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no one will win this time (oreste)

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MessageSujet: no one will win this time (oreste) no one will win this time (oreste) EmptyVen 4 Sep - 22:21

NO ONE WILL WIN THIS TIME

@ORESTE WOOD

Elle sent ses veines exploser, Erzsi, de cette ivresse de gagner qui la prend chaque fois qu’elle monte sur un balai, de cette envie presque viscérale de ressortir du terrain trophée à la main. Son sang bat à ses oreilles, lui implore de flatter son égo avec quelque victoire, mais les paumes sont éternellement vides, dépourvues de l’or du gagnant. L’équipe est silencieuse, se dissipe à droite à gauche comme pour faire son deuil de ce qu’elle aurait pu avoir – mais parmi la petite foule familière il y a un corps immobile, affalé sur un banc de l’étroit vestiaire. Les murs portent les fières couleurs de son équipe, mais ce soir elles ont l’air mornes, lavées de toute gloire par ces échecs qui s’enchaînent, tous plus lourds les uns les autres sur les épaules fatiguées des joueurs de Puddlemere.

Plus personne ne semble faire attention à Oreste, outre quelques tapes à l’épaule comme salut silencieux, mais Erzsi ne le quitte plus des yeux, incapable de s’en empêcher. Elle traîne des pieds jusqu’au capitaine, croise les bras avant de s’adosser à un des casiers voisins, la mine aussi moqueuse que déçue. « Tu crois que les vifs d’or deviennent plus rapides, ou est-ce que tu ralentis ? » qu’elle taquine, les yeux brillants d’une lueur puérile. Elle a l’air de l’enfoncer, de le pousser plus loin dans ses retranchements comme pour en sceller l’unique issue, mais il n’en est rien – elle le voit parce qu’elle ne voit que ça, qu’elle ne sait faire autrement, Oreste s’étouffant avec sa rage, cherchant mille façons de se punir pour son incompétence. Elle s’en veut de le regarder porter toute la dignité de l’équipe comme un fardeau qu’elle ne souhaiterait à personne, surtout depuis qu’ils flanchent, qu’ils tombent de grâce, leur réputation ne tenant plus qu’à un fil. Sa présence se veut réconfortante, camouflée par l’acidité de ses piques, un confort qu’elle se donne pour ne pas avoir à faire face, à admettre tout ce qu’elle aime garder dans le déni familier de ses pensées.

« Si on avait voulu d’un capitaine fantôme, on aurait choisi McNeil. » Un coup d’œil vert le joueur maladroit, si embourbé par son propre monde qu’il en remarque à peine celui dans lequel il marche. Mais Erzsi sent qu’elle donne trop, que cette semi-vérité sonne comme une confession, et elle soupire, le visage presque trop illuminé pour essuyer un échec cuisant. « Enfin, c’est pas comme si je t’avais choisi. » L’amertume remonte sans qu’elle s’en rende compte, souvenirs acerbes de ses années auprès des lions, des gloires minuscules volées par Oreste encore, et encore, et encore. La danse en était prévisible, mais elle ne s’en amusait pas, et pourtant elle détenait quelque chose de réconfortant, comme si savoir qu’il serait là, à lui arracher ce pourquoi elle travaillait tant et si fort, était comme la certitude qu’elle ne serait jamais vraiment seule. Ils avaient fini là tous les deux, sans réellement le prévoir, sans le vouloir non plus ; coincés l’un avec l’autre à nouveau, Erzsi éternellement dans son ombre, mais jamais trop loin.

Au fond elle se demande si ça n’est pas trop facile, si elle ne baisse pas l’échine pour paver le chemin de la victoire à Oreste, lui offrir ce qu’elle ne pense pas mériter – mais en elle brûle le feu de l’ambition, celui-là même qui la pousse à faire des miracles quand elle est dans les airs. Mais le temps des miracles semble révolu, et impossible d’en trouver la cause, malédiction tombée sur eux du jour au lendemain, les coupes remises au placard, dans la poussière et l’oubli des jours. Ce serait mentir pourtant que de dire qu’il ne brillait plus, Oreste, qu’il en avait perdu son aura arrogante, d’un rouge si pur, si vif, un océan dans lequel on voudrait se noyer ne serait-ce que pour y rester une seconde de plus. Cette même aura qui attire les fans et les groupies, qui provoque la loyauté et l’admiration, l’envie qui boue dans ses tripes depuis qu’elle le connaît. Il n’a pas perdu de sa superbe, malgré les étagères vides des trophées qui auraient dû suivre, coupes vides mais nécessaires ; il est là, renfrogné par sa frustration, rendu enragé par ce qu’il a manqué de faire, mais là tout de même. Elle le trouve puissant, Erzsi, juste à s’asseoir ici, à ruminer la déception qui porte son propre nom, mais elle ne lui dira pas. Il en serait presque beau, héros grec tombé d’une bataille et pleurant ses morts autant que ses gloires passées, et elle l’en déteste, oh comme elle le déteste.

« Ne sois pas triste » qu’elle renchérit, l’air faussement salvatrice, « il y aura d’autres occasions de nous faire perdre. » Elle espère que ses mots sont plus doux entre ses lèvres, qu’ils ne frapperont pas en plein cœur comme ils savent tant le faire ; Oreste si vulnérable quand il tombe des nues, que les cieux s’avouent impossibles à atteindre. Une empathie déguisée pour de la pitié, elle-même déguisée en mépris, autant de couches nécessaires pour protéger ce cœur qui n’en survivrait pas de heurter le sien. D’un geste de la main elle défait sa cape et la laisse tomber au sol, puis porte une main à son pull de Quidditch, la sueur du jeu perlant encore sur son front.
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MessageSujet: Re: no one will win this time (oreste) no one will win this time (oreste) EmptySam 5 Sep - 0:03



no one will win this time

I'm having a panic attack you inconsiderate ass.

