Combien de fois s'étaient-ils retrouvés là, dans le décor simple, presque un peu miteux de cette auberge sans prétention, ce lieu de passage de sorcier de tous de tous âges et de toute stature. Entre les murs de l'auberge, il y a un morceau de vie, pas vraiment idéal, mais auquel il ne renoncerait pour rien au monde. Jetés dans une vie qui n'avait plus rien des années insouciantes de leur scolarité, ils avaient construit ce havre, un peu boiteux, fait de brindilles d'espoir et de persévérance, et ils avaient continué d'écrire cette histoire, comme un pied de nez à ce torrent qui allait les engloutir. Combien de nuits d'amour, combien d'étreintes furieuses et presque désespérées, que les draps un peu rêches n'avaient pas su entamer, avaient-il volé à un destin cruel?

Vêtu à la moldue, un simple polo sur lequel il a jeté son vieux perfecto, il contemple d'un air un peu rêveur, la devanture de cette auberge, bicoque insoupçonnée dans une Londres grouillante, qui ignore tout de cette dimension qui vibre en son sein et qu'elle ne voit pas. Il n'entre pas, profitant d'une cigarette pour masquer la nervosité délicieuse, celle d'un coeur qui se languit avant de retrouver celui avec lequel il bat à l'unisson. Les souvenirs tourbillonnent dans son esprit; il revoit ce grand lac noir qui l'avait tant fasciné lorsqu'il était arrivé à tout juste onze ans. Il se souvient d'avoir voulu s'y baigner, mais le vieux directeur à la barbe d'argent, avait rapidement mis un terme à cet espoir secret. Maintenant que les années ont passé, ce souvenir le fait sourire. Au lieu de s'y baigner, il a passé, près du lac noir, beaucoup de moments qui, il est sûr, resteront gravés dans sa mémoire. Comme ce premier baiser avec la jeune serdaigle dont il a oublié le prénom, lors de sa troisième année. Et puis les sorties nocturnes clandestines, avec les autres membres de leur petit breakfast club. Et puis bien sûr, les étreintes fiévreuses avec Astor, son prince de bronze sous l'oeil indulgent de Sélène, bravant les couvre-feu imposés pour s'aimer librement, l'espace de quelques heures.


@astor bullwark

Il a les mains qui tremblent, Astor, et le regard qui s’perd, là dehors, à l’infini, au-delà du monde réel, là où son don l’emmène, où les pensées et le mystique se perdent et se mêlent, les couleurs et les réalités confondues, un univers au-delà, plus loin que tout, où il n’est plus tout à fait lui-même, plus qu’un pion du destin, vision improbable entre les temps séparés, les histoires qui se forment et le clap de fin, cruel et inévitable. Vaisseau des messages des Moires capricieuses, enfant piqué par la curiosité, l’envie de savoir, de comprendre, qu’importe les mots de l’ancêtre, le garçon veut savoir, connaître la grandeur de son avenir, lui l’enfant roi sacrifié, il veut se voir vainqueur, au dessus de tout, ambition démesurée des serpents et, surtout, espoir fou de la jeunesse dans un monde où on ne veut rien lui donner, à lui, avec sa gueule de métisse et son sang de voyageur. Il ne veut qu’un brin d’envie, un quelque chose vers quoi tendre la main, s’accrocher, un rien pour promettre à Ruben qu’il n’y a que du bonheur qui les attend, eux contre le monde, qu’en dise leurs familles et la décence, il veut le prendre dans ses bras, l’emmener vers la réalisation de leurs rêves, et simplement l’aimer, l’aimer, l’aimer.  

Ses mains tremblent toujours, il a les épaules lourdes d’une nouvelle réalité et sur la langue le goût amer des déceptions, dans l’fond du coeur la peur, poison violent qui déclenche l’instinct de survie, éclate les certitudes, exacerbe l’égoïsme. Il s’extirpe à peine de l’adolescence, Astor, il n’est pas prêt pour les sacrifices, il ne veut pas mourir, putain non, il veut vivre, vivre à s’en faire mal, vivre à courir le monde, à ne plus savoir que faire de tout son temps, il veut la liberté et l’infinie et le monde à ses pieds. Entre les murs rayonne la silhouette de l’aimé, et il a l’palpitant qui dérape, il reste là, à la l'entrée de la taverne, à regarder la figure de Ruben, comme peinte sur le magnifique tableau des souvenirs du crépuscule sur le lac noir. Il n’ose pas bouger, ne veut pas précipiter l'instant, profiter encore un peu avant les blessures, et dans sa cage thoracique, pourtant, se tracent déjà les fissures. Est-ce que son amour vaut la peine de mourir ? Oui. Il ne le sait pas encore. Oui, cent fois, mille fois. Mais il ne voit rien que sa jeunesse et les excuses se bousculent sur bord de ses lèvres.

