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no one will win this time (oreste) | | |
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| Sujet: Re: no one will win this time (oreste) Lun 7 Sep - 9:03 | |
| Il plaisante, et elle sait qu’il plaisante, mais elle ne peut s’empêcher de sourire pour cacher ce qui traverse ses yeux l’espace d’un instant, une flamme de tristesse quand il lui rappelle qu’il n’y a personne pour la féliciter. Le souci aurait été futile si elle ne vivait que de réussites, mais elle voit son chemin comme parsemé de semi-victoires, trop étouffées pour qu’on les célèbre vraiment, Oreste toujours sur le podium à sa place. Sans doute qu’elle le hait pour ça. Mais ce sont ses parents qui lui viennent en tête les premiers, ceux-là même qui lui ont appris à faire semblant d’être quelqu’un d’autre, et ne l’ont jamais remerciée pour le travail immense qu’elle avait fourni. Un travail spectaculaire – immaculé. Mais ça c’était avant qu’elle apprenne la vérité, qu’elle réalise que tout ça n’était qu’un acte de théâtre précisément millimétré, et qu’un manque d’affection trahit parfois une indifférence des plus cruelles. « Détrompe-toi, c’est pas pour moi que je fais ça. C’est plus pour voir si ton petit cœur arrogant est capable de mettre son égo de côté le temps d’une minute, on t’a tellement habitué à ce que tu sois le centre de toute l’attention, ça doit être dur. » Elle plisse le nez comme si elle comprenait, comme si elle s’en attristait, mais elle sait que c’est faux.
Et puis, il commence. Oreste fait mine de chercher, et elle s’en amuse tout en s’en indignant, mais quand il aligne mot après mot elle ne peut s’empêcher de se tendre, d’écouter, plus alerte et plus curieuse, comme si elle voulait savoir de quelles couleurs son esprit la dépeignait. Et ça n’a rien d’un compliment, pas vraiment. C’est même le contraire – et elle s’apprête à protester, la moue incrédule, mais il continue sans y faire attention. Attachant, qu’il dit. C’est attachant. C’est le silence qui prend place quand il se tait enfin, parce qu’Erzsi ne fait pas trop quoi faire de ça. Ils ne se sont jamais offerts de trêve aussi longue, aussi honnête, jamais glissé un compliment sincère sur la table sans aucune arrière pensée. Et de ce qu’elle connaît de lui il aurait été tellement facile d’attraper cette bière et réitérer son exploit, boire pour s’épargner l’effort, boire parce que c’est plus facile que de mettre ses sentiments en avant, surtout devant Erzsi. Est-ce que ça veut dire qu’il la trouve attachante ? Que malgré ses airs, elle le touche, comme s’il ne pouvait complètement la détester ? Elle fronce les sourcils, mais ses yeux brillent malgré elle, et tout ce qu’elle espère c’est qu’elle n’a pas l’air trop stupide. « D’accord », dit-elle avant de s’éclaircir la gorge, comme si elle venait de se réveiller d’un long sommeil. « Ça peut aller. Et puis mes cheveux, tu ne leur aurais jamais fait honneur. »
A peine s’en remet-elle qu’il continue sur sa lancée, bien décidé à empirer les choses. Mais il est plus vicieux qu’elle ne se montre, plus gamin encore, quand il lui demande de partager le genre de choses qu’ils ne se disent pas. Pas un lourd secret, mais quelque chose d’intime, parce qu’intime, ils ne l’ont jamais été, pas vraiment. Parce que personne ne voit tout ce qui les traverse et les enflamme, pas même eux. Il n’y a que deux idiots effrayés de se toucher. « Pardon ? » qu’elle s’exclame, sourcils haussés dans la surprise. Les yeux d’Oreste brillent d’une satisfaction qu’elle sait puérile, et elle contemple son verre un bref instant. Elle s’en fiche, de boire, elle est bien venue pour ça – mais est-ce qu’elle a envie d’abandonner et passer son tour quand Oreste vient de relever son défi à elle ? Certes, ils n’ont pas le même, et certes, elle le regrettera sûrement. Mais l’égo insiste quand la raison s’exprime, et le choix est vite fait.
« J’ignorais que c’était le genre de truc qui t’intéressait ? » qu’elle demande, le taquinant, parce qu’au fond elle se demande réellement où il en a trouvé l’idée. « Mais j’ai pas vraiment d’histoires loufoques ou larmoyantes à raconter sur ça. » Ses amours compliquées, celles qu’elle n’essaie même pas de démêler, trop confus et trop intenses. Mais toujours si brefs, elle qui ne peut se sortir Oreste de la tête – et chaque fois elle se demande ce qui lui prend, incapable de comprendre ce qui la tracasse. Ça il n’en saura rien. Elle prend une grande inspiration, parce qu’il n’y a qu’une occurrence qui lui vient en tête, elle qui sait choisir les meilleurs amants, ceux qui ne déçoivent pas, mais qu’elle n’est pas sûre que ce soit une bonne idée de lui offrir deux secrets pour le prix d’un. Peu importe – il l’a sûrement déjà vue au bras d’une fille, qu’est-ce que ça peut bien changer de toute façon ? « Mais il y a bien un truc. Un type, plutôt grand, assez beau, avec qui j’ai eu une aventure, une fois. Et c’était plutôt bien, au fond, si on enlevait les trucs bizarres qu’il disait comme s’il voulait que je sois quelqu’un d’autre. Jusqu’à ce que… » elle soupire, s’imagine le moment comme si c’était hier, la honte et le désarroi qui l’avaient prise. « Sa copine débarque. » Son visage se fend d’une grimace consciente, comme si elle s’en excusait. « J’en savais rien bien sûr. Mais le truc c’est que sa copine, je l’avais aussi… » Elle joint ses lèvres dans une moue presque hilare, ferme les yeux comme si elle refusait de finir cette phrase.
L’estomac qui se tord à l’idée de ce que ces mots pourraient bien provoquer chez lui : dégoût, indifférence, elle ne sait trop ce qui serait le pire. Elle rouvre les yeux, l’observe. « C’est tout le souci d’avoir des amis communs. Bien sûr j’étais pas au courant qu’ils étaient ensemble, alors grosso modo, j’ai brisé un couple. » Ils s’étaient tous deux trompés l’un l’autre avec elle, elle, cette fille-là, celle qui ne semblait rien apporter d’autre que le chaos dans la vie des gens, alors qu’elle voulait le contraire. « Et je suis rentrée chez moi bredouille, sans avoir fini. » Elle ne se souvient pas si elle était ivre, ce jour-là. Dans tous les cas il aurait mieux fallu. « Trois jours après le type est revenu vers moi, me proposer un dédommagement du même genre, mais j’ai dit non. » Elle cherche les yeux d’Oreste comme si elle voulait en extraire la réaction la plus brute, curieuse à s’en arracher le cœur. « C’était le destin, un truc comme ça, parce qu’il était juste pas fait pour moi. » Elle grimace à nouveau, s’imaginant tout ce qu’il lui murmurait à l’oreille, des choses absurdes, presque dégoûtantes, le malaise glissant sur sa peau comme pour lui hurler de s’en aller. Au fond on ne connaît jamais quelqu’un avant que les lumières ne s’éteignent et que les habits tombent, et c’est un fait qui parfois lui porte préjudice, elle qui hésite si peu, elle qui a tant de mal à résister à la tentation quand celle-ci la prend. Elle s’imagine si Oreste en a, des anecdotes pénibles. Sûrement qu’il en a. Tant de filles gravitant autour de moi comme s’il était le soleil brillant de mille feux – il doit bien y en avoir, et elle réalise que la jalousie la prendrait trop pour qu’elle puisse écouter Oreste lister ses déceptions au creux des draps.
