this is why god abandoned us (ophelia, rosamund)

between the devil and the deep blue sea

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@rosamund malfoy & @ophélia rosier

Lente fumée diaphane, le poison s’échappe en exhalaisons d’entre les lippes rougies par l’orage. Sous la pluie battante, il marche, presque à reculons, drôle de contradictions pour l’animal social qui retarde ses pas dans l’espoir vain de retenir le temps, temps qui file, qui roule comme les gouttes sur la peau grelottant sous les vêtements glacés. Sensation grisante au-delà des frissons, tout le corps gourd qui cesse de se débattre contre le froid et s’abandonne au choix de son hôte. L’eau claque sous ses chaussures trempées, chaque ploc sous ses semelles comme un coup de marteau sur les clous du cercueil des conventions et de l’inévitable. Theseus trop fier pour se contenter du répit ou de la pitié, après la perte et le deuil, le devoir de son rang, la postérité qu’il se doit de donner à son sang et la jalousie qui l’anime, le refus de laisser au fils du cadet le nom de Malfoy. Sans Nicholas le monde est gris, sans l’enfant perdu les larmes célestes ne sont rien sur l’épiderme transi de froid, l’âme en dedans s’est éteinte, le monstre a dévoré l’humanité bouillonnante de la paternité. La rue se dévoile à ses pieds, havre sorcier au coeur de la capitale, les pavés d’un chez lui qui n’en a plus la savoir sans les rires du fils dans la demeure. La cigarette meurt sur ses lèvres désormais bleues, il écrase inutilement le mégot dans la flaque au bas du perron, quelques secondes encore, un autre soupir.

L’improbable chaleur du manoir l’encercle de ses bras bienveillants, les murs gonflés des murmures des elfes qui s’affairent pour préparer les festivités, réception obligatoire pour annoncer l’union, les fiançailles perfides, infectées de préjudices et des responsabilités qui accompagnent son patronyme et la société cabalistique. - Master Malfoy. Accueil timide du servant qui connaît les éclats et la fureur, tête baissée face au maître des lieux. - Miss Rosier has arrived. La fiancée, l’inconnue, aperçue ça et là lors des soirées mondaines sans que jamais son regard ne s’attarde, trop jeune, sans intérêt, juste une autre tête blonde dans la foule insignifiante. Une Rosier, l’ichor immaculé, la promesse d’une alliance et d’un héritier, une poignée de mains fatidiques pour lier les destins, accords archaïques entre les hommes autour de l’ambre effervescente, pour l’avenir et les apparences, pour les traditions et l’honneur méphitique d’une société qui se débat avec sa propre extinction. D’un sort murmuré, il sèche son costume, efface les traces de ses piétinements, l’allure fière et le port altier, Malfoy dans toute sa splendeur, la comédie comme une seconde peau. - And so has your mother. Regard furieux vers le gnome qui s’échappe en geignant, impatient de se mettre à couvert avant que le monstre s’éveille. Quelques enjambées vers l’un des salons dont la porte entrouverte reflète un feu de cheminée en désaccord avec la saison, les ombres se dessinent sur les façades du couloir alors qu’enfin il passe le seuil. - I don’t remember you being invited. Paroles corrosives sur la langue acérée, la figure de la matriarche exécrée, fantôme de sa jeunesse aux préférences tronquées, invisible et insensible à l’aîné, silhouette opalescente dans les souvenirs de l’avant. Il plie les manches de sa chemise blanche, désinvolture calculée alors qu’il aperçoit sa promise du coin de ses opales irritées. - Ophélia. Se contente-t-il, faussement révérend, pour saluer la jeune femme.

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@theseus malfoy & @ophélia rosier

Elle a à peine pris le temps de se changer, revêtir pour l'occasion une tenue qui ne soit ni trop formelle ni trop décontractée; encore qu'elle a hésité un moment à jouer la carte de la provocation, puisque c'est ainsi que la partie a été lancée, tacitement. Pourtant, étrangement ou non, les vieille habitudes sont tenaces et dictent le choix d'un ensemble de tailleur couleur champagne. Simplicité et élégance éclatantes, pour le symbole: incarner la grâce sans montrer aucune faille et malgré tout déclarer ce qui n'est pas exprimé par les mots. Ils sont parfois, souvent insuffisants, ces mots, lorsqu'il s'agit d'une trahison de cette envergure. Ce n'est pas faute de les maîtriser, elle qui les manie avec tant d'agilité depuis plusieurs décennies, mais une image vaut dix-mille mots, et c'est le parti qu'elle choisit de prendre ce soir.

