En me baladant dans cette rue, rendue fuligineuse par la tombée de la nuit et l'absence de lumière, je ne peux m'empêcher d'esquisser un maigre sourire. Je passe devant un bar où de nombreux dipsomanes semblent se réjouir de la victoire d'une équipe quelconque d'un sport que je vilipende. Comme tous les autres sports moldus du reste, je n'y vois pas l'intérêt. Remarque, je ne vois en ces créatures que des simples d'esprits cacochymes qui clabaudent au moindre signe d'une intelligence supérieure, autant dire à peu près tout le temps, c'est exaspérant. L'un des moldu, portant un maillot de son équipe préférée visiblement, donne un coup de coude à un autre de son espèce qui semble être atteint d'erythrophobie et n'ose pas bouger. Le premier se résigne donc à faire preuve d'oblativité, et se lève pour entamer une mercuriale qui résonne à mes oreilles telle une glossolalie incohérente et purement sans intérêt. L'anamnèse s'empare de moi. Subitement, comme ça. Je me rappelle de ça. C'était en 1981, ou 1983. Du moins je crois. Enfin, je ne sais pas. Jamais été intéressé par ça. Pourtant l'information est bien là. Le discours de ce gars. Je le connais déjà. Un truc au cinéma. « Chariots of Fire » je crois. Beurk, j'aimerais me débarrasser de ces affreux souvenirs. « Regarde-les ces semnopithèques. Un zoo serait bien plus idoine pour les accueillir. Faire semblant de ne pas être dérangé par cette cohabitation ça... ça me dégoûte ! »  je crache sans la moindre ratiocination. Toujours jouer un rôle, faire semblant. Je dois garder ma couverture d'espion en tout temps. Et parfois ce n'est pas aussi simple que je le voudrais. Avec Bellatrix à mes côtés, cependant, tout devient plus... intéressant. Pas besoin de faire semblant avec elle, je peux parler ouvertement. « Oh mon dieu, tu as vu ça, ils ont réussi à faire que leurs images à eux aussi bougent. N'est-ce pas merveillleux ? » je lâche alors d'un ton papelard, imitant la voix criarde d'une greluche qui travaille au Ministère. Je n'ai jamais pris la peine d'apprendre son nom, sa fascination des moldus et de leur mode de vie m'horripile bien trop. « Bon, on attends quoi ? C'est celui qui est en pleine logomachie. Un bélître de l'Allée des Embrumes - non je ne te donnerais pas son nom - m'a dit que ce moldu n'était pas si ignorant de notre monde qu'il le devrait et que certains zélateurs du vieux fou barbu sont même venus le voir. » je lâche finalement, impatient d'enfin passer à l'action. Inutile de préciser que mes informateurs ne sont pas adepte de la taxinomie et ont tendance à s'embrouiller, à ne pas faire la différence entre les informations plus ou moins importantes et utiles, et à recourir de manière assez fréquente à des raisonnements alambiqués. Cependant, ce dernier point révèle surtout leur lâcheté. S'ils nous laissent tirer des conclusions, ils ne sont pas en cause pour avoir répandu des rumeurs. L’œil hagard, fébrile, je n'attends plus qu'un signe de sa part pour enfin sortir ma baguette.

Elle a suivi presque aveuglément son jeune apprenti, se portant garante pour lui. Elle croit en Barty, l'âme aussi mauvaise que la sienne, l'esprit alambiqué. La confiance pourtant pas complètement établie. Il y a des parts d'ombres, des secrets. Malgré ses questions, son entêtement, rien à faire ! Barty refuse de lui donner des noms, la source de ses informations. Elle se fie donc à l'instinct de son acolyte. Oubliant finalement ses doutes, trop heureuse de faire des dégâts. Mission faite pour elle. La démarche dansante. La cape claquant l'air saturé. Sûre d'elle, sourire aux lèvres. Le nez retroussé de dégoût. L'odeur piquante des semnopithèques alentour. Tous ces moldus la débecte. Elle brûle d'envie de tuer. Détruire. Torturer. Se gausser de leurs peurs. Plaisir infini dont elle se délecte quotidiennement. Et le Lord la gratifie toujours, la régale des missions les plus sanglantes. Être morbide par excellence.