« Mais à toi maintenant », qu’elle chasse, persuadée qu’au fond il s’attendait à plus intéressant, repousse son verre d’un centimètre comme pour lui dire, tu vois, j’en ai pas eu besoin, ose faire de même. « Puisque tu as quatorze ans à nouveau on va continuer sur ta lancée, hein ? » Parce que s’il l’embarrasse avec plaisir, alors elle fera toujours de même, aussi longtemps qu’il le faudra pour qu’ils soient quittes. « Dans toute cette pièce, dresse-moi un top trois des trois personnes que tu inviterais chez toi s’il le fallait. » Elle s’esclaffe parce qu’il y a peu dans quoi choisir, le pub rempli de ces mêmes hommes qui semblaient le dégoûter il y a peu. Ici les jeunes ne viennent pas vraiment, trop occupés à chercher l’opulence et l’excès – ici il n’y a que ceux qui se contentent d’une bonne bière, et pour la plupart, le client type est un cinquantenaire à la barbe impressionnante. Bien sûr, il y a sa petite serveuse, assez jolie pour s’y frayer un chemin, mais de ce qu’elle voit en balayant la salle du regard, c’est la seule fille ici. Et elle pense ça comme si elle s’oubliait, parce qu’elle s’oublie vraiment, que jamais il ne lui vient à l’idée de s’inclure dans le lot des victimes. Pour elle, le choix est facile, tout déterminé : la serveuse, suivie des plus beaux vieillards qu’il trouvera. Une tirade qu’elle a plus qu’hâte d’écouter, quand elle s’imagine Oreste aller si loin dans les hypothèses embarrassantes.
« Et je te rappelle », qu’elle intervient avant qu’il choisisse, parce qu’elle serait bien déçue qu’il abandonne cette manche, « que si tu refuses, tu bois tout ça. » Tout ça, parce qu’elle, si elle finit son verre de whiskey, le liquide remplissant à peine le verre tant il est fort, alors il lui faudra au moins ça pour la rattraper, pour redevenir égal. « Mais je t’en prie », qu’elle invite à commencer en croisant ses bras, s’installant confortablement sur sa banquette comme pour savourer un spectacle. Le genre qu’on ne voit qu’une seule fois dans sa vie.
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| Sujet: Re: no one will win this time (oreste) Lun 7 Sep - 11:29 | |
| no one will win this time I'm having a panic attack you inconsiderate ass. ◊ ◊ ◊ Il regrette déjà la question qu’il lui a posée, et peut-être que ça se voit. Parce que finalement, il n’a pas envie d’imaginer ces scènes-là ; elle, qui se tord et s’en va dans d’autres draps. Il n’a pas envie de la dépeindre perdue au creux d’étreintes qui ne se serrent pas dans ses bras. Même s’il n’est pas naïf, même s’il n’est pas crédule au point d’imaginer que la jeune fille n’ait jamais touché de ces vices-là, il y une part d’innocence utopiste qui s’agite en lui malgré tout. Qui espère tendrement qu’elle lui répondra qu’elle n’a jamais essayé, qu’elle attend le bon, qu’elle voudrait se préserver ; que secrètement, elle a envie de s’abandonner à un ennemi chaleureusement détesté. Et alors, il tendrait la main, mettrait un terme à ce jeu. C’est bon, je suis là maintenant, perdons pas de temps. Mais elle entrouvre les lèvres pour mieux lui raconter cette anecdote qu’il a lui-même commandée sur le plateau de sa bouche. Elle délivre, délie, narre, et il écoute. Il se crispe légèrement quand elle parle d’un garçon ; il a envie de se boucher les oreilles. Ou de couper le fil de son imagination. Pour ne pas la voir dans un coin de sa tête, qui se déhanche, qui se déshabille, qui se mord la lèvre. Les rêveries qu’il garde pour lui, mais où il se prête le rôle de second protagoniste. Il baisse les yeux. Mais les relève aussitôt que l’histoire prend une tournure à laquelle il ne s’attendait pas - troisième visage qui s’ajoute à l’équation. Faciès féminin qui s’invite à la comédie burlesque. Un quiproquo, une tromperie grotesque, et finalement, la jalousie laisse place à un amusement honnête. Il laisse un sourire chatouiller la commissure, alors qu’il arque un sourcil, l’invitant à poursuivre. Et enfin, il ponctue le chapitre de ce qu’elle décrit d’un rire basculé vers l’arrière, comme précédemment - mais plus fort qu’avant. Il fait même mine d’essuyer une perle d’hilarité au coin de l’oeil ; petite larme de moquerie qu’il chasse du revers de l’index. « Oh, wow. Si je m’attendais à ça… T’as fait fort. Pour le pauvre garçon… et la pauvre jeune fille. » Il appuie sur le fille. Parce que ça le fait rire. Parce qu’il n’est pas de ceux qui s’offusqueraient d’apprendre que son interlocutrice s’adonne à l’amour en miroir des genres ; il ne juge pas. Il s’en amuse parce qu’il le peut et parce qu’il reste un idiot qui fantasme un peu trop sur ces choses-là. Il hausse les épaules. « Je ne te pensais pas si cruelle. Briser l’amour d’un couple, c’est quand même terrible ! Et wow, un véritable carnage. Le copain ET la copine. Déjà que je ne m’attendais pas à ce que tu trouves une histoire à me raconter, tu as fait deux en une. » Mais le sujet change. Parce que c’est bientôt à lui de s’exécuter sur un gage donné.
Il fronce les sourcils. Elle lui demande de trouver trois personnes à ramener chez lui. Dans ce petit appartement du chemin de traverse déjà un peu trop étroit pour lui et son ego - mais il hoche la tête pour accepter de relever le défi, sans réfléchir. Parce que finalement, la question n’est pas si simple. Parce qu’évidemment qu’elle ferait partie de sa liste. Elle en a le nom inscrit en tête, en lettres d’or et d’argent. Première d’une liste qui ne compte qu’elle sur le parchemin, en réalité. Parce que dans le secret d’un palmarès de conquêtes qu’on lui prête un peu trop facilement, il n’y a qu’une personne qu’il a envie de compter. Une seule personne qu’il a envie de voir dans le chaos d’une foule. Pas besoin de préciser - l’évidence est là. Toi, toi, et encore toi.
Mais Oreste cherche du regard. Balaye la salle bondée d’un coup d’oeil qui se veut curieux, pointilleux. Il passe de visage en visage, de corps en corps, à la recherche d’une bouée de secours. Quelque chose à quoi s’accrocher - mais il n’y a rien. Parce qu’il n’arrive pas à se sortir le visage d’Erzsi de la tête. Il soupire. « Eh bien… en troisième position, ton ami au bar, je dirais. Il doit avoir des choses à me raconter à ton sujet… des choses dont je pourrais me servir pour te tourmenter, tu vois. Et puis, qui sait, si on sympathise, peut-être qu’il m’offrira mes verres à mon tour. » Il s’est délesté d’une étape. Plus que deux - il progresse. « Ensuite, la serveuse. Pour… son amabilité, bien sûr. » Il ment un peu. Rien à faire de cette serveuse à la séduction grossière - mais c’est la facilité qu’il pioche. Pour la voir s’énerver.
Mais il n’a pas de troisième personne à nommer. Du moins, pas à la place de l’intéressée.
