Il n'aura fallu que quelques semaines pour tout ébranler. Le Ministère a établi de nouvelles règles interdisant les sorties nocturnes, quant à l'attaque du festival, elle aura prouvé qu'un traître s'est glissé dans nos rangs. Rien de rassurant donc puisque cela pousse à se méfier de tout le monde, comportement qui était jusqu'alors réservé à nos opposants. Position que je n'aime pas beaucoup, même si elle m'a donné beaucoup de travail. Ramasser des informations est devenu la chose la plus importante qui soit ces derniers temps. Mais c'est aussi éprouvant, physiquement et mentalement. C'est sûrement pour ça que j'ai accepté, ce soir, d'aller faire la fête avec Rosen. Tout ce qu'on sait l'un de l'autre ce sont nos prénoms, notre appartenance au monde de la magie et nos penchants sexuels (et notre penchant pour la fête aussi). Mais ça s'arrête là, et c'est bien suffisant. Hors de question de parler politique et allégeances. C'est comme si on ouvrait une parenthèse, notre propre bulle à part, hors du monde. Et ça fait du bien. « Look at ya mate, it's about time someone shows you how we party on this side o' the world. » s'exclame mon accolyte en me voyant arriver vers lui. C'est vrai que je ne suis pas encore dans l'ambiance, mais quelques bières devraient vite arranger ça. « Not sure I should take advice on 'how to party' from the guy who was drunk after two beers last time I saw him... » je réplique en levant les yeux au ciel, sans pouvoir m'empêcher d'afficher un sourire. Que serait une soirée avec Rosen sans taquineries ? « But what the heck, let's do this ! So, what do you have in store for us tonight ? » J'ai franchement pas envie de me prendre la tête, je me laisse guider, prêt à me mettre la tête à l'envers, à boire plus que de raison, à danser même, et probablement à faire des bêtises que je regretterais sûrement au lever du jour. Ce soir, peu importe.

Il est vrai qu'il m'est parfois difficile de faire semblant et de me mêler à la vermine comme si de rien n'était. Bien sûr je peux toujours clamer que c'est une simple aversion, ou bien qu'à cause des temps qui courent ce n'est as prudent... Mais il faut toujours que je fasse bonne figure, ne serait-ce que par rapport à mon père. Il a beau ne plus avoir autant de pouvoir qu'auparavant, il en a toujours assez pour que l'espionner s'avère utile. Et pour cela il faut que je continue de faire mes coups en douce, que je continue de faire bonne figure en public. Alors bien que cette soirée soit prévue pour tout oublier, elle m'est également utile, et même nécessaire, pour ma couverture. « You know we could just go there, right ? Like apparate in Dublin or something. I mean, the Ministry didn't forbid it yet, did he ? » je réplique quand il me parle de pubs et d'autres qui ont tout l'air d'être fameux selon lui. Et à ma connaissance, le transplanage s'avère plutôt utile lorsqu'il s'agit de se voyages longue-distance. Mais je ne discute pas plus et je lui emboîte le pas. Le pub qu'il a choisi est plutôt bondé, faut croire que les moldus du coin aiment se la jouer dipsomane ! Je le laisse passer commande - de toute façon que buvrions-nous excepté de la bière ? nous restons fidèles à la tradition - puis nous trinquons ensembles. « Beer, live music, and a whole set of preys for the night... What more could I ask for ? » je lâche en riant. C'est drôle comme le mot proie peut s'avérer être ambilant... Avec Rosen ce mot revêt plutôt un caractère disons sous la ceinture, tandis que si j'avais été avec Bellatrix, le sens aurait été tout autre... « I must admit you have a certain flair when it comes to choosing a pub. A true expert. » je lâche finalement en avalant une nouvelle gorgée de ma bière, appréciant sa légère amertume lui donnant tout son charme, ce goût bien caractéristique.