Elle partage le dégoût de Barty, acquiesce d'une grimace à ses propos. Si elle le pouvait, elle renverrait ces immondices dans les égouts. Là où est leur vraie place. Et Barty s'en amuse autant qu'elle qui ose rire à gorge déployée de ses mots. Elle aime partager ses missions avec le jeune mangemort en devenir. Esprit prometteur qui ne demande qu'à s'élever, devenir quelqu'un avec eux, auprès d'elle. La plus fidèle. Et Bellatrix n'y voit aucune objection, aidant à l'occasion. « Merveilleux... » qu'elle siffle entre ses dents, pas impressionnée pour une mornille. « Quelle décadence ! » Commentaire accompagné d'un reniflement sonore. Les yeux plissés, elle observe les moldus avec un dédain non dissimulé, cherchant à savoir lequel aura l'immense privilège d'être sauvagement tué par ses soins. Avide, impatiente, elle prend une longue inspiration, bouche grande ouverte avec sur la langue la question qui lui tord les entrailles. La joie se dissipe immédiatement et elle bougonne Bellatrix, la bouche retroussée en une moue déçue. Elle ne saura pas ce soir qui est cet individu qui en sait aussi long sur les faits et gestes du moldu. Mais tôt ou tard l'information lui tombera dans les oreilles. De Barty ou d'un autre. « Cueillons le comme il se doit. A l'écart. Je veux savoir ce qu'il a appris et surtout de qui exactement. » Si ce vieux fou sénile de Dumbledore traîne encore dans les parages, Bellatrix veut être la première à le savoir. La première à en informer son Seigneur des Ténèbres. Information privilégiée qui sera récompensée.

Elle n'hésite pas une seconde en avançant vers l'attroupement qui, la voyant arriver, ne peut s'empêcher de lui lancer des regards, faire siffler leurs lèvres. Ramassis dégueulasse qui lui donne la nausée. Par chance, leur victime se détache du lot et c'est un sourire carnassier qui se dessine sur le doux visage de la Lestrange. « Barty soit un chou et amène moi celui-ci. » Qu'elle indique d'une geste souple de la main, s'éloignant lentement d'un pas traînant. Et derrière elle, les hommes suivent, hypnotisés par sa prestance, son maintien chaloupé. Une femme de caractère qui obtient toujours ce qu'elle désire. Et ce soir, son dévolu est tout concentré sur cet être abjecte qui bientôt recevra un baiser mortel.

@barty crouch jr.

