(JANVIER 1987) 

Le Ministère grouille de monde, dégorge d’âmes qui cavalent, se cognent. Les paroles valsent, les jurons s’envolent. Les longs couloirs sont un interminable chemin qu’il emprunte. Pas de raccourci, pas d’issue. C’est l’obligation d’affronter le monde, la plèbe qui le salue et attend retour. Les courbettes sont nouvelles, les mots léchés, les silhouettes s’attardent sur la sienne. C’est qu’ils ont tout intérêt à se montrer courtois, agréable et toute autre fadaise de lèche-bottes. Nouveau titre dont Moody se pare depuis hier soir. Directeur du bureau des aurors. Joie et malheur au cortex de l’auror. “Dégagez bande de limaces.” Qu’il marmonne tandis qu’il écarte quatre nouveaux. 

Le pas tremble, la hanche déraille. Une jambe qui fout le camp. Il persiste, il refuse la douleur, il avance. L’oeil ausculte les silhouettes, cherche une dame. Sa main se pose à l’épaule de celle qu’il pense être son binôme. Erreur. “Changez de couleur, y’a qu’une rouquine que j’tolère dans mes rangs.” Il bougonne, il râle. Il déteste l’erreur. Evans qu’il cherche, ne trouve pas. Evans. Comme un refus de l’associer à Potter, l’autre guignol. Trois couloirs plus loin, elle est enfin là. “Evans. Vous parlerez chiffons plus tard, j’dois vous parler. Dans mon bureau, maintenant!” La rousse dans ses pas, le sorcier se traîne jusqu’à son nouveau bureau. Pièce clinquante. Son prédécesseur avait le goût crasse d’un luxe pitoyable. “J’vous offrirais bien quelque chose à boire mais j’connais pas encore bien les lieux.” Il lisse sa chemise, trahit un certain malaise. Debout, il refuse de s'asseoir, de prendre place derrière le bureau. Une préférence pour s’adosser au mur. “J’dois vous trouver un nouveau binôme. Vous avez une idée ?” Pas d'embarras de phrase, d’excuse, de tournicotis d’informations. Il aurait pu lui annoncer moins froidement, y mettre quelques ornements ; rien. Alastor annonce la fin de leur duo d’aurors. L’arrêt de leurs missions.