landes d’un autre siècle, à rêver à la chevalerie et au romantisme. Et pour une fois, elle était bien. Détendue autant qu’elle pouvait l’être, seule dans ce minuscule appartement.

On frappa à la porte et elle se redressa, sortie brutalement de ses douces rêveries. Un coup d’œil sur sa montre, un froncement de sourcil. Elle ne savait pas qui la dérangeait ainsi. Même Batman s’en offusquait, mais elle le calma d’un grattement derrière les oreilles avant de se résigner à se lever pour aller ouvrir. Peut-être était-ce juste un voisin qui avait besoin de sucre ou d’œufs – mais il avait frappé à la mauvaise porte pour ça. Mais elle ne s’attendait pas à voir un visage familier. Tellement familier que son cœur fit un bond dans sa poitrine en le voyant, et qu’un sourire s’épanouit immédiatement sur ses lèvres, irrépressible. « Salut. » « Salut, Thalia. » Le moment d’heureuse surprise était passé, et désormais Roxane s’inquiétait de la raison de la présence de son amie sur son pallier. « Je suis désolée de t'embêter sans prévenir. J'avais juste besoin de... Besoin de te voir. » Quelque chose en elle semblait brisé, et l’inquiétude de Roxane grandit davantage. « Non, non, tu ne me dérange pas … » Souffla-t-elle. « Je peux entrer ? » Elle s’effaça immédiatement du pas de la porte pour lui permettre de pénétrer à l’intérieur. « Bien sûr ! Entre vite. » Le cœur serré, elle fit un peu de place pour Thalia au milieu du bazar qui régnait dans sa petite pièce à vivre, libérant le canapé des piles de livres et de notes qui le jonchaient. « Qu’est-ce qui se passe ? Est-ce que tu vas bien ? Tu as l’air … » Il y avait trop de mots pour terminer cette phrase, mais elle choisit le moins dramatique. « Epuisée. » Elle lui serra le bras une seconde, et écarta une de ses mèches de cheveux pour mieux voir ses yeux, dans un geste doux et empli d’affection. « Dis-moi. » Dis-moi tout, Thalia, tout ce que tu as sur le cœur, même s’il s’agit de choses que je ne veux plus entendre. Dis-moi, et laisse-moi t’aider.