@rabastan lestrange 
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Réunion interminable. Discours vides. Elle a perdu toute notion du temps Bellatrix. Son attention depuis longtemps détournée. Elle n'écoute pas. Tantôt passionnée par ses ongles, tantôt absorbée par la contemplation dangereuse de ses pairs. Les mots flottent dans l'air au-dessus d'elle. Inintéressant. Sans aucune valeur. Rien qu'elle ne sache déjà. Comptes rendus abrutissant qui pourraient la tuer. Nouvelles fraîches de l'ennemis. Quelques morts ici et là. Des pertes dans nos rangs. Ca l'ennuie terriblement. Elle feint à la perfection l'intérêt, hochant la tête parfois, souriant souvent. De ce sourire carnassier qui ne demande qu'à faire du mal. Mais au fond, Bellatrix ne rit pas. Les entrailles noués, le ventre plein d'une énième créature qui la bouffe. Et la main de Rodolpus qui ne quitte pas sa cuisse, s'égare discrètement sur son bas ventre. L'air de rien. Sans que personne ne sache. Crispée, elle serre les dents, offre encore et toujours cet air mutin, assassin. Bien obligée de refréner ses envies de mort. Besoin viscéral de hurler, s'arracher la peau. Elle subit Bellatrix. A peine consciente de cette réalité. Deux petits jours en prison. Rien que le début de son calvaire. Chemin de croix tortueux. Elle ne veut pas aller jusqu'au bout, voir ce qu'il se cache à la sortie du tunnel. Coincée. C'est à peine si elle croise le regard de Theseus. Pas prête encore à mettre cartes sur table. Déballer l'immonde vérité. Mettre des mots sur l'événement. Les cernes sous ses yeux témoignent pour elle. Quelque chose cloche.

« Souhaitons un excellent retour à notre cher Rabastan. » Attention retrouvée. Elle se redresse vaguement sur sa chaise, fais comme tout le monde. Regard braqué sur lui, son air hagard. « Nous prendrons le temps plus tard d'en savoir plus sur son séjour en Europe. » Balayé comme un fait anodin. Les nouvelles ont déjà circulé. Le Seigneur des Ténèbres sait déjà. Et elle reste encore dans l'ombre. Toujours. Elle qui demeure la plus fidèle. La meilleure. Mais ce soir, ça ne lui fait rien. Elle est vide Bellatrix. Alors quand tout le monde se lève, elle flotte hors de son corps, les yeux encore accrochés au visage de l'exilé revenu. A peine consciente de la caresse qui tente de capter son attention. Cet époux au sourire ravageur qui l'oblige à lui faire face. Les mains qui se collent à sa peau, possèdent ce ventre qu'elle garde résolument plat. A peine plus rebondit que la normale. Ils savent eux. Et ça suffit à Rodolphus. Un baiser volé et elle se dégage promptement de son étreinte. Dégoûtée par son propre corps. Traître sans nom. Regard assassin qui suit sa démarche. Elle lui en veut de lui causer encore autant de troubles. Malheur qui fait son bonheur à lui. Homme heureux. Certain d'enfin toucher au but. Ça lui donne la nausée à Bellatrix. Tiraillée entre le besoin de détruire la vie en elle et l'envie de faire plaisir à celui qui la fait respirer chaque jour. Elle se détourne enfin pour trouver un peu de plénitude.

C'est lui qu'elle fini par trouver. Comme attirée par son aura. Le besoin d'entendre à nouveau sa voix, de le savoir tout près. Besoin irrationnel. Jeu dangereux. Valse mortelle. Il n'était pas là quand elle avait besoin de réconfort, d'un Lestrange capable d'entendre ce qu'elle avait à dire. Et il a l'air de s'éloigner encore. Etre insaisissable. A l'écart, loin des regards, ils pourront, peut-être, se montrer sincère. Beau frère et belle sœur. Famille recomposée. Êtres malsains. « Tu m'a manqué. » qu'elle souffle dans son dos, sincère. Quelque chose chez lui a changé. Comme chez elle. Mais elle se joue des apparences Bellatrix. Un air toujours royal, sourire en coin, le dos droit. Un haussement de sourcils suffit à la rendre vivante. « Tu ressembles à Greyback dans ses mauvais jours. » Mesquine. Créature qui se plaît à jouer. Tout pour ne pas penser à la tragédie qui se joue dans son bas ventre.