Il faut qu'au jour suivant, nous soyons abrutis, nourris d'informations. Mais, si par un coup du sort, aucun avis, pas d'indication ou scoop original, surgit à nous, alors ainsi soit-il. La nuit aura produit un loisir plaisant consistant à l'utilisation d'un pouvoir grandissant, sans aucun soucis nous inhibant. En d'autres termes: la réussite de cette mission n'a que peu d'importance à mes yeux, je sais qu'avec Bellatrix à mes côtés, la soirée ne peut qu'être divertissante. « Cueillons le comme il se doit. A l'écart. Je veux savoir ce qu'il a appris et surtout de qui exactement. » Je me contente d'acquiescer avant de lui emboîter le pas. Comment des sorciers peuvent-ils s'abaisser à procréer avec des êtres si faibles, si dénués de tout ? Si je peux surpasser mon dégoût, l'incompréhension est bien plus difficile à déloger. Non, jamais je ne comprendrais pourquoi des sorciers choisiraient consciemment de s'affaiblir et de s'oublier, d'effacer peu à peu toute trace de leur force passée. L'illogisme à l'état pur. Nous franchissons les portes et les acclamations se font moindres. Je profite que l'attention soit détournée par la brune pour lancer un petit sortilège sur la porte d'entrée. Bellatrix attire les regards c'est certain, par sa folie qui transparait de tous ces pores, ou par sa beauté. Loin d'être attiré par elle, je ne suis pourtant pas aveugle pour autant. « Barty soit un chou et amène moi celui-ci. » lance t-elle alors avant de tourner les talons. C'est drôle comme j'apprécie ses talents de mentor mais qu'à la fois je ne supporte pas ce ton qu'elle emploie pour me donner des ordres. Mon esprit trop individualiste ou mon caractère à refuser toute autorité j'imagine. Pourtant je courbe l'échine et un sourire étire mes lèvres. Sourire dévoilant toutes les horreurs qui seront commises ce soir. « Bonsoir à tous. » je commence alors, m'adressant à l'assemblée. Pas un bruit ne résonne, autre que le son de ma propre voix. « Je vais demander à tous ceux qui ne souhaitent pas s'exposer au risque de mourir dans d'atroces souffrances de bien vouloir sortir immédiatement d'ici. » je lance alors, imperturbable, me plaçant juste derrière l'homme à interroger. « Tous sauf toi, tu t'en doutes. » je lui murmure en le forçant à se rasseoir. L'ensemble de la salle me regarde d'un air incrédule, pourtant aucun ne semble décidé à bouger. « Etes-vous si stupides que vous ne compreniez pas mes paroles ? » je m'exclame alors, mon ton perdant tout des quelques notes d'amusement qui s'y étaient glissées. Je lève ma baguette au plafond et pense 'Bombarba'. Une détonation retentit alors et un des lustres explose. Ils penseront certainement que j'ai utilisé une de leurs armes moldues. « J'ai dis DEHORS ! » Cette fois ces mollusques quittent la pièce à la hâte, se marchant les uns sur les autres dans l'empressement de quitter les lieux. Hâte qui se tarit une fois les portes passées. On les aperçoit à travers les fenêtres, se gratter la tête, chacun repartir tranquillement dans une direction ou une autre sans trop savoir ce qu'ils font là à une heure pareille. « J'ai mis un petit sortilège de confusion sur la porte, » j'explique à Bellatrix, me retournant vers elle. Au moins, aucun risque que l'on soit vus, reconnus ou dénoncés, s'il n'y a aucun témoin. Inutile de préciser que les chances de survie du moldu restant sont moindres. « Il est tout à toi. » désignant le pauvre homme d'un geste de la main.

La malice qui transpire de son regard ne trompe pas. Elle prend un malin plaisir, se délecte de la scène sous ses yeux. Pourtant, ses lèvres se retroussent dans une grimace de dégoût à la simple vue de ces êtres inférieurs. Immondices dégueulasses dont elle se débarrasserait sans arquer un sourcil. Mais ce soir, hélas, ils ne sont pas là pour commettre des meurtres à l'aveugle. Son seul réconfort réside dans la torture imminente de l'homme ciblé par les soins de Barty. Son jeune apprenti prometteur, duo chaotique. Et pour une fois, ils ne sont pas embarrassé de Rodolphus et ses manies pour tempérer sa folie. Elle rit Bellatrix, son aigu qui titille les oreilles, vous glace le sang. D'une révérence chaloupée elle indique la sortie. Aucun ne se presse, visiblement interloqué, dans l'incompréhension la plus totale. Ils en attendent visiblement de trop de ces vulgaires moldus, bon à rien. La bouche ouverte, le souffle coupé, elle n'a pas le temps de proclamer la moindre menace. Barty s'en occupe et elle se gonfle d'orgueil Bellatrix, trouvant que son protégé s'acquitte de ses tâches aussi bien qu'elle. Elle glousse de plaisir, s'approchant lentement de son acolyte pour lui glisser des félicitations. « Je n'aurais pas mieux fait. »

