manoir malfoy, wiltshire, angleterre
@narcissa malfoy

Rabastan. Nom maudit. Soupir sur ses lèvres. Des silences pesant. Révélateurs d'une tension persistante. Des non dits brûlant. Une envie dévorante, douloureuse. Chaleur grandissante dans le ventre. Un interdit dont elle rêve. Une lubie soudaine. Réveillée par l'absence d'un mari. Le désintérêt flagrant. Ça l'a détruit Bellatrix. Lui rend la vie impossible. Torture qu'elle s'inflige volontiers. Pauvre folle. Et de l'autre côté du miroir, elle observe sa cadette s'épanouir. Envieuse, jalouse. Toujours. Ces êtres idoines, si similaires qu'ils pourraient se confondre. Elle l'envie cette jeune sœur qui n'a pas eu à apprendre. Elle n'a pas connu les déconvenues, les mauvaises surprises. Et pourtant Narcissa aussi avait mené ses combats. Oblativité à peine perceptible, connue seulement de cette sœur aînée qui tient tant à elle. Esprit alambiqué qui tourne en rond. Rongée par ses propres erreurs, des mensonges qui l'empoisonne comme autant de plantes mercuriales. Elle sombre Bellatrix. Poussée en avant par une dipsomanie incontrôlable, besoin toujours plus pressant d'endormir sa tête douloureuse. Trait partagé entre la brune et la blonde. Différentes et pourtant si similaires. Deux faces d'une même pièce.

Non, elle ne croit en rien Bellatrix. Perdue dans les brumes de son propre esprit fuligineux. Elle s'invente des rêves, une vie toute tracée. Fatiguée par celle qu'on lui a donné. Jetée dans les bras d'un homme qu'elle aime et déteste. Ils se détruisent les Lestrange. Se perdent en logomachie, les mots vides résonnant dans le gouffre creusé entre eux. Elle n'attends plus rien. Croyant parfois l'avoir déjà perdu. Le retrouvant au détour de ses machinations, ratiocinations qui trouvent leur chemin sinueux au fond de sa tête. Il parvient toujours à ses fins Rodolphus. A peine conscient de la détruire avec ses mots. Blessures incurables qu'elle croit pouvoir guérir en jetant son dévolu sur un autre. Second choix. Un autre mirage. Une autre forme de folie. Narcissa a raison. Et le constat lui brûle la gorge. Elle en a la nausée, son verre trouvant violemment sa place à côté du cadre où repose la parfaite photo de mariage. Elle foudroie du regard sa sœur qui ne se démonte pas, poursuit sa démonstration. Elle croise les bras Bellatrix, sur la défensive, la mâchoire serrée, contractée par l'agacement qui la consume. « Ou peut-être qu'il aurait accepté ce que je suis. » Brutale, elle perd son équilibre précaire Bellatrix. L'anamnèse plus brûlante que jamais, douleur qui monte de son bas ventre jusqu'à faire exploser ses nerfs. Le souvenir des mots et des caresses papelards lui arrachent un frisson. Faiblesse visible qu'elle déteste sur l'instant. La colère se transforme en soupirs las. Se pouvait-il que Narcissa ait raison ? Une possibilité qu'elle refusait d'entrevoir, trop effrayée par cette simple idée. Besoin oppressant de croire en quelque chose de meilleur. Elle a besoin de rêver éveillée Bellatrix. « Il n'essaie pas de me changer Cissy. » Elle se détourne, presque honteuse. Rabastan. Soupir qui s'attarde sur ses lèvres. Tentation inavouée, jamais consumée.

« Toi et Lucius menaient une illusion parfaite. » Acerbe, jalouse. Elle a beau exécré Lucius Malfoy, elle sait, au fond, qu'il porte un amour inconditionnel à sa sœur. Lui aussi rendu aveugle par des mensonges que les sœurs Black entretiennent. Il existe entre elles un fil tendu, invisible, qui les lient. A la vie, à la mort. Des secrets jamais prononcés à haute voix, gardés précieusement au fond de leurs cœurs. « Il n'appartient qu'à nous de parfaire la perfection en rendant l'illusion invisible. » Elle verouille ses prunelles foncées à celles de sa sœur. Se comprenant à demis mots. Existences à tout jamais liées. Elle soupire Bellatrix, las, peut-être enfin fatiguée par cette nuit qui n'en fini plus. Elle accepte de baisser les armes, se rapproche de Narcissa pour lui prendre la main. « Merci d'être toujours là Cissy. » Fidèle. Loin, si loin, de ceux qui les meurtris, arrachent un bout de son cœur à chaque nouvelle trahison. Etres à moitié oubliés, effacés des mémoires. Rien de plus que des fantômes. Et parmi eux, un souvenir plus tenace, une ombre persistante. L'écho d'un rire de gamine. Souvenir amer.

