aurores boréales

The police met the plane. They let you finish your meal. I know you'd like to believe it baby but you're more kid than criminal
☽☽☽ @Remus Lupin

La neige qui fond sous le soleil qui se meurt, l’apocalypse de cette fin d’été qui laisse place aux feuilles mortes qui se ramassent à la pelle, à tout ces éternels recommencement, encore un automne que tu verras, contrairement à eux, eux qui gisent, eux, vos amis, les tiens, les siens, et sa main qui ne te quittes pas, qui ne t’as jamais quitté, alors que tout git déjà sur le sol, alors que tu ne sais plus depuis combien de temps vous êtes là, les bouteilles se consommant, le drap jeté grossièrement sur le sol, risquant de s’envoler vers d’autres aventures, couvrant, réconfortant d’autres âmes perdues, comme la tienne Sybille, comme la sienne, lui, le lien qui s’entortille autour de ton poignet fragile. Son sourire qui s’entremêle aux étoiles qui commencent à apparaitre, spectacle des autres, de ceux qui n’ont pas eu votre chance, qui vous observent, espérant que vous ne les rejoindrez pas tout de suite à la fête, espérant encore et toujours que la victoire sera belle, que vous pourrez brandir les flammes charnelles de la liberté acquise, mais à quel prix douce cassandre, toi qui n’y croit plus, toi dont la foi s’est envolée, pour ne laisser que la place à la haine, s’engouffrant dans chaque recoin de ton cœur, autrefois si pur, qui se noircit à force que les enterrements s’accumulent, à force que le cercle se restreint. Tu n’as plus la force de ressentir de l’amour, tu n’as plus la force de supporter ce que ton corps endure à chaque soumission, à chaque regret, à chaque alternative qui ne cesse de te hanter, et si, et si tu avais vu ce qui allait se produire, aurais-tu pu les sauver Sybille, si tu arrivais enfin à tout contrôler, si ils arrivaient enfin à te faire confiance, toi, toi te penchant vers les serpents viles, eux qui ont réussi à te dompter, eux qui ont réussi à t’envouter.

Tu aimerais revenir en arrière, dans ces années lumières ou les unissons n’étaient que force, ou les corps se battaient avec espoir, ou tu ne savais pas encore que tout ne serait que défaite, où tu ne connaissais pas encore le prix à payer pour pouvoir sortir sans des menottes lacérant chaque partie de ta chair, insignifiants que vous étiez, enfants intrépides sans aucune notion du danger, dansant sur les bombes, rigolant à chaque frémissement, tu restes là, dans les champs de ruine, les corps de tes amis gisant six pieds sous terre, et toi, encore vivante, pesée, oppressée par cette chance qui n’en est rien, par cette culpabilité de ne pas être tombée toi aussi, toi qui était moins courageuse que Dorcas, moins intelligente que Benjy, toi qui finalement ne sert à rien, toi qui n’a pas assez de courage que pour continuer à te battre pour tes valeurs de naissance, qui choisit la facilité en intégrant doucement la sombre abysse des abimés, des maudits.

Tout qui semble si loin, un monde ailleurs, les corps qui ne deviennent que fumée dans ton esprit en sa présence à lui, lui qui est tout, lui qui a toujours été tout, Remus, Remus et son sourire et sa voix qui apaise les loups frémissant dans ton cœur, Remus et sa main chaude qui se repose dans la tienne, alors que tout s’écroule, que la guerre ne fait que commencer, que Dumbledore devient un martyre, que tout pousse à croire que vous ne serez pas là pour voir comment tout va se finir. « On pourrait vivre ici, loin de tout. » Autour de ces roches, dans le cœur de la montagne qui vous accueille cette nuit, dans l’orée des ombres, à des kilomètres loin de ce qui vous attend le lendemain, à l’abri de tout, à l’abri des cris du cœur, à l’abri de lui, Rosen que tu oublies, un instant, un instant seulement, pansant ton cœur de lit de feuilles nourricières, dansant sous le soleil mourant, avec lui, ton meilleur ami, qui te porte encore et toujours, pour que tu ne sombres pas dans les ravins de la colère. « Tu crois qu’on a encore une chance de gagner ? » Tu soupires, reprenant un verre, tout devenant flou. « J’aimerais avoir la chance de mourir assez vieille que pour faire découvrir cet endroit à mes enfants et à mes petits-enfants » Si seulement tu pouvais déjà trouver la personne avec qui tu pourrais créer un nouveau domaine de lumière, si seulement tu n’étais plus cette ombre de toi-même Sybille.

