through the darkest hour (tc)

@rodolphus lestrange + @rosen malone + @ruben anstruther

Tout à coup c'est le silence. Un silence surnaturel qui donne la chair de poule. Même Bellatrix le sent. Les lumières vacillent. Le feu s'éteint dans l'âtre. Puis tout explose. Verres brisés entremêlés de cris strident. Viennent ensuite les éclairs. Sortilèges lancés à la va vite. Elle laisse tomber son propre verre au sol, s'armant de sa baguette alors que le chaos s'installe. Tout vole en éclat. En une fraction de seconde, cette belle soirée se transforme en un désastre ambulant. Du coin de l’œil, elle voit quelques convives disparaître dans un volute de fumée noir. « Lâches !! » qu'elle hurle, en vain. Sa baguette lance des éclairs vert sans chercher de victimes en particulier. Simple réflexe. D'un geste vif, elle fait exploser une vielle horloge qui se dirigeait dangereusement sur elle. Comment osaient-ils s'en prendre ainsi à elle ? Comment osaient-ils l'attaquer dans sa propre maison ?

Elle ne distingue plus le bien du mal. N'a aucune idée de qui est encore dans son camp. Elle n'est certaine que de la présence de Rodolphus à quelques pas d'elle. Et pendant une seconde, elle espère que Narcissa s'est enfuie. Une seconde d’inattention. Assez pour qu'un sortilège l'atteigne et que son œil prenne conscience du danger face à elle. Bellatrix éclate de rire. « Tu crois vraiment pouvoir te mesurer à moi ? Misérable vermine ! » L'éclair vert fuse. La rage libérée. Il n'y a plus rien qui compte. Plus personne pour l'arrêter. Elle a oublié la fabuleuse soirée. Oubliée ses amis. Aveuglée par l'envie de détruire. Dégoûtée par cette intrusion. Amusée par le culot de ces hommes et femmes qui ont déjà perdu. « Je vais me faire un plaisir de vous envoyez rejoindre votre précieux Albus Dumbledore ! » Il ne reste rien d'autre à faire à ses partisans. Tas de bons à rien.

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D'abord, il n'y avait pas cru. Ce n'était pas possible, Albus Dumbledore, celui qui avait défait Grindelwald ne pouvait pas avoir été vaincu par Voldemort, ça devait forcément être un malentendu, une erreur. Pourtant, la nouvelle était parvenu par plusieurs intermédiaires, rendant l'hypothèse d'une erreur de moins en moins probable à mesure que les minutes s'égrenaient à l'horloge du QG. Incapable de prononcer le moindre mot, il avait balayé la pièce du regard, allant de l'un à l'autre de ses compagnons d'armes, et l'atmosphère était lourde, comme si une chape de plomb avait été coulée dans leurs coeurs à tous. Et pourtant, bien peu avaient réellement connu le vieux directeur, mais tous l'avaient vaguement côtoyé déjà sur les bancs de l'école, puis dans les réunions où il faisait parfois une apparition. Mais plus que le personnage, qui au fond, conservait une certaine aura de mystère, c'était le symbole qui leur était arraché, celui qui incarnait l'espoir d'un monde plus juste et plus tolérant.

Aveuglé par la colère, il n'avait pas hésité une seconde lorsque l'attaque avait été votée, d'autant que l'information avait circulé, sur la fête qui devait se tenir chez les Lestrange, fidèles chiens d'un maître dépourvu d'humanité. Dans la nuit tombante, ils avaient transplané, bien décidé eux aussi, à venir semer le chaos dans un moment d'allégresse, exactement comme ils l'avaient fait lors du festival. Accueillis par l'éclat de rire qu'il reconnaîtrait entre mille, c'est l'étincelle qui met le feu aux poudres pour Ruben. Cette lâche de Bellatrix ne s'en tirera pas à si bon compte cette fois. Il la regarde, avec toute la détermination destructrice dont il est capable, enserrant sa baguette dans sa paume avant de lancer le même sort qu'elle lui avait destiné quelques mois plus tôt. - Tu crois vraiment pouvoir te mesurer à moi? Misérable vermine ! Il ricane, se surprenant à maîtriser la rage qui bouillonne dans ses veines pour répondre - Je suis peut-être une vermine, Lestrange, mais moi au moins, je ne rampe devant personne. L'éclair jaune jaillit de la baguette, accompagnant les mots, tandis que le bruit du chaos s'installe tout autour.