◊ ◊ ◊

Il a envie de dormir - c’est le repos de celui qui préférerait mourir. De s’affaler sur son lit et ne plus jamais en sortir. L’adrénaline redescend, l’euphorie se stagne dans le fond de sa poitrine. Le myocarde est calmé, mais quelque chose s’affole dans la mécanique de l’émotion du voleur de sourires. Colère, frustration, moquerie - il ne sait comment naviguer sur ces flots nouveaux. Les soupirs s’échappent d’entre ses lèvres mordues. On pourrait croire qu’il irait jusqu’à s’en faire saigner ; quel dommage d’embrasser une bouche qui va piquer. La vérité, c’est qu’Oreste ne sait plus quoi faire pour se punir. Il a échoué. Encore aujourd’hui, il essuie une défaite du revers de la manche. Une main passe sur son front, chasse une tension qui plisse les sourcils. Il ne sait pas tellement quelle heure il est, simplement que le ciel a commencé à se teinter de rose et de nuances orangées, mais le crépuscule se fait timide à travers les nuages grisâtres. Un orage se prépare.La pluie menace de tomber, ou c’est juste parce que tout s’écroule autour de lui, qu’il a l’impression que le ciel aussi, va s’effondrer. C’est le calvaire des arrogants, la plaie de tous ceux qui se pensent trop grands. Quand on tombe, on s’en casse les dents. C’est certainement pour cela qu’il oublie de sourire en grand, Oreste. Juste en rictus quand on lui tape l’épaule d’une main qui se veut amicale ; l’esquisse timide qu’il réserve pour faire bonne figure. En attendant, en silence, il compte les fissures - vous croyez que ça explose rapidement, une âme perchée ? Ou c’est aussi l’agonie jusque pour l’achever ? Il s’affale. Roule en boule le maillot souillé de sueur et de défaite. Il dévoile un débardeur noirci de terre et de crasse - c’est peut-être sa médiocrité qui déteint sur le tissu immaculé. Yeux et tête baissé - il en a marre d’être bon à jeter. La plupart de ses coéquipiers ont la bonne idée de le laisser tranquille - mais il y en a toujours une pour ne pas avoir la cervelle qui se branche sur le bon câble. Elle capte une autre chaîne, celle du drame. Et avec elle, il y a toujours un instant où tout bascule. Où dans un coin de l’âme, le coeur et l’esprit se bousculent. Quelque chose qui déraille, quelque chose qui crie au bordel et à la pagaille. Erzsi, elle inspire à Oreste des tempêtes et des sables mouvants - quelque chose qui piège, qui terrasse. Et quand elle sourit, quand elle tend la main pour lui faire des chatouillis, c’est plutôt la brise tranquille qui vient souffler sur ses maux. Elle est la beauté de la neige, puis la morsure du froid. Elle blesse, et elle guérit, parfois les deux à la fois. Il ne la comprend pas, et certainement qu’il ne comprendra jamais - ce don qu’elle a pour donner à l’automne des impressions d’été. Mais aujourd’hui, là, elle a plutôt de ces airs empoisonnés qu’il voudrait tant lui faire ravaler. Dommage qu’elle ait des lèvres qu’il rêverait de dévorer - il irait bien les lui coudre pour l’empêcher de parler. Il se redresse. C’est pas le moment de baisser sa garde. Pas quand l’adversaire est trop cruelle ; trop méchante et en même temps trop belle. Mais il la voit au travers de lunettes rouges, quand elle parle avec ce ton qu’il déteste ; il est capable d’accepter son acidité quand il a le coeur tendre, Oreste. Pas quand il est déjà piqué, déjà en train de saigner. Déjà en train de c r e v e r.  « Je crois que tu devrais changer de disque. Tu te répètes, c’est usant - t’as pas mieux niveau insultes ? Me dis pas que t’es à court d’inspiration, ce serait dommage. C’est le seul truc qui fonctionne bien chez toi. Ton don pour être emmerdante. » Ton don pour être attachanteIl se redresse, passe une main sur le visage, essaie d’en détendre les plis et les rides qui se creusent entre ses yeux cernés. Il est fatigué. Mais quelque chose brûle trop dans le fond de sa poitrine pour qu’il se laisse aller à encore encaisser. Il tremble de quelque chose qui pourrait l’effrayer, si seulement c’était matériel. Certainement que ce serait trop sombre, trop mauvais, trop mortel pour lui ressembler. Il ferme le poing, avec l’envie de l’écraser quelque part. Où, il ne sait pas encore.  « Oh et s’il te plaît, évite de te déshabiller devant moi. J’ai suffisamment de matière pour faire des cauchemars cette nuit, pas la peine d’en rajouter. » Il fait mine de se couvrir les yeux d’une main. Pour s’éviter la vision d’un effeuillage qu’il ferait passer pour désagréable ; voyez la comédie humaine qui se joue du diable. Puis il y a comme un rire qui s’agglutine dans le fond de son gosier. Comme un hoquet, comme quelque chose d’incontrôlé. Trop dur pour être d’une franche hilarité, ça a au moins le don d’être suffisamment clair pour illuminer sa voix si rauque. « Remarque, t’as raison de profiter. Frapper un homme à terre. C’est bien ta seule occasion de prendre le dessus. » Au-dessus de moi, qu’il entend. Pas que l’idée l’enchante. Pas qu’il y ait déjà songé dans la discrétion d’une insomnie. Pas qu’il se soit déjà imaginé le poids de son corps par-dessus le sien. Pas qu’il ait eu l’audace de songer à la caresse de ses cheveux pendant contre ses joues. Rien de tout ça, évidemment. 


@erzsi székely

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MessageSujet: Re: no one will win this time (oreste) no one will win this time (oreste) EmptySam 5 Sep - 0:49

NO ONE WILL WIN THIS TIME

@ORESTE WOOD

Elle se brusque l’espace d’un instant, n’ayant trop réfléchi à ce qui pourrait la brûler en retour si elle s’aventurait trop près de la flamme. Oreste est fatigué, mais pas éteint, et il est un peu trop vrai qu’il suffit qu’elle fasse un pas vers lui, tendre ou sournois, pour la voir s’éveiller à nouveau, vive et dangereuse. Il n’y a rien d’agréable à écouter Oreste lui renvoyer ses acidités, mais elle le laisse faire, parce qu’elle n’a pas envie de se fermer, de s’en aller, de laisser son égo gagner quand sa présence lui fait tant de bien. Et tant de mal à la fois, le cœur qui éclate sans trop savoir quoi faire, quoi dire. « Pourquoi changer quelque chose qui marche si bien ? » qu’elle lui répond quand il la blâme de sa redondance, et c’est bien le seul à l’en blâmer. Au moins j’ai un don, qu’elle se dit, elle qui se persuade à mesure que les semaines passent qu’elle n’a jamais réellement été douée pour le Quidditch, que l’impression n’était qu’une passade, une brève illusion pour laquelle elle-même tombait naïvement. Et il y a cette haine, cette envie féroce de se prouver qu’elle a tort, qu’elle peut gagner, qu’elle en est capable. Un pincement de regret vient lui trouver le cœur quand elle songe à tout ce qu’elle aurait pu faire pour aider Oreste durant le jeu, avant que le couperet ne tombe sur la couleur de la défaite. Sans doute qu’elle aurait pu se révéler utile à ses yeux si elle avait même cherché, et elle s’en veut, sans raison, au fond c’était perdu d’avance, ils étaient chaotiques, mal entraînés, dépités par les échecs précédents, mais c’est si facile de se convaincre du contraire.

Un rire lui réchauffe la poitrine quand elle entend Oreste protester. Son index vient pointer en direction de la porte, dans un geste de fausse incertitude. « Oh, pardon… est-ce que… est-ce que je suis censée me déshabiller en dehors du dortoir ? Tu sais, l’endroit qui est justement fait pour se changer ? J’ignorais, excuse moi. » Ses lèvres se courbent sans qu’elle puisse s’en empêcher, la situation trop amusante tandis qu’elle retire son pull, bien trop épais pour la température de la soirée, pour l’adrénaline qui lui brûle la peau et la transpiration qui vient mouiller le creux du dos, désagréable, persistante. Ses cheveux tombent en désordre sur son buste et elle se tourne vers le casier qu’elle occupe, celui qu’elle aurait sans doute dû choisir un peu plus loin du sien. « Si la vue te dérange, tu n’as qu’à pas regarder. » Ils font tous la même chose, ici, après tout. Et si elle a honte de tous ces secrets qu’elle traîne derrière elle comme le boulet d’un prisonnier, elle n’a pas honte de ça, ni rien à cacher, rien qu’il n’ait jamais vu – qu’elle se dit, même si c’est faux. Peut-être que c’est parce que dans ses rêves elle lui dévoile tout, jusqu’à son âme, une chose qu’elle met un point d’honneur à effacer quand elle se réveille, le cœur à vif de ce qui semblait réel pendant un instant. Non, trop peu envie de s’y perdre, de s’avouer marchant pour ça. Il n’en saura jamais rien, pourquoi y penserait-il même ? Elle qui se sait peu suffisante, en tout cas, pas assez pour atteindre Oreste en plein cœur – ça c’est une compétence qu’on ne peut pas vraiment acquérir, mais ça n’est pas comme si ça l’intéressait. N’est-ce pas ?