Leur victime enfin isolée, Bellatrix est comme une lionne. Dangereuse prédatrice qui tourne autour de sa proue, s'amuse. Les traits de l'homme sont tirés, les yeux rendus hagards par l'angoisse montante. Sourire carnassier aux lèvres, Bellatrix s'arrête devant lui, bras croisés. « Un petit oiseau m'a dit que tu savais certaines choses sur mes amis. » Son air perdu, ses balbutiements ridicules, les mots qui ne trouvent pas leur chemin hors de sa bouche, tout ça commence à l'agacer. Pas patiente pour une mornille Bellatrix. Elle commence à lui tourner autour, ses dents claquant dans sa mâchoire, sa baguette s'entortillant doucement autour d'une mèche de cheveux noir. « Je crois qu'il a besoin d'un coup de pouce. » Et tandis qu'elle offre un sourire à Barty, c'est son couteau qui trouve la chair tendre de la gorge de leur victime. Rien qu'une goutte de liquide rouge qui s'échappe lentement, délice pour les yeux. « Tu sais qui nous sommes, pas vrai ? » L'homme ose à peine bouger, ouvre et ferme les yeux frénétiquement. Perplexe, Bellatrix hausse un sourcil en direction de son apprenti. « Qu'est-ce que cet abruti de moldu fait ? » Aucun son ne quitte la bouche de sa victime. Sujet d'agacement. Elle doit se faire violence pour ne pas entamer sa chair d'un coup de couteau vif. « Répond ! » qu'elle hurle dans son oreille, le faisant sursauter et pleurnicher, le couteau entamant finalement plus douloureusement son cou. Malgré ses balbutiements et ses misérables hoquet de peur, ils distinguent clairement quelques mots. « Je... je s's'aaiis. » Ca l'a fait rire de plus belle Bellatrix. « Je... je... je n'ai r'r'ien à dii'r're. » Son regard étincelant de malice rencontre celui de Barty et d'un signe de tête elle l'incite à prendre la suite. « Un moldu courageux. On aura tout vu... »

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« Je n'aurais pas mieux fait. » Aussitôt les mots prononcés par Bellatrix, un élan de fierté m'envahit. Il fait toujours bon de s'entendre loué pour une chose ou une autre parfois. Toujours agréable à entendre. Et oui, je suis content d'entendre Bellatrix me féliciter à demi-mot. Je prends alors un malin plaisir à la voir avancer de l'homme tremblant de peur, si on peut appeler ça un homme. La créature humanoïde. Le poltron, le couard. Du moins il en a l'apparence, mais il refuse catégoriquement de parler. Il semble déterminé à garder le silence. Connaissant les méthodes de Bellatrix - qui sont aussi les miennes par extension - sa langue ne devrait pas tarder à se délier. « Répond ! » hurle la brune, qui semble s'impatienter.  « Dans tous les cas tu vas mourir. Mais tu pourrais t'épargner des souffrances inutiles en nous disant ce qu'on veut savoir. » Mais au fond j'espère un peu qu'il ne dira rien, pas de suite. Juste le temps qu'on puisse s'amuser un peu. Ce n'était jamais drôle quand c'est trop facile et qu'ils déballent tout avant qu'on ai eu le temps de lancer le moindre petit sortilège ou maléfice. Pour mon plus grand plaisir, le moldu nie avoir de quelconques informations. « Un moldu courageux. On aura tout vu... » Je ne peux m'empêcher de rire. Un moldu courageux. Un magnifique exemple d'oxymore. « Allez, ça suffit. Endoloris ! » je m'exclame finalement, remplaçant mon rire par un sourire carnassier alors que le moldu lâche un cri perçant en glissant de sa chaise avant de se tordre de douleur à même le sol. Je relâche mon emprise et les cris cessent. Je m'approche alors de lui et, le tirant par les cheveux, je relève son visage pour l'obliger à me regarder. « Tu as été vu en train de parler à quelqu'un qui s'est mystérieusement volatilisé. Je veux savoir qui c'était, ce qu'il t'a dit et ce qu'il t'a donné. PARLE ! » Je hurle ce dernier mot en lâchant ses cheveux et m'écartant de quelques pas. L'envie de lui relancer un Sortilège Doloris me démangeant plus que de raison. « Se... v'v'ol ... volatiliser ? Non, je s's'ais p'pas, j'vous en sup'p'plie, p'p'itié... » chouina l'homme. Il ment. J'en suis convaincu. Il ne peut en être autrement. Parce que s'il dit la vérité c'est que mon information est erronée. Ce qui signifierait que mon informateur serait soit incompétent, soit un traître. Je refuse de croire en ces théories. Surtout que s'il essayait de tendre un piège on serait déjà entourés d'Aurors ou de membres de ce stupide Ordre du Phoenix. Mais comme ce n'est pas le cas... et que je refuse de croire en l'incompétence de mes informateurs... je réfléchis à d'autres moyens de connaître la vérité, puisque la torture n'a pas l'air d'être suffisante. L'Impero ne marcherait pas, ça ne fait pas dire la vérité, seulement soumettre pour accomplir divers actions. Le Veritaserum pourrait-être une solution, encore faudrait-il en avoir sous la main. « Tu ne t'y connaîtrais pas en legilimancie par hasard ? L'idée de torturer cette chose toute la nuit paraît amusante mais ce ne serait probablement pas très raisonnable par les temps qui courent. » je demande alors à Bellatrix. Avec les nouvelles mesures du ministère, le couvre-feu et compagnie, il vaut mieux être un minimum prudent.

