please cancel my subscription to your issues

Un geste de la main dédaigneux en direction de son elfe de maison qui disparaît en un claquement de doigt. Envie de voir personne. Personne. Envie de ne parler à personne. Lucius ne parvient pas à dormir. Insomniaque, elles sont un lointain souvenir ces nuits où il pouvait se reposer avec un sourire triomphant. Désormais son univers entier tremble et il est incapable de savoir s'il pourra offrir de nouveau la stabilité pour la famille Malfoy. Les siens. D'un pas traînant, il déambule dans les couloirs glacés du Manoir familial.

Et alors qu'il se dirige vers son salon, il aperçoit un filet de lumière sous la porte. Sa mâchoire se serre. Il fronce les sourcils. Il n'a pas besoin de pousser la porte pour connaître l'identité de la personne qui se trouve chez lui, dans son salon, certainement en train de boire son whisky. C'est donc dans un profond et long soupir qu'il finit par pousser la porte, confirmant ainsi son hypothèse. Bellatrix. « Tu comptes retourner chez toi … un jour … ou est-ce que je dois m'attendre à te trouver à chaque coin de ma demeure jusqu'au restant de mes jours ? » Il y a mieux comme salutation. Il y a certainement mieux comme début de conversation. Narcissa lui aurait certainement fait de gros yeux si elle l'avait entendu, même si elle a avec le temps laissé tomber l'idée de voir Bellatrix et Lucius se parler la bouche en cœur. C'est leur manière de fonctionner. Il ne la déteste pas, loin de là. Il a parfois envie de lui arracher la langue quand elle s'épanche un peu trop. Il a souvent envie de  perdre l’ouïe quand il entend son rire résonner dans son Manoir. Elle a toujours un don pour l'agacer, l'énerver, l'irriter et pourtant, elle a toujours été présente dans le décor de sa vie. Bellatrix fait partie de son univers, qu'il le veuille ou non. Alors, c'est devenu un jeu. Un art, même. Ils se jettent des sarcasmes au visage comme des ronds de jambe. Ils se balancent des insanités comme on salue son voisin. Bellatrix et Lucius, ce sont deux êtres qui se ressemblent un peu trop pour s'entendre à merveille. Sans doute reflète-t-elle ses mauvais choix et c'est la raison pour laquelle il aimerait l'évincer d'un revers de la main ? Elle a les traits marqués par un manque de sommeil. Et si cela aurait dû le faire taire, étrangement, il est ravi. Il est ravi de voir qu'il n'est pas le seul au fond du gouffre.

Ignorant Bellatrix, il se sert alors un verre de whisky pour finalement le porter à ses lèvres, les paupières closes. Si Bellatrix n'était pas là, ce serait le parfait moment. Un moment rien qu'à lui mais il n'a qu'à ouvrir de nouveau les yeux pour croiser le regard glacial de sa belle sœur. « Toujours pas lassée de jouer dans le mélo-dramatique ? » demande-t-il finalement en arquant un sourcil, se laissant doucement tomber sur le fauteuil derrière lui.

Elle le connaît sans doute suffisamment pour savoir que ses paroles ne sont pas uniquement sarcastiques. Elle le connaît suffisamment pour savoir lire entre les lignes, pour savoir que derrière ce venin se cache néanmoins un allié inquiet.

Codage par Libella sur Graphiorum

17 octobre 1987, manoir malfoy

Elle tourne rond Bellatrix. Lionne en cage. Le manoir Malfoy plus assez grand pour la contenir, retenir ses besoins. Sa vie qui se joue en dehors de ces murs. Elle s'est vue de nouveau grande Bellatrix. Entourée de sa petite cour. Amis précieux. La décadence dans le rétroviseur. Passé houleux qui vient la hanter par vagues. Et toujours cette paire d'yeux brillant qui la transpercent, voient au-delà des apparences. Regard capable de transpercer son âme. Les mots échangés qui tournent encore en boucle. L'envie irrésistible d'être à nouveau sienne. Bellatrix Lestrange. A jamais. Mais toujours le souvenir amer. L'étreinte mortelle qui ne relâche pas son cœur. La fierté qui demeure. Elle noie ses sombres pensées dans le whisky pur feu. Réconfort chaleureux. Poison qui coule allégrement dans ses veines.

La sérénité du moment brusquement arrachée. Elle serre les dents, ses doigts prêts à s'enfoncer dans le cristal. Un moment de paix, est-ce trop demandé ? La nuit comme refuge, l'obscurité comme amie. La même idée avait germé dans l'esprit du maître de maison. « Je fais désormais partie du décor. » Parasite nocif. Pas encore délogée. Et ce n'est pas lui qui la fera battre en retraite. « Estime toi heureux de ne pas avoir perdu ta demeure Lucius. » Les mots acérés. Elle est agacée Bellatrix. Observatrice silencieuse, elle ne perd rien de sa démarche, de son teint de cire. Plus lugubre que jamais. Comme brisé. Elle connaît ce regard pour y avoir plongé si souvent. « Sans moi et Narcissa tu n'aurais peut-être plus rien. » Vérité qui pique. Elles se sont démenées pour sauver les apparences. Les sœurs Black à qui rien ne résiste. Les sœurs Black comme unique rempart.