« De toute façon, il y a plus grand-chose à faire pour t’achever. Regarde-toi, tu as l’air au bout de ta vie, est-ce que c’était la défaite de trop ? Franchement, je t’ai connu plus combattif. Tu en deviendrais presque ennuyeux. » Elle pique mais la méchanceté, ça n’a jamais été un de ses traits. Le cœur trop grand, trop avide de tout ce qu’il peut accueillir – trop à aimer pour se montrer vicieuse. Mais c’est subtile, comme l’envie de lui rappeler qu’elle est là, qu’il n’est pas seul, même s’il faut le blesser pour ça. Il a la peau dure, assez pour supporter les mots souvent faux qu’elle crache en sa direction, toujours dans le jeu, toujours doublés d’une dimension que les autres ne voient sans doute pas, et qu’eux arrivent à peine à comprendre. Elle voudrait qu’il voie à travers ceux-ci, qu’il comprenne qu’elle ne pense pas à mal, qu’elle aussi, elle a mal, mal de ne jamais réussir, mal de ne même pas avoir de quoi convaincre ses parents qu’elle est bonne pour ce qu’elle fait. Elle sent la menace pendre au coin de l’ombre, comme si c’était l’échec que ses parents attendaient pour la forcer à reprendre le business de l’élevage de dragons, ici, en Hongrie, peu importe. Mais ce jeu c’est ce pour quoi elle respire, elle le sait, elle le sent – et égoïstement, elle reste parce qu’il est là, reste parce que le jeu est bien plus amusant quand il en fait partie. Sans doute que la défaite aurait été plus amère si elle ne savait pas qu’Oreste serait son prix de consolation – équipier, capitaine, peut-être ; mais distraction de l’esprit quand même, un visage difficile à oublier, une voix qui lui fend le cœur de toutes les façons. Elle le déteste d’avoir tant d’emprise sur elle, et tout ce qu’elle espère, c’est qu’il ne s’en rend pas compte : il ne manquerait plus qu’elle soit vue comme une énième groupie, ces filles naïves et agaçantes qui ne connaissent de lui que la surface bien lisse qu’il aime présenter.

Tant pis. Elle offre une fissure, une main qu’il peut prendre comme refuser, la conséquence sera la sienne – surtout s’il accepte. « Les défaites ont au moins un bon côté : on peut les boire. » Elle sourit sans vraiment le faire, un peu trop consciente du problème qui commence à l’habiter quand elle s’approche d’une liqueur. Trop à oublier, trop à se faire pardonner, Erzsi qui ne s’aime pas, Erzsi qui se dégoûte, de tout ce qu’elle a fait et manqué de faire. « Je t’aurais bien laissé hors de la confidence, mais tu commences à me faire pitié. » Le rictus se voudrait moqueur, mais il est presque honnête. « Les bars moldus, rien de tel pour essuyer un échec aussi cuisant. Ils ont de bonnes bières, et personne pour nous tapoter l’épaule et nous dire qu’on ne devrait pas. Le Red Hound, à deux blocs d’ici, c’est là que je me terre quand j’ai pas envie qu’on me retrouve. » Elle sait bien ce qu’en penserait ses parents, le mot pureté murmuré sur toutes les bouches, mais elle n’a jamais fait attention à ces distinctions qu’elle juge immorales. Elle se rend soudain compte qu’elle vient de lui glisser un secret, sa cachette avec. Mais le cœur qui bat un peu trop fort à l’idée qu’il vienne l’y rejoindre, elle réalise que ça n’est pas vraiment un secret gâché ; juste un secret confié. Mais elle ne va pas plus loin, après tout, il a sans doute tout l’univers avec qui s’enivrer avant de songer à elle.

Impossible de finir sa tirade sur un sourire qu’elle n’arrive pas à terminer ; alors elle prend une inspiration et tourne la tête vers Oreste, les yeux brillants à nouveau. « C’est malin, maintenant qu’on perd à chaque fois, tu ne bougeras plus de ce bar. Les perdants sont des proies faciles. » Le rire qui la traverse n’est pas aussi brutal qu’il y paraît, parce qu’elle est perdante elle aussi, et qu’elle est toute autant une proie facile qu’Oreste ne l’est en cet instant, brûlé par l’intensité des déceptions, des doutes. « Aucun doute que tu bois plus vite que tu n’attrapes le vif d’or. » Son rire éclat finalement, résonne dans le vestiaire comme une mélodie cristalline, profondément immature ; elle rit parce qu’il n’y a rien de plus enfantin que d’offrir à Oreste l’opportunité de rispoter, parce qu’il n’y a rien de plus délicieux que de savoir qu’elle le rend fou, même si c’est fou de rage.  
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MessageSujet: Re: no one will win this time (oreste) no one will win this time (oreste) EmptySam 5 Sep - 1:33



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◊ ◊ ◊

Parfois, Oreste a du mal à respirer. Et c’est effrayant, de le voir en apnée. Le souffle retenu, silencieux, dangereusement lent, il se donne l’impression de se figer, glissant dans une agonie muette. On craint même de le voir s’étrangler sur la moindre particule de suie flottant quelque part dans l’air, s’il venait à le rappeler à ses poumons. Mais Oreste ne meurt pas. Oreste n’halète pas. Il est si calme qu’on ne le croit pas. Certainement parce qu’il compte les secondes, parce qu’il connait la litanie des heures, parce qu’il a une bombe à retardement à la place du coeur ; il sait qu’il pourrait perdre ses jambes, ses bras, sa tête qu’une vieille amie d’un temps de gloire et de déboires viendrait recoller les morceaux de ce gamin à la gueule déjà cassée. Il la connait. Sa présence qui foule les humeurs et piétine cette fierté qu’il porte au sourire comme une cause à défendre ; pourvu qu’il ait des vertus à pourfendre. Elle est toujours là. Quand c’est pas dans un coin de caboche, c’est à l’autre bout de la pièce. Toujours là pour lui donner des mots qui cognent, mais les regards qui viennent raccommoder. Elle mord le fil pour le casser, mais c’est quand même du fil qui viendra le rafistoler. Tisseuse de mensonges et couturière maladroite, Erzsi, finalement, elle fait les choses avec le coeur, sans les bonnes manières. Il le sait, sans savoir pourquoi il n’a pas besoin de s’en convaincre plus - c’est évident, pour lui. Il sait comment elle fonctionne, et pourtant, elle ne lui a jamais donné le mode d’emploi. Parfois, ce serait plus simple de juste la détester. Mais il sait. Et il ne saurait l’expliquer. 

Alors il encaisse. Il prend les coups qu’elle lui porte comme s’il savait que de toute façon, il allait finir la soirée sur un brancard. Appelez les secours d’avance, il cicatrise avec un temps de retard. Il hoche la tête à chaque réponse de la jeune fille, comme pour lui attribuer le point de la manche qu’ils ont lancé. Sur leur terrain de jeu bien à eux, les dés sont toujours à mi-jetés ; parfois sur le plateau, parfois dans la gueule de l’autre. C’est parfois plus facile comme ça, l’acidité - ça efface ce qui est trop doux. Tout ce qu’ils pourraient se donner, s’ils n’étaient pas occupés à faire comme si. « Ne pas te regarder… j’y peux rien. Tu sais, c’est comme quand les gens ne peuvent pas s’empêcher de regarder un chien écrasé au bord de la route ou dans le fond de leur mouchoir après s’être mouché. Bah c’est pareil avec toi. A voir si tu préfères t’identifier au cabot crevé ou à la morve, je te laisse choisir. » Il dit ça avec le ton conciliant, tandis qu’il se lève à nouveau. Ses jambes veulent bien le porter - et puisqu’elle ne se gêne finalement pas pour se débarrasser de son pull, il ne va pas se retenir de faire de même. Ses bras se croisent pour que ses mains viennent saisir les bords du linge souillé de sueur, qu’il fait passer par-dessus sa tête. Ses cheveux se dressent sur le crâne alors qu’il se décoiffe. Le débardeur finit en boule dans un coin de casier, à quelques pas de celui de la sorcière. Il tourne le regard vers elle lorsqu’elle ose confier un de ces secrets qu’elle glisse avec une inadvertance feinte. Il a le sourire en coin qui pique la commissure ; le rictus du sale gosse qui ne perd jamais de sa fière allure. Il arque un sourcil, marque un temps d’arrêt alors que ses mains fouillent dans son sac un change propre. 