@bellatrix lestrange 
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Statues de papier. Un silence de mort règne dans la pièce toujours aussi peu éclairée, où se déroule la réunion. En bons petits pions sur l'échiquier, aucun des mangemorts ne moufte sur l'humidité ambiante, le décor délabré de ce vieux manoir laissé à l'abandon sur cette colline réputée maudite. Tous installés autour de cette longue table, qui a dû, à son apogée, servir à des banquets fastueux, ils écoutent, certains plus attentivement que d'autres, avec cette espèce de déférence presque religieuse marquée sur les traits.
Il avait transplané immédiatement, aux premiers signes, la sensation trop connue de brûlure à l'endroit de cette marque sur son avant-bras, convocation à laquelle, tant de fois, il n'avait pu répondre et c'était à présent chose faite, il avait retrouvé sa place parmi les soldats des tenèbres. Rodolphus est là, le visage toujours vierge de toute expression, même s'il sait sûrement déjà tout ce qui est en train de se dire - peut-être en a-t-il soufflé quelques inspirations... Il n'est pas dupe, Rabastan, il sait que le stratège, dans cette congrégation noire, ce n'est pas celui auquel ils obéissent tous, non. Celui qui aiguille, planifie, c'est l'aîné des Lestrange, l'héritier. - Souhaitons un excellent retour à notre cher Rabastan... la voix doucereuse, à peine plus haute qu'un murmure, un sifflement parfois. Un frisson parcourt son échine à la mention du 'séjour en Europe'.

Tous les regards convergent vers lui, quelques uns s'osent à des commentaires, murmurés à leur voisin immédiat, un petit chuintement qui se fait entendre à travers la pièce que l'hôte a bien vite fait de contenir d'un signe magistral et majestueux, presque théâtral de la main. Peu lui importe, Rabastan, ils peuvent bien dire ce qu'ils veulent. Il a remarqué quelque chose qui l'intéresse infiniment plus, qui le laisse un peu perplexe malgré tout, même s'il n'en montre rien.Elle. Etrangement silencieuse, un calme presque léthargique qui ne lui ressemble en rien, et ces cernes entourant le regard émeraude qui l'avait fait chavirer tant d'années plus tôt alors même qu'il n'était guère plus qu'un gamin.

Lorsqu'enfin, Il les congédie tous, l'assemblée se disloque rapidement en petits groupes, et la pièce s'emplit presque instantanément de conversations, comme s'il s'agissait d'une de ces mondanités auxquelles il lui incombe d'assister. Il doit prendre sous peu ses nouvelles fonctions au Ministère, faire ce qu'il fait de mieux lui aussi, tirer les ficelles dans l'ombre.
Ne pensant pas s'attarder outre mesure, il sort, prêt à transplaner de nouveau, mais sa voix s'élève, dans son dos. Mielleuse, comme rarement elle ne s'autorise à se montrer, presque douce, sincère mais aussi venimeuse, elle dont la seule présence est un poison mortel. Il esquisse un sourire, un rictus en réalité, plus qu'autre chose. - ah oui? Il ne se retourne pas pour autant, incertain de ce que ça pourrait éventuellement lui faire de la voir, après ces deux ans sans rien d'autre qu'un simple souvenir, de l'avoir aussi près, mais pourtant toujours aussi inaccessible. - toujours le mot plaisant n'est-ce pas bella...certaines choses ne changent pas.. Sarcasme qui vient  s'emmêler dans l'acidité de sa remarque.