Alors, il se dirige vers son verre. L’attrape d’une main, et le porte à sa bouche - il ne le vide pas en entier. Parce qu’il n’a pas entièrement échoué. Juste un peu. Deux noms sur trois, c’est déjà ça. Surtout quand on n’en avait qu’un à réellement vouloir prononcer. Il repose la pinte à moitié vide, s’excusant d’un haussement d’épaules. « J’avais pas d’idée pour la troisième personne. Oops. » Oops, oui. Il secoue encore une fois la tête, tentant d’oublier l’embarras. D’oublier tout ce qu’il ne dit pas. Et il enchaîne - parce que le jeu ne s’arrête pas. « Allez, à mon tour. » Il tape sur la table des deux mains, dans une petite mélodie précipitée. Et finalement, lève les yeux vers elle. « Invite-moi à danser. »
@erzsi székely (c) oxymort |
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| Sujet: Re: no one will win this time (oreste) Lun 7 Sep - 12:54 | |
| Son rire cristallin éclate quand il désigne le barman comme troisième cible. Le scénario n’a pas le moindre sens dans sa tête, et il est assez loufoque et surréaliste pour ne pas s’arrêter aux traces un peu trop visibles de sa propre jalousie. Ses yeux s’illuminent, se mouillent d’un amusement qui la réchauffe sincèrement – elle voudrait presque voir ça. Et elle écoute, si attentive, comme si elle s’attendait à ce qu’il dise son nom, pourtant elle n’y pense pas, même si elle le veut de toutes ses forces. Parce qu’elle n’est pas stupide, qu’aucun des deux ne l’est, et qu’ils ont bien plus à faire en moqueries qu’une flatterie qui les mettrait trop mal à l’aise. Et qu’est-ce qu’ils en feraient, hein ? Une bombe lâchée, qu’ils se débrouillent avec, leurs deux cœurs ravagés par une réalité qu’ils verraient sans vouloir regarder. Alors non, il n’en fait rien ; au lieu il parle de la serveuse et elle sait bien qu’il a relevé son irritation plus tôt, qu’il parle d’elle autant parce qu’elle est une cible évidente que parce que c’est un plaisir de voir Erzsi s’écarquiller d’agacement. Alors elle se tend, transforme son rire en moue exaspérée, tant pis, c’est un jeu, ça n’est pas réel, il ne l’invitera pas. Elle espère – si fort.
Mais le troisième – ou plutôt premier – nom n’arrive jamais. Elle voudrait presque le secouer pour lui demander de faire un petit effort, sans doute que c’est son cœur amouraché qui voudrait l’entendre dire, mais ce serait admettre qu’elle le sent, qu’elle l’espère, et elle n’en a pas envie. Au lieu de ça elle le laisse abandonner, une semi-défaite qu’il accepte sans mal, parce que le contraire aurait été bien plus pénible. Elle l’observe boire, glisse des yeux jusqu’à sa pomme d’Adam, si facilement distraite la pauvre fille. Tant d’entraînements de Quidditch passés à le suivre des yeux, à rater le cognard ou tournoyer dans les airs quand il heurte, tout ça parce qu’Oreste a un sourire qui distrait, rit un peu trop près d’elle, et qu’elle l’entend, qu’elle le voit. Ce serait plus facile s’il n’y avait rien de beau chez lui, mais la vérité c’est qu’elle se fiche bien de son air de golden boy séduisant, parce qu’elle voit tout ce que les autres ne voient pas, se superpose sur son visage comme pour la faire faillir un peu plus. Oui, il est beau à ses yeux. Mais d’une autre façon que ce que pensent le reste du monde, si aisément truqué. Qu’on lui rase la tête, qu’on lui balafre le visage, peu lui importe, à Erzsi. C’est dans ses yeux, dans le timbre chaleureux et détestable de sa voix, qu’elle voudrait tant taire.
« Comme tu voudras » qu’elle hausse les épaules alors qu’il dépose son verre. « Après tout c’est toi qui t’enivres, pas moi. » Qui perd le contrôle. Comme si elle n’était pas venue ici exactement pour en ressortir sur des jambes bringuebalantes, tordues par le manque d’équilibre, par la fatigue et l’insouciance. Qui la ramènera chez elle quand la nuit s’achèvera ? Difficile à dire – parce qu’Oreste n’est pas stupide au point de se montrer galant sans raison, et que parti comme il est, c’est lui qu’il faudra ramener chez lui. Où est-ce qu’il vit, même ? En vingt ans, jamais elle n’a aperçu ce qu’il considère privé : son chez lui, sa famille, ses secrets. La curiosité la pique, d’un coup.
Mais elle n’a pas le temps de rêvasser plus longtemps, parce que le jeu ne l’attend pas, continue de les emmener avec lui dans un tourbillon de chaos où les sentiments d’habitude si soigneusement contrôlés et si étrangement supportables en deviennent douloureux ce soir. Rien n’a plus de sens, de direction, comme si après vingt années à se détester à la vue de tous, ils en étaient éreintés, incapables de tenir plus longtemps, avides de se jeter dans les bras l’un de l’autre et d’en finir avec ces masques, même juste une nuit. Mais ça n’est pas vraiment ça. C’est plus que la journée a été dure, et longue, et pénible, et qu’ils n’ont pas envie de la passer seule, à empirer les heures jusqu’à ce qu’elles disparaissent. C’est plus un brin désespoir qu’une trêve, plus un abandon qu’une révélation. Et si d’habitude elle passe ces soirées-là seule, quoiqu’elle dise, elle les préfère en sa compagnie – étrangement irréelles, comme si soudainement elle redevenait cette gosse vibrant à l’adrénaline, à seize, dix-sept ans, toujours sur un bali, toujours dans ses ennuis, Oreste à sa suite pour s’assurer qu’elle en récolte les conséquences. Ennemis déloyaux, immatures.
Oui, le jeu continue, et Oreste semble avoir oublié que le défi a ses limites, celles-là même qu’un ennemi gorgé d’orgueil peut ne plus être capable d’accepter. C’est comme si les règles posées jusque là lui échappaient, et son sourire se perd instantanément quand elle entend les paroles d’Oreste. « Quoi ? » qu’elle lâche bêtement, comme si elle avait mal entendu. Oreste a l’air prêt, presque comme s’il voulait qu’elle accepte – pourtant c’est un défi fait pour la faire abandonner, elle le sent, et elle cogite, imagine décliner au détriment de sa fierté. Pourquoi ? Parce que tu me dégoûtes. Parce que tu m’énerves. Parce que je t’aime. Non, elle se tait, secoue la tête comme pour revenir à la réalité. « Pour de vrai ? » elle demande, mais Oreste n’a pas l’air de se payer sa tête, et rien ne l’arrangerait plus que de la voir descendre son verre de whiskey dans un air de défaite. Non, hors de question qu’elle lui offre cette satisfaction.
« Quel genre de danse ? » qu’elle demande aussitôt, le visage soudainement déterminé. Mais ses yeux, eux, brillent d’une lueur encore inconnue, et elle sent son cœur s’étouffer comme si elle avait attendu ce moment toute sa vie. Les nœuds dans son estomac lui donneraient presque envie de vomir. Mais elle se lève. Époussète son pantalon, retire sa veste en jean alors même que la chaleur du pub devient trop lourde. Elle dévoile des bras pâles et féminins, couverts de cicatrices récoltées avec le temps – le Quidditch, les ennuis, les dragons. Sous la manche de son épaule on devine une brûlure grave cicatrisée par les années maintenant lointaines, une tache de danger à même sa peau dont elle a soudainement trop consciente, tirant sur sa manche pour couvrir les dégâts, de peur qu’il ne se dégoûte, de peur qu’il ne la trouve laide. Erzsi s’approche de lui et lâche un profond soupir pour marquer à quel point l’idée est mauvaise, à quel point elle n’en a pas envie.
