Inutile d'essayer de la raisonner. Tout le monde sait bien que c'est impossible, qu'il l'aient rencontrée ou non. Sa réputation la précède. Quelque chose que parfois je lui envie. Cette façon que les gens ont de se mettre à frissonner ne serait-ce qu'en entendant son nom. La haine et la peur mélangées. Bellatrix est trop folle pour être raisonnée, et c'est ce qui me plaît aussi chez elle. Avoir un mentor imprévisible, je n'aurais pu rêver mieux. Et ce même si actuellement je suis à peu près certain qu'elle liste mentalement toutes les façons les plus douloureuses de me tuer, toutes les tortures qu'elle pourrait me faire subir pour me faire payer l'échec de cette mission. Mais rien que l'entendre m’appeler 'Junior', représente pour moi une punition suffisante. Me rappeler ma filiation, et pire encore, le statut inférieur à mon paternel conféré par ce nom qu'il m'a donné... je déteste ça. Mais je ne dis rien, je la laisse s'énerver, paniquer, tout casser, s'énerver encore et me menacer. « Et bien vas-y, qu'est-ce que tu attends ?! » je réplique du même ton alors que je vois dans son regard qu'elle serait déjà en train de m'arracher la langue si elle ne se retenait pas. Elle finit cependant par se détourner et monter sur le bar, puis elle se met à pester. Je ne l'écoute que d'une oreille, me demandant comment cette soirée à pu si mal tourner. Hors de question de m'avouer fautif, je préfère croire en un plan de l'ordre très bien élaboré plutôt qu'admettre mes torts. Et il semblerait que Bellatrix finisse elle aussi par succomber à la théorie, elle la transforme même à l'avantage du Seigneur des Ténèbres. Oui, l'Ordre nous imite à présent. Sans leur berger, les moutons se dispersent, se cherchent, et certains rejoignent les ténèbres. Oui, maintenant que leur chef les a abandonné ils se rendent compte qu'ils se sont trompé de camp. C'est la seule explication plausible bien sûr. « Peut-être que ça mériterait qu'on mette tes talents de potionniste en avant. » Cette fois, Bella a toute mon attention. J'ai peur d'avoir bien compris ce qu'elle voulait dire. Je sais bien qu'elle n'apprécie pas que j'utilise du polynectar pour modifier mon apparence, mais elle ne fait pas plus de remarque. Après tout, je ne fais que respecter mes ordres. Tant que ma famille et ma position sociale actuelle sont des atouts, il me faut les préserver en préservant mon anonymat lors de mes missions avec Bellatrix. Mais la suggestion qu'elle vient de faire, je ne suis pas sûr de bien vouloir la comprendre. « Est-ce que tu insinue ce que je crois que tu insinues ? » je lâche, un peu incrédule. Non, si c'est ça, c'est hors de question. Jamais de la vie. « Je ne prendrais pas la place de ce moldu dipsomane ! Que les choses soient claires ! Tu ne m'y obligeras pas, si quelqu'un doit me punir pour l'échec de cette mission c'est le Seigneur des Ténèbres, et tant qu'il ne me l'ordonnera pas, hors de question que je me glisse dans la peau de ce moldu et que je joue le rôle des petits espions parmi les semnopithèques. Tu ne m'y obligera pas Bella. » J'ai fait la fête dans des bars moldus, j'ai pris le visage de certains lors de missions à découvert, mais je ne veux pas vivre parmi eux, en tant qu'eux. Mais après tout, ce serait bien du Bella tout craché, elle trouve toujours les failles, les petits détails qui font péter des câbles aux gens, elle sait appuyer là où ça fait mal, elle ne s'embarasse pas de vaines tentatives, elle sait ce qu'elle fait, et je l'apprécie autant que je la hais pour ça. « Si tu as fini de suggérer des inepties, peut-on enfin s'en aller ? Quelqu'un va finir par être alerté, et je n'ai aucune envie d'aller visiter Azkaban. »

Elle domine Bellatrix. Du haut de son perchoir, elle prend du recul. L'air hautain, l'impression d'analyser la scène. Un fiasco. Échec cuisant qu'elle ne peut imputer à sa propre personne. Jamais. Il reste pourtant une échappatoire. Quelques possibilités distillées. Incapable de faire demi-tour, assumer la défaite. Comme si elle avait encore des cartes à jouer. Un dé à lancer. Son regard noir ne quitte plus Barty. A peine adoucie par un sourire en coin. Mimique malsaine. Ô les tourments qu'elle lui infligerait si on la laissait faire. Pulsions de mort dévorantes. Envie de faire mal, passer ses nerfs. Écorcher vif sa peau. Soigner et recommencer. Délices mortels. Elle ne peut qu'imaginer la scène. La tête de Barty restera sagement sur ses épaules. Tentation repoussée d'un haussement d'épaules.

La seconde solution à tous leurs problèmes, Bellatrix en est fière. Mettre à profit leurs talents uniques, se démarquer. Être utile. Vocation qu'elle n'hésite jamais à mettre en pratique. Elle-même devenue occlumente afin de préserver les noirs secrets de son âme. Les quelques méfaits de son Seigneur des Ténèbres. Fausse vérité. Barty, lui, s'exprime dans un art aussi fascinant que dégoûtant. Elle lui répond d'un simple hochement de tête accompagné d'un sourire. Petite moue rieuse. Ça suffit pour mettre le feu aux poudres. Et ça l'amuse. La panique qui anime Barty le dégoût qui en ressort. Tout suffit à faire lever les yeux de Bellatrix. Ennui perceptible. Déception. Elle descend d'un bon du bar pour venir se coller à son jeune apprenti. Tournant autour comme un prédateur affamé. Ses mains glissant sur ses vêtements. Elle s'arrête finalement, collant ses lèvres à son oreille. "Je peux t'obliger à tout." Menace réelle. Elle se sait capable de tout Bellatrix. Aucun sortilège impardonnable trop terrible pour elle. Aucune formule encore inventé pour la faire frémir.

Elle hausse des épaules et part dans un rire fracassant à vous glacer le sang. De ces rires strident qui vous crispe de l'intérieur. "On dit pourtant que c'est un endroit tout à fait charmant." Ironie ridicule. Barty n'a visiblement plus envie de rire. Ses yeux roulent à nouveau au fond de leurs orbites. Elle capitule Bellatrix, les épaules fléchissant sous le poids de la fatigue. " Très bien. Allons-y. Et trouve nous une solution pour découvrir la vérité puisque mes brillantes idées ne conviennent pas à ta petite personne." Un dernier regard pour les lieux, un sourire et un au revoir à leur victime et les deux comparses se volatilisent dans les ténèbres.

@barty crouch jr.