Dans les salons feutrés du restaurant où elles sont attablées, les trois dragons s'entretiennent autour de mets délicats; c'est une réunion d'une régularité quasi à toute épreuve, matriarches qui tirent encore, de loin, les ficelles de toute une strate sociale, un pan entier de cette élite magique qui se renouvelle sur les même bases, imperturbables, immuables. - Tu transmettras mes félicitations à Theseus. Décidément, ça devient une habitude de mêler nos deux familles.. remarque d'un air amusé, l'éternelle amie, l'alliée indéfectible. Elle porte son verre à ses lèvres, Ros, sans sourciller, sans montrer la confusion qui s'installe. Remerciement polis et de circonstances, un sourire d'apparat, de ceux qui n'atteignent pas les yeux. - Bien évidemment. Et que veux-tu, on ne change pas une équipe qui gagne... réplique-t-elle sans se démonter. Les murs ont des oreilles.

Resplendissante, régalienne; elle a la fière allure des Faucigny et le charisme des Malfoy, et elle entre dans le repaire du fils, de l'héritier, comme en terrain conquis, car il n'y a plus personne devant qui elle doive incliner la tête. Elle a ce feu dans le regard, même si le visage est de glace; Souveraine de cette dynastie qui se déchire de l'intérieur, en proie à la terrible hargne d'années passées à ne manquer de rien, sauf de chaleur humaine, d'amour. Elle masque la répugnance qu'elle éprouve envers ces petites créatures que la famille, comme tant d'autres de ce pays qui l'a adoptée, s'entête à garder à son service. L'elfe couine de façon inintelligible, des suppliques à laquelle elle se ferme sans aucune autre forme de procès. L'héritier fait son entrée, l'art de se mettre en scène qui est devenu la signature, la marque de fabrique, exactement comme son père avant lui. Mauvaise humeur qui le suit comme une ombre. - The invitation got lost i suppose, along with your manners. Cinglante, mais le ton demeure soyeux. Car on n'élève pas la voix pour se faire entendre, c'est trop vulgaire. Le regard suit l'aîné, pour se poser sur la promise, l'analyser quelques secondes, et reconnaître la prestance des Rosier. - Dearest, I do hope you know what you're taking on.. L'avertissement sans malice à la future bru, qui se retrouve malgré elle au milieu des tirs croisés. - I'm sure you will be the perfect addition to this family. l'accueil ambivalent, à la fois bienveillant et un test qui ne dit pas son nom, exactement comme celui qui lui avait été fait, tant d'années auparavant.

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@THESEUS MALFOY & @ROSAMUND MALFOY

Sans doute qu’elle en avait conforté un maigre espoir naïf, comme si après tant d’années à errer dans les corridors du manoir Rosier elle trouvait enfin la place qui lui était due. Que ça soit facile – que ça soit évident, un dessein auquel elle serait destinée depuis le premier jour, une chance fugace d’enfin obtenir les faveurs de son père, de toucher du bout des doigts ces matriarches à l’allure de puissance et de plomb auxquelles toujours elle avait voulu ressembler. Sotte, qu’elle se devine, quand elle pénètre à même l’antre qui n’a d’accueillant que sa beauté ; alors même que Rosamund Malfoy se détache de la pénombre à sa surprise ; alors même que Theseus ferme la marche, comme une danse minutieuse et absurde dans laquelle personne ne respecte les battements. C’est comme une pièce de théâtre qui se déroule sous ses yeux et elle n’en est que spectatrice, son texte soudainement oublié, le silence suspendu à ses lèvres. Il y a le cœur qui bat, trop vite, trop fort, l’horreur de faire de ces erreurs qui ne se rachètent pas, un pas de travers, quelque faute puisqu’il en faut bien – elle n’aura qu’une chance et elle le sait.