Ils avaient prévu de se retrouver, rendez-vous clandestin, dans le dos de leurs présents respectifs, profiter de ces petits moments d'un bonheur trop fugace, dernières miettes d'une vie qui s'enlise dans le passé, qui comme la lune, s'évanouit au petit matin. Cet endroit, il a vu les derniers sursauts d'espoir, pour les braises encore chaudes de cette relation sur laquelle le monde semblait jeter un regard indulgent, comme celui de l'adulte qui sait ce que sont ces premiers émois, intenses mais fugaces. L'auberge, baignée de ce soleil déclinant, là où ils se retrouvaient parfois, sporadiquement pour s'évader un peu d'un présent morne et cruel.
Perdu dans ses souvenirs, il ne remarque pas tout de suite la présence d'Astor; le profil tant aimé qui se dessine presque en filigrane dans le jour qui s'achève. Ça pourrait être un signe, mais il ne pense même pas que ça puisse être le cas, il est simplement dans la bulle, leur bulle.

Et puis, après quelques minutes, il tourne la tête et l'aperçoit; il est si beau, soldat de bronze, dessiné avec tant de finesse, sculpté comme ces statues antiques qu'il voyait autrefois dans les musées, lorsque ses parents l'emmenaient visiter les merveilles renfermées dans le coeur grouillant de la capitale britannique. Un sourire naît sur ses lèvres, Ruben. Il est à mille lieux de se douter de ce qui se trame, des astres qui s'apprêtent à leur tourner le dos, à broyer tous les espoirs inscrits dans le sable que la brise effacera. - How long have you been standing there? Lance-t-il avec la taquinerie dans le regard, le coeur battant, erratique, dans la poitrine. - Don't I get a kiss? Il le voit soucieux, Astor. L'enfant des routes, cartomanciens avec le regard toujours un peu perdu dans le vague, mais aujourd'hui, un peu plus qu'à l'accoutumée.


@Astor Bullwark

How long have I been standing here ? Un instant, une éternité. Il n’en sait rien, il ne veut pas savoir, seulement se gaver de son visage, imprimer, encore et encore, les détails de son faciès, de la moindre tache de rousseur. Il crève d’envie de s’enfuir, filer, se comporter comme un lâche, parce que c’est ce qu’il est, parce qu’il n’a pas l’courage de faire face aux visions qui empoisonnent ce palpitant qui ne fait que déraper, à chaque regard de sa lumière. Il est au bord des enfers, Astor, les portes sombres s’ouvrent à lui comme une promesse, la pénombre au loin devient l’improbable salut. L’amour ou la vie. La vie. Putain oui, la vie. Un coeur, ça se brise, ça se répare, n’est-ce pas ? Le temps passe, les amours adolescentes ne comptent plus. Ça ne vaut pas le coup de mourir pour des passions secrètes, ils ne sont destinés à rien, de toute façon, deux gosses dans cette société pas prête pour eux, entre le bronze et l’ivoire et les serments d’une alliance qui lui enserrent la gorge et les poignets. - I just got here. Ment-il, un faible sourire au bord de ses lèvres crispées.

Quelques pas sur le parquet grinçant, rompre la distance entre deux, quelques pas pour fracasser le destin, détruire tout ce qu’il a de plus précieux, tous les espoirs alors murmurés sur ces rives détentrices de leurs baisers clandestins, de tous ces sourires, envoyés de l’un à l’autre et aussi aux rêves partagés, qu’Astor s’apprête à étouffer entre ses doigts décidés, douloureux mais déterminés. Il hésite. S’offrir l'euphorie d’une dernière chance, d’une ultime étreinte. Se tenir en retrait, se garder de le toucher pour ne pas flancher, au risque d’oublier. Il ne se souvient plus très bien, de la dernière fois, parce qu'alors il ne savait pas, c’était hier pourtant, c’était il y a mille ans. Il l’évite, détourne le visage, crache l’égoïsme sous la forme de ces quelques mots d’une banalité déplorable, qui ne lui appartiennent même pas. - We need to talk.