Loin de moi l'idée d'assaillir mon compère à coups de capucinades superfétatoires, nonobstant les faits énoncés sont irréfragables. Nous aurions pu, effectivement, transplaner. Je pourrais encore le faire. Partir seul de mon côté. Le laisser en déréliction. Cesser de jouer les béjaunes. Voler de mes propres ailes. Oui, évidemment que je pourrais. Mais pourquoi le ferais-je ? Pourquoi stipendier cette belle amitié ? Au risque de la perdre. Ce ne serait que vésanie. Oui, une pure folie. Et j'en connais un rayon sur la question. J'ai beau apprécier Bellatrix, je ne compte pas finir avec une case en moins comme ma très chère mentor. En conséquence, je préfère rester ici, très précisément où je me trouve, en présence de celui qui me pousse toujours plus loin et me permet de festoyer lorsqu'il me sied. Ce que j'apprécie beaucoup du reste. Alors en guise de satisfecit pour Rosen, en plus d'accepter de rester dans ce patelin, je décide de me débarrasser de toute mon acrimonie ne serait-ce que pour la soirée. Je vais même jusqu'à le complimenter ce qui, venant de moi, est plutôt rare. Il faut dire que j'ai grandement apprcié la façon qu'il a eue d'utiliser le mot victime, même si, à dire vrai, c'est un mot qui me plait dans tous les cas. Je reconnais également que cela brouille un peu les pistes de nos intentions et peut éventuellement faire écho à un quelconque galimatias. Mais pourtant c'est loin d'être le cas. Deux hommes, simplement à la recherche d'une nuit sympa. C'est aussi simple que ça. Puis brusquement, il a fallu qu'un abruti rentre dans Rosen et lui fasse casser son verre, le privant de plusieurs gorgées d'un délicieux liquide ambré. Nous n'avons plus qu'à consacrer une cénotaphe byzantine au cadavre du verre, aux effluves empyreumatiques, de mon compagnon qui aura eu droit à un juste retour du bâton, un sale coup asséné par ce fichu karma qui ne perds jamais une occasion de faire son show. Comme je m'y attendais, Rosen perds quelque peu son sang-froid, chose qui, en vérité, ne me déplaît pas. Après tout, si je flirte sans arrêt avec le danger, c'est bien parce que j'aime ça. « Yeah and really, don't apologize, dickhead. » je ne peux m'empêcher d'en rajouter une couche. Je crois que même si ce type faisait preuve de résipiscence ça ne changerait absolument rien pour moi. « Yeah, that's right go away. Like Schwarzy said: Hasta la vista baby ! » Non, je n'ai jamais été très discours philosophiques du genre catilinaires. Je suis plutôt du genre dangereux et imprévisible, à se lancer tête baissée dans une bagarre de bar, juste pour le plaisir, estimant que c'est ce qui rends une bonne soirée inoubliable. Mais la bagarre n'est pas (encore) à l'ordre du jour. Rosen commande une bouteille de whisky, dont je compte bien profiter. Un verre à la main, aussitôt vidé de son contenu. Les deux puits-sans-fond que nous sommes se sont bien trouvés il faut croire ! « You know what ? I'm gonna order some food. Don't wanna get hammered too quickly tonight, what do ya think ? Promise, you'll get a share. » je lâche alors avec un petit clin d'oeil complice. J'interpelle le barman et commande un bol de capilotade, une sorte de ragoût de viande apparemment auquel je n'ai jamais goûté, et puis quitte à se péter le ventre j'lui demande de rajouter un cocktail de crevettes. « Mmh, I already feel sick. But if it could wait until tomorrow when I'll be hangovered, I'd be very thankful. » je lâche alors que toutes nos commandes, boissons et nourritures, sont devant nous et que j'attrape déjà une des crevettes pour commencer mon festin. « Help yourself, mate. »

Spoiler:

@barty crouch jr. ☽ ☽ ☽
- - - - - - - - - - - - - - - - - guess it's something that the boys don't stop, when you think good times means to get lost just one night. i should remember all the lives i saved everytime i said i'm too hard to love. but tonight's different. and i stopped listening to this little voice inside my brain.  

hj:

