Assise à la table du salon, tu feuilletais frénétiquement les journaux disposés devant toi à la lueur d'une bougie. Dehors, le vent ne cessait de faire danser violemment les arbres du quartier et de prendre dans ses bras toute âme qui s'aventurait dehors. Le claquement sonore des volets avait fini par devenir une habitude. Installés, près d'un feu de cheminée qu'il avait fallu allumer pour à la fois réchauffer la pièce et y voir plus clair, se trouvaient ton fils et ta fille qui dormaient à poings fermés sur le canapé ou dans le berceau que tu avais descendu. L'inquiétude quittait difficilement ton visage depuis que cette « catastrophe météorologique » avait commencé. Tu avais beau décrypter chaque article de la presse, relire les faits divers des jours qui avaient précédé le début du « blackout », tu ne parvenais pas à trouver le moindre indice. Pourtant Ayleen, tu étais persuadée qu'un événement avait dû se produire chez les moldus ou chez les sorciers, quelque chose qui fournirait des explications sur l’apocalypse qui s'abattait sur le Royaume-Uni. Se focaliser sur ces recherches te permettait d'atténuer l'anxiété qui gagnait chaque jour du terrain.
Impossible pour toi, de ne pas te souvenir de la première fois que tu t'étais retrouvée dans le noir complet. Tout naturellement, tu avais d'abord pensé qu'il ne s'agissait que d'une coupure d'électricité, mais le froid mordant qui avait envahi chacun de tes membres ne t'avait pas trompé. Il y avait de la magie. Coupable idéal, Alistair avait alors été la cible de ta colère. Encore. Puis, honteuse, tu l'avais pris dans tes bras en lui demandant de faire revenir la lumière, qu'il fallait que tout revienne à la normale. Mais ce fut au-delà de ses capacités. À la place, un vent sourd s'invita dans la maison et le grondement d'un orage se fit entendre. Il se passait quelque chose.
Cela faisait maintenant presque un mois et la nuit semblait s'être installée indéfiniment dans la vie des gens. Il avait fallu s'adapter au quotidien en abonnant la modernité pour retrouver des habitudes plus anciennes. Tu avais pu échapper à l'isolement grâce à la présence de tes enfants et aux visites plus ou moins régulières d'Aiden. Tu espérais que ton commerce ne subirait aucun dégât et que tout redeviendrait comme avant un jour... Cependant, cet espoir s'amenuisait au fil des semaines, et ce n'était pas le manque de solution et de réponse du gouvernement britannique qui arrangeait les choses. Même les sorciers paraissaient perdus... De quoi t'alarmer davantage.
Un craquement te sortit de tes pensées. Tu tournas la tête et souris en voyant ton petit frère apparaître dans le salon. « Tu as réussi à venir. »
id card : Adam Driver + (c)frenchandfurious rps postés : 0 Messages : 64emploi : Heureux propriétaire d’une ménagerie magique sur le Chemin de Traverse. Ancien gardien et capitaine des Pies de Montrose, capitaine discret de l’équipe nationale d’Angleterre pendant trois ans années avant de raccrocher son balais. habitation : 47 Chemin de Traverse, joli appartement au-dessus de l'animalerie mais il passe beaucoup de temps chez sa soeur à Battersea.
Sujet: Re: End of an era (aiden) Dim 29 Nov - 21:24
« Je vais y aller. » La voix sort Aiden de sa torpeur. « Oui, merci d’être passé Ed, bonne soirée. » L’homme lui adresse un sourire et les coins de sa moustache blanchie par les années se soulèvent. « Passe le bonjour à la petite famille. Et garde le livre, ce n’est pas comme si je croulais sous le demande en ce moment. » Derniers mots, le carillon de la porte tinte et l’ancien disparaît sous l’orage, fantôme courant sous la pluie, pressé de rejoindre sa librairie située de l’autre côté de la ruelle. La cinquantaine bien tassée, Edwin n’a jamais rencontré Ayleen ou ses enfants, ce qui ne l’empêche pas de prendre de leurs nouvelles tous les jours.
Le brun attend de voir la lumière d’une bougie s’allumer derrière la vitrine de son voisin, puis il referme le livre généreusement offert. Il n’est pas encore dix-neuf heures mais déjà les rues sont noires, vides depuis un mois maintenant. Conséquence d’une magie inconnue qui recouvre le pays tout entier, le noie sous une obscurité dévorante, un froid glacial qui étreint les cœurs et les os. « Je crois qu’il est temps de rentrer Milo. » Le fléreur, allongé de tout son long sur le comptoir, lève des yeux intelligents vers son maître puis se lève avec un bâillement avant de sauter au sol vers son sac de voyage. Il ne faut à Aiden que quelques minutes pour rassembler ses affaires et nourrir les derniers animaux. Prêt à partir, il prend le sac dans lequel Milo s’est glissé avant de sortir dans la rue pour transplaner sans effrayer les petits habitants de l’animalerie.
