don't look back

détermination (91%)	loyauté (12%)
connaissance du monde magique (77%)	altruisme (12%)
courage (89%)	dynamisme (72%)
espièglerie (92%)	prudence (07%)
sagesse (23%)	extraverti(e) (68%)

Que pensez-vous de la multiplicité croissante des meurtres ?
Elle sait la clé de l'énigme Csilla, la vérité derrière le ramassis de mensonges qu'on leur dégueule dans les journaux. Elle n'est pas à la seule à se douter de ce qu'il se passe, membre d'un groupuscule prêt à tout pour éliminer cet autre monde imbriqué dans le leur. Elle fait partie de ces gens-là au fond, des sans-pouvoirs, de ceux que l'on élimine parce qu'ils ont les veines exsangues de toute magie. Elle sait où est sa place, et n'hésite pas à se salir les mains dans ce conflit qui menace d'imploser entre ces deux fragments de son existence.

I solemnly swear I am up to no good.

TW — violence, mention de tortures.


001. Elle est née Erszi Szekely dans une puissante famille de sang-purs, dans les collines hongroises. Fière héritière d'une dynastie d'éleveurs de dragons, elle était sensée reprendre le flambeau, si le sort n'en avait pas décidé autrement.

002. Elle est dépourvue de pouvoirs magiques, cracmol qui jette l'opprobre sur sa famille. Une honte que ses parents camouflent, préférant étouffer leur propre fille sous leurs craintes et leur dégoût plutôt qu'affronter le regard des autres. Pendant longtemps, on la prétendra souffrante, malade ou absente. On l'éloigne doucement des regards, petite princesse enfermée dans sa chambre. Isolée, esseulée, trop souvent enlisée dans son imagination et ce monde qu'elle s'invente pour chasser l'ennui.

003. Elle a sept ans lorsqu'on lui présente Szoka, gamine sélectionnée avec soin par des parents qui n'en méritent plus le titre. Si jolie Szoka, avec ses longs cheveux blonds et ses grands yeux clairs. Elle lui ressemble Szoka, un peu trop peut-être pour que ça ne la frappe pas. On l'incite à lui parler, à lui raconter tout ce qu'elle sait ; alors elle partage tout, la douce Erzsi. Ses souvenirs les plus intimes, ses fous rires et ses larmes, et puis ses goûts, et puis ses vêtements, et puis les intonations de sa voix. Et son prénom, et sa vie entière qu'elle lui arrache en un sourire pourtant presque coupable. Enfants dupées, l'échange ignoble qui s'opère dans leur dos ; et lorsqu'elles comprennent, il est déjà trop tard.

004. Sa mère ne peut aller au bout du geste, et pourtant elle sait qu'il le faut, qu'elle n'a pas le choix. Erzsi c'est moi, Erzsi c'est toi. Effacer les preuves, rectifier une faute commise et pour laquelle sa fille payera. Erzsi ce n'est plus moi, maman pourquoi, pourquoi tu m'as fait ça. Sa mère ne peut pas, hésitation qui lui coûtera un énième mensonge — envers son mari, cette fois. Erzsi s'en va, sans vraiment comprendre pourquoi.

005. Recueillie par un employé de ses parents, l'identité dérobée qu'il faut reconstruire, fable après fable. L'homme lui fait apprendre par coeur l'histoire d'une vie qu'elle prétendra avoir vécue, mensonge après mensonge Erzsi s'efface pour laisser place à Csilla.

006. Elle a treize ans lorsqu'il la retrouve, ce paternel dont elle ne pensait plus jamais revoir le visage. Elle n'aurait pas dû être là, mais elle a insisté pour accompagner son nouveau tuteur. Les dragons lui manquaient, à Erzsi. Erreur fatale, caprice qui teintera de carmin le reste de son existence. Cours Csilla, enfuis-toi. Faut croire qu'elle est devenue douée pour ça, courir. Un regard en arrière, et elle le voit — l'homme qui lui a sauvé la vie, assassiné par celui qui la lui a donnée. Tragédie qui se grave dans sa conscience, et qui la hantera tout le trajet jusqu'en Angleterre, à bords de l'un de ces camions dans lesquels l'on transporte les animaux, comme elle. Vulgaire bête sauvage, atypique.