Il est définitivement ailleurs, son prince des routes, l'enfant aux ailes qui ne peuvent être repliées, à la soif de liberté jamais étanchée. L'esprit est voilé, brouillé par les pensées parasites qu'il ne devine pas et qui pourtant, vont l'ensevelir. - I just got here. Ils sont si près, mais un monde les sépare, un monde fait de pensées funestes, d'augures de malheur. Il y a de la lourdeur dans ces quatre petits mots, et tant de mélancolie dans le fond du coeur sur le point d'exploser, de se briser à jamais. Deux pas en avant, pour combler la distance, mais une brèche qui ne cesse de se creuser, la fissure dans le mur de leurs certitudes, des serments et des promesses dont ils ne pouvaient pas mesurer l'ampleur, pris dans les méandres de cette jeunesse fougueuse qui n'a peur de rien.
Hier encore, ils étaient pleins de cet optimisme à toute épreuve, de cette foi en eux-même, en ces mots trop grands pour eux: le destin, l'éternité, inébranlable foi qui aujourd'hui, les poignarde dans le dos.

Deux silhouettes dans le crépuscule, dans le jour qui s'évanouit, comme le château de cartes de leur histoire. Ils se font face, ils devraient être au comble de l'euphorie, carte maîtresse de toutes leurs entrevues, de tous ces moments volés à un destin cruel qui les berce d'illusions trop fugaces. Pourtant, l'atmosphère est lourde, chargée de cette tension qui ne peut rien présager de bon. Il a le coeur qui bat furieusement dans la poitrine, Ruben, parce que les mots de son soldat de bronze n'inspirent rien que cette nervosité malsaine, l'angst qui s'insinue, poison mortel, dans chaque souffle, chaque soupir étouffé. - We need to talk. Il s'efforce de ne pas laisser paraître l'inquiétude, le tourment de cette petite phrase assassine, qui à elle-seule fait plus de dégâts qu'une insulte. - Very well.. talk to me then... lance-t-il, tendu, les prunelles cherchant désespérément celles du cartomancien, pour y déceler un indice, la moindre petite trace qui permette encore d'espérer.

Autour d’eux les mélodies se décomposent en lourd silence, il ne voit plus que lui et l’éclair dans le fond de ses océans. Il peine à respirer, Astor, il ne sait pas comment faire, il ne sait pas par où commencer, il n’a jamais su, il n’a jamais eu le courage, il n’est pas fait de ce bois-là, il est lâche, le voyant, il ne connaît ni sa force ni sa détermination, les sacrifices sont pour les braves, les rouges, ceux qui ne sont ni assez malins ni assez rusés pour survivre. Il ne comprend pas, pas encore, un jour peut-être, non, non, il veut vivre, il veut se mentir et penser qu’il peut, sans Ruben, ce n’est qu’un amour adolescent, après tout, ce n’est qu’un temps, le temps d’apprendre, de devenir homme. Ce n’est pas fait pour durer, les amourettes de jeunesse. Alors pourquoi…

Pourquoi les griffes du destin égratignent son palpitant avec une telle violence, pourquoi son corps tout entier refuse de s’accorder avec sa tête, chaque pore à la recherche de sa peau, de sa chaleur, le soleil de ses nuits noires. Les mots comme la ferraille sur le cercueil de leur histoire, talk to me then... Il se mord les lèvres, la sentence prisonnière de sa gorge serrée. It’s not fair. Et derrière les paupières un instant closes il revoit les morceaux de papier, les visions et la vérité dégueulasse qui s’est étalée sous ses yeux fardés de larmes. Il se tient droit, Astor, comme pour se convaincre de sa propre résolution. - I think it’s time to end this... Ça rage en dedans, ça hurle et ça se débat, l’amour presque dément s’accroche, se révolte, abîme les os, écorche le coeur, violent rejet de la lâcheté, de l’abandon. - … to end us. Glacial, foutu serpentard dans son costume de flegme et cruauté.