« Comme tu voudras, mais souviens-toi que c'est toi qui en as eu l'idée », qu’elle décide en offrant sa main, paume ouverte et hésitante pourtant, plantée devant lui comme pour l’aider à se lever. Derrière eux résonne la musique irlandaise jouée par la technologie moldue, un air qui soudain lui semble presque assourdissant. Déjà elle commence à faire attention à la musique, s’imprégner de l’atmosphère chaleureuse et chaotique du pub. Parce que même si c’est stupide et qu’ils ne devraient pas faire ça, personne ici n’ébruitera quoi que ce soit – ils sont en sécurité, avec ces vieux fous qui descendent leur bière en riant. |
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| Sujet: Re: no one will win this time (oreste) Lun 7 Sep - 13:33 | |
| no one will win this time I'm having a panic attack you inconsiderate ass. ◊ ◊ ◊ Elle lui demande de répéter. De confirmer l’insensé qui vient de s’échapper. Et au fond, lui aussi commence à douter. Est-ce qu’il a vraiment osé ? Ou est-ce qu’il a rêvé ? Depuis quand les mots lui filent hors de la bouche sans qu’il n’ait le temps de les contrôler ? Il blâme l’alcool. Il blâme tout ce qui fait qu’il perd un peu de ce contrôle qui lui colle à la peau ; c’est pas lui, c’est le vice. C’est pas lui, c’est ce qu’il engloutit. Il aura le temps plus tard de dire que tout ceci ne compte pas, que ça appartient à ce moment parsemé qui s’enferme dans une capsule enivrée - non, ce n’est qu’un jeu. Rien de concret, rien qui compte. Une montagne de conneries sur laquelle il suffira de souffler le lendemain, pour l’effacer - tour de poussière d’innocence qu’ils tairont. Mais avant le retour à la réalité, avant de voir cette bulle de savon éclater, ils n’ont qu’à profiter. Abuser de cette dimension dans laquelle ils s’entendent, dans laquelle ils s’amusent. Après tout, c’est pour ça qu’ils sont là - pour oublier. Lui, pour panser des blessures qui saignent un peu plus silencieusement. L’agonie se tait face au concert de son coeur qui s’emballe. Mais pendant un instant de trop, il se demande si elle ne va pas refuser. Si ses doigts ne vont pas se tourner vers son verre pour le vider. Non, ils ne danseront pas, elle pose le veto sur l’activité proposée. Mais Erzsi se lève, retire sa veste, et dévoile aux lumières ambrées de la pièce cette peau striée de cicatrices et d’ecchymoses qu’il ne se surprend pas de découvrir. Il l’a toujours imaginée comme ça, la blonde ; un peu blessée, un peu abîmée. Il ne sait pas pourquoi ça lui plait, certainement parce que ça le conforte dans l’idée qu’ils se ressemblent. Qu’ils pourraient passer des heures à se raconter les histoires de leurs blessures, comme les ponctuations de chapitres remplis de mésaventures. Il passerait le doigt sur les lignes violettes, ou blanchies, avec la promesse secrète de s’en souvenir. Jusqu’à les retracer dans un coin de son esprit ; la carte de leurs douleurs. Entre boulevards et avenues de petites souffrances. Lui, il se glissera jusqu’au coeur.
Il lève les yeux vers elle, avant de se lever à son tour. Il se glisse hors de leur carré, s’étire lorsque qu’il quitte le confort de la banquette. Il a toujours aimé danser, Oreste. Un passe-temps qu’il réserve aux soirées. Bon nombre de fois, il s’est perdu sur les pistes de danse de fortune. Une parcelle de tapis, un parquet collant de salle commune, ou même le sable d’une plage abritant une beuverie improvisée - il y a toujours quelque chose chez lui qui demande à remuer. Anesthésie du corps qui s’élance dans une désarticulation rythmée. « Ça essaye déjà de se délester de toute responsabilité. De quoi t’as peur, au juste ? » Il est devant elle. Et pendant quelques secondes de trop, il ne bouge pas. Il la surplombe, plonge une partie de son visage dans l’ombre de sa propre silhouette qui s’impose ; elle fait la grande, Erzsi, mais paraît si petite contre lui. Face à face où s’éternise un silence pourtant rempli de sous-entendus. Qu’est-ce que tu crains, gamine ? Le ridicule, ou d’apprécier ma compagnie ? « Essaie simplement de me suivre, si tu peux. Et de ne pas te casser la gueule. Ne me fais pas honte, hein ? » Il réutilise les mots qu’elle a lancés plus tôt, bien plus tôt. Un avertissement qu’il retourne contre elle, à la déloyale. Mais de toute manière, tous les deux n’ont jamais eu le don du fair play. Il tend le bras, n’osant lui saisir la main. Comme si c’était encore interdit ; comme si c’était encore trop.
Et ils s’élancent. Se perdent au milieu des silhouettes alors que la musique tambourine, fait trembler le sol sous leurs pieds et ceux des autres danseurs. Les semelles collent un peu au sol tâché d’alcool. Au coeur de la fête, ils se trouvent une place. Et c’est si drôle de constater la facilité avec laquelle le reste de l’assemblée semble disparaître. « Impressionne-moi. » Parce que c’est plus facile que de dire perds-toi, avec moi. Toujours le défi pour les lier. Pour leur donner envie d’aller plus loin - trop loin, certainement. Mais c’est lui qui commence, lui qui lance, quand il laisse ses jambes suivre le rythme de ces danses irlandaises qui font crisser le sol boisé du pub ; il imite les autres danseurs qui s’amusent de ces traditions qui collent aux pieds. Mains dans les poches, menton levé ; la facilité qui joue de l’arrogance jusque dans le regard qu’il laisse scintiller. Il se sait un peu trop beau, parfois, Oreste. Ça au moins, on n’arrivera pas à lui enlever.
@erzsi székely (c) oxymort |
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| Sujet: Re: no one will win this time (oreste) Lun 7 Sep - 19:05 | |
| « Qui a dit que j'avais peur ? », qu’elle ose lâcher quand il se tient devant elle – et elle déglutit difficilement, parce que tout ce qu’elle sent c’est combien il est proche, et fascinant, et elle voudrait pouvoir détourner les yeux pour le lui prouver mais elle en est incapable. Il la surplombe sans mal, elle si frêle à ses côtés, et c’est tout nouveau pour eux, un risque qu’ils prennent tout comme ils prennent les autres : sans réfléchir. Elle voudrait lui montrer qu’elle est téméraire, mais son cœur bat si fort qu’il en menace d’exploser, pétrifiée sur place. Jusqu’à ce qu’il la tire vers la petite foule, frayant un chemin pour leurs deux corps térifiés à l’idée de se toucher d’une façon qui leur est interdite.
Erzsi explose de rire sans s’en rendre compte, pas parce qu’il y a la moindre trace d’hilarité dans l’air, mais parce qu’elle se sent soudainement portée par la foule, par le bruit ambiant, par la musique qui couvrirait presque le murmure de leurs cœurs encore adolescents. C’est quelque chose qu’elle a trop rarement fait, elle qui préfère s’amuser autour d’un verre, autour d’une blague qui lui donne les larmes aux yeux. On ne danse pas, chez les Székely, quoique les valses stériles entre deux âmes qui ne s’emboîtent pas sont bien une tradition quand les soirées mondaines se couvrent de velours et de champagne. Mais jamais comme ça, jamais comme Oreste, et elle l’observe comme si elle le voyait pour la première fois, comme si jamais de sa vie elle n’avait été témoin d’un tel spectacle. Pourtant elle a vu, des danses irlandaises, dans ce pub comme dans les autres, mais Oreste au cœur de la foule il brille plus fort que le reste, aveuglerait presque.
Ses sourcils se haussent, semi-impressionnée par la performance teintée d’insouciance de son faux-ennemi, laisse le rire s’échapper de ses lèvres parce que ce serait du gâchis de rester immuable dans ces moments-là. Au diable la rivalité, qu’elle dirait presque, si elle n’avait pas profondément envie de le pousser contre un mur et de le frapper de toutes ses forces avant d’embrasser ses plaies. Il l’écoeure, parce qu’elle supporte mal de l’apprécier autant, et qu’ils ne devraient pas s’apprécier tout court : au fond, qu’ont-ils en commun ? Tout, c’est ça, le secret qu’elle cache si bien. Ils sont pareils, ombre de l’autre qui sans cesse cherche à prendre la tête, et jamais ils ne peuvent se séparer l’un de l’autre, liés sans comprendre, trop égoïstes pour abandonner l’autre parce qu’ils en sont bien contents.