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╚ Précédemment.

Voilà seulement quelques instants, Rodolphus se trouvait là, au milieu de l'immense salon du manoir Lestrange, un verre à la main et l'autre posée sur le ventre rebondie de Bellatrix. Ses plus proches fidèles - oserait-il réellement les appeler amis ? - à ses côtés, fêtant ensemble la chute du grand Dumbledore. Nulle ombre au tableau parfait qui se dessinait alors pour Rodolphus, son présent et son futur. Flamme vivace d'un espoir enfin assouvi éteinte d'un coup de vent glacial. Les lieux résonnent un bref instant d'un silence pesant, qui laisse présager de la catastrophe à venir. Puis, tout explose. Le salon est ravagé par les éclats des fenêtres, le sol détruit par l'imposant lustre qui dégringole du haut plafond. L'obscurité plonge les Lestrange et leurs invités dans le chaos, seulement éclairés par les éclairs qui fusent des baguettes.

Le cri de Bellatrix le révolte. Certains des partisans du Lord, ses partisans, s'enfuient comme des pleutres sans honneur. Rodolphus se jure de les retrouver une fois l'Ordre et ses fidèles envoyés dans l'au-delà. C'est une rage froide qui l'anime alors qu'il donne de la baguette çà et là, droit et fier au milieu du carnage. Il faut que tous sache qui il est. Il est le glorious wolf, le maître des lieux, le second derrière le Lord. Il est intouchable et puissant. Fort et froid comme le fer. Les fous de l'Ordre ne l'ont pas encore compris, leur attaque est vouée à l'échec. Et c'est avec un sourire carnassier qu'il accueille cette réjouissance à venir. Mais il se retrouve éloigné de Bellatrix, et il doit la protéger. Protéger sa vie, sa descendance. Son amour pour elle. La voir si proche, pourtant si loin, se faire frapper de plein fouet l'anime d'un esprit toujours plus meurtrier.

Et il reconnaît aussitôt l'agresseur. Anstruther. Ils se sont croisés il y a peu. L'inimitié de Rodolphus à son égard n'a pas faibli depuis. Il profite que l'homme soit occupé à vilipender Bellatrix pour s'approcher et lui décocher un sort puissant, mais non létal. La mort serait encore trop douce pour lui. Tu ramperas devant moi ! tonne-t-il en se plaçant entre son ennemi et son épouse, défiant Anstruther d'un aplomb chargé d'orgueil et de haine. Jeu de regards, Rodolphus le foudroie autant qu'il le toise. Armé de mépris, il reste droit comme un "i" lorsqu'il lève sa baguette. Impero ! pense-t-il, puisant dans la force de son esprit pour imposer sa volonté. Incline-toi. Incline-toi devant moi.

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May we be in heaven a full half hour before the devil knows you’re dead.
Ça résonne dans la caboche du soldat, l’âpre saveur du tabac froid et de l’ambre sur la langue torturée sous la morsure de l’anticipation, il bouillonne, Rosen, il attend, à l’affût d’un signe, minute interminable entre la pénombre et l’éclat. Épaule contre épaule, son frère d’armes à ses côtés, les doigts serrées sur sa baguette, il pense à cette légion sans tête, au deuil qui les étouffe, l’intouchable dégommé par l’horreur et la force du désespoir qui menace de s’installer, de n’être que ce qui leur reste. Il a l’coeur lourd, malgré les colères et les regrets, malgré la rancoeur, les secrets gardés au-delà du miroir de ce regard fardé de demi-lunes. On pardonne aux morts, on s’donne bonne conscience, comme on peut, on s’dit que ça ne vaut plus la peine de s’alourdir le crâne, que les fantômes n’ont cure des problèmes des vivants. Une ultime inspiration, encouragements vains, une dernière poignée d’mains, les mots qui résonnent en dedans comme une prière. Là, un souffle plus tard, se pavane l’inhumanité, il a la rage au fond d’la gorge, all the devils are there.

