I woke up. Parce qu'au fond, tout n'était qu'un doux rêve, une illusion dont ils s'étaient drapés, qui les abritait du monde réel, et qu'ils avaient finis par confondre avec cette réalité trop cruelle. Ces amours de jeunesses, celles qui n'ont pas vocation à durer, qui ne sont que les émois des jeunes coeurs s'éveillant à la vie... elles ne sont jamais que des étapes, des leçons qu'on apprend, des épisodes, chapitres plus ou moins longs dans le cours d'une vie. Non, on est pas sensé aimer toute sa vie celui qu'on rencontre durant les jeunes années, un simple préambule dans un cocon, loin des véritables épreuves, des véritables choses qui forgent une existence. - It's time we grow up. It's not like this was going anywhere anyway.

Les mots l'atteignent en plein coeur et il lui faut quelques instants pour encaisser le coup. Les poings serrés, dernier rempart pour ne pas vaciller sous la violence du choc, pour se maintenir droit et fier face à celui qui vient de tout réduire à néant, en l'espace de seulement quelques secondes. - I see... Le filet de voix qui s'échappe, il n'a plus rien à voir avec le tonnerre habituel, la fougue qui le caractérise. Il est tombé, Ruben, la statue, fière et pleine d'assurance s'est brisée en mille morceaux, et il en contemple les débris, éparpillés sur ce sol humide de cette rue pavée si riche en souvenirs. - It seems I didn't know you as well as I thought.. il a le coeur au bord des lèvres, et presque les larmes aux yeux. Le détachement dont est capable Astor, son prince des grands chemins, cette indifférence est une douche froide à laquelle il ne s'attendait pas, une claque monumentale d'une violence inouïe. [color:d3e0=#cc66°°]- in that case... il lui faut toute la maîtrise de soi dont il est capable, pour ne pas flancher, pour que sa voix ne tremble pas. - tell me that you don't love me anymore. dernier pari, qu'il espère perdre de toutes ses forces, dernier ultimatum, dernière chance pour que tout ne soit finalement qu'une mauvaise blague dont ils finiront par rire - look me in the eyes and say it.


@astor bullwark

Il entend son palpitant qui se craquèle au creux de ses os, tout son torse s’écrase sous le poids des dernières omissions, des ultimes mensonges. Ce n’est qu’une autre histoire réinventée, un simple détour, comme toutes ces prédictions gardées pour soi, ce n’est qu’un autre récit tronqué, comme toutes ces fois où il ne raconte que des moitiés de vérité aux badauds qui traînent dans les foires, à peine un mensonge, juste un autre secret. Pour sauver sa peau. L’amour pour la vie. Il ne comprend pas encore que la vie ne vaut pas la peine d’être vécue si on arrache son propre cœur, qu’on se défait de cet autre qui veut tout dire, qui fait que tout à un sens. Il le regarde, si beau et tremblant et prêt à s’agripper à chacune de ses paroles tant qu’elles relancent l’espoir, qu’elles n’achèvent pas des années de rêves communs.

Gorge serrée par les émotions qui se dessinent en mille déceptions sur les traits de l’aimé, Astor se tait, étudie les gestes, se gave de son image, essaie d’imprimer dans le fond de sa mémoire chaque détail de sa peau, chaque trait, chaque expression. Peut-être que s’il se rappelle de ce moment plutôt qu’un autre… Peut-être qu’il oubliera le bonheur, peut-être qu’il parviendra à se complaire dans la douleur de cet instant et tout le reste n’aura plus aucun sens. - It seems I didn’t know you as well as I thought. Oh Ruben, you know me better than anyone. - I don’t think you ever knew me at all. Le serpent se couvre de froideur, enferme le gosse qui veut encore étreindre l’autre au fond de son être, où les bruits de son cœur font échos à ceux des fissures. - Look me in the eyes and say it. Son dernier rempart, ce qu’il reste du lien qui se tisse encore autour de toutes leurs promesses. Il voit bien qu’il tente le tout pour le tout, qu’il le défie de franchir le point de non-retour, et Astor sait que c’est la seule chose qui a le pouvoir d’en finir, alors il plonge son regard dans le sien, sans flancher, sans un souffle. - I don’t love you anymore. Et autour de lui la nuit, cette nuit qui lui collera à la peau pendant dix ans.