« … Le Red Hound, à deux blocs d’ici, c’est là que je me terre quand j’ai pas envie qu’on me retrouve. » Il laisse s’échapper un rire. « Parce que y’a des gens qui te cherchent ? Tu te flattes, là. » Mais il l’écoute jusqu’à la fin. Et finalement, peut-être qu’il aurait bien besoin de boire, oui. De s’ingérer d’autres conneries. Les ruelles moldues, il les connait - il les foule et il en abuse. Les détours, les trottoirs, les fanges et les poubelles qui s’accumulent. Dans la crasse de ses larcins, il a ses habitudes. Et peut-être que ça lui éviterait de s’enivrer autrement. Vous savez, avec l’euphorie des cachetons et de la poudre. Pour changer, pour voir ce que ça fait, de s’encadrer dans un autre tableau chaotique. « Et j’vais faire comme si ta confidence n’était pas une tentative cachée de m’inviter à boire un verre avec toi. Ça, plus ton striptease douteux, je vais commencer à croire que t’as un message à me faire passer. » Il se détend. C’est subtil. Lent. Mais ses épaules tirent moins. Il respire mieux - comment est-ce qu’elle fait ça, au juste ? En quelques mots, en quelques insultes ?  « J’te laisse cinq minutes pour ressembler à quelque chose. Et par quelque chose, je veux dire quelque chose d’humain. Oublie le cadavre de chien et la morve de tout à l’heure, d’accord ? » Il ponctue sa phrase du claquement de la porte de son casier, après avoir saisi ses affaires propres.  « Et tu m’y emmènes, à ton bar moldu. »


@erzsi székely

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MessageSujet: Re: no one will win this time (oreste) no one will win this time (oreste) EmptySam 5 Sep - 2:21

NO ONE WILL WIN THIS TIME

@ORESTE WOOD

Les mots ont beau être blessants, ils sont plus colorés que ceux de n’importe qui d’autre, et elle les leur préfère volontiers. Il y a quelque chose sur les lèvres d’Oreste, comme une poudre magique qui transforme les pires insultes en plaisanteries amusantes, et même si elles froissent parfois l’égo, elles finissent par rebondir et disparaître dans le néant, ne laissant derrière elle que le sentiment étrangement chaleureux de se savoir accompagné. Ils font mine de ne pas en avoir le choix, eux deux, mais au fond ils se choisissent, encore et encore, sans jamais faillir, comme si le reste du monde n’avait pas la moindre chance ; que ce serait bien trop fade sans l’autre. Et peut-être qu’il y a aussi un peu d’envie, comme celle égoïste de garder l’autre proche de soi, de s’approprier ses lèvres et son cœur, mais Erzsi n’ose pas y songer. C’est bien trop effrayant, et elle n’aime pas la couleur vulgaire que la pensée donne à ses joues, comme une gamine se surprenant à fantasmer sur quelque chose qu’elle n’aura jamais.

Elle rit de bon cœur face à la pique que lui envoie Oreste, s’imaginant sans mal les visions que ses mots dépeignent. Aucune poésie dans ce qu’ils se disent, se crachent, mais ils n’en ont pas besoin – toute la beauté de ce qu’ils disent est dans leurs yeux, pourvu qu’ils se souviennent de s’y plonger, même s’ils risquent de ne plus en sortir. « Une invitation ? Non… c’est plus… comme donner tout son argent à un sans-abri, au risque de ne plus en avoir quand on en aura besoin. On sait qu’on s’attire des soucis, mais c’est tellement triste qu’on peut pas résister. Je te donne mon bar, amuse-toi. » La pause est brève, comme si tout était déjà planifié au moindre millimètre, une pièce de théâtre plus que divertissante où les piques s’enchaînent sans l’ombre d’une seconde de silence. « Mais puisque tu y insistes, j’irai avec toi. Tu as peur, c’est ça ? Je t’en prie, à part des ivrognes personne n’y va jamais. Est-ce que tu aurais peur de vieux, impuissants petits monsieurs ? A moins que tu n'aies peur d'être seul. Où sont passées tes groupies si loyales ? T’en fais pas, je serai là pour te protéger. » Elle aimerait oublier à quel point la blague se fait honnête quand elle la retourne dans le bon sens, quand elle l’examine de près – protéger Oreste c’est ce qu’elle fait de mieux, quand on oublie que c’est elle qui le blesse le plus. D’une façon. Mais ça elle ne l’admettra pas, parce qu’elle sait qu’Oreste n’en a pas besoin, qu’il refuserait son aide, qu’on ne donne pas la charité à un héros. Elle passe un tissu propre sur son buste pour en essuyer la sueur, puis plonge un bras dans son casier pour en attraper ses vêtements. Banals, trop peut-être pour une Székely, mais elle sait qu’elle ne risquera pas de croiser ses parents là où elle se rend. Un instant elle songe à Oreste, à son sang-mêlé, se rassure en se disant que, quand bien même elle se laissait prendre au jeu pénible de l’affection (comme si ce n’était déjà fait), ses parents lui bloqueraient la route, répugnés par la moindre goutte d’impureté. Mais elle, elle ne le voit pas. Quand elle le regarde, Oreste, elle ne voit que magie – celle qui est chaleureuse comme un feu de cheminée, celle qui conforte et qui émerveille, celle qu’on aime avoir sous la main pour le plaisir et la beauté, celle qui, à la fin de la journée, n’a pas la moindre importance même si on l’aime quand même. Elle ne voit pas plus sorcier que lui, avec ses balais rapides et sa baguette facile, le blason de Gryffondor encore ancré sur son buste si elle ferme les yeux. Ça non plus, elle ne lui dira pas.

Elle lui lance un dernier regard et l’observe sans s’en rendre compte, tatoue son corps sous ses paupières comme un souvenir volé qu’elle n’aurait plus d’occasion de voir. Il lui semble familier, pourtant elle ne l’a jamais touché, et elle détourne la tête quand ses pommettes virent au rose, un rose assez subtile pour qu’il passe inaperçu – mais elle elle sent ses joues chauffer, brûler, et elle voudrait se les arracher du bout des ongles pour se prouver qu’elle a tort. Elle hésite un instant étrange, comme si elle s’attendait à ne plus le retrouver à son retour, lui jette un coup d’œil par-dessus son épaule, puis disparaît dans un rire cristallin derrière les allées de casier, en direction des douches.


* * *


Elle aurait dû y songer un peu plus sagement. Elle aurait dû se demander quelles seraient les conséquences de ses paroles, chose qu’elle ne fait jamais et qui lui apporte bien trop de préjudices à son goût. Pas qu’elle ait envie de s’assagir pour autant – mais il n’empêche qu’elle se tient là, la gorge serrée, adossée contre l’enceinte du stade, les yeux rivés sur les bois qui l’entourent. C’est beau, mais ses pensées n’y sont pas ; c’est Oreste qui lui reste en tête, et l’appréhension presque sotte d’un moment loin des regards qu’elle n’avait pas prévu. Sans doute qu’elle n’avait pas réalisé qu’il accepterait son invitation, aussi mauvaise soit-elle, et trop surprise pour chercher à s’enfuir. Mais maintenant elle comprend, sent qu’elle hésite – pas parce qu’elle ne veut plus de lui, mais parce que c’est bien la première fois qu’ils se rendent quelque part de leur plein gré, sans circonstance loufoque pour leur donner un coup de pouce.

Et puis quoi ? Qu’est-ce qu’ils y feront ? Boire, elle suppose. Déjà elle cherche ses mots comme si d’un coup elle n’en avait plus, mais le doute se dissipe en un souffle quand elle aperçoit Oreste sortir de la bâtisse pour la rejoindre. Peu importe qu’elle ait quelque chose à dire ou non, elle se persuade, parce qu’elle gagne quand même tant qu’il est là. Et s’il part, alors au moins elle aura réussi à le voler quelques secondes, quelques minutes, quelques heures – faire comme s’il était à elle, vivre ces rêves inavoués qui lui semblent étrangers au réveil.

« C’est plus convenable » qu’elle déclare en observant sa tenue de bas en haut. « Mais on viendrait presque à en préférer la terre et la sueur – au moins la boue cachait un peu de tout… ça », qu’elle finit dans un geste approximatif. Elle ment pour l’amusement, mais il n’a pas à le savoir. Et s’il le sait, alors que sait-il d’autre ? « Avant qu’on transplane, s’il te plaît, dis-moi que t’es pas de ceux qui ont le cœur mal accroché. Parce que si on arrive là-bas et que je me retrouve couverte de tes tripes, crois-moi tu es mort. » Elle feint une moue compatissante, mais l’idée lui illumine les yeux comme une gosse machiavélique pour qui le plus chaotique est le plus drôle. Avec lui, au moins. Erzsi le laisse approcher, tente d’oublier qu’elle a relâché ses cheveux ne serait-ce que pour lui prouver qu’elle peut être belle, rouge vif peint sur les lèvres, bien loin de la sueur et de la crasse.