« Theseus. » Elle fait mine d’incliner la tête, mais son nom lui brûle les lèvres, comme si elle n’avait pas le droit de le prononcer – de le porter. Le soulagement de voir débarquer Theseus s’éteint aussitôt, l’atmosphère pesante et gorgée de tous ces mots qu’aucun ne semble dire. Elle les observe se saluer dans cette froideur qu’elle connaît bien, mais qui lui est étrangère ce soir, elle qui n’a plus qu’une hésitation brûlante nichée au fond de sa gorge. Remise entre les mains de ces sourires habiles dont elle ne connaît pas les ruses, elle est à nue, et son amour pour la discorde s’efface au profit d’une tempérance qui se sait nécessaire. Ses yeux glissent vers Theseus, solide comme pour dissuader, mais les siens sont un océan insondable duquel elle ne détient encore aucun secret. Le malaise la gagne, pèse sur ses épaules comme pour voir jusqu’où elle peut tenir avant de laisser son masque se craqueler, alors elle choisit le silence face aux avertissements lancés à son égard. À ne savoir qui croire, vers qui se ranger sans mot dire, un conflit dont elle ignorait même l’existence. La loyauté est due mais elle n’a pas encore pris racine, Theseus cet étranger à peine aperçu, à peine entendu – et elle ose supposer en croisant les iris de sa mère que c’est l’appui silencieux dont elle avait besoin. « Thank you. Proving myself worthy of your house will not be an easy task. » Les mots sont pesés, minutieux, pas un qu’il manque, pas un de trop ; comme si tout avait été planifié à la moindre syllabe. Mais il n’en est rien, la transparence plus que la flatterie, elle qui n’attend que de faire honneur. A son nom, au leur. Le doute l’emplit, si persuadée qu’elle n’a rien à offrir et qu’ils s’en rendront bientôt compte, jamais assez, surtout pas pour des Malfoy. Mais le menton demeure haut, l’ombre de ses pensées à l’abri de tous les regards, eux trois qui s’observent, avec attention, avec mépris, comme s’ils se voyaient pour la première fois. A ces débuts glaciaux, elle ne sait trop à quoi s’attendre, coincée là entre l’un et l’autre, dommage collatéral des fissures entre mère et fils.

Elle sait qu’elle devrait s’arrêter là, Ophélia ; se tapir dans l’ombre jusqu’à ce qu’on l’interpelle, encore et encore, sage et silencieuse, et elle voudrait presque s’en excuser d’être là, d’interrompre quelque chose qu’un œil aussi ignorant ne devrait pas voir. Puis c’est l’envie de fuir qui la prend, mais elle en raffermit son attache au sol, s’ancre trop profondément pour pouvoir se défaire de ces liens invisibles. Et si Rosamund s’efface, que pourrait-elle bien dire à cet homme qui n’est que geôlier à la gueule d’ange, lui qui a piétiné sa liberté pour la dignité d’une descendance.

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@rosamund malfoy & @ophélia rosier

Confrontation des astres, collision céleste qui se décline sur les trait communs de la mère et du fils aîné, fines lignes qui marquent l’appartenance, ce sang qui se ressemble et qui vibre sous l’épiderme glacé, poussières d’étoiles inattendues que déforme le destin. Tous les deux se font face et se reflètent, pourtant il ne voit en elle que l’absence et l’indifférence, elle ne reconnaît que le défunt patriarche dans la figure de sa descendance. Il se tient comme son père, Theseus, son fantôme comme une ombre dans la nuit de ses opales, spectre monstrueux qui suinte des pores de l’héritier, foutue gangrène qui engendre l’horreur. - Or you still haven't learned to take a hint, mother. Le ton est las mais les mots sont comme un combustible violent sur le feu de leurs aigreurs. La haine est enracinée autour du myocarde suant les poisons, nulle lanterne dans le creux de sa poitrine, ni pour la mère ni pour l’amour, cage de piques et d’aiguilles qui ne se nourrit plus que de la peur et des interdits.