La mission s'éternisait plus que de raison et Bellatrix se lassait déjà de n'obtenir aucune réponse. Rien que des jérémiades, des cris douloureux. Musique à ses oreilles. Mais rien d'utile. Rien qui confirmerait les dires de Barty. Ça l'agace. Et même la torture ne réussi pas à la faire rire. Elle esquisse un vague sourire en voyant le corps se tortiller au sol, supplier bêtement. Elle pourrait l'achever sur le champs, lancer un éclair vert aveuglant. En finir avec cette séance ridicule. Bras croisés sous sa poitrine, elle observe tour à tour le moldu et Barty. L'élève qui maîtrise. Elle lui donne la liberté d'agir, cherche à le tester inconsciemment. Comme si tout cela déterminerait l'avenir du jeune apprenti. Elle sait déjà que son destin chez les mangemorts est tracé. Elle est fière de Barty. Presque aussi fière qu'une mère. Mais Bellatrix ne sait rien de l'instinct maternel. Rien de ce que ressens une mère face à l'accomplissement de son enfant.

« Menteur ! » qu'elle lance, pleine de dédain, son pieds rencontrant le ventre mou de la victime restée à terre. Satisfaction fugace qui ne suffit pas. Elle enrage en silence Bellatrix, tourne en rond autour de sa victime. Animal féroce prêt à attaquer. Elle s'arrête devant Barty pour darder sur loin un regard courroucé. « Non, ce n'est pas dans mes cordes. » qu'elle lâche, amère. L'art de la légilimancie lui échappe. Un choix qu'elle a assumé. Volontiers bercée dans l'occlumancie, talentueuse, naturellement douée. Mais elle n'a jamais montré l'envie de s'intéressait à son opposé, maîtrisant déjà tous les sorts douloureux inventés jusqu'à aujourd'hui. Elle préfère se protéger, garder jalousement ses plus noirs secrets. « Nous n'avons pas la nuit tu as raison. » Et pourtant ils ont besoin de ces informations. Besoin de savoir, d'être certain. « Tu es sûr de ton informateur mystère ? » Elle doute Bellatrix. Aveugle, elle ne peut que faire confiance à Barty. « J'espère que tu as conscience que tout repose sur toi. » Si quelqu'un doit prendre la responsabilité de ce fiasco, ce ne sera pas elle.

Elle s'agenouille près du visage de l'homme, son sourire disparaissant dans l'instant, remplacé par une moue faussement triste. Elle se veut douce Bellatrix mais elle garde les traits d'un prédateur. « Tu vois mon ami ? Il n'aime pas les mensonges. Et si tu crois qu'il a été dur avec toi... ce n'est rien en comparaison de ce que moi je te ferai si tu ne parle pas. » D'un geste rapide, elle dégage une petite dague de sa manche et fait glisser le métal froid le long de la joue de l'homme qui se met à balbutier de plus belle. « Qui sont tes amis sorciers ? » qu'elle hurle, la patience désormais morte. La dague trace un chemin rouge sur le visage pleurnichard du moldu.

