purple rain.

I never meant to cause you any sorrow I never meant to cause you any pain I only wanted to one time to see you laughing I only wanted to see you laughing in the purple rain. ☽☽☽ @percy scamander

Le vent qui se déchaine, alors que tes larmes sèchent à peine, encore une journée, encore une heure, folle, timbrée, cinglée, voyante de pacotille, tu ne sers à rien Sybille, tu es trop bizarre Sybille, tu fais peur avec tes prédictions toujours noires. Là, en cet instant, tu aimerais être comme tout les autres, avoir l’opportunité de jeter ton don, loin, du haut de cette tour d’astronomie où tu viens te nicher quand ton cœur est sur le point d’exploser, quand tes larmes sont sur le point de couler, mais pas devant eux, jamais devant eux, fierté qui anime, il te reste au moins ça, juste ça, qui te permet encore de te lever tous les matins. Tu seras une grande dame, dans l’avenir Sybille tu en es sûre. Tu aimerais pour une fois, avoir une vision qui parle de toi, pour t’apaiser, pour comprendre, pour avoir la force de te battre, d’oser, simplement ne plus être dans le camp des laisser pour compte mais rentrer dans celui des meneurs, de ceux qui dictent les règles. Tu l’entends à peine, quand il arrive près de toi, Percy, un de tes seuls amis, parce qu’il est comme toi lui aussi, parce qu’il fait peur, parce qu’il arrive à voir les choses, parce que finalement vous êtes exactement pareils tout les deux. Tes larmes à peine essuyées quand il se pose près de toi. – J’aime bien venir ici, n’y a jamais personne qui se donne la peine de monter autant de marches pour simplement venir admirer la vue, alors je suis tranquille. Tu soupires, il sait, il connait, il comprend, tu peux tout lui dire à Percy, alors tu t’apaises à son contact, à sa présence. – Ils sont vraiment odieux avec moi, je ne sais pas ce qui m’empêche de mettre des araignées dans leur lit. Ta gentillesse probablement, parce que tu refuses de devenir comme eux, de ne plus savoir te regarder dans un miroir, ta bienveillance te tuera Sybille, tu finiras par te faire avoir, pantin qui va se laisser doucement manipuler. Tu aimerais tellement être un oiseau, un de ces hiboux dans la volière, pouvoir t’envoler, sentir l’espace d’une seconde la véritable liberté, sans jamais devoir régler des comptes. – Toute façon, je m’en fous, la moitié de ces débiles mourront avant l’âge de vingt-cinq ans, on verra s’ils rigoleront toujours à ce moment-là.  Tu rigoles, un rire noir, malsain, pour essayer de te convaincre, de te remonter le moral, toi qui touche la mort du bout des doigts, à chaque seconde, qui n’a finalement que des visions de tragédie, sans jamais pouvoir donner une seule bonne nouvelle, pour ça qu’on te déteste autant Sybille, parce que les gens ne veulent que savoir ce qui leur sera bénéfique, rien venant de toi, pauvre paria, paria avec un autre paria sur la lisière du monde. – Et toi, pourquoi tu es ici ?

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I never meant to cause you any sorrow I never meant to cause you any pain I only wanted to one time to see you laughing I only wanted to see you laughing in the purple rain. ☽☽☽ @Sybille Trelawney

Poudlard. Un vent menaçant bat les fenêtres des sous sols alors que les cumulus prennent leurs droits, plongeant le château millénaire dans l’obscurité. Calfeutré l’intérieur, la silhouette d’un garçon se détache de la pierre. Etendu sur un divan, les traits juvéniles de Percy encadrent son épaisse chevelure noire. Le candélabre illumine son corps enfoui sous une myriade de grimoires poussiéreux. S’il ne se trouve pas au milieu de la bibliothèque ou en plein duel, c’est ici qu’on le trouve : la salle commune des Poufsouffles. Le quatrième année parcourt les pages d’un vieil ouvrage avec attention. Théorie sur les enchantements. Scamander s’éloigne des créatures qui fascinent son paternel, préférant s’adonner à l’art des sortilèges. Il rêve nuit et jour de percer les secrets du monde. La soif de savoir du gamin ne s’épanche pas, elle croit, prend de la place, peut-être trop. L’érudit dégage une mèche de son visage et saisit un parchemin et son encrier. La plume gratte vigoureusement le papier, couchant soigneusement des idées avant de les oublier. Les cris de ses camarades retentissent dehors et le sortent de ses pensées un instant. On crache des noms d’oiseau qui ne lui sont pas inconnus. Percival lève les yeux au plafonnier. Il n’a d’habitude pas cure des chamailleries creuses et des provocations des sorciers. Cette fois, cependant, semble différente. Sybille. Il entend son malaise encéphale. Les ricanements s’éloignent et il repose l’encre, abandonnant sa lecture et la tâche à laquelle il était affairé. Il s’agit de son amie.