Les cris et les sortilèges se mêlent en une effroyable symphonie dans la cohue et les éclairs, il suit Ruben, assez courageux - stupide, stupide Gryffondor, pense-t-il - pour se mesurer aux maîtres des lieux, la vengeance n’est pas une compagne fidèle mais l’ami s’accroche, veille, et la mort se dessine sur le contour de ses lèvres, l’impardonnable s’esquisse, prêt à ôter une vie à l’hydre infernale, - Ava.. mais la malchance et les autres s’emmêlent, l'intervention d'un destin moqueur terrasse l’instant et l’opportunité râtée lui arrache un juron. Le frêne lui échappe, roule sur le parquet saccagé. Une seconde, une chance, un choix, protéger l’ami, d’un côté sa magie de l’autre sa fureur, à peine un souffle et il s’élance... C’est l’gamin de Small Heath qui cogne sur le mangemort, l’entrainant dans sa chute, brisant l’influence, le sort cruel. L’instinct hurle au combat, aux os rageurs contre la peau pâle, c’est l’poing qui s’abat, écorche le dédain et la haine. - On fait moins l’malin sans magie, hein, Lestrange. Lance-t-il, les phalanges suspendues au dessus de sa tête, le visage tordue par la furie.

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Elle reste sourde et aveugle Bellatrix, seulement focalisée sur son ennemi. Pantin d'un magicien qui bientôt ne sera plus qu'un souvenir. Fantôme qui avait depuis longtemps déjà déserté son clan. Ne reste que des apprentis sorciers prêts à mourir au bout de sa baguette. Elle ne leur offrira aucun repos, pas de merci ni pitié. Rien que d'une souffrance brutale, un moment pour contempler l'horreur. Et pour dernière vision son visage tordu par l'hilarité. Folie à l'état pur. Elle se donne des apparences de Mort Bellatrix. Dernière pièce sur l'échiquier.

Ses talents de duelliste lui valent d'esquiver un premier sort. Le second l'atteint de plein fouet. Elle ne rit plus alors que les lianes lacèrent la dentelle fragile de sa robe, pénètrent sa chair. Déjà le sang chaud coule sur sa peau de porcelaine. Et si la douleur l'aveugle quelques secondes, elle se reprend tandis que Rodolphus entre dans la danse, la ravie d'un sort impardonnable. Délice pour les yeux. Leur deux rivaux ne lâchent rien et Bellatrix se refuse à les voir quitter le manoir en vie. Les yeux révulsés, le corps tremblant, elle lève sa baguette, les mots déjà formés dans son esprit. Mais Ruben n'est plus sous contrôle. Et un nouveau sort l'atteint sans qu'elle ne puisse rien faire. C'est d'abord la surprise qui l'empêche de respirer. Puis la douleur qui lui fait perdre l'équilibre, balancer sa baguette au sol. Le monde autour d'elle s'évanoui, les sons étouffés par sa propre respiration. Pas un mot. Pas la moindre insulte tandis que son regard s'accroche à celui de Ruben. Sans savoir pourquoi. Perdue. Désemparée. Elle sombre Bellatrix.

Toute l'horreur de l'instant la frappe quand elle porte ses mains à son bas ventre. Rien que quelques secondes ont suffit à les imbiber du précieux liquide rouge. Le sien. Celui qui ne devrait jamais couler. Trop pur pour échapper à ses veines. Trop précieux. Elle se laisse tomber à genoux, tâtant vainement le sol. « Ma baguette. Où est ma baguette ! » qu'elle enrage, crachant aux pieds du sang-de-bourbe.

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Ses traits sont déformés par la colère, Ruben, alors qu'il est dans l'antre du loup, en territoire ennemi. Jamais il ne serait cru un penchant pour la destruction, mais ce soir, elle pulse dans ses veines, furieuse. L'envie de déchiqueter, mettre en pièces, il s'y abandonne sans aucune concession, sans aucune pitié ni retenue, parce qu'eux, tous autant qu'ils sont, ils n'y réfléchiraient pas à deux fois. Ce soir, l'heure de la vengeance a sonné; le vieux différent, la vieille haine qui l'oppose à Bellatrix se déverse enfin, et c'est si terrifiant, de sentir cette poussée d'adrénaline, presque malsaine, c'est à peine s'il se reconnait.
Autour d'eux, dans les débris qui jonchent le sol de cette autrement somptueuse - quoi qu'un peu macabre dans sa décoration. Il jette à peine un oeil au reste des affrontements, trop obnubilé par Bellatrix pour remarquer quoi que ce soit d'autre.