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Je reconnais que la panique commence légèrement à s'emparer de moi. Et si mon informateur s'était trompé ? Ou pire, si mon informateur m'avait tendu un piège ? Voir Bellatrix commencer à douter n'est pas particulièrement rassurant non plus. D'ailleurs je hais la voir ainsi, je hais le fait qu'elle puisse être déçue, le fait que j'ai pu la décevoir. Je refuse d'échouer. Échouer m'est totalement exclu, je ne le permettrais pas. « Oui, il est fiable. C'est celui qui m'avait donné l'information pour cette medicomage qui fournissait des potions pour l'ordre. » Fournissait, au passé. Avant qu'un tragique accident ne la fasse passer de vie à trépas. Non, l'informateur est sûr, j'en suis certain, j'en suis persuadé. De toute façon, j'ai toujours une petite assurance sur ceux qui travaillent avec moi qui fait que si je tombe, ils tombent aussi. Alors je doute qu'il ai voulu tenter l'expérience. Pensif, je regarde Bellatrix s'acharner de nouveau sur le moldu. Réfléchis Barty, réfléchis... je ne cesse de me répéter. Mais rien ne me vient mis à part les hurlements et pleurnicheries du moldu qui se transforme peu à peu en mollusque. « Arrête ! » je m'écris alors pour interrompre Bellatrix. Je m'approche du moldu qui m'accorde un regard plein de soulagement et de... reconnaissance ? Beurk, je ne peux m'empêcher d'avoir la nausée. Moi ? Eprouver de la compassion pour cette... chose ? « Il faut qu'il reste conscient. Et capable de parler, du moins un minimum. » je lâche alors d'une voix dure et froide, éteignant la faible lueur qui brillait encore dans le regard de l'homme. L'attrapant par le col, je le hisse sur une chaise avant de me mettre à sa hauteur et de le fixer. Après de longues secondes, je reprends enfin la parole. « Est-ce que tu as eu des trous de mémoire récemment ? Tu t'es déjà demandé où tu étais, pourquoi et depuis combien de temps ? » Après tout, même si ce n'est pas tellement dans les méthodes de l'ordre, ils ont pu lui effacer la mémoire ou le soumettre à un sortilège de confusion, ou même à l'Impero, qui sait. Cependant, s'ils en sont à utiliser les sortilèges impardonables, c'est qu'ils sont désormais prêts à tout, ce qui n'est pas forcément une bonne nouvelle pour nous. « ARG mais évidemment que tu as eu des trous de mémoire et des pertes de conscience ! Espèce de sale ivrogne ! Ah ça ils auront bien choisi leur mule c'est certain... » je peste soudain, le coupant dans ses balbutiements, avant de donner un coup de pied dans la chaise, soudainement submergé par la rage. « Il est inutile. » je lâche finalement à Bellatrix. Tout se résume donc à une seule question: elle ou moi ?

Elle est excédée, écœurée. Plus qu'agacée. Bellatrix déchaîne une véritable tempête de violence sur l'homme sans défenses qui n'a pas l'air de comprendre ce qu'il lui arrive. Qu'importe. Il paiera pour les autres. Pas question d'arrêter. Impossible. Ils ont déjà trop fait. Trop dit. Il n'en sortira pas vivant. Pas de  résipiscence pour eux. Habitude qu'elle ne connaît pas. Elle n'a jamais tord Bellatrix. Si sûre d'elle. Barty en revanche... Il pourrait. Besoin enfantin de reconnaissance. Nécessité d'atteindre la perfection. De trouver grâce auprès d'elle. Elle émet un grognement, peu convaincue, pas certaine. Elle se souvient de cette histoire. La médicomage en question n'était plus. Des informations fiables qui avaient porté leurs fruits à l'époque. Mais aujourd'hui ? Les choses avaient changé et il n'était pas toujours bon de se fier aux mêmes personnes. Elle n'aime pas dépendre des autres la Lestrange. Déteste ce sentiment qui la rend si vulnérable. Et l'assurance de Barty n'aide en rien. Elle n'y croit pas. Informations fiduciaires. Elle n'a pas le choix.

Les pleurnicheries du mafflu, ses veines tentatives pour se dégager de ce mauvais pas, n'atteignent plus la sorcière. Elle éprouve un dégoût sans limites pour lui. Et ses galimatias ridicules lui donne la nausée. Migraine latente qui menace sous son crâne. Chacun de ses mots d'avantage superfétatoire, comme si il cherchait à perdre ses interlocuteurs. Gain de temps inutile. Pourtant Barty l'arrête avant que l'inévitable ne soit commis. Et ça la rend folle Bellatrix. Elle enrage, le regard noir vissé sur le jeune homme, prête à lui sauter à la gorge pour avoir osé l'arrêter. Elle n'en fait rien, observant de loin, les bras croisés, la mâchoire serrée. L'affront est cuisant et la chaleur monte d'un cran. Elle doit bien avouer que les mots de Barty trouvent leur cible. Il a l'art et la manière de faire. Orateur né. Elle plisse les yeux comme si le puzzle se mettait enfin à danser sous ses prunelles sombres. Comme si enfin elle comprenait. L'inutilité du moldu ne faisait plus l'ombre d'un doute. Qu'il soit innocent ou non. Qu'importe qu'il soit ou non lié à l'Ordre. Il perdrait la vie aussi rapidement.