Finalement elle tend son bras – pour une fois c’est elle qui dirige, mais la sensation est aussi étrangère qu’intimidante, de peur de faire un pas de travers qui ne passerait pas inaperçu aux yeux d’Oreste, que la moquerie ne devienne finalement sincère. Plus il s’approche et plus elle se tait, sans trop se souvenir des piques qui lui étaient venues à l’esprit pendant qu’elle attendait, riant toute seule en s’imaginant ses réactions. Ce n’est pas comme s’ils n’avaient jamais été si proches – mais cette fois c’est presque différent, comme s’ils abandonnaient un peu plus de cette muraille les séparant, qu’ils apercevaient un peu plus qu’hier, et le jour d’avant. La nuit déjà plus que tombée elle se congratule au moins d’avoir mis une manche longue, manteau épais suffisant pour qu’elle ne soit pas troublée de sa peau contre la sienne, un contact si doux face à leurs paroles. « Quand on sera là-bas… » qu’elle intime, « je sais que c'est dur pour toi, mais tente de ne pas me faire honte, hein ? » Elle plisse le nez avec la plaisanterie, aime prétendre qu’il est tout sauf charmant. La vérité c’est qu’elle serait presque fière de l’avoir à son bras, de s’exhiber à ses côtés, mais c’est tellement plus facile de faire comme si. « Je détesterais qu’on me bannisse de mon bar préféré simplement parce que tu ne sais pas te tenir en société. Mais bon, ça n'est pas donné à tout le monde. » Les yeux brillent, mesquins, le jeu sans fin à son grand plaisir, attendant volontiers que la balle revienne dans le camp d’Oreste. Elle serait même prête à le laisser la garder.
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MessageSujet: Re: no one will win this time (oreste) no one will win this time (oreste) EmptySam 5 Sep - 11:42



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Torse bombé et sourire en berne, Oreste se fait la promesse de redevenir pour ce soir le soldat de l’imprudence - au diable les courbatures et les cicatrices invisibles de la déchéance. Il barre son corps de parfum et de ces fragrances qui font tourner les coeurs, chavirer les moeurs - il sera beau, il sera grand. Et quand la petite aiguille titillera le minuit passé, il sera suffisamment alcoolisé pour oublier pourquoi il a commencé à se souler. Armé de toute son arrogance, le gamin aborde sa couronne de droiture avec l’ironique fierté de celui qui se veut plus grand que tout le monde. L’eau chaude d’une douche rapide a chassé de son corps les traces de terre, les éclaboussures de boue et de sable. Ses cheveux sont encore humides, mais il y a quelque chose dans la paresse de sa coiffure qu’il sait irrésistible - comme une invitation à y plonger les mains pour y rajouter un peu de pagaille. Oreste, c’est l’incitation à la bataille. Des mots et des corps, des poings qui percent et des vêtements qui volent dans le décor. Il le sait. Et c’est pour cela que lorsqu’il passe l’inspection de mauvaise foi de son interlocutrice, il fait le bel oiseau. Il sait son plumage plus éclatant que lorsqu’il a plié l’aile sous la honte - elle se moque, mais il sait qu’il n’a rien d’aussi laid que son expression le laisserait penser. Il garde le narcissisme comme dernière barrière entre lui et l’envie de se jeter dans le vide ; c’est drôle d’être si bien en se sentant si mal. Et puis, il en profite pour l’observer, elle aussi - mais il fait comme s’il n’avait rien remarqué. Comme si elle était toujours couverte du maillot trop grand de leur équipe, que brillait sur son front cette fine pellicule de sueur qui perle jusqu’au menton. Que ses cheveux étaient toujours emmêlés, ses yeux plissés, sa silhouette cachée. Non, il n’a rien vu, promis. Pas vu où s’arrêtent ses mèches, pas vu où se lève le coeur. Il préfère répondre avec le regard rieur. « Si j’arrive à supporter ton odeur corporelle en fin de match, ce n’est pas un petit transplanage qui suffira à me soulever l’estomac. » 

Il s’approche, le bras prêt à être crocheté à celui de la jeune fille. Il fait mine d’hésiter, comme si le contact le dégoûté - mais en vérité, c’est quelque chose d’autre qui lui traverse l’esprit. Ils se sont déjà bousculés, taquinés, manqués de se frapper. La force minuscule d’un petit poing sur la poitrine, une épaule qui rencontre une autre pour faire vaciller. Mais ils ne se sont jamais effleurés sans l’espoir de se blesser, et un instant, Oreste n’est pas certain de savoir s’y prendre. Il secoue la tête, comme pour s’empêcher de réfléchir - finalement, les coudes s’épousent. « Ne t’inquiète pas. T’as jamais eu besoin de personne pour te faire honte, tu t’es toujours très bien débrouillée toute seule pour ça. Allez, cesse de parler pour rien. J’ai peur de voir mon bras fondre à ton contact si on reste enchevêtrés de la sorte trop longtemps. »

Et alors, juste comme ça, ils s’en vont. Dans le tourbillon d’un voyage qui est toujours désagréable, Oreste a néanmoins l’estomac suffisamment solide pour ne pas s’encombrer d’un malaise à l’arrivée - à force de filer plus vite que le vent et de perdre la notion d’envers et d’endroit, son organisme s’est paré d’une résistance accrue aux sensations fortes. Néanmoins, pour faine bonne mesure, le jeune homme grimace, tandis qu’il tente d’arranger son allure en repassant grossièrement son pantalon avec ses mains. Il lève les yeux, reconnaissant les contours obscures du décor moldu - il fait toujours humide, à Londres. La pluie vient de tomber, menace peut-être encore de venir pleurer. Les lumières des lampadaires se reflètent contre le sol pavé qui se donne un effet de miroir ; entre les flaques croupissantes et les gouttières qui débordent. Il aime bien l’atmosphère, ici. Et à quelques pas, la musique étouffée d’un pub qui vit - certainement l’établissement dont elle a parlé. Ils s’en approchent sans plus se parler, avant de se faire avaler par la chaleur du lieu une fois les portes battantes ouvertes. Ici, on en oublierait le morne et le froid mordant de la contrée. Les corps dansent et les rires éclatent en échos contre les murs. Ça sent le tabac froid, l’alcool renversé, un peu la sueur et pas mal le boisé. La nuit est bien installée, et pourtant le nuancier du tableau se drape de ces couleurs qu’on prêterait au crépuscule. Un peu d’orange, un peu de jaune - le soleil qui se meurt. Une impression d’automne qui s’invite avant l’heure. Une ambiance réconfortante, quand elle oublie d’être assourdissante. 