Les bruits de verre qui se brisent, les sorts qui fusent et ricochent contre les murs en stuc..et puis les insultes qui se noient dans le flot ininterrompu de violence. Les esprits et les coeurs, à bout, poussés dans leurs derniers retranchement. Tombée à genoux, la reine de glace, folie meurtrière dans le regard, qui s'est allumée comme un brasier sur lequel on jette de l'essence; les prunelles qui s'affrontent, il n'y a même plus de magie, alors que pour une fois, elle n'a pas l'avantage sur lui. - Tu as perdu quelque chose ? Lance-t-il mauvais, tandis qu'il se penche pour ramasser le morceau de bois, précieux sésame qui lui fait défaut. A deux pas de lui, Rosen s'est attaqué à l'inatteignable, la force des poings qui vient d'abord, réaction viscérale.

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Son corps est projeté en arrière, le souffle coupé par le choc sur sa poitrine. Sa baguette lui glisse des doigts, s'en va rouler sur les tapis soyeux du manoir, à présent recouverts de sang et de crasse. Sa tête et son corps endoloris viennent heurter le sol. Rodolphus ne comprend pas. Il lui faut un instant pour comprendre ce qui lui est tombé dessus. Et un poing rageur qui vient frapper de plein fouet son visage. Rodolphus laisse échapper un gémissement de douleur. L'air tout entier de ses poumons se vide. Son visage se tord, sa tête se tourne sous le choc. Par fierté, par orgueil, Rodolphus la redresse, vient planter son regard de glace dans celui de l'ennemi. Malone. Un autre poing lui fracasse le visage. L'arcade explose dans une gerbe de sang.

Rodolphus bout intérieurement, mais parvient à contrôler sa rage. Contrairement à Malone. Rodolphus tend les bras, parvient tant bien que mal à bloquer les assauts sauvages et désordonnés. Puis, tout devient plus clair. L'esprit de Rodolphus parvient à faire le vide, à retrouver le calme et la froideur qui le caractérisent. Esprit implacable et meurtrier. Il profite d'un énième mouvement de Malone pour l'attraper au col, l'attire vers lui. Son front vient cogner la face du sorcier qui le domine. Le sang coule. Profitant de son avantage momentané, Rodolphus poursuit son offensive. Il saisit Malone par les épaules. Je suis... Le fait rouler sur le côté pour se libérer. ... le loup. Et lui flanque un nouveau coup de tête.

Pantelant, le visage couvert de sueur et de sang, Rodolphus se remet sur pieds avec lenteur. Autour de lui, ceux qui n'ont pas profité du chaos pour s'enfuir se battent avec acharnement. Bellatrix semble en fâcheuse posture, sa baguette lui faisant défaut à elle aussi. Rodolphus scrute autour de lui pour mettre la main sur sa baguette, ne la trouve pas. Tant pis. Le duel s'est équilibré. Même diminué, Malone ne l'impressionne pas. Il est Rodolphus Lestrange, le bras-droit du Lord. Le sorcier le plus puissant après le Seigneur des Ténèbres. Je suis Rodolphus Lestrange ! beugle-t-il au manoir tout entier, rageur, ouvrant les bras en signe de défi. Un frisson lui parcourt l'échine. Un sourire carnassier s'étire sur ses lèvres. Ses assaillants comprendront bientôt ce qu'il en coûte de s'attaquer aux Lestrange.

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Les phalanges craquent sous la violence, désordonnées, il a les pensées embourbées dans la crainte qui lui vrille les entrailles, il n’sait plus très bien comment il s’est retrouvé au sol, à frapper, aussi fort qu’il le peut, comme dans les rues d’sa ville, parce que sa vie en dépend, parce que celle de Ruben en dépend. Il n’sait plus très bien si le sang qui l’aveugle est le sien ou celui du mangemort, carmin flamboyant qui se mêle et se ressemble, ruisseau de vermeil devenu étincelle de tous leurs combats. L’effet de surprise s’est estompé, les coups s’ajoutent à d’autres coups et il flanche, Rosen, il perd l’équilibre, perd sa prise sur le monstre qui lui fait face. Il reste un instant au sol, interdit, l’palpitant qui dérape et peine à se ressaisir. Un rire se coince dans sa gorge, entre la panique et la peur viscérale qui battent dans ses artères avec furie alors qu’il regarde l’ombre grandissante de l’aîné Lestrange envahir la pièce, sa rage scintillant dans chaque recoin, jusqu’au fond de tous les âmes.