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Tout ce qu'elle veut c'est un regard, exister. Regarder au fond de ses yeux et s'y voir. Miroir malsain. La folie au bord des lèvres. Il suffit d'une secousse pour la faire basculer. Rien qu'une chute pour éclabousser de souillures dégueulasses ce monde en noir et blanc. Elle marche sur un fil sans en avoir conscience. Funambule sans expériences. Elle fonce tête baissée quitte à se brûler. Prête à s'ecorcher vive pour un peu d'attention. Souffrances passées sous silence. Angoisses pourtant bien réelles. Elle est perdue Bellatrix. La Reine demeure pourtant sur l'échiquier. Prête à faire tomber ses ennemis. Vulgaires pions dans son jeu. Reine noire qui tâche sa peau immaculée de rouge.

Le manoir froid s'anime. Les éléments se déchaînent. Et Bellatrix n'a conscience que de la tempête qui fait rage au fond de son corps. Mélange perturbant de sentiments. Son calme olympien disparu. Son flegme perdu. Elle est bien réveillée. Comme revenue à la vie. Ramenée par cette voix d'outre-tombe. Souvenirs teintés. Intonations rassurantes qui la transpercent. Frisson délicieux qui secoue son corps. Deux longues années à se demander qui il serait à son retour. Deux années à vivre pour un seul Lestrange. Trio déchiré. Tableau incomplet. Et voilà qu'il ne lui accorde aucune attention. Pas un regard. Pas un mot gentil. Elle est blessée Bellatrix. Prédateur devenue proie. Et personne pour voir. Personne pour comprendre. Forcée à jouer le jeu de la perfection. Femme dévouée, épouse enfin fertile. Une victoire qu'elle execre. Vérité insurmontable. Créature finalement piégée.

"Pourquoi changer ce qui est parfait ?" Elle est pourtant bien loin de l'être. Créature qui se croit meilleure. Douce folie. Elle est certaine de percevoir un sourire dans ses mots. Trépigne d'impatience. Gamine mal élevée. La tête qui se penche de droite à gauche. Dans l'attente. Expectation douloureuse. Et si elle ne reconnaissait pas l'homme qu'il était ? Et si tout avait changé ? Angoisse douloureuse. Le cœur serré à l'idée de perdre une énième constante de sa vie. Tout avait déjà changé. Bien sûr. Il en témoignait largement. La connaissance est une chose dangereuse. "Regarde moi Rab." qu'elle commande d'une voix forte. Sans appel. Petit jeu qui ne l'amuse finalement plus.

@bellatrix lestrange 
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Elle n'a pas changé; toujours aussi assurée, hautaine, la pièce maîtresse sur l'échiquier. Il sent l'agitation qui bouillonne sous le masque, et pour une fois, c'est lui qui est en position de force, c'est lui qui est devenu prédateur alors que d'habitude, c'est elle qui contrôle, tire les ficelles et fait de lui son pantin. Il sait qu'elle ne supporte pas l'indifférence, ne pas être adulée, le centre de l'attention et des compliments, au fond, il ne peut pas lui en vouloir, l'ego a besoin d'être flatté, c'est humain. Pourtant, il joue avec elle, comme le chat avec la souris, pour une fois que la dynamique est inversée, il ne compte pas lui laisser la main aussi facilement.
Pourquoi changer ce qui est parfait.. Ricanement coincé dans la gorge, à peine audible, juste pour elle, pour eux. - Parfait? vraiment? Il titille, parce qu'il peut, parce qu'il connait ses triggers.

