Pas une minute pour souffler, la course folle s'est poursuivie à travers les rues du Londres magique, et les éclairs fusent encore sur leurs talons. Un éclair vert, impitoyable, les manque de peu, mais ils n'ont même pas le temps de s'en rendre compte, ou bien de réaliser pleinement ce qui vient de se produire - il faut continuer de courir, qu'importe dans quelle direction, pourvu que ça les maintienne en vie un peu plus longtemps. Dans le feu de l'action, il n'ont pas vraiment le luxe de la réflexion, tout peut se jouer d'une seconde à l'autre, tandis qu'ils renvoient un peu gauchement des sorts défensifs par dessus leurs épaules, sans regarder, sans savoir s'ils atteignent leurs cibles ou non.

La tension pulse férocement dans les tempes de Ruben, qui n'a même pas le temps de sentir la fatigue lui rouer les muscles, l'adrénaline est aux commandes. Dans la hâte, il rattrape Rosen qui a manqué de s'étaler de tout son long sur le pavé. Cachés provisoirement dans une petite ruelle qui se termine en cul de sac, ils n'ont qu'une poignée de seconde pour respirer un peu, avant de se remettre à courir, une avance qui est vite grignotée par l'arrivée de renforts pour leurs assaillants. joder ils vont être bientôt encerclés, plus d'échappatoire possible, et la mort qui ricane sous cape de les avoir presque à portée de ses griffes.

La chute est lourde, l'atterrissage maladroit, mais au moins, ils sont sortis de leur guêpier. - oi, what the... la respiration saccadée, il ne termine pas sa phrase. le coup de poing dans l'estomac n'arrange pas non plus. Dans l'obscurité, il ne reconnait absolument pas l'endroit qui les abrite, il se relève tant bien que mal le bras tendu vers son comparse pour l'aider à faire de même.

Encore une nuit d’automne, pétrichor des allées trempées par la pluie récente qui remonte jusqu’aux fenêtres de l’appartement, la brise fraiche qui vient pousser les branches d’arbres jusqu’aux carreaux des vitres. « Shhhh… » Les sanglots de l’enfant qui brisent le silence de l’appartement, les colocataires absents, y’a que les Bell pour faire vivre les lieux. Pour autant, c’est pas la fête dans les coeurs, pas la joie aux corps. C’est encore une fois la soirée de Constance coupée net par les pleurs étouffés de Katie dans la pièce d’à côté. C’est la jeune femme qui se précipite pour lénifier les peurs et la tristesse de sa petite sans pour autant avoir les mots pour faire disparaitre ses craintes. Les yeux rubéfiés par les larmes de la gosse qui l’observent sans comprendre pourquoi maman est incapable de tout faire disparaitre d’un claquement de doigts, les peines et les souvenirs amers. « Everything is fine, pumpkin’ » La mère serre doucement son enfant dans ses bras, la berçant doucement au rythme de sa propre respiration, berceuse soufflée entre ses lèvres un peu trop sèches, les cauchemars de la gamine qui lui rappellent toujours la vérité amère que son innocence lui avait été volée.

Katie qui finit par se rendormir, respiration qui s’apaise, voussure de ses lèvres qui s’inverse, presque un sourire qui éclaire ses traits endormis. Mais y’a le calme à peine retrouvé qui est brisé par un bruit sourd dans le salon, une chute, un semblant de grognement, Constance qui sursaute, la gamine qui manque de se réveiller alors qu’elle s’extirpe sur lit d’enfant pour s’approcher de la porte, tous les sens en alerte. Mains qui trémulent, accrochées à sa baguette elle sort de la chambre alors que son coeur bat la chamade venant jusqu’à obscurcir son ouïe, tapant douloureusement dans ses tempes. Au centre de la pièce presque plongée dans l’obscurité, deux silhouettes d’hommes, la peur qui étreint les tripes de la Bell et avec elle l’impression que tout recommence encore et encore comme dans ses propres cauchemars. « Stupe… » Mais elle est arrêtée dans son élan par ces visages qu’elle reconnaît dans la pénombre. « What the… » Hérésie de la situation, y’a rien qui fait sens aux yeux de la brune, ni leur présence, ni leur état visiblement atteints par une course effrénée, une fuite ? « Rosen ! Ruben ! What the hell are you doing in my livingroom ? » La voix est étouffée, elle essaye de ne pas crier pour autant les accents virent dans les aigus, y’a la colère qui remplace la panique. « I swear to Merlin, if you wake up Katie I will kill you both ! » Qu’elle grogne en baissant sa baguette avant d’allumer quelques chandelles de plus pour y voir plus clair. « What happened ? Are you alright ? »

Il n'a pas encore eu le temps de reprendre son souffle, le teint rougi par l'adrénaline, la course dans les rues de La City qui n'a jamais été aussi hostile sous le voile nocturne. La mort aux trousses, littéralement, ils ont détalé entre les immeubles, le dédale des ruelles et des petites impasses devenues mortelles. Les sens en alerte maximale, le coeur menaçant de sortir de la poitrine, il réalise doucement qu'ils n'ont plus besoin de courir, que le décor à changé autour d'eux et que pour un petit moment, le danger est écarté.