« I firmly intend to get drunk as fast as humanly possible. » Un petit sourire vient se plaquer sur mes lèvres. Un vrai puriste, un du genre à se retrouver avec une foule de panégyristes à ses côtés, prêts à faire la fête nuit et jour pourvu qu'ils puissent boire un verre avec lui. Et oui, j'admet que ce soir je fais peut-être parti de ce fan-club. Faut dire qu'on s'amuse bien ensemble. Certes on ne connait pas tout l'un de l'autre et pourtant notre lien est loin d'être fiduciaire. Je termine mon petit festin et suis surpris par une petite crise de hoquet. J'aurais du m'y attendre, j'ai eu les yeux plus gros que le ventre. Mais ça me passera. Quelques instants plus tard Rosen propose d'aller faire un tour dehors, je me contente de hausser les épaules avant de lui emboîter le pas. Ombres ocres ondulantes, obscurité oppressante ou opulente, on observe obligeamment. Tout le monde autour semble en profiter et continuer de s'amuser, l'alcool a l'air de faire son effet. Sur eux, comme sur moi d'ailleurs. Non, je n'utilise pas l'alcool pour justifier de mes actions. Mes actions, du moins celles-là, je ne les cache pas. Je les revendique. Je me laisse donc entraîner par le moment, par mes envies, par ces arômes envahissants, entêtants. J'échange quelques pas de danse avec Rosen alors que la pluie tombe doucement. J'ai toujours aimé la pluie, je lui ai toujours prêté des propriétés mystiques et poétiques. C'est peut-être pour cela que lorsque la main du brun s'est glissée dans mes cheveux, pendant une seconde, j'ai eu l'impression que le temps s'était arrêté, qu'il avait été suspendu. L'espace d'un instant. Et puis nos lèvres se sont touchées, ou devrais-je dire se sont accrochées ? Mélange de passion et de déraison. Un cocktail des plus détonants, l'un de mes préférés. Quelque part entre le désir brut et la bestialité. Quelque part où seules comptent nos pulsions les plus viles et les plus agréables à la fois. Un paradoxe des plus appréciables. « Now that’s a party. » qu'il me dit, sourire accroché à ses lèvres qui frôlent encore les miennes. « Mmh... are you sure you wanna go down that road, love ? » je réplique, lubricité dans le regard, alors que d'autres ricanements retentissent à quelques pas de nous. Mes mains se crispent pour ne plus ressembler qu'à des poings. « Maybe we should move the party elsewhere. » je marmonne, dents serrées, en jetant un regard plein de haine à ces abominables moldus. Ah, s'ils savaient à qui ils avaient à faire, ils feraient moins les malins. Instinctivement, je tends mon bras et ma baguette glisse le long de ma manche jusqu'à ce que mes doigts se referment dessus. Contrôle-toi. Mais le combo colère - alcool - désir, c'est plutôt explosif, même pour moi. J'inspire puis je me contente de ranger ma baguette.   Je m'apprêtais à tourner les talons et emmener Rosen avec moi. Transplaner vers une destination inconnue quand une voix m'a retenu. « Look at those cock-sucking fags ! Running away... » «  What did you just call me ? » je m'exclame en me retournant vers l'un des moldus mafflus, la rage se lit partout sur mon visage. Je vais lui faire passer l'envie de rouvrir sa grande gueule à l'avenir à celui-là. « Don't want troubles with the Ministry, so wands out. But let's go kick some arses, shall we ? » je glisse discrètement à mon acolyte. On est peut-être en sous-nombre mais on est bien plus motivés, alors ce combat ça va pas être triste...

Les coups fusent. Les corps s'emmêlent, se chamaillent. Les poings se rencontrent. Offrant un spectacle sanglant qui au fond à quelque chose de gracieux, ou de poétique peut-être ? C'est sûrement l'authenticité qui fait ça. Il n'y a rien de tel que de se donner corps et âme dans une bagarre. De cogner de toutes ses forces, de sentir la chair, de voir couler le sang. Il n'y a rien de plus authentique. De plus bestial. Et parfois, ça fait du bien de libérer le fauve de ses chaînes. De simplement se laisser aller. « There’s nothing like fighting like a muggle innit ? » On dirait qu'il lit dans mes pensées. J'esquisse un sourire carnassier. « Fuck yeah ! » je réplique simplement en filant un coup de genou à un des types avant qu'un autre ne vienne me frapper dans le dos. COWARD ! Je pense avec rage. Ou peut-être ai-je prononcé ces mots. Entre les coups, les acclamations des supporters, puis des lumières dansantes bleues et rouges. Temps de filer avant qu'on se fasse pincer. Je compte pas passer la soirée dans une cellule de moldus, et encore moins la passer à jouer les oubliators. Alors quand Rosen attrape mon tee-shirt et me tire vers l'arrière, je le laisse m'entraîner à sa suite, laissant ma victime baigner dans son propre sang. Je lui aurais bien filé un dernier coup de pied pour faire bonne mesure mais tant pis. Je m'élance à la suite de Rosen jusqu'à ce qu'on soit dans une petite rue parallèle, dédale de ruelles sombres et isolées. Je finis par m'appuyer contre un mur avant de me laisser glisser sur le sol. L'adrénaline commence à redescendre, et maintenant je ressens bien toute l'étendue de mes blessures. En plus d'être essoufflé. « Damn I could use a nap right now, those bastards didn't go easy on me ! » je m'exclame en fermant les yeux quelques secondes. Ou un peu plus peut-être. Pas plus de deux petites minutes. Assez, en tout cas, pour que les enquêteurs moldus retrouvent notre trace. J'entends les sirènes retentir, alors qu'ils passent dans les rues à notre recherche. Idiots. Comme s'ils allaient pouvoir nous trouver. Mais juste pour être sûr, je me redresse et je me tourne vers Rosen. « Let's get outta here. » je propose en lui attrapant la main. L'instant d'après on tourbillonne, on fend les airs, on transplane. Et quelques instants plus tard on se retrouve quelque part, dans un autre pays... « Dublin, here we come ! » je m'exclame avec un clin d'oeil avant de sortir ma baguette. « Ok time to play doctors... » je reprends en accompagnant mes paroles d'un petit haussement de sourcils. Pun intended obviously. « Vulnera Sanentur. » je lance simplement en direction de Rosen, voyant ses blessures se refermer sous mes yeux. « Better ? »