Elle l’autoriserait presque à la tirer pour faire d’elle ce qu’il veut – une poupée de chiffon à balancer au rythme de la musique, un partenaire de danse qui ne sait plus vraiment où est le Nord. La vérité c’est qu’elle n’a aucune idée de comment on fait ça, de comment lui il fait, et elle s’écrase une paume gênée sur le visage quand elle tente de l’imiter. Mais elle ne sait par où commencer dans cette danse qui n’a ni queue ni tête, et les corps autour d’elle sembleraient presque la pousser, mais pas plus que les yeux d’Oreste, le défi dans l’iris, et Erzsi maladroite dans la foule sans vraiment comprendre ce qu’elle fait. Elle le fait, c’est tout, mimique Oreste du mieux qu’elle peut alors que le besoin d’alcool se fait plus sentir que jamais. Pour délier ce qui reste tendu, pour se lâcher et s’oublier devant cet Oreste qui l’observe avec attention, pour pouvoir enfin atteindre le maximum de son potentiel, dans toute la splendeur de son insouciance. L’Erzsi qui ne se souviendrait même plus qu’Oreste est l’ennemi.
« D’accord, t’as gagné, tu danses mieux que moi » qu’elle admet même si l’évidence était déjà là, palpable entre eux. « J’y connais rien », qu’elle supplie presque, pourquoi elle l’ignore. Elle ne s’arrête pas pour autant, continue de jeter mille regards autour d’elle comme pour absorber l’atmosphère, les pas de danse, les rires qui ne sont pas les siens. Son sourire s’étire et elle fait volte-face pour trouver celui d’Oreste, presque malgré elle ; mais les calculs sont maladroits et elle réalise trop tard que les corps mouvants ne lui ont laissé que peu de place. Son équilibre bascule et elle s’écrase de plein fouet contre la tour solide qu’est Oreste, cherche un appui de peur de tomber et s’accroche à sa manche alors que le monde continue de danser. « J'ai pas de quoi t'impressionner, désolée » pouffe-t-elle dans un rire aussi gêné que distrait, oubliant les distances qui leur sont de mise, là, un peu trop près, rayonnant comme si elle avait oublié qu'il fallait faire semblant.
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| Sujet: Re: no one will win this time (oreste) Lun 7 Sep - 19:50 | |
| no one will win this time I'm having a panic attack you inconsiderate ass. ◊ ◊ ◊ Elle essaye de l’imiter. Les jambes en coton, elle joue la poupée de chiffon. Les pieds suivent maladroitement la cadence de la danse endiablée, et les yeux d’Oreste fixent les semelles de la belle qui claquent contre le parquet. Elle se trimbale le rythme comme un fardeau qui la ralentit - petites pattes de faon qui apprend à cavaler. Evidemment, il s’y était un peu attendu. Elle n’est pas danseuse, Erzsi. Elle est guerrière, elle est bagarreuse, mais l’aura de la ballerine ne brille par par-dessus l’auréole de fougue qui surplombe la caboche de la jeune fille. Contrairement à lui, qui a l’habitude des planches et des lumières, qui se conforte dans les bras de la foule et des coeurs de pistes de danse, elle est toujours la figure des soirées de l’ombre. Elle rit, elle plaisante, mais elle ne danse pas. Elle secoue la tête de droite à gauche quand on lui tend le bras - mais il oublie de se moquer. Il ne sait pas pourquoi, alors que c’est l’occasion rêvée de la taquiner. De lui faire remarquer qu’elle a deux pieds gauches, qu’elle est irrécupérable, un peu ridicule quand elle transporte ce corps comme un poids mort. Mais il ne le fait pas. Il l’admire, silencieusement. Pendant qu’elle tourne, pendant qu’elle trébuche, pendant qu’elle se frustre. Les canines qui se plantent dans la lèvre inférieure - merde, ça devrait être interdit. D’avoir l’air si belle, même quand elle fait l’imbécile. Même quand elle manque de grâce, même quand elle manque de talent. Il a envie de l’attraper par la taille et la faire valser jusqu’à un mur. Lui apprendre à danser contre son corps, hanches contre hanches, bouche contre bouche. Allez, on change de gage ; cap ou pas cap de m’embrasser ? Mais elle le coupe, finalement, quand elle capitule. Porte les mains à ses joues comme pour se protéger du ridicule. Elle lui accorde cette petite victoire, le clamant meilleur danseur, et l’arrogant ose esquisser une révérence pour célébrer l’éloge qu’il reçoit volontiers. « Merci, merci. C’est un talent inné, tu sais. Bon, visiblement, pas pour tout le monde, mais ce n’est pas… » Elle tombe. La gravité qui l’avale dans sa ronde ; il ne sait pas comment elle a fait. Comment se sont emmêlés ses pieds, si quelqu’un l’a fait trébucher, ou même si elle ne l’a pas fait exprès dans l’espoir de le faire chuter - mais elle le percute. Il vacille à peine, plaçant ses mains sur les épaules de la jeune femme lorsqu’il la réceptionne contre son torse - un peu trop près de son coeur. Est-ce qu’elle l’a senti, d’ailleurs ? Le palpitant qui s’est emballé, avant de se stopper ? Petit arrêt cardiaque qu’elle lui a arraché ; une seconde de trop à se sentir mourir pour cette fausse étreinte qu’elle vient de lui offrir. Le pire ? C’est qu’il ne la lâche pas. Pas vraiment. Sans l’enlacer, le contact ne se rompt pas. Et la foule a profité de ce rapprochement pour s'étendre, pour gagner du terrain qu’ils ont délaissé ; ils n’ont plus tellement la place pour se séparer.
Distance de sécurité brisée.
« J'ai pas de quoi t'impressionner, désolée. » Dit-elle. « Détrompe-toi. » Yeux dans les yeux, il lui dit ça. Il la contredit sans dire pourquoi. Il a l’air sérieux, il a l’air sincère. La faute à l’alcool, la faute à la lumière, la faute à la chaleur. Il ne sait plus ce qu’il dit. C’est pas lui, c’est le monde qui le pousse à déblatérer de ces conneries ; et pourquoi est-ce que son coeur n’arrête pas de chavirer ? C’est l’avalanche dans sa poitrine. Tout s’écroule et tout se brise. Ça fait mal, de la regarder. Et ça brûle, et ça pique, et ça électrise d’être si proche.
Il essaie de se reprendre - claque mentale qu’il s’administre après de trop longues secondes à ne rien dire d’autre. « Je veux dire, tu es impressionnante de ta par ton manque de talent. J’ai rarement vu ça, je suis estomaqué. » Petit rire nerveux qui vient ponctuer la moquerie retardée. « Enfin bref. Au moins, je n’ai pas eu à te relever. C’est déjà ça. » Ses mains quittent enfin ses épaules. Les doigts effleurent ses poignets, dans l’inadvertance d’un spasme incontrôlé. Son propre corps se retourne contre lui, et son esprit de contradiction qui le force à tout étouffer. « Du coup… je crois que c’est à ton tour de me défier. Sauf si tu as envie d’arrêter. » Il lui laisse le choix. Peut-être que c’était la manche de trop, peut-être qu’ils devraient s’arrêter là. Pour ne pas aller trop loin, pour éviter de se blesser - mais ce n’est pas à lui de décider. « Qu’est-ce que tu veux, Erzsi ? » Et pourvu que dans sa réponse, il y ait un peu de lui.