« Je comprends pourquoi tu aimes cet endroit. L’odeur de transpiration, le boucan, la fréquentation douteuse… ouais, tu dois te sentir dans ton élément, ici. Attache-toi les cheveux, tu passerais inaperçue au milieu de ces messieurs qui roupillent sur le comptoir. »

Pour ponctuation la comparaison, il esquisse un signe de menton en direction de ces deux silhouettes affalées contre le bar ; l’alcool surprend à toute heure, visiblement. Mais Oreste ne laisse à son interlocutrice plus de temps pour lui répondre qu’il n’en faut pour entrouvrir les lèvres - il repère une table libre, perdue au milieu du chaos de silhouettes. Il s’y dirige, se retenant de tendre la main vers elle pour s’assurer qu’elle le suive. Plutôt, les doigts se dissimulent dans le fond de ses poches, à l’abri de la menace d’un nouveau contact. « Du coup. Qu’est-ce que tu me recommandes de boire ? Puisque tu es une habituée, à toi l’honneur. »

@erzsi székely

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MessageSujet: Re: no one will win this time (oreste) no one will win this time (oreste) EmptySam 5 Sep - 12:37

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@ORESTE WOOD

La brise chaude qui vient les caresser quand la porte s’ouvre lui vient comme une sensation si familière qu’elle s’en détendrait presque, heureuse d’être ivrogne plus que perdante, la défaite encore au travers de sa gorge. C’est souvent ici qu’elle vient s’échouer quand les cris d’encouragement ne suffisent pas à les faire gagner la coupe, et ici, il flotte une étrange sérénité dans l’air, comme si cet autre monde était dénué de tous les tracas auxquels elle s’est tant habituée. Et avec les nouvelles parues dans le journal il y a peu, changer de paysage ne lui fait pas de mal. « Sois pas vache, t’es plus qu’un abruti mais ces gens ils sont comme toi. Tu sais, la crasse, la vulgarité, l’ennui. » Un sourire qu’elle sait inoffensif, parce qu’elle ose se dire qu’il voit à travers la moquerie – elle qui vient de rien, puis à qui on a tout donné. Il ne peut pas savoir, non, qu’elle n’a pas jamais eu de parents, qu’on l’a abandonnée sans même lui dire pourquoi ; puis qu’on l’a choisie comme un acte de charité annuel, pomponnée sans affection. Ce qu’elle connaît c’est le luxe le plus froid, les manoirs isolés où il n’y a ni musique ni rire, et jamais les gallions ni la beauté d’une façade ne seront suffisants pour quelqu’un qui a toujours préféré la chaleur. La simplicité. Ici personne ne fait semblant, et c’est quelque chose qu’elle chérit, même si c’est difficile à deviner. « Peut-être que je leur ressemble, mais il faut dire que t’as souvent l’air d’une fille plus que moi. Et puis tes beaux cheveux, là », qu’elle ajoute en se ravisant in extremis d’ébouriffer ses mèches mouillées, certaine qu’un tel contact ne serait pas encore autorisé. Avec ça elle regarde ailleurs, fait comme si elle n’avait pas lâché le plus nonchalant des compliments, peu désireuse d’avoir à s’expliquer.

Assise au fond d’une banquette plus confortable qu’elle n’en a l’air, Erzsi regarde autour d’elle comme pour choisir son poison. Ici, c’est la bière qui règne, de tous les goûts et de toutes les couleurs, mais en avalant sa salise dans un élan de nervosité, elle réalise qu’elle n’est pas ici pour faire la petite joueuse. Elle est ici pour oublier : oublier qu’ils ont perdu, une énième fois, oublier qu’il est avec elle et qu’elle s’en réjouit plus qu’elle ne devrait, oublier qu’elle ne sait pas sur quel pied danser alors qu’ils ne se sont jamais embêtés de ces choses, toutes futiles, toutes fabriquées. Les convenances, la prudence, autant de concepts qui l’effleurent à peine, et qui sont tout aussi étrangers pour Oreste, lui qui n’aime que le chaos enfantin, la liberté de quelqu’un qui ignore les règles. « Tout dépend de pourquoi tu bois, je dirais. » Son air éternellement moqueur quand Oreste est là finit par s’estomper, laisse place à un sérieux qu’elle porte si peu, tandis qu’elle plisse les yeux pour lire les noms barbares des alcools écrits à même l’ardoise du bar. « Et d’à quelle vitesse tu veux te déconnecter », qu’elle ajoute, consciente qu’elle se souvient à peine des boissons qu’elle choisit quand elle vient ici. Tout est brumeux, protégé par les nuages réconfortants de l’oubli et de l’alcool.

Elle tâte sa veste en jean pour vérifier que sa baguette s’y trouve encore, prudence viscérale et nécessaire qu’elle exécute sans s’en rendre compte, ici et là – puis laisse un profond soupir remplir le silence avant de redevenir elle-même, inégalable et insupportable petite Erzsi. « Whiskey, c’est une valeur sûre ici. C’est brut, difficile à aimer, mais c’est assez efficace pour tout détruire sur son passage et bien faire son job. Si on est familier avec les gerbées de fin de soirée, en tout cas. Un peu comme toi, non ? » Et quand on y a goût, c’est la nuit idéale. Maintenant qu’elle le dit, la blague lui semble comme une évidence, Oreste si particulier, si noble d’âme, et dont les ravages sont souvent plus terribles qu’une vulgaire petite vodka. Son regard se perd dans le sien comme si elle en profitait pour l’examiner, pour l’analyser de l’intérieur, réalise qu’ils n’ont jamais réellement passé de moment en telle intimité. Quoi lui dire, maintenant ? Est-ce qu’il lui restera quelque chose à lui cracher au visage quand le dernier sujet de conversation sera épuisé ? Et il y a cette envie perfide, qu’elle retient tant bien que mal dans toute sa sobriété, celle de se rapprocher, de le toucher du bout des doigts comme pour vérifier que c’est vraiment lui. Qu’il l’a suivie, qu’il est là, avec elle. Presque incroyable. « Mais, comme dit, ça dépend de pourquoi tu bois. » Elle s’imagine un peu ivre, son alcool éternellement jovial, tente de sentir si elle en abandonnerait même ses murs si proprement bâtis pour garder Oreste loin d’elle et du fragile petit cœur. Pas qu’il essayerait quoi que ce soit, pas qu’elle ait quelconque intérêt selon elle. Mais elle détesterait être la première à baisser les armes, surtout à cause d’un verre de trop.

Pourtant elle est venue pour ça et elle n’est pas décidée à sacrifier une soirée d’oubli simplement pour tenir les apparences face à Oreste. Qu’il se moque d’elle, si elle ose se faire amie le temps d’une nuit ; s’ils font bien les choses ils auront tout oublié au petit matin. « Alors, qu’est-ce qui te plairait ? » qu’elle demande, et sent son cœur batifoler comme celui d’une adolescente en répondant elle-même à sa question. Tant de réponses qu’elle garde à distance de bras, plongées dans un déni bien confortable. « De toute façon, c’est offert par la maison, le barman est un ami. » Elle jette un coup d’œil au vieil homme fidèlement debout derrière le bar, qui répond à son regard avec un sourire chaleureux – puis retourne à Oreste, attendant patiemment sa réponse. Ses plans. Ses désirs.

C’est elle qui payera, quand il regardera ailleurs, mais ça il n’en saura jamais rien. Elle sait bien après tout, que les salaires se font précaires, que le quotidien se fait rude. Mais elle, elle a toute une lignée de sorciers nobles à sa suite, prêts à l’approvisionner dans l’espoir qu’elle ne leur revienne pour accomplir les tâches qui lui sont dues par son seul nom. C’est assez pour se débrouiller, pour s’assurer confort et insouciance, juste assez pour quelques soirées de déchéance, plus qu’elle ne devrait. Oreste ne lui a pas dit grand-chose, mais elle devine les difficultés qui se cachent derrière son sourire, ose se souvenir d’une mention ou deux qu’il n’était pas issu d’une fratrie solitaire. Après ça, sa conscience sera tranquille, et eux assez alcoolisés pour que ce détail en devienne insignifiant.

« Et tu verras, bien vite tu ne sentiras même plus la transpiration. Et je ne te dérangerai même plus. C’est magique », qu’elle fait en pointant du menton deux quarantenaires chantant à tue-tête près du comptoir, l’insouciance dans les yeux. « Enfin, si tu sais t'amuser », qu'elle lance comme un défi, curieuse de découvrir comment l'alcool le rendra, le bel Oreste.
 