Dans la pénombre, il ne reconnaît pas l'endroit où ils ont atterri, mais des pas se font entendre. Pendant une demi seconde, il est tenté de saisir de nouveau sa baguette, au cas où, mais la lumière révèle les traits de Constance, l'amie, l'alliée des premières heures. Pourtant, son visage est tout sauf accueillant, et les mots qui sortent de sa bouche montrent une autre facette de celle qui était avec eux sur les bancs de Poudlard. Ce n'est plus la combattante, l'ancienne lionne, mais la mère, louve féroce qui protège son enfant, et il est sérieusement impressionné par sa véhémence. - Oh, oh, easy buddy... Lance-t-il, en réponse aux reproches de Rosen, compagnon d'infortune et de tant d'autres heures pas si glorieuses. - So sorry to barge in Constance...really.. Il se frotte le visage, reprenant ses esprits et mettant de l'ordre dans les pensées emmêlées qui chahutent sous le crâne. - Moody initiated a raid at the Lestranges. those bastards were celebrating Dumbledore's death so we, and a few others, crashed the party. Pas besoin de lui faire un dessin, elle est futée et perspicace, Constance. - and...we ended up against the evil power couple, but for once, they did not have the upper hand..

Le coup de pression retombe enfin, et il commence à réaliser, Ruben, à quel point ils sont dans de sales draps à présent, cibles toutes trouvées de Bellatrix et Rodolphus. Ça ne peut pas bien se finir cette affaire, mais il sait aussi que cette guerre aurait peut-être raison d'eux de toute façon et qu'il est trop tard pour reculer maintenant. - but don't worry, well be gone before you realise we were even here. Katie & you are not in any danger. Il offre un air assuré à l'amie, même si c'est une promesse qu'il ne peut pas vraiment tenir, excuse maladroite pour avoir troublé la tranquillité du petit cocon.

Le palpitant qui continue de taper avec force dans sa poitrine alors qu’elle a enfin reconnu les deux intrus dans son salon. Elle voit rouge, un mélange d’inquiétude et de colère sourde, les pensées qui se tournent immédiatement vers sa fille, presque apaisée dans l’autre pièce avant de revenir à la réalité de la situation face à elle. « You’re both idiots I hope you know that, and Moody's nothing better. » Grogne la jeune mère face au visage déconfit des deux sorciers, un doigt pointé sur l’un puis sur l’autre. La mort de Dumbledore avait secoué tout l’Ordre, mais y’a rien pour justifier de se mettre en danger gratuitement. Pas après les pertes qu’ils avaient déjà essuyées. Pour autant, elle peut que comprendre Constance et si le ton se fait désapprobateur, c’est fait que pour cacher les pulsions violentes qu’elle ressent lorsque le corps de Thalia se détache sous ses pupilles closes. Les mâchoires de la sorcières se serrent sans même qu’elle ne s’en rend compte et c’est que les nouvelles paroles de Ruben « Oh shut up. » Reprend-t’elle, pas plus douce que précédemment, le ton autoritaire de la mère qui peine parfois à trouver une autre place. « You can stay here for a while. No one will looking for you here. » L’appartement de Merlin’s Castle encore absent des radars des mangemorts, pour combien de temps, l’ancienne lionne l’ignorait mais elle guettait chaque jour les allées et venues dans la rue avec la boule au ventre de reconnaitre un visage malfaisant. Katie l’ignorait mais ses valises étaient déjà prêtes, cachées au fond d’un placard, prête à l’éloigner si la situation devenait hors de contrôle. La guerre qui la forçait à des sacrifices qu’elle n’aurait jamais souhaité pour sa fille, à croire que Marlène avait raison et qu’avoir un enfant en ces temps sombres était une idiotie sans nom. « Are you hurt ? » La lumière vacillante des bougies permet pas de déterminer avec exactitude leur état mais ça serait pas la première fois que Constance panserait quelques plaies, souvent plus liée à des chutes au parc pour autant. « Sit down, I'll make some tea. » Elle indique d’un geste le canapé derrière eux. « And try not to fight for two minutes, please ? » Le sourcil qui se redresse, jauge l’un puis l’autre, s’arrêtant un instant de plus sur Rosen avant de disparaitre dans la cuisine.