« Ou ils ont réussi à nous faire croire que cet idiot travaillait pour eux ! » Elle n'est pas certaine que l'Ordre s'abaisserait à de telles méthodes. Mais la disparition du grand Dumbledore les avaient assez ébranlés pour qu'ils se perdent. Tout était désormais envisageable. « Tu crois vraiment qu'une raclure dans son genre sert les intérêts de l'Ordre ? » qu'elle interroge en faisant quelques pas vers Barty. Grande, menaçante, le corps électrifié par l'échec. Le bar miteux deviendra son cénotaphe. Pitoyable créature qui ne mérite rien d'autre. Elle abat son coup Bellatrix, la baguette levée, les mots s'échappant avec une douceur malsaine. Plaisir non dissimulé. « Avada kedavra. » qu'elle s'exclame, fière. La misérable vie du moldu s'éteint dans l'instant et son corps s'affale mollement sur la chaise. Le plaisir n'est que de courte durée. « Toute cette soirée était inutile ! » Elle fait les cents pas dans l'espace restreint, fulminant, l'acrimonie à son paroxysme. « Tu vois où tes imbécillités nous conduises ? Toi et ta foutue confiance en l'espèce humaine ! » Elle tourne en rond. Lionne en cage.

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Fou d'une rage qui n'a rien de byzantin, je referme mes doigts autour d'un vieux verre de whisky avant de le balancer violemment contre un pan de mur, me délectant du bruit de verre brisé. Je n'apprécie pas cette situation, ou plus exactement de me retrouver dans une pareille situation. Je n'échoue pas, je ne peux pas, je me le refuse. Les galimacias du moldu cessent. Inutile. Il est superfétatoire. Je m'en veux tellement ! De partenaire, je redeviens béjaune.  Panégyriste de Bellatrix depuis longtemps. J'ai cherché son approbation. Aujourd'hui j'ai capucinades et catilinaires. Je l'ai déçue. Pendant une seconde, cependant, je m'imagine que ça n'ira pas plus loin qu'un peu d'acrimonie dans le ton de sa voix. Mais je comprend vite que je vais me retrouver en déréliction, ou pire, mis en capilotade par les soins de ma mentor et de sa vésanie. « Tu crois vraiment qu'une raclure dans son genre sert les intérêts de l'Ordre ? » « Et pourquoi pas ? Leur vieux timbré s'est barré, je suis prêt à parier qu'ils ne savent plus quoi faire et qu'ils sont prêts à tout, même à utiliser un gros mafflu alcoolique d'un patelin pour se faire passer des messages ou cacher une quelconque arme. Il ne se souvient probablement déjà pas de sa vie habituelle, un petit sort de confusion et tout est normal pour lui. C'est l'idéal. Et même si tu as du mal à le reconnaître ils sont assez intelligents pour monter ce genre de plan ! » je réplique alors. Nonobstant, algré la logique irréfragable de mes paroles, je dois reconnaître que je doute. Mais hors de question que je me traîne à ses pieds en signe résipiscence. Je n'ai peut-être pas été à la hauteur, ni obtenu le satisfecit que j'attendais d'elle, mais je n'en suis ni faible, ni lâche, et je suis plutôt un têtu dans mon genre. Je compte bien prouver que j'ai raison, même si j'ai moi-même du mal à y croire. Bellatrix laisse échapper des mots meurtriers, avant de tourner son regard assassin vers moi. Oh non, je n'y échapperais pas. Je sais à quel point elle déteste perdre son temps, et elle ne va certainement pas se gêner pour me le rappeler. Et la connaissant elle va faire en sort que je ne l'oublie pas à l'avenir. « Tu vois où tes imbécillités nous conduises ? Toi et ta foutue confiance en l'espèce humaine ! » Dit-elle, débordante de dédain, des débris de dilection dans des délicatesses dévolues, désuettes. « Ma confiance en l'espèce humaine ? A quel liens fidiciaires fais-tu allusion? » je réplique pour me défendre. J'admet que je ne vois pas vraiment où elle veut en venir avec cette réflexion, mais je ne compte pas me laisser faire. Je compte bien lui montrer que je suis loin d'être un lâche ou un incapable. « Mais si tu laissais ton orgueil et ton égo un peu de côté, tu reconnaîtrais qu'il est possible que cette mission ai servi à démontrer que l'ordre a changé ses méthodes et qu'il nous faut prendre ça en considération ! Mais tu ne voudras jamais reconnaître qu'ils peuvent se montrer plus malins parfois... plus malins que toi. » A l'instant où les mots franchissent mes lèvres je sais qu'elle ne va pas apprécier et qu'elle risque de réagir au quart de tour. La véritable question ici est: pourquoi une partie de moi, souhaite qu'elle réagisse au quart de tour et s'emporte ?

