Les rires qui augmentent autour de la table. La victoire est proche, les corps s'accumulent sur les dalles mouillées, la peur, cette peur constante, morbide qui ne cesse d'accroitre dans les regards de ces enfants qui se demandent quelle sera la couleur de leur avenir. Tu restes là au milieu de tout ça, la lourdeur du masque de porcelaine te déchirant la chair. Tout a un gout amer aujourd'hui, il est mort, oui et pourtant rien est plus clair. Potter est mort. Severus a gagné. Il n'a pas son coeur. Il n'aura jamais rien. Severus et Lily. Deux lunes s'éloignant. Trop similaires. Trop différents. Les envies qui s'étiolent. La haine s'estompe. La tristesse accroît. Le myocarde faible. Le jeu qui se fâne. Plus amusant. Les palinodies honteuses. Les parégoriques te droguant. Tu oublies. Tu oublies qui tu es. Le prince devenant maupiteux. Noirceur qui s'encrasse. Tu n'arrives pas à croiser leurs regards, comment avoir encore foi en eux alors qu'ils ont essayé de la tuer, elle, alors qu'il pourrait le tuer lui, si ils savaient quels maux prenaient forme dans ton coeur, si ils savaient à quel point tu aimerais que la lumière te caresse de sa chaleur. tu donnerais tout pour qu'ils croient en ta douce déprécation, Lily, Percy, qui ne te regardent plus qu'avec une haine atroce, eux, eux qui comptaient vraiment, alors que ta vie n'est plus que superficialité. Lily. Elle te hante, elle et sa fureur, elle et ses émeraudes adamantines. Tu repenses à l'acréantement de votre jeunesse, à ces mots doux que vous vous étiez donnés, toujours ensemble, à jamais, toujours, toujours. Tu l'aurais suivi jusqu'au bout du monde, toi, même dans les déserts abiotiques, même dans les ténèbres, billebaudant éternellement, du moment qu'elle est prêt de toi, que tu sens sa chaleur. Les malandrins se lèvent, la cour des miracles se vident, alors que les noirceurs tournent dans le ciel, que le silence t'emplit. Tu ne veux pas partir, pas tout de suite Severus, pas prêt à retourner dans ta chambre à Poudlard, à sentir la brulure des vitupérations dans ton dos, hais, craint, le professeur le plus dangereux, le plus méchant de Poudlard. L'herbe fraiche de la pelouse qui te ramène à la réalité, à ce calme paisible qui emplit ton coeur, alors que les assassins viennent à peine de partir.

Son odeur emplit ton myocarde et le sourire se fait plus grand. Mev, Mev et son courage, Mev et son amitié qui est celle qui compte le plus ici, qui te pousse à rester, pour la protéger elle, elle qui est toujours restée au sommet quand tout le monde essayait de briser la montagne. Le silence qui vous accompagne, un instant, un instant partagé. - Tu es rayonnante. Ta main qui prend la sienne, elle, celle que tu considères comme ta plus chère amie. - Tu étais le seul rayon de soleil dans cette assemblée. Tu soupires. - Tu crois qu'un jour on revivra des temps de paix ? Ses cheveux bruns qui volent dans le vent, son éternelle beauté qui embellit le monde.

Elle écoute distraitement -- les voix sont lointaines, presque inaudibles. Il n'y a que les lèvres qui remuent, celles quasi inexistantes de leur chef de file, la voix qui n'est déjà qu'un filet, la plupart du temps, un sifflement vipérin. Le Maître... Elle serait bien incapable de dire ce qui est en train d'être débattu, de quoi ils sont en train de planifier la destruction. Tout lui semble maintenant si futile, si... nauséabond? Ça ne dure que quelques secondes, ce frisson d'horreur, et pourtant, l'impact se ressent encore, comme répété inlassablement, courant dans les veines, dans les os, jusqu'aux tréfonds de la conscience qu'elle n'avait jamais pensé avoir. Elle a le regard tourné vers lui, mais elle ne le voit pas vraiment. Tout ce à quoi elle est capable de penser, c'est ce maelström indéfini de sensations qui ne la quitte pas. Il ne faut pas qu'elle se trahisse, qu'elle soit trop ouvertement dans la lune. Alors elle se redresse sur sa chaise et jette un regard à la personne assise en face d'elle; Severus. Lui aussi porte de lourds secrets, le coeur tapissé d'amertume et de regrets, tant de choses qui ne doivent jamais être connues du reste de l'assemblée. Elle sourit à celui qui a toujours, pour une raison qui lui échappe, su gagner sa sympathie. Celui que tous les autres méprisaient parce qu'il n'était pas tout à fait leur semblable, même si ses capacités surpassaient les leur et de si loin...