Il est figé sur place, sans aucune réaction. Parce qu'il ne peut pas croire ce qu'il vient d'entendre, les mots qui sortent de la bouche d'Astor, comme une lame plongée en plein coeur, une main glacée qui lui enserre les entrailles. L'air manque, il a l'impression d'être en train de se noyer, que le sol est en train de se dérober sous ses pieds, et qu'il est en train d'être aspiré par le vide, un vide encore plus puissant qu'un trou noir. Il ne veut pas croire. Il doit avoir mal compris, c'est impossible autrement. - No. Protestation à peine murmurée. Hébété. Et puis le vent se lève, bourrasque à l'intérieur qui se déchaîne, tempête qui gronde, dévastatrice, et emporte tout sur son passage; qui ne laisse derrière que des débris, la désolation et le chaos. - NO... Incapable de prononcer autre chose que ce mot là, si misérable, tellement pas à la mesure du désarroi. - I.. can't accept... this.. Les mots reviennent enfin, en désordre, un flot saccadé. Il fait un pas en arrière, réflexe de protection, presque de déni, comme si cette conversation n'était pas en train d'avoir lieu. we love each other.. le cerveau qui nie ce que le coeur ne peut pas encaisser, palpitant qui saigne, déchiré de la main même de celui qui était tout.

Au fond, pourtant, il savait, Ruben, que ce jour finirait par arriver. Il n'est pas complètement naïf, et ses idéaux ne sont pas destinés à être chose que des fantasmes. Ceux qui dessinent un monde où l'amour ne doit se plier à aucune norme, juste un rêve qui ne peut pas se réaliser. Il aurait voulu plus, avoir plus de temps pour eux, pour avoir encore un peu de ce voile d'insouciance pour se parer, mais la réalité est froide, elle ne prévient pas, ne donne aucun préavis. Et son entêtement ne fait que rendre les choses plus douloureuses, mais il ne peut pas se résoudre, s'avouer vaincu. Le lion qui rugit en dedans, l'empêche de voir le monde tel qu'il est vraiment, dans toute la laideur de son injustice et de sa partialité. - Why? Why now..? What's the hurry? Il serait prêt à se contenter de ça, de ces nuits volées, rendez-vous à la sauvette, encore pour un moment, un peu plus. Rien qu'un peu.



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Il ne sait pas comment s’y prendre, il ne sait comment être témoin de la détresse de Ruben et ne pas intervenir pour l’en sortir, il ne sait pas ne pas lui tendre la main. Comme il voudrait lui tendre la main, lui dire qu’il ne savait pas ce qu’il faisait, qu’il a paniqué, qu’il ne peut pas briser ses promesses, qu’il l’aime, qu’il l’aime, qu’il l’aime. Il reste droit pourtant, alors qu’en dedans il entend les échos de toutes les fissures et de tous les éclats d’son coeur battant. Il écoute ce qui se brise au creux de sa poitrine, sous la chair et les os, tout ce qui se casse et le coupe, tout à l’intérieur n’est que violence, bataille sanguinaire entre sa conscience et son instinct, entre l’amour et la peur. C’est Ruben ou la vie, c’est ce que les cartes lui ont dit. Il n’a que dix-huit ans, il a l’temps d’aimer encore, il a l’temps de se donner une autre chance. Les amours adolescents, ce n’est pas fait pour résister à l’épreuve du temps.

Il le voit qui refuse, s'offusque, rejette, il le voit qui ne veut pas renoncer, pas à eux, pas à ce qu’il partage, tous ces rêves qu’ils ont construit à deux, sur les rives du lac noir, dans cette chambre au dessus de leur tête, sous le couvert des étoiles. Comme il s’en veut, Astor, de lui faire mal. Ce n’est pas ce qu’il veut, lui écorcher le cœur, il voudrait rendre ça facile, apaiser sa peine de mensonges, lui dire que ça n’allait nulle part, de toute façon, ils le savaient, au fond. - Don’t make this harder that it needs to be. Please. Il ne bouge pas, ne sourcille pas, foutu serpentard, foutu comédien, charlatan de malheur qui abîme leur avenir commun, qui arrache à leur destinée une chance de se montrer généreuse, pourquoi t’essaies pas, Astor ? Pourquoi tu fuis, pourquoi t’as peur ? 'I never had a vision that was wrong'.  Répond-t-il à cette petite voix qui le hante, les doigts du destin resserrant leur colère sur son coeur exsangue. - I’ve got a duty to my family. Excuse à la con, excuse toute prête, excuse facile. This has lasted long enough Ruben.