Oiseaux de malheur, ils se cherchent des noises, toujours dans cette sorte de confrontation subtile, teintée d'un jeu malsain de séduction qui n'a aucun avenir, aucun espoir d'aboutissement. Il daigne se retourner, accéder à sa requête qui sonne autant comme un ordre que comme une supplique. Rictus au bord des lèvres, il croise les prunelles jamais oubliées, l'onyx gravé, imprimé au fond de l'âme, dont il dévore un peu plus les morceaux chaque fois. - Alors, Bella...dis moi ce que j'ai raté pendant ces deux années... Immobile, la stature en a pris un coup. Ça n'a eu beau être que deux années, ça lui en a paru dix. Sept-cent trente jours à simplement exister, survivre, il en est ressorti un peu plus sauvage qu'avant, presque un peu animal sous le masque humain. - Tu as une mine affreuse. Lâche-t-il, sur le ton laconique du constat. Pourtant, elle reste si majestueuse, et cette lueur dans le fond de ses yeux n'a pas changé, ce qui, secrètement, lui apporte un plus grand soulagement qu'il ne l'aurait admis. - Tu cherches à concurrencer les détracteurs? Riposte à la hauteur de son entrée en matière à elle.

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Elle voudrait le rejoindre. Ne faire qu'une bouchée des quelques pas qui les séparent. Arracher cette distance ridicule. Effacer le rictus qui s'amuse sur ses mâchoires. Lui faire regretter son ridicule ricanement. Haine et amour mélangé dans une danse macabre. Amitié dangereuse. Jeu d'enfants. Il a l'âme fêlée. Elle en est sûre. La stature moins imposante. Un quelque chose de changer. Le regard plus éteint. Comme si on lui avait retiré une étincelle. Et pourtant il irradie. Chaleur brûlante capable de la consumer toute entière. Animal dangereux. Elle est soulagée de trouver le même homme. Aveu invisible. Ça l'a fait même sourire d'entendre sa voix rocailleuse lui répondre. Ton mortellement laconique. Sans saveur. Mais ô combien plaisant à ses oreilles. "Tu crois qu'ils m'offriront une place ? Je m'ennuie à mourir au manoir." Manège qui tourne et tourne sans ralentir. Elle soupire pourtant. A bas les masques.

"Ton cher frère ne t'as rien dit ?" Dédain et agacement à son paroxysme. Elle en vient à execrer son époux. Haine viscérale qui les anime tous les deux, les rend vivant. Besoin irrépressible de se détester, se faire du mal. Violence des mots. Elle ne voulait pas avouer son mal à voix haute. Elle ne veut pas voir ses pensées se transformer. Bellatrix refuse de mettre des mots sur cette réalité qu'elle refuse tout simplement de croire. Déni trop profondément ancré. "C'est à cause de lui si je ne dors plus." Responsable qui s'ignore. Cause de tous ses malheurs. Et personne pour voir personne pour comprendre. "Tu n'étais pas là." Reproche qui sonne faux. La colère évanouie au profit de la déception. Tristesse mal dissimulée. Rabastan aurait vu lui. Il aurait su. Il aurait pu empêcher tout ça. "Il m'a mise enceinte." Lui. Seul responsable de ce désastre. Lui qui n'a jamais su réfréner ses pulsions. Lui qui veut la posséder toute entière jusqu'au bout. Elle en paie les conséquences. Résultat malheureux d'un acte consenti. Elle n'a pourtant jamais voulu que quelque chose en naisse. Préférant de loin la mort. Nier l'existence de ces créatures qui la dévorent de l'intérieur.

Les mots lui brûlent la gorge et elle se tord les doigts devant son ventre. Incapable d'y toucher. Comme dégoutée. Définitivement perdue. Le regard qui s'accroche au sien. Réalité déformée par le cauchemar qui la bouffe. Rodolphus aura son héritier. Honneur finalement sauvé. L'avis de Bellatrix ne comptant pas. Il aura tout. Comme toujours. Et à elle on lui prendra tout.