@erzsi székely (c) oxymort |
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| Sujet: Re: no one will win this time (oreste) Lun 7 Sep - 20:54 | |
| La musique est si forte – ou bien est-ce son cœur qui s’exclame ? Elle entend à peine les mots soufflés par Oreste, ceux-là qu’il aurait fallu ne pas dire, qu’il aurait mieux fait de garder pour lui. Des choses douces, sans une once de cette moquerie habituelle qui en teinte les syllabes, et c’est presque comme si Oreste n’était plus Oreste, qu’Erzsi n’était plus Erzsi. Où sont-ils passés ? Est-ce qu’ils reviendront ? Elle se demande, le cœur battant. D’un coup elle sent Oreste effleurer ses poignets quand il la lâche, et elle se fige, se tend, électrisée par la réalité du contact, une chose qu’ils se sont toujours refusés. Parce qu’ils ne sont pas bien sûrs de pouvoir tenir bon si les mains s’en mêlent, un combat déloyal qu’ils abandonneraient volontiers à coups de drapeau blanc. Et ça n’est pas tant qu’elle veut entretenir leur rivalité plus qu’elle ne veut la briser, au fond – c’est surtout qu’elle se pense brisée, trop brisée, pour lui, pour quiconque – mais surtout pour lui. Elle s’imagine que le chaos court dans ses veines, qu’elle envenimerait l’âme d’Oreste en posant ses lèvres sur les siennes, et qu’il en serait fini de lui comme une vieille prophétie finalement réalisée. C’est qu’elle n’est pas qui elle prétend être, Erzsi, c’est qu’elle ne s’appelle même pas Erzsi. Des secrets, et des enjeux si lourds qu’elle faiblirait sous leur poids, elle certaine qu’elle préfèrera toujours les bras d’Oreste à ceux du reste du monde.
Et elle ne le mérite pas, qu’elle se dit, qu’elle se convainc. Parce qu’elle se doute bien que sous ce sourire arrogant se cache quelque chose de précieux, de brut, quelque chose de vrai et d’humain qu’il refuse de montrer, peu importe pourquoi. Elle n’est pas bête et elle connaît la façon qu’il a de mentir, de détourner les choses, alors elle devine ce cœur qui bat en sa poitrine et ces pensées qui doivent le ronger jour et nuit. Pas qu’elle pense en faire partie. Mais elle n’est tout simplement pas à sa hauteur, elle qui ne saurait que le blesser, se l’approprier pour mieux le briser. C’est vrai – il la briserait aussi. Mais elle s’en réjouirait, peu importe ce que diraient ses yeux faussement couverts de rage. Non elle ne le mérite pas, et c’est pour ça sans doute, que quand il lui demande ce qu’elle veut, elle se prend quand même à rêver, à s’imaginer une vie où il aurait été facile de prendre son courage à deux mains, d’oublier les règles du jeu et d’attraper sa nuque pour le baisser jusqu’à elle, sceller leur haine en un baiser qui ficherait le chaos partout en eux.
Là, tout contre lui, elle aurait voulu avoir l’espace de se reculer pour mieux penser, pour mieux dire non – mais elle n’entend que le froissement fugace de leurs vêtements, ne sent que les yeux d’Oreste plantés dans les siens depuis les cieux qu’elle ne parvient pas à atteindre. Et si elle se l’avouait finalement, si elle lui disait ? Qu’est-ce qu’il en ferait, hein ? La peur la prend à nouveau, paranoïa absurde, retranchée dans sa zone de confort de peur que ce jeu ne prenne fin pour de bon. Elle en crèverait sans rien dire.
Alors le temps qui s’est arrêté reprend doucement son cours, et elle brise le lien que leurs yeux ne sauraient casser ; parce qu’Erzsi sait bien qu’une seconde de plus et c’en serait fait d’elle, de sa détermination à l’appeler ennemi, à le faire plier sous ses moqueries juvéniles. Et cogite. Cogite, cogite, songe à d’autres choses que le défi de trop, celui qui brouillerait les lignes pour de bon. « On devrait peut-être redescendre d’un cran avant qu’on tombe de fatigue. » Qu’on tombe en amour. Elle finit par chercher ses iris à nouveau, sourit faiblement comme si la danse l’avait fatiguée. En réalité ses veines tremblent encore, vibrent d’une vie qu’elle n’avait encore jamais soupçonnée. C’est qu’il a de l’or dans son sourire, Oreste, et la magie de la rendre vivante même quand elle se pense suffisamment éveillée. Ou peut-être que c’était un rêve ? « Alors mon gage ce sera… » elle regarde autour d’elle, évalue l’espace, mais rien n’y fait : ils sont coincés, la foule épaisse et dense. Alors elle reste là, si proche de lui qu’elle sent presque son souffle, et garde la face tant qu’elle peut. « Dis-moi un truc que t’as encore jamais dit à personne. » S’arrêter là ce serait presque traître, parce qu’elle aussi, elle a sur le bout de la langue un secret qu’elle-même ne s’admet pas. Mais elle parle d’autre chose, même si l’envie lui brise le cœur, de tenter le diable – un secret qui ne regarde que lui, ou peut-être une toute autre dimension qu’Erzsi ne connaît pas encore. Quelque chose qui lui en apprendrait plus sur ce type qu’elle pense connaître depuis les années, et dont elle ne goûte qu’aux moqueries. « Un truc pas si évident que ça ? » qu’elle tente de s’expliquer, mais c’est vain, les mots lointains. Au moins elle espère qu’il comprendra. Parce qu’elle aussi elle en a des secrets à revendre, et elle sait que c’est un gage à la hauteur de son nom, parce qu’ils peuvent difficilement être plus mystérieux. « Ou juste… un truc. » Elle s’emmêle les pinceaux, commence à rire comme une gamine qui ne sait plus ce qu’elle fait là. Parce que cette proximité la gêne tant elle lui plaît, et que l’alcool fait son effet malgré tout.
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| Sujet: Re: no one will win this time (oreste) Lun 7 Sep - 22:07 | |
| no one will win this time I'm having a panic attack you inconsiderate ass. ◊ ◊ ◊ Pente glissante. Ils dérapent, ces deux comédiens aux expressions fondantes. Debout l’un en face de l’autre, ils se toisent si fort à travers l’obscurité que la chaleur de leurs regards aurait pu créer de l’électricité. Merde, de quoi rallumer tout le ciel tout entier - de quoi rendre jaloux un soleil qui pâlirait face à l’incendie qu’ils créent. Elle lui dit qu’elle veut ralentir, qu’elle est fatiguée ; c’est une drôle de sagesse qu’elle lui vend. Que c’est trop, ce qu’ils font. Et il la croit. Sans difficulté, il tombe dans la supercherie - parce que penser le contraire lui semblait être folle ineptie. Un ramassis de conneries. Evidemment qu’elle n’allait pas lui répondre comme il aurait aimé qu’elle le fait - qu’elle lui dise que ce qu’elle veut, c’est ça, c’est eux, pour maintenant et pour longtemps. Pas elle, qui passe son temps à se moquer, à tout faire pour lui montrer qu’elle l’abhorre. Lui et ses blessures, lui et ses sourires moqueurs qu’il porte comme des trophées. Lui et sa satanée balafre à la figure. Ils sont censés se détester. Porter l’un envers l’autre une haine inconsidérée. Elle est censé être la batteuse, et lui le battu. Erzsi et Oreste, ils se sont rencontrés dans une collision, et dans leurs têtes, ça a fait l'effet d’une explosion - ils se sont rentrés dedans pour toujours continuer à se bousculer, se trahir, s’écraser les mains et les pieds. Dès qu’elle a fait l’erreur d’effleurer sa curiosité le gamin s’est par défaut mis à la narguer, cette blondinette aux yeux trop grands, trop clairs ; comme deux océans plongés dans la lumière. Il a dompté son esprit pour se persuader d'haïr son contact, de l’assimiler à une attaque. Ils se touchent toujours pour se faire du mal. Pour s’arracher quelque chose, se faire fuir. Ils ne sont pas faits pour danser, pour s’enlacer ; regardez-les en train de tanguer. Ça n’a aucun sens, aucune logique, aucune ombre de cohérence. Mais pourtant, entre leurs mots soufflés avec cette timide sincérité, ça pue l’évidence. Evidemment qu’il allait être attiré par ce qu’il se convainc de devoir repousser. Evidemment que leurs mains sont faites pour s’étreindre, à toujours se chasser. Evidemment qu’elle va abattre ses barrières, elle qui est si douée pour les escalader. Evidemment. Evidemment, putain.