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The police met the plane. They let you finish your meal. I know you'd like to believe it baby but you're more kid than criminal
☽☽☽ @Sybille Trelawney

Remus restait bien silencieux, perdu dans ses pensées. Ses pensées qui se mélangeaient entre tout et n'importe quoi. Mais surtout lui. Surtout sa peur et son angoisse qu'il puisse le découvrir et disparaître de sa vie, comme le reste de ses amis. Remus, et sa peur qu'on puisse le haïr pour ce qu'il était. Et pas seulement parce qu'il était un loup garou. Secret bien gardé, qu'ils avaient su découvrir parce qu'ils étaient réellement ses amis. Le jeune Lupin restait encore bien nostalgique du temps passé, comme si ce passé pouvait l'aider à espérer un meilleur avenir. Mais vivre au temps présent, Remus avait parfois beaucoup de mal. Il n'en parlait à personne, pas même à Constance. A quoi bon ressasser ce présent qui le faisait angoisser à un point? Autant se réfugier dans ce passé où l'insouciance était encore de mise. Aujourd'hui, il ne faisait que se poser toujours les mêmes questions, à se tourmenter de savoir s'il finirait par découvrir la vérité, comment réagirait-il? A côté, sa condition de loup garou, ne semblait rien. Et pourtant, c'était un sujet qui le préoccupait tout autant. Et il se perdait dans le fil de ses pensées, comme maintenant. Alors qu'il voulait juste profiter de l'instant de calme, profiter du répit et de ce moment avec Sybille. Bien loin d'imaginer qu'il commençait à s'éloigner de tout sans qu'il s'en rende compte.

Il ne se rendait compte de plus grand chose, Remus. Ni du temps et des années qui passaient, ni même qu'ils étaient en train de perdre. Mais peut être pas au final? Remus voulait y croire mais il avait bien de plus en plus de mal à croire en quelque chose de positif. Mais il était l'ami qui était pour les autres, dans les coups durs comme dans les joies. Comme le mariage de James et Lily et la naissance d'Harry. Ces souvenirs le rendaient heureux et lui permettaient de garder encore espoir d'un monde meilleur.

Alors il s'accrocha encore une fois. Il voyait bien que Sybille avait peur et sa question ne fit que confirmer qu'elle avait besoin de lui. Remus s'approcha d'elle pour la réconforter, oubliant momentanément ses propres interrogations. Vivre ici? Ca serait le rêve mais Remus n'avait pas le droit au rêve. Alors il répondit: " Tu sais, ça serait bien, oui en effet mais il y a les autres et on ne peut pas les laisser..." Le visage de Sirius s'afficha un instant devant ses yeux avant de disparaître et il reprit: " Je pense qu'on finira par gagner. Dans les histoires, le bien triomphe toujours et le mal finit toujours par faire un faux pas... Il suffit de garder l'espoir..." C'est ce que Dumbledore lui avait dit un jour que Remus lui avait exprimé sa crainte qu'on le rejette à cause de sa condition. Aujourd'hui, il avait bien du mal à garder cet espoir. Il s'était éloigné de Sybille et il soupira. Il la comprenait. Elle n'était surement pas la seule à formuler ce voeu. Et lui-même espérait vivre un peu plus longtemps pour continuer de voir ses meilleurs amis. Il savait qu'il donnerait tout pour eux.