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Ils n'ont pas besoin d'armes pour se déchirer, ils se font les griffes l'un sur l'autre, parce que rien d'autre ne doit se passer, le seuil à ne pas franchir est toujours là, immatériel, les empêchant de simplement céder aux basses pulsions, à l'instinct primaire. Alors les mots viennent en substitut, jeu d'enfants qui s'est prolongé, acéré aussi au passage des années. - je crois qu'ils prendraient ombrage. je m'ennuie à mourir au manoir constat laconique, presque chargé de reproches, ton boudeur de l'enfant capricieuse. - et puis, tu ne supporterais pas le climat là bas. un frisson le parcourt malgré lui; c'est seulement l'espace de quelques secondes, peut-être encore même moins, mais le sujet a un drôle d'effet glaçant. Azkaban. Ou son double autrichien. Imperceptiblement, le regard se voile, une torpeur l'envahit, mais il a l'habitude de porter un masque, Rabastan, alors le visage reste neutre, à la frontière de l'indéchiffrable, en tout cas, pour le commun des mortels. Mais elle n'est pas n'importe qui, Bellatrix. Non, elle connait les moindres recoins de son âme, qu'il lui aurait offerte sur un plateau. Il n'y a pas de mystère entre eux, pas de faux semblants, ils sont au delà de ça, la façade n'a plus de secrets et ils savent lorsqu'elle se craquèle, même si le constat n'est pas toujours formulé verbalement. C'est la tornade, Bellatrix, le torrent qui emporte tout, imprévisible, colérique; il a beau la connaître depuis tant d'années, il ne sait jamais à quel moment la structure va s'effriter, le vernis s'écailler. Et ça, c'est ce qui l'a toujours fait vibrer chez elle... instabilités qui se reflètent l'une dans l'autre.

Bas les masques.
Le jeu ne l'amuse plus, il s'en rend bien compte. - Ton cher frère ne t'a rien dit? Agacement perceptible. Il arque un sourcil. - Qu'était-il supposé me dire? La froideur, toujours, contrastant avec l'impatience, le piaffement de la dame de pique. Tu n'étais pas là.. l'aveu à demi-mots, celui de l'impuissance, d'une vulnérabilité qu'elle exècre, et puis enfin, mettre un mot sur cette fatalité, la nuisance qu'elle refuse de porter en son sein. enceinte. Ce mot résonne dans l'esprit vacillant, et le regard se porte instinctivement sur l'abdomen encore vierge de tout signe, tout indice. Il voit l'image du couple, de l'intimité à laquelle il n'accèdera jamais, et le brasier s'éveille aux tréfonds de l'être. Tout se contredit, la bourrasque des pensées l'emporte, une violence face à laquelle il se retrouve de nouveau démuni. Il devrait être heureux pour le frère adoré, et pourtant, le venin se répand dans le coeur de l'éconduit. Jalousie, déesse macabre qui triomphe. - Et bien... les félicitations sont de rigueur il me semble. Aigreur dans le ton, lassitude au fond des prunelles; pour une fois, il aurait voulu être l'aîné, convoitise indue pour une place qu'il n'avait jamais vraiment voulue, sauf lorsqu'il s'agit d'elle.

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Les mots l'écorchent vive, ajoutent un énième étage à cette tour invisible qui se dresse entre eux. La situation en devient trop réelle. Pénible même. Et elle déteste ce qu'elle lit dans son regard. Déteste le ton qu'il emploi, cette façon qu'il a de poser ses yeux sur elle. Cette distance qu'il impose. Rien qu'un protocole, une obligation. Lui le beau-frère qui n'a aucun droit. Elle sait combien ça le  hante. Grignoté petit bout par petit bout par cette drôle de jalousie malsaine. Petit jeu dont elle se régale. Désir partagé jamais consumé. Elle le laisse volontiers brûler. Lui. Le gardien d'un terrible secret. Elle joue avec le feu Bellatrix. Funambule folle. Le fil de la raison qui menace de céder sous le poids des trop nombreuses folies accomplies. Tous ces secrets qui hantent ses nuits. Elle en rit. Préfère nier jusqu'à leur existence. Cauchemars devenus rêves. Mais celui qui grandi au fond d'elle aujourd'hui, elle n'est pas certaine de pouvoir le jeter aux oubliettes. Coup du sort. Terrible fatalité. Quelqu'un ou quelque chose a décidé pour elle. Une punition cuisante, difficile à supporter. Un piège. Son propre corps devenu prison. Trahison douloureuse. Aucune issue en vue. Elle est désemparée, désespérée. Loin de la Bellatrix qui contrôle toujours tout.