Pas un regard pour le cadavre encore chaud. A peine un sursaut quand le verre éclate. Acte de rage incontrôlable. Différents et pourtant si semblables. Prompt à s'emporter, laisser la colère s'exprimer. Loin des pensées, de la réflexion qui devrait se faire à deux. Duo fracassé qui ne s'écoute plus. Aveuglée par l'échec, mission pourtant si simple sur le papier. Il n'y a aucune information pour eux. Aucune confirmation. Rien qu'un cadavre. Et de quoi oublier, se faire éclater la panse. Pendant une seconde ça lui traverse l'esprit. L'envie de boire jusqu'à ne plus avoir soif. Ne plus se reconnaître dans le miroir. Et puis ça passe. C'est l'envie d'arracher les yeux de Barty qui lui revient. Celle de détruire pour passer ses nerfs. Elle montre son dédain en s'esclaffant tout haut, arrêtant sa marche quelques secondes seulement pour reprendre de plus belle. Les mots de Barty tournant en boucle dans sa tête. « Intelligent ! » Elle n'y croit pas. Le mot se répète en murmures, échos incrédules. L'Ordre sans Albus Dumbledore n'est qu'un ramassis dégueulasse de sang-de-bourbe. Des animaux dotés de la parole. Mais la pensée ? Elle appartient à ceux qui, comme Bellatrix, savent garder les sorciers entiers. Êtres supérieurs. Meilleurs. « Et où sont les preuves Junior ? » Elle s'arrête devant lui, cherchant dans son regard une étincelle, la vérité. Sourcils haussés, les secondes s’égrènent. Et les yeux se jaugent, les mâchoires crispées prêtes à exploser en injures. « Le Seigneur des Ténèbres ne se contentera pas de tes jolies suppositions. » Elle n'aime pas perdre, ne tient pas à être tenue responsable de cet échec. Bellatrix ne supporterait pas de remontrances.

C'est à son tour d'attraper ce qu'il lui tombe sous la main. Un bouteille. Et peu importe qu'elle soit bonne ou non. Elle fini en morceaux, éclatée contre une table. Violence inouïe. Elle serre sa baguette entre ses doigts, à peine consciente que le sang n'afflue bientôt plus. « Je devrais t'arracher la langue et te la faire manger ! » Mais alors qui la divertirait comme Barty sait si bien le faire ? Triste existence. Morne, sans saveurs. Elle l'aime bien le petit Crouch. D'un geste svelte elle se hisse sur le bar, prend de la hauteur. Le regard balayant la scène, sourire en coin quand il s'arrête sur le cadavre du pauvre moldu inutile. « Ils ne sont pas malins. Nous avons mis la main sur leur petit cochon. » Un rire enfantin lui échappe. La colère finalement retombée. « Et quoi, ils se servent des moldus comme nous ? Tout ce que tu dis c'est qu'ils apprennent de nous finalement. » Ça change tout. Ils ne sont pas meilleurs, encore moins plus malins. Ils sombrent peu à peu vers l'obscurité. Brebis égarées. Le berger s'en est allé avec la lumière. « Peut-être que ça mériterait qu'on mette tes talents de potionniste en avant. » Elle n'ignore rien du polynectar qui trône dans sa flasque. Outil superflu pour elle qui préfère agir avec son visage, même dissimulée. Devenir quelqu'un d'autre, très peu pour la Lestrange. L'idée la dégoûte.

@barty crouch jr.