Le temps s’égraine et il la rejoint jusqu’à la tour d’astronomie. L'étau musculaire se referme sur elle avec une tiédeur toute masculine. Une étreinte sans mot qu’ils partagent simplement. Il n’y a pas besoin de paroles pour qu’ils se comprennent. Trelawney ignore la teneur exacte de son secret. Pourtant tous deux forment, à leur façon, deux monstres d’excentricité de l'école. La Cassandre criblée de visions mortifères, lui effeuillant les pensées à tout va. Silencieusement, Percy essuie une larme de son pouce. Il glisse ensuite ses phalanges entre les siennes, pressant ses dextres contre les siens avec douceur. Il est là comme il l’a toujours été. Une épaule sur laquelle se reposer. Un antagoniste avec qui partager une blague. A l'écoute de Sybille, la commissure de ses lèvres s'étire. Je perçois ta souffrance, Sybille. Ses orbes étudient la silhouette de la jeune fille et il ravale un hoquet en réalisant les syllabes qui ont quitte sa bouche. Enfin je sais. Ce que tu ressens. En s’enlise dans la confusion, soudainement nerveux. Le sujet change et Percy se racle la gorge. Avant vingt-cinq ans. Tu les as vus ? Il évite soudainement son regard, s'efforçant de se souvenir de l’enseignement de Dumbledore. Assister à la mort des autres ne fait pas partie de son agenda personnel. Ils prennent tous les deux place sur les marches de pierre. Admirant la vue a son tour, il lui souffle : Je suis ici pour admirer la vue. Il lui adresse un clin d’oeil amical. Passer du temps avec toi. Marquant une pause, il interroge la prophète : Qu’est-ce que ça fait ? La clairvoyance ?

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Encore, toujours, les souvenirs qui se gomment, les visions qui pourrissent. Tu donnerais tout, pour ne plus avoir ce don, être une fille normale, jeune Sybille, pour ne pas avoir à baisser le regard quand tu les croises, eux, les autres, ceux qui ne jugent que par l’ignominie, les mots qui se flétrissent qui dégomment le cœur, le corps, l’âme pour ne te laisser que ça, le cytoplasme qui vogue, l’enveloppe qui se fane, douce rose qui n’a plus aucune vitalité, les pétales qui s’envolent dans le vent impétueux. Tu aimerais pouvoir tout rendre, cette pièce du puzzle qui gâche ta vie, comprendre, comprendre qui tu es, voguer dans le temps pour aller la trouver elle, la grande Trelawney, pour savoir comment elle a fait, pour entreprendre le chemin, pour commencer du début, apprendre du silence, comme si tout était facile, comme si la honte n’était pas une obligation, mais une fierté, de voir le monde autrement, une chance de savoir les choses avant que tout se passe, si seulement, tu pouvais revenir en arrière, mieux gérer, ne rien dire, ne pas laisser cette empathie te dévorer, garder cet esprit pratique, comprendre le monde, comprendre le progrès, comprendre que personne n’aime les gens qui sont différents, comprendre que personne ne t’aimera en leur disant ce qui leur foute la trouille, tu aurais du mentir, porter ce masque lourd, être ce que tu n’es pas, là, ô oui là peut-être que tu aurais eu une once d’amour, un regard, un sourire, juste ça, et ton monde aurait été différent, une couleur de plus, un ami de plus, mais à quel prix, est-ce que ça en aurait valu la peine, douce Sybille si tout ça n’était qu’une comédie, un acte de plus dans l’immense pièce de théâtre qu’es-ta vie ? Les pas qui résonnent dans les escaliers, et l’autre qui arrive, l’autre différent, l’autre semblable, granit à peine poli, merveille du monde, Percy et sa main qui se pose sur la tienne, et les larmes qui coulent, qui se fixent sur ses phalanges charnues, déjà oubliées.