La pièce se ranime, les bruits reprennent leurs droits; autant de bulles de conversations qui éclatent, et il lui faut quelques secondes pour réaliser que Severus l'a rejoint et que sa main a saisi la sienne. Sa voix est à peine plus audible qu'un murmure, Severus. - Tu es rayonnante. Elle le regarde, incrédule. Personne n'avait jamais dis ça la concernant. Mais avant, il n'y avait pas Polly. Il n'y avait personne d'aussi pur et d'aussi innocent dans sa vie. Elle n'avait jamais pensé qu'une petite vie si fragile, puisse prendre autant de place dans la sienne, ça l'avait frappée de plein fouet, lorsqu'elle l'avait tenue pour la première fois; les gestes hésitants. - Tu trouves? Pourtant quand je me suis regardée dans le miroir tout à l'heure, je me suis fait peur... elle se tourne en dérision, un rire pour masquer le trouble, l'anxiété qui lui revient en pleine tête avec la force d'un boomerang. - des temps de paix? elle hausse les épaules, pensive; a-t-elle seulement su ce que c'était? la paix, la vraie? - j'en sais rien. pourquoi ?

les hurlements qui hantent. Son souffle, son odeur qui enivre ton âme, ton coeur. Tu donnerais tout pour un regard, la jalousie ayant dégommé tout ton corps, tu n'es plus qu'une enveloppe racornie. Tu aurais pu devenir tellement plus Severus, si tu avais choisi l'autre chemin, si la lumière avait réussi à prendre possession de toi, pour te guider vers les hautes lueurs. Tu as choisi la facilité, loin d'elle, loin de sa réussite, de son amour, pas dirigé vers toi. L'amertume qui te bloque encore la gorge. Tu aurais pu réussir, voir des sourires aimables, qu'ils soient vrais. Tu aurais pu être autre chose que l'image du dégout, de la peur, de la crainte. Tu ne te nourris que de ça dorénavant. Tu essaies de ne pas écouter, les horreurs, les maux scandés. Tu ne regardes qu'elle, elle, ton amie. Tu pourrais tout donner pour elle, tu finiras par te perdre Snape, par te noyer dans les iris bleutés des courbes féminines.

Mevlana, son regard de marbre, son esprit indéchiffrable, son coeur cassé", comme toi, gardienne d'un monde qu'elle ne connait que seule, folle de déambuler dans des allées silencieuses, si peu emplie de vies, ou les murs ne sont imprégnés d'aucun souvenir chaleureux. Tu aimerais tant pouvoir frapper à sa porte, mettre un peu de couleur sur les briques grises. Tu ne peux que lui prendre la main, l'emmener ailleurs, ailleurs que dans ces pièces hantées par les âmes des victimes de votre arrogance. J'aimerais que tu te vois avec mes yeux alors. Tant de douceur, tout ce que tu réserves pour elle, à défaut de ne pouvoir le murmurer à la peau de lait de ta Lily, Lily à jamais loin de toi. "J'aimerais un jour t'emmener prendre un café quelque part, sans voir le malheur du monde comme unique paysage.. Tu aimerais lui offrir ça, la paix, à elle, à sa fille, les voir avec les étoiles qui vivent dans leurs pupilles, les voir à jamais loin de tout ça, des éclairs verts, loin de la désolation. "C'est sûrement de la haute trahison que de parler comme cela." Tu esquisses un sourire, tu n'as confiance qu'en elle, pour ouvrir un peu ton esprit, pour exposer les maux qui te tourmente. "Je pourrai un jour vous emmener toutes les deux ailleurs, loin de ce pays, à un endroit dénué de toute cette haine ... Tu soupires. Doux rêveur brisé. Enfin si un tel endroit existe toujours ...