À la lueur de l’âtre se joue le théâtre des squelettes animés de rancoeur, et au milieu de ce chaos il l’observe du coin de l’oeil, la nébuleuse, cette drôle de silhouette dans un coin de la pièce, ailleurs et si bien là, promesse d’un avenir tout tracé, déterminé par les cruelles habitudes d’une société pourtant désuète. Il l’étudie, la jeunesse encore teintée de naïveté, les paroles calquées sur l’éducation et les réprimandes. Il sait, parce qu’il a infligé les mêmes discours à sa propre soeur. Acquiesce, pèse tes mots, ne hausse pas le ton, tu n’es qu’une femme, après tout. Il soupire, le flegme et l’irrévérence au bord de ses lèvres sournoises. - I guess it depends whose standards you’ve based your opinions upon. La malice glisse sur sa langue alors qu’il tourne le dos aux deux femmes. Il se sert un verre d’un malt sans âge, sans daigner en offrir ni à l’une ni à l’autre, un instant seul dans la pièce ombragée des mémoires d’un autre temps alors qu’au mur l’horloge sonne comme une condamnation. Quelques minutes à peine les séparent de l’arrivée des premiers invités.

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@theseus malfoy & @ophélia rosier

Face à face des titans, deux orbites qui entrent en collision. Statues de glace, le même sang coule dans leurs veines, mais ils sont devenus presque étrangers l'un à l'autre. Les années ont creusé le fossé, impitoyable, qui sépare la mère et le fils, la matriarche et l'héritier, façonné à l'image de son père, sous sa tutelle d'acier où la douceur n'avait pas sa place. Plus le temps a passé, plus elle voit, dans les traits de l'aîné, la présence d'Abraxas, cette dureté dans le regard, détermination qui dévore tout sur son passage, et par dessus tout, cette certitude d'être maître et seigneur parmi le commun des mortels. Cette similitude presque en tout point, même si elle n'en dit mot, la terrifie, spectatrice impuissante de la transformation qui continue encore de se produire, en dedans, pernicieuse, et petit à petit, en dehors aussi, jusqu'à ce que les traits finissent par se confondre. Copie pas exactement identique, mais la ressemblance de plus en plus frappante. - or your still haven't learned to take a hint, mother Elle ne gratifie pas cette remarque d'une réponse, provocation qui ne ferait que jeter de l'huile sur un feu déjà ardent, celui des non-dits et des occasions manquées.

Et Ophélia, agneau sacrificiel, sur l'autel des convictions ancestrales, celles qu'il faut préserver la pureté avant tout et à tout prix. Elle, poupée de chiffon dans ce duel, qui se tait et observe. Nul doute qu'elle se fera bafouer, une seule bouchée dans la gueule du loup, ce fils qui reproduit le comportement paternel. Elle voudrait lui dire, il faut qu'elle s'endurcisse, qu'elle s'affirme à sa façon, condition sinequanone de sa survie au sein de l'impériale dynastie. - Mine of course. Evidence. Elle se sert, les gestes mesurés, de ce malt précieux, les prunelles vissées dans celles de l'enfant qui n'en est plus vraiment un. Ces iris au fond desquelles, derrière la glace, danse une sorte de lueur mélancolique. - Theseus Nicholas Malfoy, this isn't how we treat a fiancée, is it..? Le regard qui se tourne vers la jeune Rosier, bienveillant. - Your hardest task will be to survive in this family, if you don't toughen up dear. Gorgée prise avec lenteur, pour faire honneur à l'ambre délicate.

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@THESEUS MALFOY & @ROSAMUND MALFOY

Elle aurait pu s’amuser du chaos se déversant à ses pieds si elle ne se sentait pas aussi absurde et vulnérable, plantée là entre eux deux. Les mains crispées comme pour se préparer aux coups qui ne viendront pas, fermer les yeux pour mieux encaisser la déplaisante réalité d’une famille n’en étant que de nom. Et cette sensation inquiétante qui croule sous sa peau comme pour s’y faire un nid, l’impression qu’elle assiste à quelque chose qu’elle ne devrait pas voir. Un instant elle se demande ce qu’elle fait là, comment elle a pu fissurer les barricades des Malfoy pour pénétrer en leur cœur, là où elle sait qu’elle n’appartient pas.