A deux et tout qui se complète, la peinture qui se termine, pour finalement donner cette œuvre, deux âmes, qui se donnent un peu d’espoir à l’aura du monde, deux oiseaux s’envolant dans un autre continuum, dansant sur les lisières des atmosphères. « Je suis tellement contente d’avoir quelqu’un comme toi avec qui parler. » Tu soupires, semblables, les mêmes douleurs, les mêmes plaies, portant la même croix des visions qui hantent, telle Cassandre hurlant la destruction de Troie, tu hurles ta vie, et la mort des autres sans qu’on ne t’écoute, jamais, non. « Je me suis sentie tellement apaisée quand j’ai su que tu étais comme moi, moins seule dans cette foule. »  Divination comme don, pour les deux, comme un lien brillant qui vous lie, les poignets encerclés de ces cadeaux, de ces malédictions qui vous pèsent, sans que tu ne comprennes alors que tu n’as personne d’autre que toi-même, sans que tu te rendes compte que la vraie divination est un don encore peu répandu, qui ne le touche pas lui, lui en qui tu plaçais tout tes espoirs de compréhension. « Oui, pour la plupart tous dans d’atroces souffrances, mais vu que je ne suis qu’une pauvre cinglée ayant déjà ma chambre attitrée à Saint-Mangouste, je pense que je vais m’abstenir de leur faire part de tout ça, tu ne crois pas ? » La haine qui anime déjà alors, et le serpent qui prend déjà possession, l’orgueil, les moqueries qui changent, la Sybille qui se décolore, plus rien à perdre, seize ans, tellement de choses à vivre, et ton chemin qui te parait tellement noir, tu n’arrives pas à voir la fin, une vision, simplement une, pour te consoler, pour savoir ce qui se passera à la fin du bouquin, savoir si tout ça en vaut la peine, si il ne faudrait pas mieux sauter, s’envoler loin de tout ça, dans un Hallelujah qui éclate. « J’ai toujours aimé passer du temps avec toi. » Tu réponds à son clin d’œil, le soleil qui réapparait derrière le cumulus chargé de cette pluie qui pleure de ne pas tomber, de ne pas accomplir son destin. « Tu es différent des autres. » Lui, Agatha, Remus, ces trois noms teintés d’or, qui te poussent à te lever, à descendre les marches, à vivre chaque jour encore et encore. « C’est difficile, les visions viennent toujours au moment où je m’y attends le moins, ça me possède totalement et pendant quelques minutes, je ne sais plus qui je suis, comme en transe. » Douloureux, à vomir un flot de paroles, à ne plus avoir de repères, en lévitation dans un monde d’atrocités. « C’est surtout difficile d’avoir des visions négatives sur des personnes que j’aime, et devoir choisir, si je leur dis ou pas. » Tu restes là, te balançant, n’en parlant jamais, d’habitude, de tes sensations, de ce que ça fait, les gens ne voient que la finalité, ils ne s’intéressent que à ce qui les concernent, sans savoir tout ce que tu as dû endurer pour leur procurer ces quelques bribes de leur avenir. « Tu fais quoi dans ce cas-là ? Quand tu as une vision de quelqu’un que tu aimes ? Tu lui dis ou pas ? » Tu restes là, te balançant, n’en parlant jamais, d’habitude, de tes sensations, de ce que ça fait, les gens ne voient

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L’air frais soulève les cheveux ébènes de la voyante et lui intime in frisson. Ce moment entre eux semble infini. C’est comme s’ils regardaient dans l'âme de l’autre, de leurs iris fardées d’une jeunesse assassine. Elle le comprend, Sybille. Elle sait la douleur d'être né différent. La crainte paralysante d'être incompris. Un visage parmi tant d’autres. Un fardeau dans l’univers. Poussant un soupir, il observe calmement la sorcière. Le silence se fait, épais comme une dalle, et durant quelques secondes ils se retrouvent dans leur fort intérieur. Les sphères artificieuses de Poudlard n’ont pas d’importance. Ils ferment leurs paupières et il n’y a plus de voyante ou de legilimens. Il n’y a plus que ces deux êtres qui se rencontrent. Percival et Sybille. Sybille et Percival. Elle pose une paume sur la sienne et, prenant place à ses côtés, il lui adresse un sourire timide. Un rictus emprunt de bienveillance propre aux Scamander. Car c’est ce qu’il est, bien qu’il ne l’accepte pas encore. Le digne fils de son père. Un poufsouffle qui ignore encore tout de la vie trépidante qui l’attend, trop préoccupé par son petit monde, et apeuré par les voix qui s'immiscent en son crâne endolori, pour l’imaginer pleinement. La Cassandre se confie à lui et la réponse ne se fait pas prier. Moi aussi je suis heureux Sybille. Il pose tranquillement sa tête sur son épaule et observe Pré-au-lard scintiller au loin, dans l’invisible. L’Ecosse a quelque chose d’envoûtant, tu ne trouves pas ?

