Helen Borrow était finalement devenue Helen Mills. Et Mayra ne pouvait être plus heureuse pour son amie.C'est ensemble qu'elles s'étaient imaginées des milliers de fois marcher dans la grande allée d'une somptueuse église, une robe magnifique tombant jusqu'à leurs pieds, l'homme parfait au bout. Des rêves de gamines qui se réalisaient enfin pour Helen. Mayra avait revêtu une robe magnifique aussi. Mais pas aussi sublime que la robe immaculée de la mariée. Elle était la seule des demoiselles d'honneur à ne pas avoir d'escorte, aussi Helen lui avait-elle trouvé la solution idéal : son frère serait son cavalier. Elle s'en accommodait Mayra, heureuse de ne pas avoir à affronter les regards lourds des invités qu'elle ne connaissait pas. Il y avait parmi eux de nombreux individus aux accoutrements étranges. Tous amis du marié. Et Mayra avait compris. Le cœur battant à tout rompre dans sa poitrine, l'angoisse lui retournant l'estomac, nouant sa gorge. Des sorciers. Et inévitablement Helen devait savoir. Elle l'espérait mais n'oser avouer à son amie ce terrible secret qu'elle partageait. Peut-être que son cher Rufus ne lui avait encore rien dit. Mayra n'avait d'autres choix que d'affronter la soirée, se faire discrète.

La cérémonie passée, Mayra est presque certaine de pouvoir survivre à la suite. La soirée s'annonce festive et le dîner succulent. Elle ne fait pas de vagues Mayra, parle seulement lorsqu'on s'adresse à elle, visiblement mal à l'aise. Elle joue la carte de la timidité, reste en retrait. La plupart des regards préfèrent s'attarder sur sa voisine de table. Antigone. Elle a retenu sans mal le prénom tiré des grands classiques grec. Mais alors que la conversation se tourne vers les événements malheureux survenus ces derniers temps, des éclats de voix attirent l'attention. Sourcils froncés, Mayra se tord le cou pour tenter d'apercevoir d'où vient le vacarme. Quand les voix se font pressantes, que quelques invités s'offusquent, elle se lève d'un bond, mouvement suivi par sa voisine à qui elle accorde un regard. Toutes les deux se précipitent vers les deux hommes prêts à en venir aux mains. Elle prend son rôle de demoiselle d'honneur trop à cœur Mayra, ne veut pas que cette magnifique journée soit gâchée. Helen et Rufus ne méritent pas ça. « Messieurs, s'il-vous-plaît, je suis sûre que votre différent peut se régler calmement. » C'est alors qu'elle remarque l'accoutrement déplacé d'un des deux hommes. Pendant quelques secondes, son cœur s'arrête de battre et ses poumons se vident de leur oxygène. Un sorcier. Les choses pourraient très vite dégénérer.

@antigone cooper  

Elle laisse la peur l'envelopper, l'angoisse infiltrer chaque organe de son corps. Paniquée à l'idée que les choses dégénèrent, que la situation lui échappe. Terrorisée à l'idée que les pires individus de cette espèce ne se soit introduit au cœur de la cérémonie. Qu'arriverait-il alors ? Elle n'a aucune idée des enjeux Mayra, ne sait rien sur rien. Seulement qu'ils sont dangereux, qu'ils sèment la terreur et la mort. Elle sait qu'Aiden revenait chaque fois plus meurtri, des blessures enfoncées dans sa chair et son âme. Et ça suffit pour l'empêcher de respirer, faire courir des frissons le long de son échine. « Je... ça va aller, merci. » Elle ne sait plus à qui se fier, se sent trahie par ses propres sens. Son regard examine la jeune femme avec qui elle a partagé la majeure partie, lui adressant à peine quelques mots polis. Il subsiste en Mayra un espoir. Celui de croire en l'humain. Éternelle optimiste. Pauvre gamine naïve.

Le problème lui échappe et les deux hommes n'ont pas l'air de vouloir prêter d'avantage d'attention à celles qui tentent de les séparer, leur faire entendre raison. Ils poursuivent leur petite bataille verbale à grands cris de jurons. Et Mayra sait qu'elle ne pourra pas les calmer avec toutes ces pair d'yeux braqués sur eux. Elle aimerait disparaître au fond d'un trou, ne pas être le centre de l'attention. Mais c'était ce qu'elle était devenu à la seconde où elle avait accepté de devenir demoiselle d'honneur. Elle ne pouvait pas faillir à son devoir, ne pouvait pas laisser tomber Helen maintenant. « Messieurs, trouvons un endroit calme et tâchons de résoudre votre différent. Je suis sûre... » Sa phrase meurt dans une exclamation étranglée tandis qu'elle est violemment bousculée, projetée en arrière par le sorcier. Fin des négociations. Elle ne fait pas le poids Mayra, pleinement consciente que ses mots n'auront jamais aucun effet. Complètement démunie, elle n'est qu'un pantin. Vulgaire poupée de chiffon entre les mains de ces êtres puissant, supérieurs.

@antigone cooper