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The police met the plane. They let you finish your meal. I know you'd like to believe it baby but you're more kid than criminal
☽☽☽ @Remus Lupin

Les hurlements de liberté des animaux autour de vous, eux, simples spectateurs de cette guerre qui fait rage, alors que vous, vous deux vous avez tout perdu, tout vécu dans cette bataille ou la victoire n’est qu’un espoir déchu, alors que toi tu n’y crois plus, alors que tu essaies de vivre ces derniers moments, ces derniers moments partagés avec ceux que tu aimes, parce que tu ne sais pas ce que sera demain, parce que tu ne sais pas si tu seras encore là. Tout s’étiole alors que le temps passe trop vite, tu t’imagines des notes de musique, piano qui vole, qui s’entremêle aux bourrasque de vent, froid d’Ecosse, alors que les landes s’étendent et que toi tu danses, tes mains croisant le chemin des étoiles naissantes dans cette peinture marine. Tu les imagines, eux spectateurs de ta tragédie, leur visage s’inscrivant dans le décor, alors que tu vois le sourire de Thalia, que les rires de Dorcas s’étendent dans l’air du vent qui ne cesse de frapper. L’espace d’un instant, tu n’es plus dans les cimetières ou les spectres périssent, ou les claquements des squelettes se font entendre, tu n’es plus dans l’ambiance d’épouvante que ces horreurs font jaillir, tu n’es plus ce zombie au myocarde qui ne bat presque plus. L’électrochoc qui te fait vibrer, alors que la lanterne du Pitiponk essaie de te montrer un autre chemin, un chemin de douceur, un chemin de rire ou la victoire serait encore possible, ou tu pourrais tout célébrer, tout vivre avec lui, lui qui est la seule lumière qui te reste, le seul être cher qui te pousse à ne pas sombrer dans les forces obscures, de ne pas devenir un vampire assoiffé du sang de ses ennemis, de ne pas devenir aussi cruelle qu’eux. Tu danses, les fantômes de tes amis t’accompagnant, leur joie qui t’emplit, alors qu’un instant, un instant seulement, la guerre ne fait plus rage, tu n’es qu’une fille dansant devant son meilleur ami à la nuit naissante, aimant la vie, remerciant la vie de pouvoir encore respirer, de pouvoir encore apprécier un ciel étoilé, de pouvoir encore danser comme un rituel, de pouvoir apprécier les anciens souvenirs au gout bonbon acidulé. Tu mets ton plus beau déguisement, tu redeviens la Sybille d’avant, avant que tout s’effondre, avant que tu te rendes compte que la nuit n’est qu’une parenthèse, que demain tout reprendra, que tu seras de nouveau soumise au déchirement du choix. Tout qui s’arrête dans un souffle alors que tu perds le tien, alors que tu t’approches de lui, lui dont l’odeur t’apaise. « Les autres ? Il reste qui ? Cela me fait toujours drôle quand je repense à nos débuts, quand on s’est tous engagé dans l’ordre, on était une bonne cinquantaine, maintenant plus de la moitié est parti, tout n’est qu’une foutue roulette russe. » La chance, la seule chose qui fait que vous êtes encore en vie, le complexe du survivant qui te dévore, toi qui n’a pas les mêmes compétences que certains de ceux qui vivent dorénavant dans l’autre monde. « J’espère qu’on sera encore là pour célébrer cette victoire, qu’on puisse revivre dans un monde de paix ou l’on a pas peur de chaque personne qui nous entoure. » Tu soupires « J’aimerais ne plus devoir m’inquiéter en permanence qu’il arrive quelque chose aux personnes que j’aime. » Rosen qui apparait dans ton esprit, un instant avant que tu l’effaces, tu lui parleras, tu te le promets, tu feras tout pour le rendre heureux, si vous êtes encore là à la toute fin, si vos cœurs ne sont pas aussi détruits que vos corps, si la lumière peut encore jaillir de l’ombre des pertes des âmes diluviennes.