C'est tout son monde qui s'écroule. Et les autres qui se jouent d'elle. Lui qui entre dans la danse, prend son tour. Elle déteste les mots qu'il prononce. Déteste encore plus l'effet qu'ils produisent. Vive douleur au fond du myocarde. Profond dégoût qui se traduit par une grimace venant déformer son visage de porcelaine. « Garde ça pour Rodolphus. » qu'elle crache. Vipère piquée au vif. Ses bras viennent protéger ce ventre qui la dégoûte déjà. Position de défense involontaire. Elle cherche à dissimuler ce qu'on ne voit pourtant pas encore. Comme si cela aiderait à faire disparaître cette moitié d'elle qui s'accroche à ses entrailles.

Son regard s'accroche désespérément à celui de Rabastan. Et alors que le silence domine, oppresse tous ses sens, elle n'y tient plus Bellatrix. Incapable de garder ses distances. Elle le rejoins en quelques pas, comble l'espace. Presque seuls. Assez pour que les demies confidences quittent ses lèvres. Murmures secrets. Voix brisée par le poids d'une souffrance que personne ne comprends. « Il est trop tard cette fois. » Quelques mots rien que pour lui. Parce qu'il n'y a que lui pour lire entre les lignes. « Je suis piégée Rab. Je fais grandir mon propre Azkaban. »

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Au bord du précipice, l'abysse au fond des yeux de l'inatteignable, prunelles d'onyx où danse la folie passionnée, objet de ses tourments, la tornade qui le déchire en dedans depuis tant d'années déjà, avec la même intensité dévastatrice. Il est sur le point de chuter, l'esprit qui se craquèle un peu plus, pris au piège d'une situation sans issue, sans espoir de dénouement positif. Perdant, proie sans échappatoire, attirée comme un aimant à ce bourreau irrésistible, marchant de son propre gré à une destruction certaine. Reine de cet échiquier géant, magistrale dans sa froideur, elle irradie même dans cette détresse où la plonge sa situation. Bellatrix et son aura si sombre, la flamme qui danse derrière le masque, qui brûle et décime tout sur son passage, à commencer par lui-même, consume tout entier comme un vulgaire chiffon.

Jeu dangereux, duel presque à mort, sans maléfices ni baguette, juste les deux âmes qui se dévorent l'une l'autre, féroce voracité qui ne laisse aucun répit, attaque perpétuelle, comme le charognard fondant sur sa cible pour la dépecer. Il est encore debout, encore maître de lui, mais elle s'élance sur un sentier savonneux, comblant la distance entre eux, comme un test pour voir jusqu'à quel point elle peut pousser, le pousser dans ses derniers retranchements avant l'implosion, avant de commettre la trahison ultime. Il serre les poings, dévoré par cette frustration, gangrène invisible qui gagne toujours plus de terrain. - Garde ça pour Rodolphus. Lacération verbale, encore une fois, une réplique cinglante qui ne l'étonne même pas, retentissante. La vipère acculée qui siffle, menaçante pour camoufler son propre désarroi, la terreur qui l'étreint au coeur et la rend encore plus dangereuse. Encore plus attirante aussi.