Ils se ressemblent l’un et l’autre, pourtant la froideur de leur regard les rendrait presque ennemis, et Ophelia laisse les mots de Theseus lui revenir en écho comme une menace. Aucune issue, aucune neutralité possible quand les murs semblent se refermer sur elle, elle qui n’est pas venue ici pour attiser les hostilités qu’elle savait innées en eux. Sans doute qu’elle aurait pris son parti si elle l’avait plus connu, si elle avait vu plus de lui que cette armure glaciale qu’il porte si bien, rarement loyale mais loyale tout de même. Ou ces mots n’avaient été que chamaillerie entre un fils et sa mère. Mais elle sait qu’il n’en est rien – elle sait comment sont les familles comme celle-ci, comme la sienne. La méfiance imprégnée dans tous les mots, chaque regard comme un duel sans fin. Pourtant elle ne se sent pas aussi seule qu’elle aurait dû, même si l’envie de fuir creuse entre ses côtes pour chatouiller ses tripes. Rosamund, presque-sauveuse, comme un bouclier tendu qu’elle n’ose trop prendre. Méfiante encore, le regard dénué de toute envie, elle offre un sourire mesuré – c’est tout ce qu’elle peut faire.

Mais il subsiste encore la rage d’origine, celle qui l’avait habitée nuit après nuit quand on lui avait offert un futur sur lequel elle n’avait aucun contrôle. Et si jamais elle n’avait tenu tête à son père, trop soucieuse d’être digne de lui, elle s’était promise de ne jamais oublier à quel point elle refusait de s’effacer, de fille à femme, de femme à fantôme. En restait juste assez pour retrouver le venin amer qu’elle confectionnait entre les syllabes innocentes de ses mots. « And I guess not all standards are to be based upon. » Un esprit critique toujours calfeutré, toujours étouffée, de mère en fille comme un héritage. Elle lève ses yeux vers Theseus, sent la chaleur lui monter aux joues quand elle se souvient que rien n’est encore joué, que l’alliance entre les deux familles est encore bancale. Et égoïstement, elle voudrait tant pouvoir changer la donne, annuler ce qui a été scellé d’une poignée de mains entre deux hommes qui ne la connaissent pas. Pas vraiment.

Soudain elle sent une bouffée de compassion pour Rosamund, pour ces années de silence et de soumission passées aux côtés de son propre mari. Solide, immuable – et sûrement forte une fois les portes du reste du monde fermées derrière elle. Elle qui finalement avait hérité de cette famille entière quand il n’y avait plus eu personne pour lui dire quoi faire. Et elle ne put s’empêcher de se demander si ce joug lui manquait. « It won’t be a problem. » There are worse things than this, que les mots la démangent, mais elle se ravise juste à temps – peu désireuse d’étaler le linge sale des Rosier aux yeux de ceux qui ne savent pas tout. « I know how men behave – even with their mothers. Some things really are pitifully predictable. » Avec ça, les miettes de ses derniers espoirs envolés — que s’était-il imaginé ? Un reproche qu’elle partage sans trop réaliser, elle qui n’avait jamais rétorqué de la sorte à ses parents. Elle sent le regret battre à son oreille au rythme des pulsations qui s’affolent, mais reste droite malgré tout, s’imaginant les yeux grand ouverts quelle serait la pire chose qui pourrait bien arriver ce soir.

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@rosamund malfoy & @ophélia rosier

Il est las des recommencements, des moments d’ailleurs qui viennent se greffer au présent éclaté, composé de ces morceaux d’une histoire qui n’a plus d’sens. Theseus qui se dérobe à son humanité pour ne pas se cogner aux réalités de son destin écorché par les violences de toutes ces pertes et de cette haine qui le dévore, à laquelle il s’abandonne, monstruosité admirée dans l’ombre de ses pensées délétères. Animal social que la foule adore, dont les lippes trompeuses déversent les poisons et les mensonges, mirage auquel on offrirait tous les saints. Theseus les regarde sans les voir, vampires indignes qui ne méritent ni son nom ni son attention, elles qui l’épuisent et le provoquent, l’arrachent à l’infamie dont il teinte sa demeure. Sa fierté le piège au cœur de cette conversation qu’il n’a pourtant ni l’envie ni la patience d’avoir. Le spectre de l’anneau à son doigt rappelle les premiers tâtonnements d’un vieux chapitre, d’une histoire sans amour dictée par les traditions et l’arrogance, la défunte souffle à l’oreille du mangemort et les échos de sa voix se tissent au vent des convives qui envahissent le couloir adjacent et rappellent la présence non désirée de la génitrice qui ne montre aucun signe d’abandon, qui se tient là comme dans son manoir, épouse l’espace du charisme tout particulier des Malfoy, effet miroir qui le fait grimacer, parce qu’ils se ressemblent plus qu’il ne veuille bien l’admettre. - I’d say you are about thirty years late to try and deal out lessons. Sec, ingrat, le discours se gonfle de rancune et de venin. - I would not take your advice when it comes to having some manners. Elle l’intruse qu’il pointe du doigt alors qu’elle se sert impunément, qui se peint maîtresse des lieux.