C’est l’instinct de survie qui se déclenche, l’besoin de survivre pour se battre un autre jour, pour que ça compte. Mourir sur l’parquet des Lestrange n’est certainement pas son idée d’un sacrifice et alors que son ennemi est distrait par sa propre colère, c’est vers sa baguette qu’il voudrait se précipiter, le frêne salvateur qu’il cherche du regard, pour se sortir de là, sauver Ruben. Il se redresse, sonné, ses doigts ensanglantés tâchent la nappe trop blanche sur laquelle il s’appuie pour ne pas céder aux vertiges. - Ruben ! Hurle-t-il en le voyant, une baguette en main, et qu’importe si ce n’est pas la sienne, qu’importe où elle les emmène, tant qu’elle peut les épargner. Il se redresse complètement, les poings serrés, son seul avantage, sa seule chance de s’en sortir vivant, sa magie trop faiblarde, trop humaine, pour se mesurer au sorcier qui lui fait face. - Et pourtant, t’as été désarmé par un gosse de moldu. Lance-t-il, provocation ridicule dans la voix au spectre qui se tient entre lui et son échappée.

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Elle n'est plus que rage Bellatrix. Hurlant à en perdre haleine. L'horreur se mêlant à la cacophonie générale. Elle ne sait plus si elle souffre ou si tout cela n'est qu'un vulgaire rêve. Et ça l'a fait rire. Pauvre folle perdue entre deux mondes. Encore bien vivante alors que son sang imbibe le parquet. Sa conscience lui échappe. Elle ne réalise pas encore toute l'horreur de la situation. Son regard passant de ses ennemis au visage désormais tuméfié de son époux. Les traîtres finalement pas si faibles. Tout vole en éclats autour d'elle.

Le corps à nouveau transpercé par la douleur, son rire meurt au profit d'un cri d'agonie. Louve blessée. Elle le sent finalement. Ce liquide chaud qui coule le long de ses cuisses, chatouille ses jambes. Quand son regard se pose tout autour d'elle, Bellatrix comprends. Et elle ne peut s'empêcher de rire de plus belle. Parce qu'ils ont réussi là où elle avait échoué. Ironie du sort.

Plus rien n'a d'importance. Elle baignerait volontiers dans son propre liquide de vie jusqu'à qu'on l'ai entièrement drainé. Enfin débarrassé du monstre en son sein. Qu'ils continuent à se déchirer. Qu'ils s’entre-tuent tous. Qu'on détruise son beau manoir. Aucune importance. Laissez la verser sur le sol le petit être qui la dévorait. Laissez la redevenir la grande Bellatrix Lestrange.

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Tout d'un coup, le monde autour de lui se fait moins lointain, comme si la bulle de hargne qui l'enveloppait venait soudain d'éclater et c'est la voix de Rosen qui le sort de cette sorte de transe. Il réalise où ils se trouvent et la posture plus que périlleuse, suicidaire même. Son sang ne fait qu'un tour, alors qu'il jette un regard à son comparse, face à un adversaire qui est largement supérieur à lui en duels.
Quelques sorts fusent encore ici et là, mais la plupart des membres de l'ordre qui avaient participé à l'assaut ont décampé. Un silence de mort se fait, pesant; un de ceux qui glacent le sang. La réalité le rattrape, débris d'une lucidité qui s'était perdue dans le chaos de la soirée.

Il observe la silhouette de Bellatrix, sans vraiment la voir, fantôme de ce qu'elle a pu être, l'ombre d'elle-même. Il ne la reconnait plus, pas plus qu'il se reconnait, debout au milieu de toute cette destruction. Et pourtant, il n'arrive pas à ressentir le moindre remords. Ce qu'il voit, qu'il entend, c'est la provocation de Rosen, un dernier rempart entre la riposte imminente du maître des lieux. La baguette de bellatrix toujours en main, il s'élance vers l'ancien serpentard, le compagnon d'infortune -- il est temps de penser à sauver leur peau, faire preuve d'un minimum d'instinct de préservation. Le visage de bronze d'Astor, furtivement, se dessine devant ses yeux, au moment où il attrape le bras de Rosen pour les faire transplaner loin, le plus loin possible de cet endroit maudit.

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