Il niche son nez dans sa chevelure charbonneuse, son souffle chaud effleurant le cou de la jeune fille. Les joues se teintent soudainement. A l'écoute des syllabes qui s'échappent de ses lèvres, il aimerait pouvoir disparaître dedans. Honteux, son regard d’acier se fait fuyant. Comme toi ? Répète-t-il lentement. Sa respiration est saccadée, il hésite un long moment à être honnête avec elle. Elle l’est pourtant avec lui, il lui doit au moins cela ? Il darde ses opales dans l’or de ses yeux. Une boule de feu lui noue l’estomac. Percy n’ose pas lui mentir. Je ne suis pas tout à fait comme toi, Sybille. Le murmure s'évanouit dans l’éther. Il entend ses dires et l’oeil se fait maussade. Enfin, j’ai connu la même douleur que toi, celle d'être pris pour un fou. Il serre ses phalanges entre les siennes. Je lis les pensées Sybille. Constamment. Il marque soudainement une pause. Peux-tu garder mon secret ? La confession le fait paniquer un instant avant qu’il ne recentre son attention sur elle et sa peine. J’imagine que nous devons tous les deux faire face à des choses que nous n’aimons pas. C’est un quotidien difficile à gérer. Il ajoute : Dumbledore m’a dit que dans ces moments là, il faut rallumer la lumière. Se contrer sur autre chose.

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Le moment qui reste en suspension alors que vous êtes là, vous les adolescents, perdus, brisés à cause d’une différence qui aurait pu être votre force si le monde ne s’écroulait pas en permanence sur vos épaules, si les regards étaient changeants, si tu n’avais pas la sensation de porter une étiquette brûlante sur ton front, cinglée le mot qui te hante, encore, à jamais, encore un peu de temps Sybille et tu auras la force nécessaire pour te venger, te lançant dans un jeu malsain, où ils deviendront tes pions, où la roue tournera et que les rires dépasseront tes lippes charnues. Tu restes là, oiseau qui n’arrive pas à s’envoler, parce que tout te retient ici, parce qu’eux te retiennent ici, eux et leur douceur, lui et son sourire, et sa bienveillance qui illumine l’observatoire, l’amitié vous liant, lui, Percy, à jamais, comme un point d’ancrage, le seul qui peut te comprendre, qui sait ce que ça fait, qui subit la même chose, lui, tel une roche se prenant avidement la vague déchainée et restant de marque, te retenant dans la tempête, subissant la même douleur, les mêmes, deux âmes jumelles qui se rencontrent. La lumière qui vient emplir ses yeux avant qu’il se pose, niché dans ton cou, son souffle qui te fait frissonner, et un instant, quelques secondes à peine, ton esprit d’adolescente se met à imaginer, ce qui pourrait se passer dans cette tour, un garçon, une fille, et ton corps qui chauffe lentement, alors que tes joues s’empourprent, alors que tu ne sais pas avoir une amitié avec un garçon sans penser à plus, parce que tu es jeune, parce que tu ne sais pas ce qu’est l’amour, parce que tu n’es pas encore capable de différencier l’amour et l’attachement, parce que tu n’as pas encore intéressé quelqu’un et que ça serait bien que ça arrive, parce que tu ne sais pas Sybille, ce que ça fait, la chaleur d’un regard sur la naissance de ta nuque. – On devrait prendre notre balai et aller faire un tour dans les paysages vallonnés, je suis sûre qu’on a encore plein de choses à voir de ce pays. Tu restes là, son souffle encore et encore se mélangeant avec le tien, dans ce moment unique, volé aux dieux, où rien ne vient perturber, où tout semble intemporel. – On serait dans les landes, à hurler, à rire, juste libres, ensemble. Loin d’ici, emmène-moi loin de tout ça, loin d’eux et de leur venin, partons, vivons, sans aucune honte d’être ce que l’on est, juste libres et heureux.