En une fraction de seconde, les murs du salon apparaissent devant ses yeux, bientôt éclipsés par le sourire soulagé d’Ayleen. « Salut grande soeur. » Une accolade, une bise sur la joue et Aiden sent déjà ses muscles se détendre, la boule au ventre diminuer. « Excuse moi j’aurais dû être là plus tôt mais je voulais rester encore un peu ouvert, tu sais, au cas où. » Nul besoin d’expliquer. Ayleen sait ce qui le préoccupe et il sait qu’il peut lui en parler, même s’il refuse de prononcer les mots. Il pose ses affaires au sol avec un regard vers les silhouettes endormies près de la cheminée. Le fléreur saute déjà sur le canapé pour se lover entre les jambes d’Alistair. « Comment s’est passé la journée ? » Aiden adresse un faible sourire à Ayleen. Malgré la tempête qui fait rage à l’extérieur, il fait comme si rien n’a changé. Il faut continuer à vivre, malgré la menace de cette nuit sans fin.
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Sujet: Re: End of an era (aiden) Ven 4 Déc - 15:49
End of an era
29 juillet 1987
Parfois, pour taquiner ton petit frère il t'arrivait de l'appeler ton ange gardien et de rire en voyant son visage rosir sous le coup de l'émotion. Pourtant, depuis deux ans, c'est ce qu'il était pour toi. Les doigts de tes mains ne suffisaient plus pour compter le nombre de coups de main qu'il t'avait donnés. Tu n'y ajoutais même pas le soutien inconditionnel qu'il t'offrait au quotidien, sans quoi ta dette serait immense. Tu n'avais jamais été plus dépendante de ton frère qu'en ce moment et une partie de toi s'en voulait de laisser ton petit frère s'occuper de ta famille. Une fierté mal placée et la honte de peiner à combler les désirs de tes enfants rongeaient peu à peu ton cœur. C'était cette faiblesse que tu te pardonnais le plus difficilement finalement. Ta peur, ta colère, tout ça tu pouvais le comprendre, mais le reste faisait partie de ses sentiments pitoyables propres à l'humain. Pour le moment, il fallait mettre ces pensées de côté et profiter du réconfort qu'apportait la présence d'Aiden. Tu savouras son étreinte et sentis ton sourire s'agrandir. « Je comprends. L'important c'est que tu sois là. » En vie. De plus, maintenant que tu tenais toi aussi un commerce, tu comprenais qu'ouvrir dans de telles circonstances relevait d'un intérêt économique ou était l'expression de l'espoir que tout redevienne comme avant. Du coin de l’œil, tu vis la créature magique qui accompagnait le sorcier se blottir contre ton fils endormi. La question anodine du brun obtenait généralement une réponse banale de ta part, mais cette fois-ci tu avais bien autre chose à lui raconter. « Difficile, j'ai fait un rêve étrange, un cauchemar plutôt. J'ai rêvé que je vous tuais. Mais je ne faisais pas que vous tuer. Je vous découpais en petits morceaux... » Tu poursuivis. « Je ne sais pas si ce sont mes nerfs qui me jouent des tours ou si c'est le premier signe d'une obsession. » Tu repris la position assise que tu avais avant l'arrivée d'Aiden et présentas les journaux devant toi. « Sinon, j'ai principalement passé ma journée à décrypter les articles dans le daily mail, dans des quotidiens du coin et dans les journaux sorciers que tu m'as donnés. J'essaie de trouver des indices pour expliquer tout...ça... » Soupirant, tu jetas un regard sur tes enfants et sentis ton cœur se serrer. « J'espère juste que, quoique ce soit, ça s'arrête bientôt. Ce n'est pas sain de rester aussi longtemps enfermé et dans cette obscurité. Je suis à court d'idées pour les déguisements d'Alistair quand il s'amuse à devenir un vampire, un zombie ou un crapaud. » Tu ris. « Mais j'en oublie mes bonnes manières, installe toi, je vais te préparer quelque chose : thé, tisane, café ? Il faudra que tu me racontes ta journée aussi, elle a forcément été plus passionnante que la mienne. »
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