Ecartelé, posture intenable, entre la loyauté fraternelle et l'impossible emprise de la vipère aux yeux d'océan. Cet aîné à qui il aurait donné jusqu'à sa propre vie et à qui pourtant, il a dérobé ce qu'il pouvait avoir de plus précieux. Trahison, il n'y a pas d'autre mot. Mais que ne ferait-il pas, aussi, pour Elle. Elle qu'il a dans la peau, indétrônable dans son esprit, malgré toutes ses tentatives. Mara bafouée tant de fois, elle qui n'a pas les armes pour lutter, qui fait pâle figure à côté. Il se raidit à ce contact pourtant largement recherché, les mots prononcé à mi-voix pour qu'il soit seul à les entendre, témoin des secrets inavouables, complice. - Il est trop tard cette fois.. Aveu terrible de vulnérabilité auquel il ne reste pas insensible, dans les tréfonds. Il se bat contre lui-même, Rabastan, contre le désir qui le consume, l'amène à deux doigts du geste interdit. - Et qu'est-ce que tu attends de moi exactement... ? Lassitude dans la voix, dans le fond des yeux.

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Elle se fiche de l'effet que produit leur rapprochement. L'envie de jouer finalement anéantie. Le désespoir plus grand. Blessure profonde qui la bouffe de l'intérieur. Elle n'y arrive tout simplement plus Bellatrix. Lassée de feindre. Fatiguée de cette mascarade. Elle se laisse aller à la vérité avec la seule personne de cette assemblée qui devrait comprendre. Lui qui devrait être de son côté. Lui qui détient son terrible secret. Mais le nom de Lestrange se rappelle à eux. Terrible malédiction qui les enveloppent d'une brume suffocante. Elle n'y voit plus clair Bellatrix. Elle cherche désespérément une main tendue. Sans jamais prononcer à voix haute les mots. Trop fière pour demander de l'aide. Trop grande pour s'abaisser à cette faiblesse. Plus déesse qu'humaine. Elle n'a besoin de personne Bellatrix Lestrange.

Elle se donne des grands airs, continue de jouer. Sourire tordu par la douleur. La peau plus pâle que jamais. Déesse déchue. Reine trahie par son Roi. Elle encaisse les coups Bellatrix. Depuis toujours. Gamine jamais épargnée. Les blessures de l'enfance invisibles, presque oubliées. Elle a fait ce qu'on demandait d'elle. Obéissante jusqu'à un certain point. Esprit trop libre. La noirceur de l'âme prenant finalement le dessus. Rien ne peut blesser Bellatrix. Elle n'a pas de cœur Bellatrix.

Et pourtant... Sa lassitude la transperce plus que tout le reste. Ce qu'elle voit dans ses yeux assène le coup fatal. Aveugle aux autres signes. Gamine égoïste. Elle pourrait l'entraîner loin de cet endroit. Ils pourraient disparaître dans un mouvement subtil. Bellatrix et Rabastan. Une stupide rêverie. Un fantasme brûlant. Son esprit malade divague. Elle sait pourtant qu'il suffit d'un mot de sa part pour qu'il s'exécute. L'envie de résister pratiquement disparue. « Rien. » Un aveu qui vaut pour elle. Ils ne feront rien. Jamais. Il est impuissant. Tout comme elle. Le géant Rabastan Lestrange finalement battu. Et la guerrière amazone jetée à terre. « Tu en a assez fait. » Le maigre espace qui les séparent est rempli de tous leurs secrets, non-dits malsains qui les empoisonnent. Unis par la mort. Terrible poids qui pèse peut-être sur sa conscience à lui. Bellatrix, elle, a depuis longtemps fait sa paix. Folies de l'âme. Mensonges éhontés. Tous les subterfuges imaginables elle les a utilisés pour se protéger. Et ce faisant elle sombre Bellatrix. Inexorablement. Incapable de remonter à la surface. Préférant les ténèbres à la lumière salvatrice. Tout pour ne pas se souvenir. Tout pour que les souffrances restent un vague mauvais souvenir. Un flou artistique. Une boîte fermée à double tour au fond de son âme. Un monstre qui grignote son esprit.