Les gouttes d’eau qui s’effondrent, pas vraiment comme toi, et pourtant, ton sourire qui reste, ta main qui se pose sur la sienne. – Lire dans les pensées … Une révélation alors que tu essaies de te concentrer pour ne pas penser à la surprise, dirigeant tes pensées. – ça ne doit vraiment pas être facile, d’entendre tout le brouhaha. Tu essaies de détendre l’atmosphère. – Les pensées de certaines personnes doivent être traumatisantes. Ta main qui continue de le serrer, alors que tu as l’impression d’enfin le voir, apprenant à le connaitre encore, des années après, un nouveau visage, illuminé, lui, devenant encore plus intéressant. – Et ça ne te fait pas mal ? Comme une enfant qui découvre, alors que tu essaies de ne rien dire de stupide, de ne pas le froisser, lui qui arrive enfin à se confier. – C’est dingue à quel point Dumbledore peut avoir raison sur tant de choses. Tu soupires, tendre Sybille, encore tellement jeune, à ne pas te rendre compte que le monde commence à changer. – On ferait une sacrée équipe tout les deux chez les aurors, toi qui sais lire dans l’esprit des criminels, moi qui peux voir l’avenir, ça m’étonne qu’on ne nous ait pas encore engagés. L’atmosphère qui se détend, pour qu’un instant, une seconde, vous oubliez, lui, toi qu’en bas de ces marches, le monde tourne contre vous, que les regards ne disparaitront pas, qu’ils vous toiseront encore demain, mais, vous serez ensemble, affrontant le mur des calomnies.

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L’acier s’égare sur la silhouette menue de la sorcière. Les deux adolescents s’observent et se reconnaissent. Ils ont cet aura étrange et spécifique qu’on les jeunes gens perdus. Deux incompris qui s’entendent dans un monde trop difficile à accepter. Trop bruyant. Trop plein de jugement.  A mille lieux de la tranquillité qu’ils cherchent tous deux. Une félicité qu’ils s’apportent, dans l’ombre de la volière. Assis l’un près de l’autre, ils contemplent le village désolé de Pré-au-Lard et l’Ecosse qui s’étend face à eux derrière le lac. Un paysage majestueux qui laisse Percival béat durant plusieurs minutes. Le vent souffle fort, secouant les branches des arbres et leurs chevelures. Ajustant son écharpe jaune et noire, ses doigts se glissent dans la main de son amie. Lentement, il plonge ses iris bleutés dans l’ambre de ses yeux. Un frisson lui parcourt l’échine alors qu’elle lui confie son idée. Est-ce une invitation ? Honteux et hésitant, Scamander presse ses lippes l’une contre l’autre. Il n’ose pas lui dire la vérité. Il sait à peine tenir sur un balai, s’aventurer en-dehors des limites de l’école serait une mauvaise idée. Tâchant de dissimuler son mal être, il se contente de répondre : Un tour en balai ? Et si tu avais une vision dans les airs, Sybille. Il marque une pause et fait mine de vouloir la protéger. Serait-ce raisonnable ? A ces mots, il retrouve le silence. Elle parle de partir, de rire, de s’aventurer ailleurs. La commissure de ses lèvres s’étire soudainement. Tu es malheureuse ? demande-t-il avec simplicité. Il songe à ses propos. L’idée de liberté lui semble saugrenue. Lui-même n’a jamais su ce qu’être véritablement libre représente. Depuis le jour de sa naissance il n’a toujours été que l’indigne fils de son père. L’ombre triste de l’explorateur le plus aimé du Royaume-Unis. Une rature incapable de saisir l’interet de sa famille pour les créatures fantastiques, malgré la malédiction qui l’accable.

Il fait enfin son aveu à la serdaigle et la Terre semble s'arrêter de tourner un moment. S’il ne l’avoue pas, il a peur de la réaction de Sybille. Tu ne m’en veux pas ? l’interroge-t-il, surpris. Tu es ma meilleure amie, Sybille, murmure-t-il alors qu'elle presse sa pogne davantage. Oui, parfois tout entendre peut blesser. Je me réconforte en me disant que certaines personnes évitent de formuler ce qu’elles pensent, et qu’elles ne sont pas si mauvaises que ça. Il laisse échapper un rire fluet. Si un jour tu veux savoir ce qu’un garçon pense de toi, appelle-moi. Il pose la tête sur son épaule. Qu’est-ce que tu penses de Lupin ? Se redressant, un nouveau sourire fend son labre. Aurors... répète-t-il rêveur. Que sais-tu de notre avenir, Sybille ?