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Irritation palpable, goût amer dans la bouche. Elle se noie dans des rêves, désirs inavoués. Autant de chimères que son esprit malade construit. Chaque jour alimentés par ce quotidien marital qui la bouffe, détruit l'essence de sa personne. Elle est épuisée Bellatrix. Et voilà qu'elle clabaude auprès de la seule oreille attentive qui daigne lui accorder de son temps. Etre incapable d'apprécier ce qu'elle a. Toujours à quémander plus. Toujours plus. Un peu d'attention ici, de l'amour là. Et quand elle l'obtient, Bellatrix le repousse violemment. Va et viens incompréhensible. Tornade de sentiments contradictoires. Elle perd pieds Bellatrix. Le contrôle lui échappe lentement. Vieil organe rongé. Cacochyme guettant. Et son esprit divague vers des souvenirs fugaces. Blessure béante. Coup violent qui vient la frapper en plein cœur. Elle qui se donne tant de mal pour oublier, refouler les noms et visages dans un coin sombre de son esprit fermé à double tours. Si forte et pourtant si faible face à cette sœur capable de faire tomber ses barrières. Il n'y a aucun secrets entre elle. Rien pour entacher cette relation si particulière. Une force incomparable. Une faiblesse grandissante.

Les liens se resserrent et Bellatrix expire lentement, accepte le calme qui émane de sa jeune sœur. Femme posée à la voix doucereuse. Un style différent. Deux être que tout oppose. Difficile de croire qu'elles ont été élevées dans la même maison, par les mêmes parents. Impossible de dire à quel moment les caractères ont divergé, les âmes se sont séparées. Et malgré toutes leurs différences, elles restent. Bellatrix et Narcissa Black. Duo soudé. Forces de la nature. Leurs divergences n'ont pas su les éloigner. Elles pourraient se comprendre les yeux fermés, user d'une glossolalie unique. Un monde rien qu'à elles. L'enfance était finalement plus douce. Un fin sourire, à peine perceptible, frémit sur ses lèvres. « Je sais. » Las de cette situation où elle tourne inlassablement en rond, Bellatrix soupire. « Elles sont pourtant délicieuses. » Et elle aimerait ne jamais sortir de ses rêves. Chimères infiniment plus faciles à vivre. Bien sûr, elle n'a que le bien être de sa sœur en tête Narcissa, dernier rempart. Petite sœur qui cherche à se hisser à la hauteur de son aînée, à la surpasser dans le seul but de la protéger. « Tu as toujours été trop gentille. » Loin de vilipender, elle se fait presque douce la Lestrange. Comme si elle suivait le raisonnement tortueux qui s’immiscer doucement dans le crâne de la blonde.

Les regrets. Elle se targue de n'en n'avoir aucun, d'être supérieure à ces sottises. Il n'y a guère que les moldus, semnopithèques arriérés, pour ressentir ce genre d'émotions, se perdre dans des regrets inutiles, futiles. Elle en rit presque. Mais elle sait où Narcissa va. Elle connaît l'esprit ordonné de sa sœur. Il n'y a que son claquement de langue pour témoigner de son désapprouvement. Jugée Narcissa sur cet acte isolé serait une erreur et Bellatrix ne commet jamais d'erreurs. « Ne sois pas idiote ! » Oubliée la femme perdue et calme, effacée la femme bafouée qui se perd dans des illusions. Elle redevient piquante, aussi vive qu'une pie. « Lucius ne sait rien et il n'a pas besoin de savoir. » Ce secret là, elles l'emporteront ensemble jusque dans leurs tombes. Voilà ce qui lient deux sœurs que tout oppose : les secrets. Des besoins et des envies similaires. Des illusions partagées. Quelques mots échangés au coin du feu, quand la nuit est sombre et le soleil loin devant. « Quel bien cela ferait-il ? C'est toi que ça détruira Cissy. Toi et Draco. » Et ça elle ne le permettra pas.

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Elle n'est pas sûre de croire en la vérité. Pas certaine que quelque chose de bon puisse en sortir. Elle-même n'a aucune idée de ce qu'elle préfère. Vivre dans le mensonge, un déni choisi, ou accepter la vérité, regarder l'horrible réalité en face. Ça la ronge Bellatrix. Les entrailles tordus pas les secrets, autant de mensonges qui viennent nourrir le gouffre béant à ses pieds. Elle est passée maîtresse dans l'art de dissimuler la vérité, la détourner à son avantage. Menteuse née. Et elle ose encore donner des conseils à Narcissa, l'aiguiller dans ses choix. L'hypocrisie dans toute sa splendeur. Elle n'a honte de rien Bellatrix.