« Je suis désolée Rab. » Mots étranglés qui lui coûte. « Mara doit t'attendre. Excuse toi auprès d'elle. » Elle sait combien c'est difficile d'être l'épouse d'un Lestrange. Elle en connaît les attentes et les inquiétudes. Sait combien l'esprit divague, s'enfonce dans les mensonges. Insomnies qui vous bouffent à imaginer le pire. Elle pourrait pourtant lui prendre Rabastan. En témoignent ses doigts qui cherchent à effleurer les siens. Geste qui contredit tout ce qu'elle dit. Sa tête et son corps entrant dans un énième combat. Le jeu plus fort. Son désir incontrôlable.

@bellatrix lestrange 
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Lambeaux d'humanité, à laquelle il n'est plus relié que par un filament faiblard. La bête est là, sous l'épiderme, elle rugit en dedans, incapable d'être contenue plus longtemps, furieuse. Il n'a plus aucun rempart, Rabastan, après deux longues années passées entre les quatre murs humides de la cellule exiguë. Le poison est là, dans ses veines, dans son esprit qui vacille de façon toujours plus dangereuse, n'a plus rien à quoi se raccrocher, aucun garde-fou. Il est emporté par le flot puissant de ce désir qu'il a tu depuis tant d'années déjà, comme un monstre retenu à bouts de bras par l'éleveur dépassé. Elle est là, si proche, sa pâleur est devenue quasiment fantomatique, spectrale, cette tentation qui le pousse à bout avec tant de violence, même sans les mots, ni les maléfices meurtriers. Elle est là, saccagée elle aussi, malmenée par un destin qui les jette, impitoyables, dans le brasier de ses tourments; à chacun sa prison, son enfer, les batailles qui ont marqué leurs âmes, de façons différentes, perdues, maintes et maintes fois. Les guerriers   exsangues dans cette lutte qui n'en finit pas, et qui broie tout sur son passage. Deux coeurs qui ne peuvent pas s'unir, qui se détruisent mutuellement. Le jeu a duré un temps, et puis ensuite? Comment se soustraire à l'emprise mortelle? Il est temps de rendre les armes, mais il n'y parvient pas.

tu en as assez fait. Il n'y a plus rien de plus à espérer, le chemin s'arrête, l'impasse désespérante qui leur rit au nez. La peau de glace. Elle frôle la sienne, qui s'enflamme, et la folie s'imprime toujours plus dans le fond des iris du cadet, le beau-frère, celui qui est défendu. Brisés. Il ne sont plus que des marionnettes dont on aurait coupé les fils, pantins désarticulés dans le jeu de la vie. Un frisson. Pas de froid, de fièvre. Le contact interdit qui le brûle, lui fait perdre un peu plus la raison. Il serait si facile de juste disparaître, transplaner vers un lieu secret, laisser exploser le péché ultime, leur honte partagée. La voix étranglée, qui murmure les paroles de raison, un éclair dans la nuit, la noirceur qui les suffoque. - Mara doit t'attendre. Excuse-toi auprès d'elle. Ricanement. A peine audible, guttural.- Mara... Sa voix est rocailleuse, qui n'a pas été sollicitée pendant si longtemps. Il a à peine figure humaine, Rabastan, écho de sa reine à la pâleur atroce.

Le couple qui s'est fissuré, une unité qui n'est qu'apparence et ne dupe que leurs enfants, et encore...- Je suis le cadet de ses soucis... Et l'inverse se vérifie également. Il chute, encore, le masque lui aussi se brise, le regard qui s'assombrit encore sous le feu de ce besoin désespéré, urgent. Sa paume, qui vient rencontrer le ventre encore si plat, là où la vie se renouvelle malgré leurs tentatives de l'annihiler. C'est peut-être un signe, ce qui doit arriver, finit toujours par trouver un moyen.