Il le savait parfaitement, Ruben. Il n'est pas idiot, ni naïf. Il savait que tôt ou tard, ils devraient finir par rendre les armes, plier, battre en retraite. Il savait que leur histoire n'avait aucune chance face au temps, impitoyable époque qui se moque bien de leurs promesses écrites dans le sable. Pourtant, il tombe quand même de haut, le lion, il ne s'attendait pas à ce que la réalité les rattrape aussi vite. Il aurait voulu profiter d'avantage, se parer encore un peu de ce voile d'insouciance et d'innocence, ignorer une fatalité à laquelle il n'existe pas encore d'échappatoire. L'espérance est cruelle et la chute violente -- il était si loin de se douter, en arrivant dans ce refuge, leur havre, que la main glaciale du destin allait faire éclater cette bulle qu'ils avaient préservé, malgré la fin de leur temps à Poudlard.

Peau contre peau, la chaleur irradie de l'apollon de bronze, et il n'y a rien qui puisse venir ternir ce tableau. Là, dans les entrailles du château, dans cette salle qui épouse les désirs les plus secrets, ils sont à l'abris de tout, avec leurs rêves et leurs espoirs pour seul credo. La fièvre de ces instants d'amour, accord parfait des âmes contraires, est encore palpable dans l'air, la moiteur et la félicité, se mêlent dans un drôle de cocktail euphorisant, enivrant. C'est peu de choses, mais ça vaut tous les trésors du monde. always. ils y croyaient si fort, et avaient promis, avec toute la fougue de leur jeunesse, d'être toujours chacune des moitiés d'un tout invincible.

Il déglutit avec peine, ankylosé par le venin qui poursuit sa course folle, la morsure du serpent qui détruit tout. - I've got a duty to my family... l'excuse parfaite, les mots derrière lesquels il choisit de se réfugier, les brandissant en bannière. - so that's it..? you're ready to surrender..? just like that? Incrédule. Où est passée la fierté, l'esprit de rébellion qui l'avaient fait tomber sous le charme? - you were such a rebel Astor.. what has happened to you? La voix qui se brise, mais par fierté, il ravale les larmes, les poings serrés pour se donner contenance alors que tout s'effondre autour de lui...



@astor bullwark

Surrender ?  Or it is more like sacrifice ? Il n’abandonne rien, Astor, rien si ce n’est l’coeur arraché à sa poitrine exsangue. Il sacrifie leur relation pour sa vie, son amour pour l’droit d’exister, de braver la cruauté du destin. Il ne sait pas encore, Astor, qu’il meurt un peu à cet instant, dans l’fond des yeux de Ruben. Il meurt déjà alors qu’il baisse les bras, qu’il choisit le chemin facile. Il se dit qu’en suivant la voie tracée par son paternel il échappera à celle ô combien plus courte des sœurs damnées de la destinée -- ce n’est qu’une passade, les amours adolescents sont éphémères, n’est-ce pas ? Ce goût d’éternité sur sa langue quand il l’embrasse, ce n’est qu’une illusion, toutes ces promesses murmurées sous le firmament bienveillant, ce n’étaient que des rêves. There is no such thing as forever.  - what has happened to you ? - I woke up.

Il n’est pas fait du même courage que son amant. Il a peur. Tellement peur. Il est dévoré par une terreur insidieuse et partout où il va c’est le souffle glacé de la faucheuse qu’il sent sur sa nuque. La chaleur catalane de Ruben ne peut pas chasser les démons, même lui ne peut pas le protéger contre sa mauvaise fortune. Il ne peut même pas lui admettre la vérité, parce qu’il parviendrait à le convaincre que ce n’est qu’une chance parmi des millions, qu’il ne laisserait jamais rien lui arriver, sûrement pas à cause de lui, qu’à eux deux ils pourraient vaincre les prédestinations et les sales coups d’la vie, qu’il suffirait d’y croire, qu’il lui donne la main. - It’s time we grow up. It’s not like this was going anywhere anyway. C’est qu’il hausserait presque les épaules, le serpent, un détachement infâme peint sur le visage marmoréen, comme s’il s’en foutait de tout ça, comme si ça n’avait jamais compté - alors que ça compte plus que tout - comme s’il était capable de balayer cet amour d’un revers de main. Il se dit qu’il guérira, avec le temps, qu’ils guériront, sourd aux rires des parques qui déjà tissent leur vengeance.