Spoiler:

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Les dernières heures du monde, et vous, les parias, les autres qui contemplent le miracle de la beauté qui vous est offert, la folle, la voyante de pacotille, spectatrice des morts et des renaissances des astres lumineux, avec lui, lui et cet apaisement qu’il t’offre toujours, lui comme un soleil qui tourne autour de toi, qui t’abandonne jamais, qui te réchauffe de sa chaleur douce, lui qui t’apporte ce semblant de paix, qui te fait oublier tout le reste, tout ce qui se passe en bas, les regards, les rires, des autres qui te rabaissent, qui t’oppriment et toi qui te perds dans le labyrinthe de la folie, ne te reconnaissant plus dans les reflets troubles, n’étant plus que l’ombre de ton ombre, que le souffle d’une ancienne tempête, retrouvant un électrochoc dans les moments privilégiés avec les deux étoiles tournoyant, Percy, Remus et leurs sourires, et leur manière de te faire sentir spéciale, les autres, les cavaliers qui se retrouvent dans la mission des croisades. Tout sera plus beau Sybille quand tes études seront finies, quand tu seras libre d’être qui tu veux, quand tu ne devras plus t’écorcher, les cicatrices à foison à force de devoir rentrer dans un moule écorché, adapté finalement à si peu de personnes, mais ayant des critères de perfection qui n’atteint pas la normalité de l’humanité et toi, te recroquevillant, n’arrivant pas à déployer tes ailes luisantes, à t’envoler loin de tout ça, à parcourir les landes, à parcourir le monde, loin de tout ça, de ce monde qui t’indiffère, de ces gens qui veulent te nuire, rencontrer d’autres autres, d’autres différents qui te sont semblables, formant ainsi une fresque d’imperfections ou le monde pourra se reconnaitre, où la liberté prendrait part, où tu seras simplement Sybille, la douce Sybille et plus cette paria rejetée, la voyante qui n’arrive pas à se faire prendre au sérieux. « Je risque simplement de faire une chute libre et de mourir étalée comme une crêpe, rien de bien inquiétant. » Tu ris, légère, un peu finalement, en t’imaginant dans un ailleurs, vivant une simple journée, une belle journée, avec lui, dans un lieu ensoleillé, à marcher sur des rochers acérés, à s’arrêter des minutes, à admirer la beauté de la peinture des ancêtres flottant dans un monde de lumière. « Je me sens surtout seule, malheureuse n’est peut-être pas le mot, je serais malheureuse si j’étais seule ici, mais je t’ai toi. » Ta tête qui se pose, alors que les secondes s’étiolent, que le moment reste volant, juste à vous, à tout jamais, secrets dans vos esprits, alors que le monde s’active, vous, spectateurs dominant d’un spectacle qui n’en vaut pas la peine. « Je ne t’en veux pas, tu vas pouvoir m’apprendre de nouvelles choses, être différent ça va être notre force. » Les rires qui se donnent, la vie qui continue, alors que les dialogues s’échangent, te posant face à l’explosion des lumières. « Et tu arrives à bloquer tout ça ? Bloquer ton esprit pour avoir la paix de temps en temps ? » A jamais hanter par les pensées des autres, se perdant finalement soi-même, n’arrivant plus à se trouver parmi les millions d’êtres qui s’ancrent. Tout qui change quand il parle de Remus, Remus et son sourire, Remus et sa douceur, et ton cœur qui palpite doucement, l’amitié forte, juste de l’amitié, toujours, à jamais, et pourtant ton sourire se fait grand. « Oh ça va Cupidon, Remus ce n’est qu’un ami, il n’y aura jamais rien entre nous. » Jamais, tout les deux dans deux mondes différents, lui qui ne regarde que les autres, toi, simplement l’amie, la fille qu’il a toujours protégée, jamais rien, non jamais. « Cependant si tu sais tendre l’oreille quand Rosen passe à côté de nous … » Tu ne peux t’empêcher de rire, Rosen ou l’amour impossible, où tout ce que tu aimerais avoir, que tu n’auras pas avec lui, lui qui fait palpiter ton cœur, qui ne te regarde pas, pas encore. « Il est tellement mignon mais bon, je ne suis pas son genre de fille je pense, je ne suis même pas sûre d’être le genre de quelqu’un » Les sujets qui divergent, reparlant de cet avenir que tu aimerais radieux, avec lui, avec les autres, à jamais. « Tu en demandes trop pour une aussi piètre voyante que moi … mais on sera ensemble, ça je le vois, pendant encore longtemps, très longtemps. » Tu souris. « Ça te convient comme réponse ? » Ta main qui se pose doucement sur la sienne, les illusions du monde descendant pour ne faire que pénombre.