Et le jeu reprend - et quelque part, il est déçu qu’elle soit si sage dans l’affrontement. Parce qu’il y a quelque chose d’encore plus dangereux qu’ils ont évité en s’autorisant cette trêve. Un moment de silence qui peut laisser place à la tentation ; et il ose se demander ce qui se serait passé si seulement ils avaient franchi l’impensable. Avec la crédulité de croire qu’elle l’aurait laissé faire, qu’elle ne l’aurait pas repoussé. S’il s’était penché, vous savez. De quelques centimètres, ça aurait été assez. S’il avait eu la curiosité, l’audace, sans se trouver une excuse - quel goût elle aurait dans le baiser. Plutôt acide, plutôt amère, ou plutôt sucrée ; peut-être les trois à la fois. Si ça aurait été comme de s’enivrer fois trois. Mais il ne le sait pas, et il ne le saura certainement jamais. Parce qu’elle lance une autre manche, et qu’il lui faut réfléchir parmi le boucan, celui de l’atmosphère et celui qui tambourine dans le creux de sa poitrine. Comment on dit à un coeur de se taire, déjà ? « Quelque chose que je n’ai jamais dit à personne ? C’est vague, ça. J’ai jamais dit à quelqu’un que ma couleur préférée c’était le bleu, par exemple. Déjà parce que c’est pas vrai, et aussi parce que… tout le monde s’en fiche. » Mais ce n’est pas ce qu’elle attend, elle le sait. Ce qu’elle veut entendre, c’est un secret. Et il en a à revendre, Oreste, tellement que c’en est triste. Il n’a jamais dit à personne qu’il prenait de ces substances qu’il refile dans les coins de rue, qu’il a peur de décevoir tout le monde, qu’il doute de lui du réveil jusqu’au coucher, que même dans ses cauchemars, ses angoisses viennent le hanter. Il n’a jamais dit à personne qu’il commençait à se détester, à défaut d’avoir l’air de tant s’aimer. Il n’a jamais avoué qu’il était dingue de la même fille depuis qu’il a onze ans. Il n’a jamais dit qu’il avait envie de l’embrasser, là, maintenant, puis en fait tout le temps. « C’est moi ou tu perds tes moyens ? » Il provoque. Il pousse dans ses retranchements une Erzsi qui s’encombre. Parce qu’il le peut, parce que ça détourne l’attention sur ses propres troubles. « C’est l’alcool qui fait ça ? La danse, peut-être ? » Il appuie sur son épaule, comme pour essayer de la faire tanguer. Lui faire perdre l’équilibre - mais lui aussi recule. Il s’est trop rapidement enivré, les effets arrivent enfin. Tête en bulle qu’il affectionne qui revient. « Ou c’est moi ? »
Il arque le sourcil. Voilà, il va encore trop loin. Et il le sait, et il s’en aperçoit - pour ça qu’il désamorce déjà. La main vient ébouriffer les cheveux de la jeune fille, façon gamine. Façon puérile. Pour qu’elle vienne le frapper. Ça le réveillera peut-être. « J’déconne. Allez, je vais te dire un truc… j’ai triché pour avoir mes BUSES. Et peut-être fait un peu de charme à une camarade pour qu’elle me file ses devoirs. » Incorrigible cancre, les études n’ont jamais été son fort - mais ce n’est un secret pour personne. Et certainement pas pour elle, qui l’a côtoyé durant toute sa scolarité. « Tu sais, c’est dommage que ton ami paie nos verres. » Il hausse les épaules. Et se penche un peu vers elle, pour qu’elle l’entende. « Sinon, je t’aurais défiée de partir d’ici sans payer. » Et en courant comme des abrutis, pour faire bonne mesure.
@erzsi székely (c) oxymort |
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| Sujet: Re: no one will win this time (oreste) Mar 8 Sep - 0:11 | |
| Si c'est lui ? Oh, bien sûr que c'est lui. Et ça lui plairait qu'elle l'avoue n'est-ce pas, qu'elle lui cède ce terrain comme une victoire, qu'elle abdique parce qu'il aurait tout gagné y compris son cœur. Mais la fierté tape à la porte de ses pensées et réclame toute l'attention dont elle sait faire preuve, et Erzsi s'avance sur le même chemin que depuis toujours, avec Oreste -- une ligne étroite et interminable d'orgueil et de provocation. "Toi ? Et qu'est-ce qui te fait croire ça, hein ?" La question en est presque sérieuse, parce qu'il lui tarde de savoir ce qui se trame dans la tête du capitaine. Ce qu'il pense et comment il le pense, si son sang se glace et s'arrête. S'il pulse d'envie et de rage. "Non c'est plutôt... c'est plutôt qu'avec la fatigue du match, l'alcool monte plus vite." Pourtant elle n'avait pas bu beaucoup -- pas encore. Mais quand Oreste se tient si près et que son souffle se coupe, comme si elle avait peur de lui montrer qu'elle respire, c'est plus facile d'en sentir la morsure impitoyable. Les joues qui s'échauffent et les pensées qui s'embrument dans un confort béat et naïf, la joie des enivrés, une ignorance parfaite alors que les règles et les tracas tombent un à un jusqu'au matin. Les siens elle sent encore, ils lui courent après en aboyant son nom ; mais elle s'en éloigne assez pour sentir quelque chose de chaud l'étreindre, la chaleur du pub et les voix enjouées qui profitent de la nuit. Puis celle d'Oreste, mielleuse mais gorgée de venin, offerte à elle comme un éternel test d'une sagesse qu'elle se sait ne pas avoir.
Par quel miracle elle parvient à lui résister alors que tout semble les pousser à tenter, rien qu'une fois, elle l'ignore. Mais elle tient bon, et c'en est presque mignon, la détermination qui subsiste dans ses sourires -- même si le chagrin les suit, Erzsi qui aurait tant voulu faillir, essayer, goûter. Puis il lui avoue ce qu'elle a si gentiment demandé, et elle l'écoute déblatérer sa confession avec une nonchalante qui la met hors d'elle. "Alors t'es un tricheur. T'es un tricheur !" Répète-r-elle comme si soudain tout prenait sens. "T'as triché et t'as eu ton diplôme. Et moi j'ai trimé comme une idiote !" qu'elle s'exclame, repensant sans mal à ces années de Poudlard où la moitié de son temps n'était que méfaits et le reste vils tracas. Si peu de temps pour travailler à ce moment-ci, et pourtant elle était consciencieuse, désireuse de rendre ses parents fiers ou du moins contents ; et elle avait passé ses BUSES avec brio sans recevoir l'once d'une aide. Oh elle en avait bavé. Et maintenant il n'y avait plus rien à apprendre, plus rien à retenir : seule l'adrénaline pompée dans ses veines pendant le vol comptait. Une chose pour laquelle elle se serait crue plus douée que ça au final, ses parents dangereusement proches de la forcer à décrocher. Si son équipe continuait à perdre de la sorte elle n'aurait pas le choix, marionnette attristée, réservée à un destin qui n'est pas le sien. Et lui, lui il trichait, une chose qui au fond la surprenait peu, les Gryffondors n'ont jamais eu beaucoup de respect pour les règles et les limites, mais sans doute qu'elle se plaisait à penser qu'il était trop droit pour ça.