Une poignée de main. Innocence sacrifiée à l’autel de l’orgueil et des concordes, sorgue jetée sur la jeunesse volée. Ophélia n’est qu’un instrument pour parvenir à ses fins, retrouver la splendeur déracinée, qui pourrit six pieds sous terre avec les os de l’enfant. Il n’apprécie guère son audace, moins encore l’influence qu’elle reçoit de la mère qui ose se ranger à ses côtés. Il crève d’envie d’étouffer l’ardeur, d’en éteindre le lustre entre ses phalanges craquelées. - Nothing ever is, Ophélia, until one actually breaks. Les mots se déguisent en conseil mais ils sonnent comme ce qu’ils sont vraiment, une menace. Les enseignements d’Abraxas transpirent à travers chaque syllabe, mépris du genre féminin qui tâche l’allure superbe, teinte les manières désuètes mais assumées d’une certaine horreur. - You will learn soon enough that there are times where silence is the best answer. Attaque sans aucune honte qui se discerne sous ses traits les plus sombres, lui qui se fout de se faire aimer par la jeune femme, annonce d’une phrase une seule les couleurs sinistres du mariage à venir. Un bruit derrière lui détache son regard qui se pose sur la forme prostrée de l’elfe misérable qui attend un signe de son maître pour oser parler. - Your guests are asking for you. - Then I guess we musn’t let them wait any longer.

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@theseus malfoy & @ophélia rosier

Il avait cette façon de se complaire dans une certaine forme de théâtralité, Abraxas. Faire une entrée remarquée, soignée, sans que ça ne se remarque jamais, qui ne demande pas d'effort. La race des seigneurs, qui glisse sur le monde, comme un terrain conquis, où tous ploient et courbent l'échine devant leur figure imposante, le nom qui commande la déférence. Héritier façonné, Theseus marche dans les pas du paternel, figures augustes coulées dans le marbre, altières, sûres de leur domination, de leur assise sur un parterre méprisé. Le regard va du fils, enfant roi, favori d'un père tyrannique aux ambitions à peines voilées, à la fiancée, monnaie d'échange dans ce monde où la femme n'a qu'une valeur décorative, une productrice d'héritiers. Fille de Brann et Edda, la douce promise n'est pas étrangère aux querelles et aux déchirements internes, fléau de toutes ces familles, le cercle des patricien où les unions se décident entre hommes, autour d'un whisky pur-feu, dans des salons feutrés. Les sentiments sont une terre inconnue dans le jeu des alliances, une variable si peu prise en compte, ignorée et moquée. Le sentimentalisme est le rempart des faibles. Les mots de son propre père qu'elle entend de nouveau, résonner à ses oreilles, qui avait dicté les décisions, chaque tournant important, modelant les vies de toute la fratrie, moule ancestral immuable. - vulgarity is no substitute for wit..even your father knew and abode by that.

Pourtant, elle a fini par s'affranchir, libérée de l'ombre de l'époux, rupture en sous main, sans coup d'éclat, parce que la vulgarité est un écueil qui l'horrifie et s'avère souvent contre productif. - you'd do well to take your own advice ... le calme olympien conservé, toujours, tandis que le duel se poursuit, sans faiblir en intensité. Elle termine le verre de malt, sans quitter le fils du regard. Elle s'interpose, pas par élan d'affection pour la jeune femme, elle la sait capable de s'opposer à l'enfant terrible, il y a cet éclat dans le regard de la jeune Rosier, qui la conforte dans ce pressentiment, intuition qui l'a rarement trompée au fil des décennies de vie. Non, elle riposte parce que la remarque est à double tranchant; force est de constater qu'il a hérité de son talent pour manier les mots, camoufler les pires bassesses dans un voile de velours, leur donner presque des airs de compliments, de conseils amicaux qui ne sont que des trompe l'oeil.