Elle ose un sourire narquois, ultime affront. Il y a pourtant une étincelle de tristesse qui persiste à briller au fond de ses yeux. Rappel constant de ce qu'elle a perdu. « Jamais. » et elle lève son verre en sa direction. Célébration silencieuse. A tout ce qu'ils étaient. A tout ce qu'ils sont. A ce qu'ils seront peut-être.

please cancel my subscription to your issues

Il ne peut contenir ce rire non pas moqueur mais approbatif à sa réponse. Elle faisait partie du décor. Bellatrix avait toujours fait partie du décor de sa Vie. L'ombre de sa présence avait toujours flotté au-dessus de Narcissa. Les propos cinglants de Bellatrix avaient toujours sifflé près de son oreille, ainsi que ses conseils plus ou moins judicieux. Elle faisait partie de la famille et quoiqu'il en décide, il avait fait un serment pour la vie. La famille Blake, unie à jamais aux Malfoy. Pour le meilleur et surtout pour le pire. Le sourire de Lucius s'arque légèrement. Perdre sa demeure. Il y avait pensé au fond de sa cellule humide d'Azkaban. Il n'avait de pensées que pour son fils, son épouse, leur survie dans le Chaos qu'il avait malgré lui semé. Il s'était imaginé une Narcissa désemparée, une vie éclatée en mille morceaux. Puis, il s'était souvenu. Cissy ne devait pas être sous-estimée. Elle ne serait pas seule. Elle saurait trouver la ressource nécessaire à son retour. Il le savait. Cette force coulait dans les veines de chaque Blake. Perdre son statut de sorcier influent. Perdre cette aura qu'il avait mis des années à entretenir. Cela avait été le coup le plus dur. Alors, il reposa son attention sur son verre qu'il venait de remplir de ce liquide ambré.

« Toujours dans le mélodramatique et toujours à détruire les portes ouvertes à ce que je vois. Ca aide a se sentir chez soi. » siffla-t-il sans la moindre émotion au fond de sa voix. Aucune vérité lui était inconnue. Lucius, genou à terre, semblait plus coriace qu'autrefois pour encaisser les coups. Azkaban rend la peau dure, apparemment. Il porta son verre à ses lèvres pour en boire une infime gorgée, après avoir à son tour lever celui-ci dans sa direction. Ils en étaient là. Puissants sorciers. Genoux à terre. Blessés dans leur orgueil, ce qu'ils chérissaient sans doute le plus.

« Merci d'avoir pris soin de ma famille, Bellatrix. » Un murmure dans le silence qui avait pourtant repris sa place entre les sorciers. Lucius n'avait jamais été à s'épandre sur ses sentiments et pourtant, il était capable de dire ce qui était nécessaire quand il était nécessaire. Certes, elle n'avait pas fait cela pour ses beaux yeux, mais y n'empêche qu'il savait que cela était risqué, que cela attirait les regards, les soupçons et que sont peu nombreux ceux qui mettent leur famille en premier plan. Il avait prononcé ces propos en fixant le mur qui lui faisait face, et relevait doucement la tête vers sa belle-sœur.

Codage par Libella sur Graphiorum

17 octobre 1987, manoir malfoy

Le manoir Malfoy devenu presque sien. Un autre repère. Un réconfort tout relatif. C'est la présence de Narcissa qui rend sa situation plus supportable, un peu moins difficile. Narcissa qui sait et comprend. Et Bellatrix qui voit le retour de Lucius d'un mauvais œil. Comme la fin d'une ère. Pire encore, elle ignore comment Narcissa s'y est pris. Elle sait seulement que plus rien ne sera comme avant. Le nom de Malfoy a tout jamais entaché de ce secret. Lucius qui ne retrouvera probablement pas sa gloire d'antan. Lucius qui ternit ce nom sacré. Elle se délecte pourtant du spectacle Bellatrix. Elle qui n'a peur de rien, balaie les étiquettes. Elle y voit une aubaine pour eux. Lucius en disgrâce, c'est le moment de sortir de l'ombre. Enfin assumer ses choix. Comme elle.

"C'est aussi ma famille." Elle n'a pas eu besoin qu'on le lui dise. Pas besoin de rappel. Elle est prête à tout pour Narcissa. Et elle sait combien cela la rend faible. "Cesse tes jérémiades." Qu'elle s'agace finalement. Il est grand temps de changer la donne. Leur retour est imminent. Et Lucius doit jouer son rôle. Quel qu'il soit. Elle prend pourtant la mesure des dégâts à le regarder qui fixe des points imaginaires. Le grand Lucius Malfoy abattu. Comme perdu. Et elle se demande si elle aussi a l'air si désespérée. Si les autres peuvent voir toutes les fêlures et craquelures qui déchirent son âme, empoisonnent son cœur.

"Le Seigneur des Ténèbres saura reconnaître ton sacrifice. Il a déjà tendu la main à Cissy et j'ai bien sûr pris sur moi dans l'intérêt de Draco." Le gamin en perdition. Sans père pour le guider, elle avait pris sur elle pour l'aider dès à présent à faire les bons choix. Draco ne rentrerait pas à Poudlard sans savoir à quoi s'en tenir. Elle y veillerait.