007. Gamine des rues, qui survit comme elle peut. Petits vols par-ci par-là, quand elle parvient à échapper aux radars. Le casier qui se remplit, et l'estomac qui reste cruellement vide. Puis y a ces autres gosses comme elle, élevés dans les ruelles malfamées de Londres. Ensemble ils se pensent supérieurs, impossible à coffrer. Crime qui s'organise, gang de voleurs qui deviennent plutôt doués. Petites arnaques qui lui vaudront de se faire arrêter, et les autres qui détalent sans un regard en arrière pour celle qu'ils abandonnent à elle-même.  Deux années d'enfer à purger sa peine, les souvenirs d'une enfance enfermée entre quatre murs qui reviennent à la surface. Elle est seule Csilla, encore une fois.

008. Et puis y a eu Xander, celui qui l'a relevée. Avec son regard de tombeur et ses sourires cyniques à la con, cette façon qu'il a de réinventer le monde à leur façon — un peu étrange, un peu décalée. L'impression d'avoir enfin trouvé quelqu'un pour elle dans un monde où elle ne ressemble à personne. Duo infernal,  en marge d'une société qui se refuse à les accepter. La chute est fatale, inévitable. Son coeur en ligne de mire, et toute son existence qu'elle remet entre ses mains de malfrat. Il l'a abîmée un peu, parfois ; mais il revient toujours vers elle et elle ne s'éloigne jamais trop longtemps de lui, peu importe tout ce que ça leur coûte.

009. Y a eu cette dispute, le soir où la vérité a éclaté en un millier de petits morceaux autour d'eux. Le soir où elle a tout bousillé, Csilla, en lui disant qui elle est vraiment. Ezrsi a tout foutu en l'air, encore une fois. Cracmol rejetée par celui qui ne peut même plus la regarder dans les yeux, alors elle court Csilla, oui, encore, encore une fois. La dernière, peut-être. C'est ce qu'elle croit quand elle tombe dans ses filets, à ce type qui la capture au détour d'une allée. Chasseur de sorcières, qu'il se dit ; sauf que de la magie elle n'en a pas, elle n'en a jamais eue. Mais ça ne lui vaut pas sa liberté, ça le fascine cet homme-là, de savoir qu'il existe des gènes comme les siens. Peut-être même que ça l'obsède un peu trop, quand il comprend les possibilités qui s'offrent à lui. Csilla qu'on attache, qu'on bâillonne. Expériences atroces sous couvert de pseudo-science, elle a beau hurler y a personne pour l'entendre.  Des mois de souffrances, de cris et de larmes. Seule, encore. Abandonnée, toujours ? Non, pas cette fois-là. Il est revenu pour elle, Xander ; et quand il fracasse le crâne de son geôlier contre le marbre, elle écoute avec délice les os se fracturer un par un. Les yeux rivés sur son sauveur, le corps fatigué, épuisé par les coups et la faim. Mais tout va bien maintenant Csilla, je suis là.

010. Seulement Xander, les gens de son ancien monde il les aime pas, haine viscérale qu'il se devait de réveiller en Csilla pour mieux accepter son besoin d'être avec elle. Groupuscule anti-sorciers qui s'est formé dans l'ombre, moldus qui s'organisent et qui s'infiltrent par toutes les fissures dans ce monde qu'on s'obstine à leur camoufler. Mais Csilla elle sait trop de choses de cet univers-là, celui de papa maman qui ne voulaient pas d'une fille comme ça. Erzsi morte et enterrée au fond de ses tripes, aucun scrupule lorsqu'elle renseigne ses nouveaux alliés pour qu'ils infectent le monde des précieux petits sorciers. Noms murmurés en se délectant de chaque syllabe prononcée, revanche sur cette putain de vie qu'elle a plus que méritée.