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MessageSujet: Re: no one will win this time (oreste) no one will win this time (oreste) EmptySam 5 Sep - 13:11



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Pourquoi il boit, Oreste ? C’est osé de lui demander. En fait, c’est osé de lui demander pourquoi il fait les choses - souvent par envie, parfois par ennui, toujours parce qu’il le peut. Oreste n’a jamais besoin de raison, jamais besoin d’excuse. Il agit sans se justifier de rien - parce qu’il a le droit, parce qu’il le doit, parce que ça l’amuse et lui fait du bien à la fois. Il est ce genre de garnement qui ose parce que la vie est trop courte, parce qu’il n’a pas fait les bons réglages dans son cerveau pour activer les mécanismes de l’alerte ; il fait. Et au pire, il regrettera plus tard. Alors, ça parait facile, de vivre comme Oreste. Compter les minutes sans s’inquiéter de la perspective des heures ; voler au temps chaque seconde comme si c’était la dernière. Saisir les opportunités telles qu’elles se présentent, et ne planifier que l’essentiel ; c’est l’ambition du paresseux, aussi bien que la volonté du prodigieux. Oreste, il aime le risque, il aime le jeu - voyez qu’il a fini par prendre goût à toujours finir victorieux. S’il ne laisse pas son existence au hasard pour autant, l’appel de l’adrénaline et de l’inconnu résonne avec une tendre mélodie dans un coin de sa tête. Erzsi, elle l’a bien compris - après tout, elle n’est pas stupide. Du moins, pas autant qu’il aime le faire couler sur sa langue acide. Alors, pourquoi il boit ? Et pourquoi il est là ? Et pourquoi il la regarde comme ça ? Trop d’interrogations qui se battent la place de l’existentiel - il voudrait aller à l’essentiel. Je bois parce que j’ai besoin de planer, je bois parce que j’ai besoin d’oublier, je bois parce que j’ai besoin d’un coup de pouce pour aller mieux. Je bois parce que j’espère que tu vas devenir floue, parce que t’es trop belle sous la lumière, et que ça brûle de te regarder. « Pour l’instant, je vais surtout boire pour essayer de rendre ta compagnie plus agréable. » Premier mensonge qu’il lance par-dessus la table. Il pose les coudes sur le bois qui colle un peu, penche légèrement la tête sur le côté. Oreste, c’est un habitué des boissons bon marché qu’on fait tourner en fin de soirée - il ne connait pas vraiment le raffinement de l’embrun que l’on garde pour les occasions spéciales. Il pourrait boire dans un fond de bocal ; c’est la modestie qui s’invite quand il s’agit de profiter des vices et des cuites. Mais puisqu’elle lui rappelle que la bière est la boisson de prédilection de la maison, il se dit que ça vaut mieux d’essayer leur houblon. Le whisky et les alcools forts font effet plus vite, mais quelque chose chez Oreste le pousse à parfois vouloir prendre son temps. Profiter de la descente pour voir venir la chute, ne pas se laisser surprendre. Par plaisir du goût, aussi - excusez-le d’avoir le palais qui se veut ravi.

Et puis, il jette un oeil par-dessus l’épaule, en direction du barman qu’elle décrit. Il ne sait pas pourquoi ça l’énerve. Pourtant, l’employé ne paye pas de mine ; âgé, il ne devrait pas s’intéresser à la gamine. Mais ça le dérange, ça le démange. Il cache une crispation de mâchoire derrière un sourire moqueur. « Au moins, ça te fait un ami, c’est bien. J’suis fier de toi. » Et ça l’arrangera peut-être de ne pas avoir à payer sa débauche. Les rentrées d’argent se font difficiles, ces derniers temps ; et il en a tant besoin pour subvenir aux besoins de sa famille. Il baisse les yeux un instant, lorsqu’il songe à ses affaires illégales qui l’attendent. Argent sale, mais argent quand même ; oh, si Erzsi savait. 

« Je pense prendre une pinte de la meilleure bière de la maison, histoire de lui faire honneur. Je te laisse le whisky, tu as l’air plus habituée. Et évidemment que je sais m’amuser, tu me prends pour qui ? Tu sembles avoir oublié qui participait le mieux aux fêtes de Gryffondors en fin de match. » Clin d’oeil qui vient ponctuer la phrase, alors qu’il lève le bras pour interpeler une serveuse de passage. Jeune femme au plateau sur la paume, elle s’approche la minute suivante pour prendre les commandes. Il laisse son interlocutrice faire son propre choix, tandis qu’il gratifie à l’employée un tendre sourire en lui glissant le sien. Couleurs rosées qui s’invitent sur les pommettes de l’inconnue, avant qu’elle ne reparte chercher ce qu’ils ont ordonné. Oreste se tourne de nouveau vers Erzsi, l’échine s’enfonçant un peu plus dans le dossier de la banquette. Il se détend doucement, à croire que la chaleur des lieux fait soudain effet sur le corps tendu de l’attrapeur. « Au fait. Ne va pas croire que je n’ai pas relevé ton compliment de tout à l’heure. » Il laisse quelques secondes de silence s’installer, comme pour lui donner l’occasion de s’en rappeler toute seule, avant de finalement lui couper l’herbe sous le pied. « Mes beaux cheveux, . » Qu’il lance en essayant d’imiter les aigus de sa voix. « Et sinon, toi. D’habitude, pourquoi tu bois ? »

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MessageSujet: Re: no one will win this time (oreste) no one will win this time (oreste) EmptySam 5 Sep - 13:46

Un ami, qu’il dit, comme si elle était incapable d’attirer la moindre réelle sympathie passés les sourires polis et les conversations sans importance. Elle sait qu’il se moque, Oreste, que c’est ce qu’il fait de mieux quand il n’est pas sur un terrain, mais la réplique lui glace le sang et lui monte un arrière-goût amer au fond de la gorge, comme une vérité dérangeante qu’elle tentait d’ignorer, gamine tellement persuadée qu’elle ne vaut rien. C’est pour son sang intact que ses parents factices l’ont choisie parmi d’autres ; c’est pour son allure insouciante et son bon coup de batte, ses réflexes alertes et son attitude à problèmes qu’elle est devenue joueuse de Quidditch. Jamais, pas une fois, l’on aurait fait mention de ce qui se cache là, quelque part, sous des couches si épaisses qu’on ne pourrait l’apercevoir qu’en s’approchant d’assez près. « Peut-être », hausse-t-elle les sourcils, le rictus un peu trop acide pour n’être que jeu d’enfant, « mais au moins je pèse mes mots. Toi et tes mille camarades, et tes groupies insupportables, qu’est-ce qu’ils t’apportent tous ? C’est creux, et vain, alors pas étonnant que tu en sois réduit à n’avoir que moi comme chaperon. » La fin de sa tirade fait mine de masquer la blessure, elle tout sauf chaperon, et le choix toujours trop vaste pour qu’Oreste ne soit réduit à quoi que ce soit. Il pourrait s’en aller, même, et rien ne l’en empêcherait si elle le brusque trop, si sa compagnie devient plus hostile que piquante. Alors elle se renfrogne comme pour se punir, comme pour s’excuser, sans mot, se souvient à quel point la solitude la prenait quand Oreste n’était pas là. Soudain elle ferait tout pour qu’il ne parte pas, pour qu’il reste à ses côtés même si c’est pour lui cracher du venin au visage ; ce soir elle n’a pas envie de faire face à ses démons. Pas seule, en tout cas. « Quant aux fêtes des Gryffondors… excuse-moi, j’étais occupée à d’autres choses que te regarder t’amuser. » Les mots ne sont qu’à moitié vrais, elle tantôt perdue dans les bras de mille amourettes aussi intenses que courtes, tantôt les yeux rivés dans la direction d’Oreste sans jamais comprendre pourquoi il l’énervait autant, pourquoi les filles qu’il avait au bras et avec qui il dansait au rythme de la radio lui donnaient la nausée. Elle était sotte, à l’époque, mais maintenant elle est dans un déni impeccable, et difficile de dire ce qui des deux s’avère plus facile.

La serveuse débarque au moment où elle se tait, mais l’envie de hurler la prend d’un coup quand elle surprend un regard complice entre elle et Oreste, un lien qui n’a pas lieu d’être, qu’elle ne veut pas là, devant elle, à s’en arracher le cœur que le monde entier soit à son niveau et pas elle. Qu’est-ce que cette petite inconnue pourrait bien avoir qu’elle n’a pas, elle se demande – mais elle se ravise, s’aventurer sur un terrain pareil n’est pas sage quand on se déteste aussi profondément. « Un whiskey, s’il vous plaît. » C’est tout ce qu’elle lui dira, les yeux observateurs quand elle s’éloigne.