Roulant des yeux, elle retrouve sa place dans le canapé moelleux, s’enfonçant délicieusement dans les coussins. « Tu n'a qu'un mot à dire et j'irai m'occuper de ce cher Heathcliff. » Pas une once de regrets dans la voix. Prête à tuer pour que les secrets restent enterrés. « Mort il ne pourra plus dire grand chose. » Elle hausse des épaules, désinvolte, son regard passant de sa sœur à ses ongles peint en noir. Ses yeux roulent dans leurs orbites, fatiguée, ne cherchant pas à dissimuler la pointe d'agacement qui revient à la charge. Elle n'imagine pas sa sœur en froide manipulatrice. Quoique les apparences peuvent s'avérer trompeuses. Elles en sont de parfaits exemples. Mais dans son esprit, Narcissa demeure une jolie fleur aux épines piquantes. Douce mais dangereuse. « Gentille, naïve, quelle différence ? » Deux qualités que Bellatrix juge comme étant des défauts. Des qualités qu'elle ne possèdent pas. Elle darde son regard sur sa sœur, ne prêtant aucune attention à sa mine offusquée, pas touchée par le mal que ses mots peuvent causer. « Si tu veux mon avis, tu n'as pas de soucis à te faire. Lucius n'est pas idiot au point de dévoiler au grand jour vis histoires intimes. Quelle image cela renverrait il de lui ? » Il serait le fou de l'histoire. Celui qui n'a pas su garder sa femme. Une image d'homme faible. « Enfin, j'ose espérer qu'il possède encore assez de bon sens. » Le doute est permis. Après tout, il s'agit d'un homme. Et si il y a une chose que sa mère lui a transmis, c'est son doute sur la supériorité masculine. Les femmes sont dotées d'une intelligence qui les dépassera toujours.

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Elle hausse les épaules, presque innocente. Comme si aborder le thème de la mort, parler d'un meurtre, était aussi banal que de parler de la pluie et du beau temps. Elle ne voit rien de dérangeant Bellatrix. Rien de choquant. Au contraire, sa suggestion réglerait sans doute tous les problèmes de sa sœur. Elle n'aurait pas hésité à sa place. « Tu sais où me trouver si tu changes d'avis. » Elle en rêverait presque, une ébauche de plan défilant déjà dans son esprit belliqueux. Mais comme souvent, ses plans finissent par prendre un chemin détourné. L'imprévu s'invitant à chaque fois. Comme si c'était elle l'aimant à malheurs. Peut-être. N'empêche que la plupart des situations finissaient par se résoudre d'elles-mêmes. Ou avec un coup de pouce de Rodolphus. Sans y prendre garde, son esprit divague et un fin sourire se dessine sur ses lèvres. Rodolphus. Il est peut-être temps qu'elle le retrouve. L'espoir fou qu'il soit sagement assis dans leur salon, un verre à la main, à l'attendre. La vérité au bout des lèvres. Une terrible méprise, un malentendu qu'il balaiera de quelques baisers frénétiques, des caresses rugueuses. Elle ferme les yeux quelques secondes, à peine retenue par la voix de Cissy qui poursuit inlassablement.

« On pourrait le tuer lui aussi. » qu'elle s'exclame tout naturellement, sur le ton de la conversation. Comme si elle ne parlait pas de tuer de sang froid le maître de cette maison. Elle ne sourit plus, terriblement sérieuse quand elle croise le regard perplexe de sa sœur. Bellatrix rit de plus belle et roule des yeux. « Oh ça va décoince toi. » Mais la suite ne la fait plus rire du tout. Elle possède ce rare don de vous calmez de quelques mots Narcissa. La langue aussi rapide qu'une vipère, piqûre venimeuse qui fait grimacer son aînée. La vérité lui dévore les entrailles. Elle déteste cette manie qu'à sa sœur de s'insinuer dans sa tête, de piquer exactement là où ça fait mal. Couteau plongé loin dans son ventre. « C'est différent. » Les bras croisés, soudainement fermée à la conversation, elle est vexée Bellatrix. Elle ne rit plus du tout. « Tu mens pour te préserver. » Elle doute que Rodolphus cache quoique ce soit pour se préserver lui. Et ils n'ont aucune progéniture à protéger. Progéniture au centre de tout. Enfants inexistant, tués avant l'heure. Les voilà ses secrets à elle. Et Bellatrix est prête à tout pour préserver cette part d'elle.

Elle soupire, pas certaine que cette conversation mène quelque part. Pas bien sûre que Narcissa ait entendu ses propos. La cadette n'a pas l'air d'apprécier les idées noires de son aînée. Et c'est tout ce que Bellatrix a, hélas, à lui offrir. « Le choix t'appartient Cissy. » Fatalité qu'elle se doit d'énoncer à voix haute. Elle prend appuie sur ses mains pour se lever, rejoindre sa sœur et s'asseoir maladroitement à ses côtés, écrasant sans ménagement un côté de Narcissa. « Quoique tu décides, je serais avec toi. » Toujours. Sa tête rencontre doucement celle de sa petite sœur, geste ultime d'affection. « Surtout si tu décides d'enterrer Lucius au fond du jardin. » qu'elle murmure, les yeux fermés, un sourire flottant sur son visage pâle.