Tout s'est passé si vite.

Même pas le temps de reprendre son souffle, pas le temps de réagir. Certainement pas le temps de sortir sa baguette, non plus. Tout s'est effondré, et soudainement, tout s'est mis à faire mal. Douleur brûlante dans tout le corps, le sol qui s'est mis à vibrer, et le ciel qui s'est effondré. Les yeux perdus dans le vague, naviguant entre la conscience et l'inconscience avant de réaliser que si elle restait là, elle allait crever. Elle essaie d'atteindre sa baguette, sans succès. Autour, le vent siffle, il fait froid, terriblement froid. Elle tremble des pieds à la tête, et y'a personne pour l'aider. Personne pour l'entendre. Le désespoir qui la force à essayer, au moins essayer. « À...  à l'aide. » Mais ça ne sort qu'en un souffle. Comment elle en est arrivée là ? Elle prenait du bon temps sur la plage, essayant de se vider la tête, traînée là par une vieille connaissance. Elle voulait juste oublier le boulot, oublier la guerre, oublier tout le reste, et vivre quelques instants. Faut croire que le destin s'en est mêlé. Car la voilà coincée. Et si elle ne bouge pas, elle ne se relèvera pas.

T'es un Gryffondor. Bouge, bordel. Alors elle tente de ne pas se perdre dans le vertige, Thalia. De ne pas penser à l'horrible douleur et au sang qui se perd trop vite. Elle tire. Elle bouge. Elle parvient à s'extirper. À arracher le fer. À se relever. Les yeux qui se révulsent, et elle retombe dans le sable humide. Vent qui siffle. Mais y'a des voix, autour. Suffisamment pour la garder éveillée. Penser à Constance. À Katie. À Lobelia. Avance. « Aidez... » Sa voix faiblit, elle essaie de se redresser. Y'a des gens, pas loin. Dans cette grotte. « Aidez-moi. » Elle arrive à l'entrée de la grotte, s'effondre. Elle doit attraper sa baguette et arrêter les saignements. Mais pour le moment, elle n'est pas capable de penser. Pas capable de bouger.

La perte de connaissance avait pris la forme d’un choc brutal. Sa tête avait violemment claqué contre le bord de l’étable et Ellen avait aussitôt perdu connaissance. Lorsqu’elle s’était éveillée, secouée par un inconnu, il lui avait fallu quelques instants pour se remettre d’aplomb. Le monde tournait autour d’elle et seuls des cris se faisaient entendre. « Qu’est-ce que… » Elle n’avait aucune idée de ce qu’il s’était passé. La seule certitude qui s’était frayé un chemin dans son esprit, c’était que le chaos était partout. Elle le voyait dans le regard affolé de l’homme qui s’était penché au dessus d’elle. La Cattermole battit un instant des paupières, collant une main contre son front tandis qu’elle se redressait. Autour d’elle, de nombreux corps étaient étendus sur le sol. Morts ou vivants ? Elle n’aurait su le dire.

Une voix lui parvint. Lointaine et proche à la fois. La jeune femme se redressa, portée par un sursaut d’adrénaline. Ses pieds se dérobèrent un instant sous elle, mais après avoir titubé quelques instants, elle parvint presque à courir. Aidez-moi. La voix provenait d’une grotte non loin, en bordure de plage. Guidée par les plaintes, Ellen s’engouffra à l’intérieur de la formation rocheuse. L’appel à l’aide semblait venir d’une brune, @Thalia Bell, bien trop couverte de sang. La Cattermole s’empressa d’avancer dans sa direction afin de constater les dégâts. « Je connais des sortilèges de soin mais je ne m’en suis jamais servi. Je risque de faire pire que mieux. » soupirait Ellen, d’une voix qui tressaillait un peu. Son esprit était encore un peu embrumé et elle n’avait jamais été à l’aise à la vue du sang. « Tout va bien se passer… Courage. » lui murmurait-elle pour la rassurer. En réalité, elle n’en savait rien. Se tournant vers le reste de la grotte, elle observait les autres personnes présentes. « Toi ! Tu m’as aidée. Je suis sûre que tu peux l’aider aussi. » avait-elle crié en reconnaissant le visage de @Niven McKinnon.

Un choc, encore et encore. Tu n’aurais pas du être là Salma, toi et ton courage manquant. Une seconde et tout qui s’emplit, de douleur et de larme, le monde devenant coton, et tout qui s’effondre, respirant, une, deux, en pensant à lui, mieux comme ça probablement, tellement bête de partir comme ça. Tu t’empales, sans comprendre, le grapcorn, déjà au loin, te laissant là, baignant dans ton sang. Tu te traines comme tu peux, essayant de ne pas partir, de ne pas t’endormir, fermer les yeux c’est la mort Salma, et tu es trop jeune, beaucoup trop jeune que pour te laisser aller maintenant. Ta voix qui se perd, dans le bruit du vent, les larmes qui coulent, de l’aide, appelle de l’aide. « s’il vous plait … » dans un simple souffle, ta voix se perdant dans le sable. La grotte, si proche, sans pouvoir l’atteindre. @Irene Lovell et sa voix qui berce, qui veut t’aider, puis qui disparait, l’espoir qui apparait à nouveau. La cavité te semble à des kilomètres, impossible à atteindre, l’abdomen déchiré, plus pour longtemps. Zahra, Ruben, Myrcella et tout ces regrets, pas réparés. Jamais, les regrets emplissant ton cœur. La silhouette d’un homme, familier, tellement, lui que tu as vu grandir, si loin et Irene qui ne vient pas. « Niven, au secours. » Les mots comme des volutes qui se perdent dans le vent de la lande, dans cet océan agité. Tu aurais aimé avoir le courage, Salma, la force d’une lionne, de te mettre sur tes jambes, de faire abstraction de la douleur, en vain, faible, à jamais, à préférer la facilité. Tout vacillant, sans aucun moyen de te relever, le sang qui coule à flot, et tu acceptes finalement de fermer les yeux, la brise fraiche venant caresser ta peau d’orient.

Des minutes qui paraissent des heures avant qu’elle revienne, mauvais état, et son sang qui se mélange à ton hémoglobine, vous trainant, au plus mal dans cette grotte, des autres, tout aussi blessés que toi. Ta main se pose sur la jambe d’Irene, ne voulant plus la lâcher, elle, qui t’a sauvé la vie. « Merci beaucoup, tu m’as sauvé la vie. » La plaie béante qui ne se referme pas, qu’une question de temps, quelques grains de sabliers acquis, pas plus, condamnée si rien ne se passe, comme les autres.