Et puis la créature frappée, qui de nouveau fait son apparition, sortie de nulle part, attachement jamais compris pour ces êtres. La voix mal assurée qui vient signaler au maître des lieux que ses premiers invités sont arrivés. - No, it is rather rude to do so. commente-t-elle, le visage seulement marqué d'un sourire sibyllin, luxe de ceux qui ont l'expérience derrière eux, sagesse des ans.

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@THESEUS MALFOY & @ROSAMUND MALFOY

Son prénom a des airs de venin dans sa bouche, et Ophélia lève les yeux vers celui qui la possèdera bientôt. Un profond dégoût l’envahit soudain, une envie puérile de saboter les plans du paternel à sa faveur – mais elle n’en fait rien, sagement assise comme si elle attendait sa sentence. Les mots du fiancé lui brûlent le derme comme de l’acide, et elle n’ose trop imaginer l’empreinte qu’il laisserait sur son bras, sur son cou – si frêles et si… brisables. « As I said. Pitifully predictable. » Et elle tient son regard, mesquine petite inconsciente qui sait qu’elle ne pourra pas arrêter la machine du temps, et certainement pas celle du sang. Elle s’en sentirait presque honteuse d’avoir espéré que la punition soit tolérable, d’avoir ne serait-ce qu’une minute songé que son avenir pourrait être plus doux que ce qu’elle s’était toujours peint en silence. Alors elle garde la face tant bien que mal, une leçon d’apprise, une qu’elle n’oubliera pas de sitôt alors que soudain elle comprend que Theseus n’a de beau que sa soi-disant pureté. Il aurait pu lui plaire, dans une autre vie, s’il eût été autre chose que froid et infâme. Mais elle n’est pas seule et elle le sent. C’est par cette mère qui bien avant elle avait emprunté le même chemin dangereux, sur lequel il est si aisé de se perdre ; et en sa compagnie elle sent soudain un frisson de sécurité, presque prête à affronter la nuit qui vient. Presque.

Elle observe Rosamund se mouvoir près d'elle comme un phénix aux cendres encore chaudes, s’inspire de la puissance qui émane de la prisonnière enfin libérée, la seule des deux qui gagnera son respect ce soir. Elle remarque à peine l’arrivée de l’elfe, et lui prête encore moins son attention, trop happée par ses pensées. Finalement elle plonge derechef dans ce mutisme assagi qui la prenait un peu plus tôt, incertaine de la tournure que prendra la suite alors que les choses avaient déjà si mal commencé.

Ophélia se lève la première, plisse le tissu de sa robe le long de ses cuisses comme si elle ne pensait déjà plus qu’à partir. Mais la nuit est encore jeune et elle sent sur ses épaules fragiles le poids terriblement familier des responsabilités, comme mille fils la rattachant à Theseus, tous plus impossibles à couper les uns que les autres. Ce ne sont pas des gens qu’elle connaît, là-bas, mais des noms à impressionner par cet héritage qui n’est même pas encore né, le prochain fils Malfoy aux veines d’ichor, celui-là même qu’Ophélia n’est pas sûr de vouloir porter. Et si le patronyme est un honneur, elle sent la honte lui caresser la joue, trimballée comme un trophée de salle en salle, belle mais creuse, tellement dispensable une fois les rideaux tombés. « Shall we go, then? » ose-t-elle presser, réajustant ses épaules comme pour gagner en hauteur devant ce presque-rival – et plus elle approche, plus l’odeur de Theseus lui prend à la gorge. La senteur est obscure, charmante ; mais inconnue, tristement inconnue, comme si elle l’inhalait pour la première fois. Et elle s’avance un peu trop vite vers la porte, son instinct lui criant de fuir avant qu’il ne soit trop tard. Ce soir tout est trop officiel, tout est trop… scellé. Mais choisir n’est pas un luxe qu’on offre aux filles comme elle, celles qui deviennent des femmes, des mariées, des mères, qu’on offre et qu’on emprisonne pour un honneur dont elles jouissent à peine. « You’re staying, of course. » C’est une question plus qu’autre chose qu’elle lance à Rosamund, les yeux pleins d’une détresse fatiguée, tentant de se convaincre de la réponse par peur de se retrouver seule aux côtés du fiancé. Oh, si peur, de ces démons qu’ils cachent à peine l’un pour l’autre. De la fausseté de l’alliance, de ces sourires amers. De cette corde qu’on lui passe autour du cou et qui au reste du monde a des airs de colliers.

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