Accoudé au bar, j'attends. J'ai l'impression de ne faire que ça ces derniers temps. Attendre, rester dans l'ombre. Ah ça, on ne pourra pas me reprocher d'être un espion de qualité. Jamais on ne me voit. Ombre fuligineuse que personne n'aperçoit. Mêlé aux bélîtres malgré moi. Non, rien ne me dissuadera. Rien ne m'arrêtera. Zélateur dévoué qui jamais faiblira. Je veux accomplir ces exploits. Puis, enfin, mon maître décidera. Qui vivra ? Qui entendra Avada Kedavra ? Une marque sur le bras. L'unique élément qui me sauvera. Elément que malheureusement je ne possède pas encore, il me faut faire mes preuves et puis un espion avec la marque des ténèbres sur le bras ne passerait pas vraiment inaperçu. Alors pour accomplir ma tâche, il faut que je me trouve ici, pour rencontrer cet informateur qui dit avoir entendu certaines rumeurs. Je lui ai dit de venir ici, où les oreilles indiscrètes ne peuvent pas nous surprendre. Mais visiblement ce misérable semnopithèque, ce lâche cacochyme, n'a pas osé pointer le bout de son nez. Intérieurement je bouillonne. Je hais les lâches, je hais les faibles, et par dessus tout, je hais ces abrutis qui me font perdre mon temps. Pourtant, je décide de rester. Quitte à être là, autant sombrer dans la dipsomanie. Je fais un signe au barman, il cesse de regarder la télévision posée sur une étagère au dessus du comptoir diffusant « The Deer Hunter », et son attention se tourne vers moi. « Hé ! Un verre d'Ogden's Firewhis- » je m'interromps au beau milieu de ma phrase. On est dans un bar moldu, j'avais presque oublié. « Un verre de whisky. » je demande alors. Je ne m’embarrasse pas de politesse, le simple fait que je n'ai pas déjà sorti ma baguette pour m'amuser un peu, relève déjà assez de l'exploit. Faut pas m'en demander plus que ça.