Mais il se penche vers elle et murmure si proche de son oreille que les mots y bourdonnent presque, et le ton grave de sa voix lui fait tourner la tête. Elle fond sans le montrer, le cœur battant de sentir son souffle contre sa peau quand il la met au défi sans vraiment le faire. "Je lui dois bien ça", qu'elle trouve comme véritable excuse, à ce barman qui a tant veillé sur elle quand elle n'était plus capable de le faire. Puis elle se rattrape l'air de rien. "J'veux dire, si je devais payer et que tu m'avais défiée de filer." Elle sourit parce qu'elle comprend que le jeu continue et que ces presque-choses impossibles à nommer n'arrêtent pas Oreste dans son élan. C'est tout ce qu'elle veut.
Une seconde, Erzsi repense à sa confession, à ce tricheur qui avait berné tout le monde. Et elle réalise qu'il en avait peut-être besoin. Que peut-être il n'avait eu d'autre choix que de tricher, s'il voulait échapper à la pénible case d'entraide qui lui aurait amoché l'égo, s'il voulait réussir comme il réussissait le reste. Sa grimace indignée fond alors, devient comme un sourire triste -- elle le connaît si mal au final. "Pour quoi d'autre est-ce que tu as bien pu tricher ? Est-ce que tu collectionnes les petits philtres de sorcières ?" Qu'elle taquine assez bas pour qu'on n'en entende que le futile. "Parce que tu en as utilisé sur moi un jour, crois-moi tu es mort." Pour ponctuer sa menace elle cogne son torse d'un poing presque amical, assez fort pour qu'il le sente, force de batteuse impossible à canaliser. Mais elle se demande bêtement si Oreste aurait osé, s'il n'aurait pas utilisé quelque puissant philtre d'amour ou un sortilège qu'elle n'aurait pas été assez vive pour deviner. Peut-être qu'elle est sous son charme en cet instant même. Et ça expliquerait tant de choses -- oh elle préférerait tellement ça. Se dédouaner, se retrouver innocente du crime dont elle se sait pourtant coupable.
"Mais c'est ton tour." Elle humecte ses lèvres, déshydratée par l'alcool sec et par la chaleur ambiante, même si une infime partie d'elle lève les yeux pour voir s'il regarde. Ses tripes se tordent à l'idée de ce qu'il pourrait bien lui demander, de begnin ou pas, et elle s'inquiéterait presque de tout ce qu'elle se sent prête à faire pour lui faire plaisir, pour le laisser bouche-bée, pour pouvoir lui dire tu vois je te l'avais dit. |
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| Sujet: Re: no one will win this time (oreste) Mar 8 Sep - 13:26 | |
| no one will win this time I'm having a panic attack you inconsiderate ass. ◊ ◊ ◊ Tricheur. Ce mot est collé à ses lèvres aux fâcheux airs réprobateurs. Contre sa langue, ces quelques lettres ont un goût amer, une saveur désagréable - mais qui ne peut l’empêcher d’inspirer au coin de la bouche du sorcier un sourire agréable. Alors, finalement, ces syllabes prennent le sucre d’un sirop d’érable. Il a envie de rire, Oreste, de l’indignation de la belle face aux manières déloyales de son adversaire - ça remonte à si loin, maintenant. Y’a prescription, c’est oublié, c’est plus tellement important. Mais avec eux, tout est compté, jusque dans leurs souvenirs de gamins, à une époque où leur vie se résumait à réussir quelques examens - mais il doit l’avouer, Oreste n’a jamais été érudit. Loin d’être bête, mais pas studieux. Pour le domaine scolaire, toujours un peu trop paresseux. Alors, oui, il a triché. Et il s’en vante avec l’espièglerie d’un criminel trop fier de ne jamais avoir été attrapé - sale garnement échappé. Alors, bien sûr, Oreste fait mine de s’offusquer face à la suite d’insultes qu’elle lui offre en réponse à la révélation. Elle l’accuse de l’imposture et doute finalement de tout le reste - s’il a joué des lois pour passer l’année, quels autres interdits a-t-il bravés ? Oreste n’a jamais fait l’usage de charmes au sens magique du terme sur les autres. Simplement quelques mots sifflés avec la grâce d’un serpent, des gestes lents et des regards doux, qui suffisaient amplement. Et il a l’arrogance de le savoir. D’être conscient de l’effet qu’il peut susciter chez les autres - encore maintenant. « Oh, ça va ! Tu vas faire quoi ? Retourner à Poudlard pour dire à tous nos anciens professeurs que j’ai triché, pour qu’ils me retirent mon diplôme ? C’était il y a quinze ans ! Passe à autre chose, j’ai depuis eu d’autres occasions de te battre à la loyale ! » Mais pour eux, tout est retenu. Chaque victoire, chaque défaite, chaque rivalité ; qu’importe qu’il s’agisse de celles de la semaine dernière ou quinze ans en arrière. Il porte une main à son torse après qu’elle l’ait frappé, la respiration coupée sous l’assaut atteignant sa cage thoracique. Il n’a pas tellement mal, mais il aime bien exagérer le trait, frottant sa poitrine de la paume de sa main comme pour tenter d’estomper la petite douleur qui s’y est invitée. « Hey, pour qui tu me prends ? Moi, user de philtres d’amour sur mes camarades ? Déjà, c’est extrêmement immoral et je ne le suis pas autant que tu ne le croies, puis je n’en ai jamais eu besoin. Le charme naturel, tu connais ? » Il penche la tête sur le côté, un peu trop innocemment - un peu trop charmant. « Et puis, même si je l’avais fait, tu crois vraiment que j’aurais gâché une précieuse potion sur toi ? » Il a le rire facile, désormais. L’alcool qui commence à faire un peu trop effet. La tête est lourde et légère à la fois, dodeline un peu ; le coeur sur un nuage bienheureux. « Si j’avais voulu te séduire, je l’aurais fait à la loyale, Erzsi. »
Mais le jeu reprend. C’est à lui de commencer, à lui de trouver un défi à lui faire relever. A nouveau, il lève les yeux, comme pour scruter le décor, dans l’espoir d’y trouver une inspiration soudaine. Quelque chose à utiliser, quelque chose pour s’accrocher. Ses prunelles cherchent, et finalement tombent sur quelque chose - mais certainement pas ce à quoi il s’attendait. Un visage particulier, qu’il reconnait, et dont la vision le paralyse un instant. Un gars dont il ignore le nom, mais dont il connait les goûts. Client régulier qu’il croise quand il piétine les plaques d’égout. Si Oreste prend toujours soin de travailler à visage voilé sous la capuche d’un manteau trop sombre, on pourrait tout de même le reconnaître. Un risque qu’il n’est pas prêt de prendre immédiatement - il a encore trop besoin de sa couverture. Surtout face à elle. Surtout face à cette fille à qui il cache tant de choses ; face à qui il essaie encore d’avoir fière allure. Il ne peut lui laisser l’occasion de découvrir sa plus belle fissure.
Alors, il s’approche. Monopolisant l’attention de la blonde, tout en essayant de se cacher du regard du nouvel arrivant qui titube dangereusement, et inconsciemment en sa direction. « Attrape nos affaires, une bouteille d’alcool et tirons-nous d’ici. » Il faut filer. Fuir cet endroit qui devient trop dangereux pour lui. Loin du danger, loin, oui - mais pas envie de la lâcher. Pas envie de voir leurs chemins se séparer. Il veut encore trop boire, trop rire, trop jouer ; mais à l’abris. Quelque part où peut-être, ils s’entendront parler. « J’étouffe ici, et il commence à y avoir trop de monde. Tu crois pas ? » Il cherche l’explication, la justification, quelque chose pour la convaincre.
Le client semble l’avoir repéré. Il le sait, parce qu’il capte son regard par erreur, alors qu’Oreste essayait simplement de surveiller la progression du moldu. Pas de temps à perdre. « Si tu refuses, je demande à la serveuse, sinon. C’est pas un soucis. » Il panique, mais fait bien semblant. Le sourire qui cache ses mauvais penchants.
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