C’est Oreste qui la tire de ses pensées acides, de cette jalousie déguisée en dégoût qu’elle se traîne depuis des années, tant d’années – mais au fond elle aurait préféré ne pas l’entendre. « Quoi, ne va pas te flatter comme ça, tes cheveux sont… présents, c’est tout. Et sophistiqués. » Elle s’égare, ferme les yeux et fronce les sourcils comme pour retrouver la pique qui lui échappe. A trop chercher des mots innocents pour le décrire, elle s’emmêle les pinceaux, étourdie par ce terrain inconnu dans lequel elle s’engage à pieds joints. « Enfin bref, tu peux comprendre que comparé à ces têtes chauves à droite et à gauche ici, tu ressembles plus à une donzelle que moi et mes allures de… batteuse. » C’est qu’on l’a formée, on l’a élevée pour être séduisante, élégante, féminine, Erzsi ; faire honneur aux femmes de sa famille, parce que c’est tout ce qu’on lui autorise, mais avec sa force de batteuse et son envie de bagarre, de bêtise, d’adrénaline, elle en reste souvent convaincue que personne d’autre que ses parents ne savent le voir. Certainement pas Oreste, avec qui elle se montre aussi rustre et brutale que les joueurs de Quidditch de son pays natal. Elle coince une mèche blonde derrière son oreille, presque gênée. « Je bois tout et n’importe quoi. » Elle réfléchit une seconde, se demande si elle n’en a pas trop dit, incertaine quant à ce qui lui arrive, un peu honteuse de ne plus avoir le moindre contrôle. C’est qu’elle glisse, Erzsi, et que la seule pommade qui fait effet sur les brûlures de son âme sont les liqueurs les plus fortes que ce bar détient.

Pourquoi elle boit ? Erzsi fait mine d’énumérer sur ses doigts : « Champagne et cocktail quand on gagne, parce que c’est bon. Bière quand c’est l’ennui qui me prend, c’est suffisant, convivial, et plutôt efficace pour attirer les gars dans ton genre qui sont persuadés qu’une fille n’en boit pas. Ils en tomberaient presque des nues. Vodka ou whiskey quand j’ai envie d’oublier un truc ou deux, comme tout le monde » qu’elle banalise. Elle hausse les épaules, même si elle sait qu’elle n’aurait pas dû se confier autant, aussi vite, aussi… naturellement. Mais il délie sa langue sans avoir besoin de le lui demander et elle le déteste pour ça, comme si à ses côtés elle se sentait protégée, de tout jugement, les siens toujours si faux, toujours si amusants, trop pour qu’ils ne soient véritables – loin des attaques qu’elle porte à elle-même, si impitoyables qu’elle en boit encore plus. Mais au fond elle n’a pas dit pourquoi elle buvait, vraiment pourquoi, peut-être qu’elle a peur qu’il ne tienne pas le secret, ou qu’il ne la voie plus comme elle est, peu importe. Sa question n’était que politesse renvoyée, banalement intéressée, de toute façon. « Rien de trop spécial. »


Dernière édition par Erzsi Székely le Sam 5 Sep - 15:39, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: no one will win this time (oreste) no one will win this time (oreste) EmptySam 5 Sep - 14:41



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I'm having a panic attack you inconsiderate ass.

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Elle a une liste. Et Oreste, il ne sait pas s’il doit s’en moquer, ou trouver ça triste. Les catégories d’alcool qui s’allient aux humeurs. Le coeur qui se trempe dans le formol et dans la liqueur. Il l’écoute, et il a un peu perdu de son sourire alors qu’il trace dans un coin de son imagination le tableau qu’elle décrit. Deux colonnes - un besoin, un calice qui se remplit. Lui, il n’a jamais eu le don de faire le difficile. Il prend ce qu’on lui donne, et en ce moment, ce qu’il vend. Il ne saurait dire s’il a l’alcool joyeux ou mélancolique, il a juste l’alcool différent. Un peu exacerbé, il ne fait pas la différence entre ce qu’il ingère, du moment que ça fait effet. Mais il y a tout de même l’esquisse innocemment amusée qui lui chatouille la commissure de la bouche lorsqu’elle tente de se rattraper - vous savez, pour avoir complimenté sa chevelure indisciplinée. Il a toujours pris soin de son allure, Oreste. C’est le prix à payer quand on a un peu honte du reste. Il se sait beau, et entretient l’illusion de l’excellence à travers une jolie prestance. Quand on a l’aura qui brille, on oublie de regarder ce qui peine à scintiller. Tout le monde se moque de ce qui se cache derrière le bel habit, sous les yeux qui pétillent ; l’âme en peine, on s’en fiche, du moment qu’elle est joliment enveloppée. Drôle de cadeau empoisonné. Et puis, il faut dire qu’elle a tristement raison. Ces gens qui l’adulent sans le connaître ne font que nourrir ses désillusions ; l’oasis qui se remplit de relations factices et de fans opportunistes. Les baisers qu’il vole sans réellement avoir à se débattre, les amitiés qui lui collent juste pour partager de la lumière qu’il dégage. Il n’a jamais eu le véritable luxe de bien s’entourer. C’est le fardeau de ceux qui ont quelque chose à offrir - ils finissent par devenir accessoires. Finalement, Oreste le sait, et ne s’en est jamais réellement inquiété. Il a sa famille pour véritablement lui donner le sentiment d’être aimé. Des parents, des cadets, et un dernier petit frère dont le regard se gorge d’admiration lorsqu’il se pose sur son plus vieil aîné. Mais quand eux aussi, apprendront à être déçus du prodige déchu, qui restera-t-il ? Qui l’aimera encore, quand même lui n’aura plus la force de faire semblant de s’apprécier ? Il espère que l’alcool arrivera vite, finalement. Parce qu’il commence à déprimer. « Tes allures de batteuse, on finit par s’y habituer. Bon, l’odeur, je dis pas. Ta façon de parler laisse à désirer… mais t’es dure avec toi-même. On a toujours besoin de quelqu’un d’un peu rustre, ça nous fait nous sentir mieux. T’as un effet positif sur les gens, au moins ». Compliment caché. Tes allures de batteuse, elles te vont bien. Parce que t’es un peu trop belle quand tu râles, quand tu frappes, quand tu t’en fiches. Jusque dans sa manière de s’enlaidir, y’a un morceau de perfection qui lutte - et ça aveugle, et ça tue, et ça l’énerve de le remarquer. 



« Tu as commandé du whisky. » Il soulève, coupant l’air de son ton arqué. « Du coup, j’en déduis que tu as quelque chose à oublier, ce soir ? Et me réponds pas que c’est pour tenter d’ignorer ma présence, ce serait trop prévisible, et même pour toi ce serait dommage. » Non pas qu’il s’inquiète - du moins, qu’il le fasse entendre. Parce qu’au fond, peut-être qu’il se fait un peu de mouron. Il n’aime pas l’entendre parler d’alcool comme un pansement, quelque chose qu’elle pose sur les plaies pour éponger la douleur. Parce que c’est bien beau, les fissures qu’on colmate - mais entre les failles, y’a toujours trop de souffrance qui comate. « Ou alors, tu essaies de m’impressionner. Et là encore, ce serait raté. » Parce que pas besoin de prouesses d’ivrogne pour l’estomaquer. Suffit de lui laisser voir un sourire. 


La serveuse revient, le plateau plein. Elle se déleste de la boisson ambrée de la jeune fille qu’elle lui dépose sous le menton sans le moindre regard. Elle prend son temps pour tendre la pinte remplie jusqu’en haut au blond, d’une main baguée. Elle se penche, peut-être un peu trop, lui offrant un joli sourire au bout des lèvres et au bord du décolleté. Il a envie d’exploser de rire, Oreste, alors qu’il se saisit de sa boisson, remerciant l’employée d’un hochement de tête sur le côté. Il fait mine de n’avoir rien remarqué. « Le personnel est gentil, tu ne trouves pas ? C’est l’amabilité moldue, il paraît qu’ils sont doués pour faire bonne impression. »


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